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La petite Mu qui plume
27 août 2013

(Nadine) Testament à l'anglaise

(Ca faisait longtemps : voici un nouvel article par Les lecteurs qui plument !)

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Janvier 2013 : Je remporte, à ma grande surprise, le concours de la petite Mu. Quelques semaines plus tard, m’attend à la poste un gros colis contenant la fameuse première mallette du plumeur, bien garnie, et en particulier par mon roman choisi : Testament à l’anglaise, de Jonathan Coe. J’avoue qu’en pleine année scolaire, en lycée, l’épaisseur dudit roman m’a un peu refroidie, et j’ai donc dû remettre cette lecture aux prochaines longues vacances. 10 jours en Andalousie auront donc été parfaits pour m’y adonner. 

Découverte d’un auteur jusque-là inconnu pour moi, et quelle découverte ! J’ai pu, comme la petite Mu, adorer le style roman policier qui commande ce livre ; me délecter de l’humour grinçant caractéristique de la fresque familiale qui y est dépeinte, dans laquelle les personnages sont plus noirs les uns que les autres ; et attendre avec impatience un dénouement préparé par un suspens bien mené. Le chapitre final, sorte de Cluedo dans un château loin de tout, est une pure merveille. J’aurais sans nul doute conseillé ce roman à bon nombre de mes amis, si un petit grain de sable ne venait enrailler la machine à la toute fin… Les cinq/dix dernières pages, scellant le sort du personnage principal, également narrateur, m’ont paru « tirées par les cheveux ». Il me semblait que la boucle était bouclée, sans avoir besoin de rajouter un ultime tableau, de trop. Petite déception finale donc, après plusieurs jours de délectation, un peu dommage. Si je l’avais su, j’aurais interrompu ma lecture avant la fin, mais ça, on l’ignore toujours…

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27 août 2013

Que deviennent les enfants quand la nuit tombe ?

Découverte littérature jeunesse 2013

Et un dernier pour la route ! 

Un titre plutôt intrigant, un auteur talentueux : deux bonnes raisons de me plonger dans la lecture de ce roman récent. A la sortie : un roman qui donne envie d'aller au bout, avec quelques longueurs, cependant, des passages moins convaincants que d'autres. 

L'histoire se déroule à deux époques différentes. D'abord, de nos jours, une famille (le père, la mère, la fille) emménage dans une maison de campagne à retaper, et découvre, en creusant, un crâne de fillette. Les policiers du coin n'ayant pas tellement envie de débuter une enquête sur un possible meurtre qui remonterait à une cinquantaine d'années, c'est le père et la fille, détectives privés associés - et amateurs - qui se chargeront de plancher sur le sujet. En alternance, c'est un autre père de famille, vivant ses derniers jours, qui écrit une lettre destinée à sa femme et, surtout, à sa fille, dans lequel il raconte l'histoire de son enfance, qu'il taisait jusque là : avant d'arriver en France, il était un jeune garçon vivant sa pré-adolescence sur l'île de la Réunion dans les années soixante. Puis un inquiétant camion au sigle mystérieux, la DDASS, est venu rôder autour de lui et de sa meilleure amie, Adélie. Leur destin bascule à partir de là, jusqu'à l'inéluctable. 

Comme souvent dans les enquêtes policières en littérature jeunesse, le suspense n'en est pas vraiment un : on comprend assez vite de quel crâne il s'agit, on fait les liens tout seuls bien avant que Bertille, la jeune enquêtrice, ne parvienne aux mêmes résultats avec son père. N'empêche que la fin, on ne s'y attendait pas, et qu'elle nous envoie une vérité en pleine face qui remet tout en question. Pari réussi ! 

J'ai beaucoup aimé les pages racontant l'enfance d'Ylisse et d'Adélie. C'est un témoignage assez rare en littérature jeunesse de cet exil non choisi qu'ont vécu beaucoup d'enfants venant d'outremer dans les années soixante, et de leur difficile - le mot est faible - adaptation au monde de la métropole, qui ne leur fait parfois pas de cadeau, après les avoir attiré par des miroirs aux alouettes. 
Les chapitres centrés sur Bertille et sur l'enquête m'ont laissée de marbre, en revanche. Comme je le disais précédemment, il n'y a guère de véritable suspense dans l'enquête, et les notes d'humour que Nozière a voulu laisser çà et là ne m'ont arraché presque aucun sourire. Nozière, je le préfère distant et glacial, comme dans ces superbes romans qui font froid dans le dos, Souviens-toi de Titus, Les assassins du cercle rouge... 

Bref, une agréable lecture, tout de même, qui séduira certainement les jeunes lecteurs. 

27 août 2013

La terre des mensonges

Ce roman-là ne pourra malheureusement pas rentrer dans le challenge petit bac, mais il a accompagné très agréablement mes premiers jours en Norvège. 

Je l'ai acheté et commencé il y a plus de deux ans (j'en parlais d'ailleurs ici), sans accrocher. Et, comme cela me le fait parfois, une fois la relecture entamée, je me demande comment j'ai pu ne pas aimer ! 

Une famille, six membres, peu d'unité. Trois frères qui ne se parlent plus : l'un qui a quitté la Norvège pour Copenhague pour s'éloigner le plus possible d'une famille qui n'a jamais accepté son homosexualité, le deuxième qui exerce le métier bien à part d'employé des pompes funèbres et côtoie donc la mort au quotidien (l'histoire commence avec lui, ce qui donne tout de suite la couleur, si l'on peut dire), le troisième qui élève des cochons dans la ferme familiale. Les parents : un père fantôme, qu'on n'entend jamais, dont l'existence croupit au fond de la ferme, et une mère qui vient d'avoir une attaque et dont les jours sont peut-être comptés. C'est l'annonce de cet évènement qui oblige le fermier à contacter ses frères, ainsi que sa propre fille, qu'il n'a vue que quelques fois seulement dans sa vie. 

Evidemment, avec un titre pareil, il sera question de secrets. De terre, aussi, car c'est aussi un roman sur le lien géographique. La campagne de Trondheim sert de décor principal à l'histoire, puisque c'est là qu'est bâtie la ferme d'où tout part, mais quelques échappées vers Oslo et Copenhague permettent de souligner les contrastes, et de réfléchir à la question suivante : l'individu se construit-il par rapport au lieu où il vit, ou à celui d'où il vient ? 

L'attente de révélations qui ne viendront qu'à la fin, la narration qui prend pour cible tous les personnages successivement, les personnalités et les vies très différentes des personnages, le thème du lien, tout cela donne beaucoup d'intérêt à ce premier tome d'une trilogie. Et voilà, à la fin, on est mordus : on n'a qu'une envie, savoir ce que vont devenir les trois frères et leur fille/nièce, face à l'ultime secret, explosif, qui intervient dans les toutes dernières pages. Rendez-vous alors dans La ferme des Neshov, puis dans L'héritage impossible, que je me promets de lire au plus vite ! 

27 août 2013

Roseanna

 

Challenge Petit Bac 2013 : 1ère grille! : un prénom en littérature scandinave


Pas grand-chose à dire sur ce polar-là. C'est assez daté : 1965 pour la première édition de ce premier roman d'une série rédigée à quatre mains par un couple, Maj Sjöwall et Per Wahlöö. J'en avais déjà lu un, Le policier qui rit, attirée par ce titre qui me rappelait le roman de Hugo (sans pour autant pouvoir dire, à la fin de la lecture, s'il y avait référence ou non), et je n'avais même pas eu envie de le plumer tellement il m'avait laissé peu de souvenirs. 

Le seul intérêt, peut-être, dans ces enquêtes de Martin Beck, c'est de montrer le travail des enquêteurs sous un jour réaliste et non romanesque, comme on a tendance à le montrer en littérature, au cinéma ou à la télévision. Une enquête, ça commence d'abord par une longue attente, comme le prouve "l'affaire Roseanna" : le corps d'une jeune femme retrouvé dans un canal. Pas de papiers d'identité, bien sûr, et aucune trace de commencement d'indices pour déterminer ne serait-ce que la nationalité de cette victime. Autant dire que, pour en arriver à retrouver le coupable, il va y avoir du boulot - et beaucoup de temps perdu (ça rappelle d'ailleurs un peu le roman de Mons Kallentoft que je venais juste de lire). On voit donc les enquêteurs, non en train de courir les rues pour mener des interrogatoires ou des perquisitions à tout va, mais au bureau, en réunion toutes les semaines, avec la même inutilité dans ces réunions que ce que connaissent nombre d'employés de bureau ! Bon, au bout d'un moment, on arrive quand même à quelque chose, et tout s'enchaîne alors assez vite. Mais, du coup, ça m'a presque paru trop facile. Je ne suis peut-être tout simplement pas habituée à ce genre de rythme, moi qui regarde pas mal de séries policières calibrées pour boucler une enquête en quarante minutes... Une bonne partie de la fin du livre est consacrée à l'appât mis en place pour prendre sur le fait le criminel possiblement récidiviste. Un peu plus d'action et de tension, donc, mais sans plus. 

Le but des deux écrivains était, d'après ce que j'ai pu lire ici et là, de révéler les bas-fonds de la société suédoise, à une époque où le pays était donné en modèle. Sans doute manquè-je donc de recul pour apprécier cet aspect-là, politique, de leurs romans. A mes yeux, ils font partie de ces romans qui ont l'air plus intéressants quand ils sont commentés sur un site ou un blog que quand on les lit vraiment... 

27 août 2013

Hiver

Challenge Petit Bac 2013 : 1ère grille! : un phénomène météorologique en littérature scandinave

Et voilà, nous arrivons à la partie scandinave de mon été ! 

Je suis partie en Suède et en Norvège (avec un passage par le Danemark) pour un road trip de presque quatre semaines. Evidemment, beaucoup d'activités diverses et variées étaient au programme de ce voyage de noces aux pays du Grand Froid (pas si froids, quand même, en tout cas pas en été !), mais il ne s'agissait pas de partir sans lecture. Je suis donc allée m'approvisionner à la médiathèque avant mon départ. Problème ; difficile, en médiathèque, de trouver des éditions de poche. Et nos valises sont déjà bien remplies ! Deux ouvrages n'ont donc pas fait partie du voyage et ont attendu sagement mon retour (et ils attendent encore, parce que, même revenue, je ne déborde pas de temps non plus...), à savoir Le merveilleux voyage de Nils Holgersson à travers la Suède de Selma Lagerlöf, et un polar d'Herbjorg Wassmo. A suivre, donc. Les trois gagnants qui ont eu le droit d'embarquer dans mes bagages sont deux polars, un assez vieux et un plus récent dont je vais parler ici, et un roman d'Anne B. Ragde que je possède depuis déjà longtemps. Les deux premiers se déroulaient en Suède, le dernier en Norvège, près de Trondheim, avec quelques chapitres à Copenhague. 

C'est vrai que c'était assez amusant de reconnaître des lieux, des types de paysages, ainsi que certains noms propres dont je n'aurais jamais compris le sens si je n'avais pas été sur place (comment deviner que Preems est le nom d'une station-service ?...). 

En avant pour les critiques ! 

Mons Kallentoft est l'auteur d'une tétralogie de polars dont les titres reprennent chacun le nom d'une saison. Tétralogie qui s'est transformée en *quintalogie (comment qu'on dit ??), si j'ai bien compris, puisque La cinquième saison est paru récemment. 

Comme c'était mieux de commencer par le commencement, Hiver est donc le premier tome des aventures de la superintendante Malin Fors, enquêtrice dans une ville moyenne de Suède, Linköping, pas très loin de Stockholm. L'affaire en question, ici, c'est le corps d'un homme obèse, retrouvé pendu à un arbre, nu, dans une atmosphère glaciale puisqu'on est en plein hiver. L'atmosphère compte beaucoup dans un polar, et, si cette ambiance hivernale n'est pas extrêmement originale dans un polar scandinave, elle colle cependant bien à l'histoire. 

Les policiers partent de rien : ils ne savent même pas qui est cet homme, s'il s'agit réellement d'un meurtre... alors, trouver un responsable, on n'en parle pas. Comme tout polar réussi, l'enquête est pleine de rebondissements. Des liens apparaissent de nulle part, un puzzle assez complexe se dessine petit à petit. Les passages centrés sur l'enquêtrice alternent avec d'autres dans lesquels on s'intéresse à des personnages plus secondaires, collègues, suspects ou témoins, et certains dans lequel c'est le mort qui parle directement à tous les acteurs de l'intrigue. Cela ajoute un peu de tension : on sent que le pendu s'impatiente et aimerait bien que les enquêteurs finissent le travail, et vite ! 

Plus sérieusement, c'est un bon polar, avec les ingrédients nécessaires à une réussite. C'est aussi un polar assez moderne, dans lequel on retrouve l'esprit de certaines séries télévisées. Une belle place est faite aux femmes - ce qui, en même temps, n'a rien d'étonnant en Suède - et à l'exploration de leur vie privée. Malin vit seule avec sa fille adolescente, elle a des histoires de coeur, se pose des questions sur ses propres démons : autant d'éléments aussi efficaces à la télévision qu'en littérature. 

Pas convaincue au début - car je le suis rarement avec les romans policiers -, j'ai cependant suffisamment accroché pour avoir envie de lire les quatre tomes suivants ! 

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27 août 2013

Frangine

Découverte littérature jeunesse 2013

C'est un roman qui fait énormément de bien, à cette époque où les anti-mariage gay ne se lassent pas de descendre dans la rue et de parler de "l'intérêt des enfants". 

Le sujet du livre est en effet brûlant d'actualité : les deux personnages principaux, à savoir Joachim, le narrateur, en terminale, et sa soeur Pauline, en seconde, sont élevés par leurs deux mères qui les ont eus par PMA. Ils se sont déjà entendus appeler des "bébés Thalys", du nom du train qui emmène les couples homosexuels accomplir leur désir de paternité en Belgique, puisque cela leur est interdit en France. Ils ont toujours vécu dans un bain d'amour et de protection, peut-être trop : arrivés au lycée, Joachim mais surtout Marion sont confrontés, évidemment, à la bêtise et à la violence de leurs congénères. Joachim a réussi à traverser les années sans se laisser déstabiliser, mais pour Marion, les choses sont beaucoup plus dures. Son frère la voit s'enfoncer peu à peu, et, quand il apprend que sa soeur est victime de harcèlement, son sang ne fait qu'un tour et il décide de prendre les choses en main. 

C'est donc un roman qui ne nie pas la difficulté traversée par les deux ados. Mais ce n'est pas une histoire pour dire : "Si vous êtes gays et que vous avez des enfants, attention, ils vont morfler". C'est un roman sur le harcèlement, sur la bêtise de l'âge adolescent, sur la violence de certaines relations humaines, parce que, oui, toutes ces choses-là existent. Mais c'est aussi un roman sur l'amour unique qui existe entre un frère et une soeur, et, au-delà, entre les membres d'une famille, quel que soit le "modèle" de cette famille. C'est un roman sur la construction de la personnalité, sur la découverte du monde, sur l'acceptation de la différence, la sienne et celle des autres. 

L'une des grandes forces de l'ouvrage, c'est de promener le focus, l'oeil de la caméra, sur les quatre personnages qui constituent cette famille : non seulement Joachim, qui est le narrateur principal, Pauline, qui reste le personnage central de l'histoire, mais aussi Maman et Maline, les deux mères, qui ont aussi leur lot de problèmes à gérer au quotidien. Les remises en question professionnelles, les liens avec leurs propres parents... Un lecteur adulte peut donc apprécier que le roman ne soit pas uniquement centré sur des questions adolescentes ; et un lecteur plus jeune n'aura aucun mal à se projeter dans ces destins "de grandes personnes", car il n'y a pas de rupture dans l'écriture. 

J'ai lu sur un blog que cette histoire "n'avait rien de particulier". Cette même blogueuse ajoute aussitôt avoir compris que, justement, l'intérêt est là : des histoires de harcèlement adolescent, on en déjà lues (et parfois vues, ou vécues, hélas), mais le sujet de l'homoparentalité n'est pas tant abordé dans la littérature ado. Je ne peux qu'approuver ce point. En revanche, quand à la fin, elle écrit que ce n'est pas un roman "particulièrement émouvant", je ne suis pas d'accord : de l'émotion, il y en a, à revendre. Pas une émotion noire, triste, mais de vraies belles sensations qui donnent le sourire et les larmes en même temps, tant l'histoire racontée semble vraie, et tant elle dégage de force, de vie et d'optimisme. 

A lire, et à faire lire, à tout le monde, petits et grands. Vraiment une chouette découverte ! 

27 août 2013

Anka

Encore une belle découverte en littérature pour adolescents. Un vrai travail sur la narration et le suspense a été fait, et ce, dès le début : des policiers viennent apprendre à Marco, quatorze ans, que sa mère est morte. Sauf que, quelques heures plus tard, sa mère rentre à la maison, en parfaite santé. Alors, qui est-ce, cette "madame Fontan" qui est morte ? Je ne le révèlerai pas car, dans ce court roman (109 pages qui se lisent d'une traite), chaque détail compte pour faire monter peu à peu la tension chez le lecteur. Il suffit de dire que Marco va découvrir certains secrets de famille laissés de côté depuis longtemps, mais revenus brutalement à la surface suite à la mort d'Anka, cette jeune femme de vingt-neuf ans qui porte le nom du père de Marco. 

Le récit de Marco, qui cherche à démêler à la fois l'histoire intriguante de la jeune femme et ses propres sentiments, alterne avec l'histoire d'Anka , racontée à la troisième personne, avec brutalité, et en remontant peu à peu le temps. Le fil de l'histoire se dévide donc en deux temporalités différentes ; on pourrait se dire que la fin, on la connaît, mais non, il arrive quelque chose auquel on ne s'attendait pas. 

Le ton est extrêmement juste, les pages se tournent toutes seules, le destin d'Anka comme celui de Marco résonne dans les yeux du lecteur après avoir fermé le livre. On ne peut guère reprocher à ce livre que sa brièveté, tout en sachant pertinemment que le dosage était maîtrisé et que des pages supplémentaires auraient sans doute nui à l'efficacité de l'histoire. 

A découvrir, en ayant tout de même le coeur bien accroché, car la noirceur qui se dégage de ce roman ne laisse pas indifférent. 

25 août 2013

Will and Will

Vous vous souvenez de Qui es-tu, Alaska ? Et de la forte impression que ce roman m'avait laissée ? Eh bien, pareil, en mieux !

Un mot vient à l'esprit pour parler de ce roman : énorme. Et pas seulement parce que l'un des personnages principaux, (peut-être le principal, bien qu'il ne soit jamais narrateur, et qu'il soit quasiment impossible à cerner complètement - un peu comme Alaska, d'ailleurs), Tiny Cooper, est obèse. Enorme, parce que certains évènements relèvent de la coïncidence improbable, et certains passages, de la fantaisie la plus absolue. Mais énorme aussi par son énergie et sa jouissance communicatives.

Alors, oui, l'histoire est encore plus abracadabrantesque que dans Qui es-tu, Alaska ? : un premier Will Grayson, pétri de doutes et de complexes, en pleine crise d'adolescence, en conflit perpétuel avec son meilleur ami gay et encombrant, le fameux Tiny Cooper, rencontre un deuxième Will Grayson dans un sex-shop, dans lequel ils n'auraient jamais dû mettre les pieds ni l'un ni l'autre. De cette rencontre vont découler toutes sortes d'évènements, importants ou non, qui vont achever de changer en profondeur nos deux héros, Will et Will, qui se partagent la narration du roman. Un chapitre écrit par le premier Will Grayson, l'autre par le deuxième, et ainsi de suite.
Il n'y a pas de suspense comme il y en avait dans Alaska, pas vraiment de mystère, sauf peut-être au début, concernant l'amoureux anonyme avec qui le deuxième Will Grayson communique sur Internet. La fin est triomphale, à l'image de la comédie musicale que Tiny Cooper écrit et produit au sein de son lycée, et qui pour sujet sa propre vie. Car, oui, Tiny Cooper s'aime, s'adore, même, à la différence des deux Will qui ne cessent de remettre en question leur vie et leurs choix. Ce contraste de personnalités est l'un des éléments qui contribuent à la réussite du roman.

L'autre élément, c'est bien sûr la force de l'écriture : celle de John Green, toute en formules marquantes, en humour à la fois en demi-teinte et désopilant, juxtaposée à celle de David Levithan - que je découvre -, qui a choisi un style plus oral, plus direct. A choisir, je préfère la première, mais la combinaison des deux donne un résultat vraiment convaincant. Je lis rarement de romans à deux voix, mais celui-ci brille par sa cohérence et sa fluidité.

Le tout est un hymne à l'amour, quel qu'il soit : amour des garçons, amour des filles, amour de soi, amour de la vie. Réflexion peut-être moins subtile que dans Alaska, mais encore plus efficace.

Il va sans dire que j'ai très envie de découvrir les trois autres romans de John Green (Le Théorème des Katherine, La face cachée de Margo et Nos étoiles contraires) ainsi que ceux de David Levithan.

25 août 2013

La fille du papillon

Déception pour ce livre de la collection Exprim' de chez Sarbacane, que j'avais découverte avec les romans d'Antoine Dole (voir ici, ici et ici).

Il est question d'une adolescente, Solveig, qui a une vie à la fois déstabilisée - elle a perdu sa mère, son père est le fameux "papillon" du titre, c'est-à-dire qu'il court les jupons et ça ne plaît pas toujours à Solveig - et banale : elle fait les quatre cents coups avec sa meilleure amie, tombe amoureuse d'un garçon qu'elle surnomme "le Monde".

Sur les sites et les blogs, on loue l'écriture "particulière" de ce roman, retranscription du journal intime que Solveig tient sur ordinateur. Particulière ? Oui, il y a des points d'exclamation, d'interrogation, des blancs, des phrases non complètes, du langage sms. L'originalité dans tout ça ? Il n'y en a pas. Sur ce point, je suis catégorique : il ne suffit pas de mettre des trous partout et d'oublier les points pour créer une écriture percutante et novatrice. Là, j'ai juste l'impression de lire, effectivement, les tentatives maladroites d'une ado pour faire de la littérature. Sauf que quand je lis un roman, j'ai envie qu'il soit bien écrit, pas qu'il le soit à moitié. Sarbacane dit vouloir faire "la part belle aux écritures verbales". Heu ? Il y aurait des écritures non verbales ?

Bref, je n'ai pas aimé l'écriture. Quant au personnage... encore pire. Cette Solveig m'a insupporté du début à la fin. Je n'ai vu en elle qu'une enfant gâtée, incapable de comprendre l'amour ou l'affection qui abondent autour d'elle, qui joue les rebelles en fuguant et se saoûlant, mais ne fait que reproduire le schéma archi-classique de la crise d'adolescence. Tout au long de ma lecture, j'ai espéré changer d'avis sur cette héroïne : il arrive en effet que, parfois, on s'attache à un personnage tardivement, après avoir pris le temps de le découvrir. Ici, non.

Je n'ai donc pas su saisir l'intérêt ni l'originalité de ce roman qui est loin d'avoir la force de ceux d'Antoine Dole, par exemple, publiés dans la même collection - et qui, eux, m'ont d'ailleurs paru "trop" forts pour le lectorat visé. Je continue donc de m'interroger sur les choix éditoriaux opérés pour cette collection. Ou peut-être suis-je trop difficile ? Il faut dire que ce roman a subi la comparaison avec deux autres titres pour grands adolescents, lus à la même époque, et dont je vais venir vous parler très vite !

25 août 2013

Victoria rêve

J'avais beaucoup aimé Tobie Lolness, j'avais donc envie de poursuivre ma découverte de cet auteur. Pas mal de différences, cependant, en apparence : celui-ci est beaucoup plus court (une centaine de pages écrites assez gros et à la mise en page aérée) et l'histoire s'inscrit dans un univers réaliste.

Réaliste ? Pas tant que ça : dès le début, il est question de Cheyennes (au XXIe siècle), d'un père qui se transforme, la journée, en cowboy, de course-poursuite... Autant de choses qui réjouissent Victoria, l'héroïne, une jeune collégienne qui ne contente pas de la banalité d'une existence ordinaire.

Bon, assez vite, on voit où l'auteur veut en venir : il s'agit d'un roman sur les livres et sur le pouvoir de la lecture, Victoria est une sorte de Don Quichotte rajeunie. La chute ne surprend guère : sur ce point, la narration n'arrive pas au niveau du diptyque de Tobie Lolness, qui accumulait les rebondissements et le suspense. Néanmoins, on s'attache à l'héroïne, et à l'écriture justement dosée de Timothée de Fombelle. La fin ne laisse pas d'être émouvante, même sans chute.

Une jolie lecture à conseiller à des lecteurs ne refusant pas un peu de fraîcheur, de fantaisie et de naïveté.

25 août 2013

Ca me file le bourdon

Vite lu... assez vite oublié . Les critiques redoublent d'éloges sur ce recueil de nouvelles qui suivent les déboires et aventures d'un collégien en pleine traversée d'adolescence. Personnellement, je n'ai pas trouvé l'écriture exceptionnelle, ni le personnage marquant. C'est assez fantaisiste parfois, ça peut changer un peu de certains récits archi-stéréotypés, mais sans plus. La première nouvelle, à la limite, est assez intéressante, avec un travail sur le suspense et sur la chute.

Le site des éditions Thierry Magnier m'apprend qu'Hervé Giraud est l'auteur de deux autres recueils, Pas folle la guêpe et Quelle mouche nous pique (on note évidemment le travail de métaphore filée sur le monde des insectes). Je ne suis pas arrivée à savoir, en revanche, s'il s'agissait du même personnage principal ou non. Peut-être essaierai-je de découvrir ces autres recueils, pour me faire une idée plus précise du style de l'auteur.

23 août 2013

Neuf mille kilomètres plus tard...

... et presque trois semaines et demie après son dernier message, donc, la petite Mu...

... a traversé sept pays (dont la France), visité trois capitales (bon, Oslo, ce n'était pas le centre), côtoyé tous les types d'eaux possibles et imaginables (du canal à la mer, en passant par le lac - et un peu d'eau de pluie, parfois), navigué sur certaines d'entre elles. Elle a aussi pris 1762 photos, écrit vingt articles sur un autre blog spécialement dédié au voyage, feuilleté six guides, regardé deux saisons de Big Bang Theory, et... lu cinq livres (enfin, le cinquième est en cours de lecture). Dont trois écrits par des auteurs scandinaves.

Elle n'est pas encore tout à fait rentrée, mais elle va essayer de rattraper le retard dans ses critiques (une dizaine d'articles à rédiger... pffff, facile !) le plus vite possible !

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Lecture en cours

 

Le royaume de Kensuké

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