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La petite Mu qui plume
10 mai 2013

Max

Découverte littérature jeunesse 2012-2013

Challenge Petit Bac 2013 : 1ère grille! : un prénom en catégorie littérature jeunesse

(Publié en mai 2012, ce roman vient d'être lauréat du Prix Sorcières 2013. Il m'a tapé dans l'oeil lorsque je l'ai aperçu dans la vitrine de ma librairie viennoise préférée. Aussitôt vu, aussitôt acheté, presque aussitôt lu, et hop, la case "prénom" dans la sous-catégorie "littérature jeunesse" de mon challenge petit bac est remplie.)

Je connais et j'aime Sarah Cohen-Scali. J'ai lu d'elle plusieurs choses assez différentes : une belle biographie de Rimbaud, plusieurs romans policiers, dont Agathe en flagrant délire, roman épistolaire dont il faudra que je parle vite, même si ma lecture remonte à moultes années, des nouvelles plutôt choc, qui m'ont laissé un souvenir marquant. Je découvre avec ce roman-là une nouvelle facette, encore, de son oeuvre. 

Tout comme l'a été Swing à Berlin, plus tôt dans l'année scolaire, Max est un coup de coeur pour moi (et pas que pour moi, visiblement). Parce que, tout comme Swing à Berlin, il choisit un angle tout à fait original pour plonger le jeune (et le moins jeune) lecteur dans une époque qu'on a l'impression de ne connaître que trop, le IIIe Reich et ses nombreuses ignominies. Mais en fait, non, on ne le connaissait pas tant que ça : dans le roman de Christophe Lambert, j'avais découvert la création des groupes de "jazz aryen" par Goebbels, et ici, le programme "Lebensborn" ("source de vie"). Il s'agissait de faire s'accoupler des femmes de pure race aryenne, préalablement triées, avec des SS correspondant aux mêmes critères de pureté, évidemment : les bébés ainsi procréés devenaient les fils adoptifs du Führer, enfants spirituels mais bien réels, destinés à grossir les rangs de l'armée hitlérienne. 

L'autre choix efficace de ce roman est de faire raconter l'histoire par l'un de ces bébés Lebensborn lui-même. Et l'histoire commence dès les toutes premières minutes du nourrisson fraîchement sorti du ventre, pour se finir l'année de ses neuf ans. Entre ces deux bornes, cet enfant monstrueux de par sa création et son esprit endoctriné ne nous épargne rien, rien de ce qu'il sait en tout cas - mais il en sait beaucoup. Sur les mots codés (un nouveau-né "désinfecté", c'est un nouveau-né tué, par exemple, de même qu'une "réinstallation" est aussi une élimination mortelle de tout adulte ayant failli à sa tâche), sur les atrocités subies par tous les indésirables du régime (et même par ceux qui semblaient, au premier regard, correspondre parfaitement aux critères d'Hitler et sa bande). 
La grande force de ce choix narratif est qu'on est plongé en plein coeur des rouages du nazisme, mais sans oublier un seul moment qu'on est dans la tête d'un enfant. On assiste à ses moments de certitude : sa mère est l'Allemagne, son père le Führer, et rien d'autre n'a d'importance à ses yeux que de rester conforme à la volonté de ces parents-là. Oui, mais il y a aussi le doute qui s'immisce parfois : et si on pouvait s'attacher à d'autres que soi, et à vouloir protéger même ceux qui sont censés être nos pires ennemis ? 

Il s'agit donc d'un roman qui apprend l'Histoire, et qui fait froid dans le dos, même si tout est raconté avec les mots d'un enfant. Ce qui, finalement, est presque pire : une horreur décrite avec les mots de l'innocence, cela a bien plus de portée que le langage habituel, celui des adultes, avec les mots qu'on connaît par coeur pour les avoir lus des centaines de fois dans les manuels d'histoire. Mais c'est aussi un roman qui apprend à vivre, et qui apprend l'espoir : si la survie n'est pas toujours possible dans un contexte aussi difficile que celui d'une guerre mondiale (un conseil : ne vous attachez pas trop aux personnages !...), du moins peut-on croire que la haine, elle non plus, n'est pas immortelle, et qu'il suffit parfois de rencontrer les bonnes personnes. 

J'ai lu cette critique que je trouve très bonne et très bien écrite. 

Ce roman trouvera parfaitement sa place dans un CDI ou une bibliothèque de classe, et je suis convaincue que quelques pages lues à voix haute, bien choisies, pourront convaincre de nombreux lecteurs de tenter l'aventure, malgré l'allure épaisse de l'objet (472 pages. Mais moi, j'en aurais redemandé !)

 

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Commentaires
L
Oeuf corse, dès qu'on se voit !
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H
Moi aussi il m'avait tapé dans l'oeil, mais a été retourné par une de mes collègues avant que j'aie eu le temps de l'emprunter. Tu me le prêterais ?
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M
« Une belle biographie de Rimbaud »… que je n’ai pas lue ! Il faudra réparer cela.
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Le royaume de Kensuké

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