Tarja
Pour présenter ce livre, on ne peut s'empêcher d'en donner les premiers mots : "Au collège, sans prétention, j'ai une sacrée réputation : ils disent tous que je suis une salope."
Voici donc le troisième Sciarini que je lis cette année. Les mécanismes d'accroche, sur moi, fonctionnent bien : j'apprécie la référence musicale de cette première phrase (j'ai compris que la musique était très importante pour cet auteur et, donc, pour ses personnages), j'aime la rupture de registre, le basculement vers la réalité brute et crue ; et la couverture me plaît également, dans ce mélange d'innocence et de noirceur. Pari d'éditeur et d'auteur réussi. Voyons maintenant l'histoire.
Je découvre un personnage presque encore plus torturé que les précédents, si c'est possible : une adolescente dont la réputation "tourne" sur les réseaux sociaux. Elle est devenue une star, elle a son groupe sur Facebook : "Si toi aussi tu penses que Tarja est une salope." Sa sexualité s'affiche donc au grand jour, et elle en porte aussi les conséquences en elle : elle est enceinte. De son professeur de lettres. Qui, bien entendu, ne veut plus d'elle, et encore moins de leur enfant. Elle va donc s'éloigner et tenter de se reconstruire, de se rapprocher d'elle-même et surtout de cet enfant à venir.
Tout cela est très noir. D'autant plus que Tarja porte aussi en elle la mort de sa meilleure amie, un traumatisme lourd à porter. Tout le roman est donc une histoire de mort et de vie. Avec la balance qui penche du côté de la vie : Jean-Noël Sciarini ne laisse jamais ses lecteurs s'enfermer dans le marasme ou la morbidité.
J'ai toujours un peu de mal avec ce style très tourmenté, avec ces nombreuses digressions, cette manière de raconter extrêmement labyrinthique. Je continue de penser qu'on pourrait arriver aux mêmes effets par d'autres voies littéraires. Mais je comprends ce que l'auteur cherche à nous dire, et je dois reconnaître qu'il n'a pas peur de s'attaquer à des sujets forts et pourtant terriblement actuels et vrais.