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La petite Mu qui plume
8 juin 2013

Sans sucre, merci

Challenge Petit Bac 2013 : 1ère grille! : un aliment dans la catégorie littérature jeunesse

Allez, je vais profiter de ce billet pour me lancer dans une tâche assez gigantesque, mais nécessaire : vous parler de mon auteure préférée de littérature jeunesse, cette chère Marie-Aude Murail dont, décidément, depuis mes onze ans, je ne me suis toujours pas lassée. 

 Je l'ai découverte au collège, je crois, même si je n'en suis plus très sûre. Peut-être avant. Sans doute avant, même : j'ai le souvenir de Mon bébé à 210 francs, en collection Mouche : j'imagine avoir lu ça en primaire. Ah oui, et aussi les quatre histoires de Serge T. parues dans Je Bouquine, entre 1990 et 1997. A ce moment-là, je n'avais pas encore vraiment enregistré le nom de l'auteure. Mais une chose est sûre, j'étais tombée amoureuse, de manière plus ou moins consciente, d'une écriture. 

Puis j'ai découvert la collection Médium chez L'Ecole des Loisirs. Là encore, je ne sais plus qui est venu en premier : Baby-sitter blues (de la série des "Emilien") ou l'un des "Nils Hazard" (et dans ce cas-là, lequel ? L'assassin est au collège ?  Tête à rap ? Scénario catastrophe, je crois). Et, là, je suis devenue carrément accro. 

J'ai lu toute la série des "Nils Hazard", professeur d'université en étruscologie (si, si), qui se retrouve toujours fourré dans des histoires policières assez tordues. Pourtant, je ne pouvais guère m'identifier au personnage (un aventurier adulte, bien loin de ma personnalité d'adolescente), mais l'art de créer des personnages attachants est l'une des clés majeures de la réussite de Marie-Aude Murail. 

J'ai lu (presque) toute la série des "Emilien" : jeune ado préoccupé par ses relations avec sa mère qui l'élève seule, les prétendants qui tournent autour d'elle et qui ne sont pas toujours de son goût, les problèmes financiers en général (qu'ils soient minimes, comme le manque d'argent de poche, ou sérieux, comme la menace de saisie des meubles par l'huissier), et puis des problèmes sentimentaux en tout genre.
Il me manque encore des volumes (Le clocher d'Agball, sûr, et puis sans doute aussi Un séducteur-né dont je ne garde aucun souvenir), je viens juste de lire Sans sucre, merci, ce qui fait que j'accumule de manière totalement désordonnée les informations sur l'histoire d'Emilien et, surtout, de sa famille. Mais, comme quand je regarde une série, j'aime ce fonctionnement : je préfère presque découvrir les personnages en plein milieu de la saga, puis lire/voir les premiers épisodes pour comprendre d'où sortent certaines histoires, certains problèmes, certaines relations entre les personnages. Et ensuite, généralement, je me refais la série en entier du début à la fin. Ca me donne l'agréable sensation de ne jamais avoir totalement fini, même quand il n'y a malheureusement plus d'épisodes à attendre.
Je suis donc ravie de savoir qu'il me reste encore deux tomes à découvrir, puis la série à refaire, car je me suis vraiment attachée à cet Emilien. Pour dire un mot de Sans sucre, merci que je viens de finir, c'est un épisode qui a amplement comblé mes attentes : j'y ai découvert les débuts de la relation entre Sylvie (la mère d'Emilien) et Valentin (son oncle), la naissance de Justine (qui n'est pas la fille de Valentin, ce que je croyais initialement), et les prémices d'une réelle maturité chez Emilien. Il ne pense plus seulement à obtenir suffisamment d'argent de poche pour s'acheter la dernière chaîne hi-fi à la mode, comme dans le tout premier tome. Il a peur pour l'avenir de sa famille, car, comme dit précédemment, les huissiers rôdent, et sa mère, toute à sa grossesse, ne semble pas réaliser la gravité de la situation. Et, plus que jamais, Emilien a besoin d'un père, de quelqu'un qui les aiderait, sa mère et lui. La belle relation qui se noue entre Valentin et Emilien (et qui se prolonge dans le dernier tome, Nos amours ne vont pas si mal) me plaît beaucoup, car il y est question de transmission (notamment celle de la passion du dessin). 

Ensuite, j'ai lu les quelques romans publiés "hors série", dans la veine fantastique ou science fiction, toujours chez L'Ecole des Loisirs : Amour, vampire et loup-garou, Tom Lorient (peu de souvenirs de ces deux-là, je les ai aimés, mais sans plus), et Ma vie a changé. Ce dernier, je m'en souviens, m'avait laissé une très forte impression : j'avais eu l'impression de ressentir cet incroyable (au sens propre) amour entre une jeune femme (encore une mère célibataire avec son fils ado) et... un elfe. Oui, oui, un elfe. Moi qui, d'habitude, n'accroche pas du tout sur ce genre d'histoire d'amour invraisemblable, là, j'avais été emportée. Car, déjà, j'avais senti cette joie de vivre profonde et communicative que j'ai ensuite retrouvée dans plusieurs autres romans, parmi les plus forts de l'auteure. 

D'abord : Oh, boy !
Est-il nécessaire de le présenter, ce livre qui a obtenu tant de prix, chez des lecteurs de tout âge ? En fait, c'est surtout qu'il est impossible de résumer avec justesse une histoire aussi folle. Imaginez trois enfants, l'une "très belle mais très bête", deux "très moches mais très intelligents", l'aîné étant d'ailleurs surdoué (à quatorze ans, il passe son bac), qui perdent leur mère, suicidée au "Canard Vécé". Ils n'avaient déjà plus de père, alors il faut leur trouver une famille d'accueil. Ils pourraient aller chez Josiane, une vague demi-soeur, la quarantaine, qui rêve d'enfants sans pouvoir en avoir mais qui, si elle est d'accord pour adopter la petite Venise, véritable poupée blonde aux yeux bleus, n'est pas ravie à l'idée d'avoir aussi les deux autres. Oui, mais il n'est pas question de séparer la fratrie. C'est l'assistante sociale qui l'a dit. La solution serait-elle du côté de Barthélémy, demi-frère tout aussi inconnu jusque là des enfants ? Le problème, c'est que Bart a dix-neuf ans, une (homo)sexualité parfaitement assumée, les hommes se suivent chez lui mais ne se ressemblent pas, et jamais, jamais il n'a envisagé d'élever des enfants. Pour Siméon et ses soeurs, Morgane et Venise, vivre chez Bart, c'est plus fun que chez Josiane. Mais les choses ne sont pas simples, surtout quand une nouvelle terrible s'abat de nouveau sur Siméon et remet tout en question...
Avec tout ça, je n'ai encore rien dit sur tout ce qui fait l'extraordinaire réussite de ce roman : l'humour, les personnages, tous inoubliables, la multiplicité des thèmes abordés, et pas des plus faciles. Ce roman est une spirale émotive dont on ne sort que difficilement et qu'on relit beaucoup, tout au long de sa vie. C'était un pari fou de mettre tout ça dans un même livre, mais le pari a visiblement été réussi du point de vue des innombrables lecteurs. 

Ensuite, Simple
J'en ai déjà causé ici. Je vais en redire un mot parce que j'ai vu son adaptation télévisée sur France 2, il y a peu. Evidemment, elle ne rend absolument pas hommage (selon moi) à la magie du roman. Déjà, parce que, Simple, ce personnage hors du commun, handicapé mental (non ! "I-di-ot !"), n'est tout simplement pas représentable. Il est ce qu'on veut qu'il soit, dans notre tête de lecteur, et il n'a pas à en sortir, sous peine d'être forcément raté. Et puis, bien sûr, parce que l'humour trépidant, qui se lit à chaque page, voire à chaque ligne, sous la plume de l'écrivaine, se transforme en lourdeurs et platitudes dans la bouche des acteurs de la fiction télévisée. 

Il y a aussi Maïté coiffure, dans la même veine, ou comment un élève de troisième qui ne sait pas quoi faire de sa vie se retrouve en stage dans un salon de coiffure, et apprend à faire face à tous les clichés qui vont de pair avec cette situation. Lu il y a un petit moment, il faudrait que je le relise pour pouvoir en dire davantage. 

Et puis, Vive la république !, que j'ai plumé il y a peu. Une vraie pilule de bonheur, avec pas mal de démagogie, c'est vrai, mais... c'est de la fiction et ça fait du bien par où ça passe. 

Il en reste encore tellement : un autre Je Bouquine idéalement taillé pour adolescentes en mal d'aventure, La société secrète (dans lequel j'avais beaucoup aimé les références à la chanson de Goldman, "Sache que je...", très bien utilisée pour son discours sur les zones d'ombre de la relation amoureuse), Le tueur à la cravate, vrai bon roman policier, moins humoristique mais plus prenant que les "Nils Hazard"... 
Et encore bien d'autres que je n'ai pas lus. 

Alors, oui, il n'y a plus besoin de faire la réputation de cette écrivaine archi-(re)connue. Oui, il y a parfois dans ses propos de la démagogie pas toujours bien placée (voir les commentaires avisés de mes lecteurs à propos de De grandes espérances), et je ne suis pas toujours d'accord avec ses choix littéraires. Mais franchement, pour une écriture pareille, on ne boude pas son plaisir. S'il y a bien, pour moi, une écrivaine qui peut donner envie de lire aux enfants, c'est elle. 

NB : En 2013, un nouveau roman à paraître, sur le thème du théâtre : 3000 façons de dire je t'aime. J'ai très, très, très hâte ! 

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Le royaume de Kensuké

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