Le liseur
Acheté parce que c'était l'un des seuls titres, dans les rayonnages de la petite FNAC de la gare Part-Dieu, qui m'évoquait quelque chose : en l'occurrence, un souvenir des cours d'allemand de khâgne, et la prof qui insistait pour qu'on traduise Vorleser par "liseur" et non "lecteur" (car, petite précision linguistique, c'est le mot Leser seul qui signifie "lecteur" ; le préfixe vor introduit la notion de public, de "lire devant une personne", donc de lecture à haute voix). A la fin de la première partie du roman, je me suis d'ailleurs demandé pourquoi cette insistance, car je n'avais pas eu l'impression que la lecture à voix haute ait eu une telle importance. C'est dans la deuxième et la troisième partie que le titre prend tout son sens, que des révélations nous sont faites, qu'on ne pourra pas oublier, et que, comme chez McEwan, le destin croise l'Histoire. Le style est pur, les phrases complètes sans être alambiquées.
(J'entends par "complètes" que Schlink et son traducteur ont le souci des phrases bien faites, bien loin du style elliptique qui est plus à la mode aujourd'hui, que j'ai aimé d'ailleurs, il fut un temps, mais qui me lasse un peu maintenant. Aujourd'hui, j'aime lire des auteurs qui savent faire des phrases avec un sujet, un verbe, des compléments, des subordonnées.)