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La petite Mu qui plume
6 mai 2013

Je reviens de mourir

 J'ai déjà parlé d'Antoine Dole ici. Et . Et j'en parlerai encore : j'ai fini Laisse brûler. Je commence donc à être pas mal sur sa bibliographie. Surtout, je commence donc à connaître son écriture, et aussi à pouvoir comparer ses oeuvres entre elle. 

Tout comme K-Cendres, Je reviens de mourir (publié lui aussi aux éditions Sarbacane dans la collection Exprim', que j'ai ainsi découverte) ne laisse pas indifférent. Comment l'être face à cette histoire croisée de deux jeunes femmes, Marion et Eve, l'une prostituée par l'homme dont elle est folle amoureuse, l'autre se droguant au sexe jusqu'à écoeurement pour ne pas tomber dans les "pièges" de l'amour ? D'autant plus que l'écriture, là encore, est dure, brute et brutale, ne faisant aucune concession. 

J'ai vu ici et là sur Internet que ce roman faisait grand débat, notamment auprès des libraire et des bibliothécaires, avec une question récurrente : dans quel rayon le classer ? Autrement dit, à quel "public" est-il destiné ? La collection Exprim' vise les 15-25 ans. Sur leur site, Je reviens de mourir est même indiqué "à partir de 14 ans". Mais ce roman peut-il vraiment se lire à cet âge-là ? Pour répondre non, les deux arguments avancés sont le caractère sexuel de certaines scènes, renforcé par un langage cru, d'une part, et d'autre part, la noirceur de l'univers présenté, qui semble indiquer que l'amour n'a aucune issue.

Le premier argument est discutable et je ne le discuterai pas : je sais que, pour ma part, je goûte peu ce langage cru dans les romans de manière générale (qu'ils soient pour ados ou pour adultes), mais je ne me permettrai pas de l'interdire aux ados car, effectivement, il ne faut pas s'arrêter à ça dans un roman.
Le deuxième argument me touche davantage : effectivement, tout est très noir dans ce roman. Alors, certes, on ne vit pas dans le monde des Bisounours, et on ne va pas se sentir obligé de mettre des happy end partout sous prétexte qu'on s'adresse à des adolescents (c'est d'ailleurs ce que je critique dans le livre d'Hubert Ben Kemoun que j'ai lu précédemment). Mais je ne suis pas pour autant certaine de l'effet produit : est-ce un livre qui permet de trouver l'impulsion nécessaire pour donner un sens à sa vie, à ses relations amoureuses, pour éviter à tout prix d'en arriver là où en arrivent Marion et Eve ? Ne risque-t-on pas, au contraire, de dégoûter et de laisser la porte ouverte à des généralisations ? Par exemple, dans ce livre, les personnages masculins sont quand même sacrément écoeurants, et rien ne semble sauver la gente masculine (à part peut-être l'homme au fauteuil, mais qu'on ne rencontre que l'espace de deux pages). A ce titre, j'ai préféré K-Cendres, où le personnage de Marcus laisse flotter tout de même un espoir au-dessus de ce monde de brutes.

Je ne suis donc pas convaincue par ce roman-là ; mais ne vous inquiétez pas, fans d'Antoine Dole, il reste Laisse brûler, et vous allez lire des choses plus positives !  

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Commentaires
M
Entendu. Je posais cette question car je me demandais si, comparé à l'écriture des suivants, on sentait (pas forcément en négatif, d'ailleurs) que "Je reviens de mourir" est son premier roman.<br /> <br /> Sinon, j'avais effectivement noté dans "Laisse brûler", le travail d'alternance sur l'instance narrative, bien pensé ici je trouve. Je reste toutefois assez partagée sur la fin mais j'en parlerai en temps et lieu.
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L
Le style est un peu différent : dans "K-Cendres", la syntaxe aussi est bousculée (phrases sans sujet, par exemple), ce qui m'a moins gênée que l'utilisation d'une langue familière (comme les mots de verlan). Avec la volonté de coller à l'univers très urbain du récit (Antoine Dole, si vous repassez par ici, ce sont vos mots que j'emprunte ! On n'est jamais si bien servi que par soi-même !). Dans "Je reviens de mourir", c'est surtout la crudité du vocabulaire qui frappe. <br /> <br /> Tu le verras quand tu auras lu ce que j'écris sur "Laisse brûler" : pour moi, l'évolution se situe en fait surtout dans la construction narrative. Je trouve qu'il y a plus "d'histoire" dans "Laisse brûler" et dans "K-Cendres" que dans "Je reviens de mourir". Il y a surtout un vrai travail sur la fin (qui laisse un peu sur sa faim, comme on dit, dans "Je reviens de mourir").
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M
Je ne l'ai pas encore lu mais on me l'a conseillé. Je reviendrai donc poster de vrais commentaires lorsque j'en connaîtrai autre chose que la première de couverture.<br /> <br /> Juste une question sur le style : est-ce que tu as noté quelques changements dans l'écriture entre "Je reviens de mourir" et "K-Cendres" ? Je sais bien que les deux livres sont écrits dans une langue, si je puis dire, à couper au couteau. (Ceci n'est d'ailleurs point une critique négative !) Je me demandais cependant si l'on pouvait déceler une évolution dans l'écriture de ces deux romans séparés par quelques années.
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