Hélène Bruller est une vraie salope
: un gros mot en catégorie bande dessinée
Alors, oui, comme je l'ai dit, j'ai d'innombrables chroniques en attente, mais je préfère plumer la BD que je viens de terminer plutôt que de m'atteler aux lectures antérieures. On appelle ça la logique féminine.
Or, la logique féminine, il en est justement question dans cet album d'Hélène Bruller, qui s'inscrit dans ce qu'on appelle parfois la "BD girly", à la Pénélope Bagieu, Margaux Motin et consorts. Or, il se trouve que je ne goûte guère, en général, ce style de BD. Elles me font rarement rire et je ne m'y reconnais que vaguement. Rajoutons, ici, pour cette BD d'Hélène Bruller, un graphisme qui ne m'attire pas du tout (ni le dessin, ni les couleurs), et le fait que ce titre-là soit en plein milieu d'une série ("Je veux le prince charmant") que je n'ai jamais commencée, et vous aurez tous les ingrédients en main pour vous poser LA fameuse question : pourquoi suis-je allée lire ça ?
Ben, oui, encore une fois, c'était le challenge, avec cette catégorie du "gros mot" qui donne quand même du fil à retordre. MAIS - il y a un mais - il se trouve que j'ai trouvé un certain plaisir à ma lecture, finalement.
Je n'ai pas ri aux éclats, mais, parfois, souri. C'est un humour archi-codé, sous forme d'apartés, d'exagérations, de stéréotypes, qu'on retrouve non seulement dans toute "BD girly", mais aussi dans les magazines féminins et les blogs. Mais s'il est tant répandu, c'est sans doute qu'il est efficace, et, en effet, souvent, il fait mouche. Des petits échanges, du style : "Essayer un maillot de bain. (La vendeuse :) La forme n'allait pas ? (Moi :) Celle du maillot, si.", ça m'arrache un sourire, quand même.
Le sujet général est la survie post-rupture : n'allez donc pas chercher l'originalité de ce côté-là. Peut-être dans la manière de raconter : à chaque fois, une page de typologie en cinq touches, une par case (exemples : "les trucs à pas faire quand on est très fragile psychologiquement", les cinq méthodes des mecs pour larguer les filles, les cinq portraits-types de "gros con"...), suivi d'une planche qui déroule l'histoire de la narratrice. Très systématique comme fonctionnement, mais on s'y habitue vite, et ça marche plutôt bien.
Le graphisme... il faut aimer. Tout est dans l'excès, que ce soit dans les couleurs ou les expressions données aux visages de la narratrice. Mais on ne peut nier que ce choix est assumé et colle bien à l'esprit du titre.
Il me reste à préciser pourquoi "Zep" se retrouve dans les tags : ben, le dernier type de l'histoire (rentrant dans la catégorie du "Suisse"), c'est bien l'ami Zep, qui, comme je viens donc de l'apprendre, a été marié IRL avec Hélène Bruller (mais séparé d'elle à ce jour). Les dessinatrices d'aujourd'hui n'ont décidément aucun scrupule à dépeindre leurs chéris dans leurs albums (voir Aurélia Aurita dans Fraise et chocolat). Je terminerai donc sur ce conseil : amis lecteurs, faites très gaffe si vous sortez avec une auteure de BD !