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La petite Mu qui plume
6 octobre 2013

Herbjorg Wassmo : Un verre de lait, s'il vous plaît

Challenge Petit Bac 2013 : 1ère grille! : un aliment/boisson en catégorie littérature scandinave

C'est un livre assez "coup de poing" que j'ai lu pendant la fin de mon séjour scandinave. Dans les premiers chapitres, l'héroïne, Dorte, jeune lituanienne vivant dans son village avec sa mère et sa grande soeur, respire encore l'innocence, même si elle doit faire face à un événement difficile : la mort de son père. Ses repères en sont malmenés, et, quand une vague copine lui propose de partir pour Stockholm afin d'y travailler - en théorie, comme serveuse -, elle accepte rapidement. Elle n'y voit que l'argent qu'elle pourra envoyer à sa mère, et qui lui permettra de ne pas être expulsée par son propriétaire. Cela semble assez gros, elle ne pose finalement que peu de questions à sa copine sur la nature exacte et les conditions de ce travail (ou plutôt, elle en pose, et ne reçoit que très peu de réponses, mais elle prend quand même la décision de partir) ; mais après tout, n'est-ce pas comme cela que commencent de nombreuses histoires tragiquement banales, comme celle qui arrive à Dorte ? 

Car, bien sûr, le lecteur devine assez vite que, si Dorte sera bien au service d'une cohorte de clients, ce ne sera pas pour leur servir à boire - pas de la manière qu'elle imagine. L'expression de "descente aux enfers" est galvaudée, mais il n'y en a pas de plus précise pour décrire ce que Dorte va connaître, violée le premier soir de son voyage, ballotée de maquereaux en clients, de compagnons en prédateurs. 

Comme le soulignent quasiment toutes les critiques lues ici et là, Herbjørg Wassmo semble se complaire dans un style brutal, presque "sans style", d'ailleurs. Elle décrit toutes les scènes crues avec des détails qui ne laissent rien sous silence. Le lecteur se prend évidemment cette sinistre réalité en pleine face. C'est glauque du début à la fin, mais on tourne quand même les pages. On s'attache à cette héroïne pourtant agaçante de naïveté, au début de l'histoire. On devient voyeur, on a envie malgré soi de savoir jusqu'où l'horreur peut aller, mais, au fond, on espère quand même un rayon de soleil, un peu de lait pour calmer les plaies. 

Ce n'est pas un chef-d'oeuvre littéraire à mon sens, mais, au moins, une oeuvre réussie dans l'objectif de déranger, de dénoncer et de capter le lecteur jusqu'au bout : pari tenu. 

Peut-être m'essayerai-je un jour à ses trilogies-sagas (Tora, Le livre de Dina) qui en ont fait l'une des auteures les plus lues en Norvège. 

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Commentaires
G
Super ambiance !
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A
Ambiance !
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Le royaume de Kensuké

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