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La petite Mu qui plume
31 octobre 2013

Lang-Poinsot : Le donjon de Naheulbeuk

Challenge Petit Bac 2013 : 1ère grille! : un lieu (imaginaire, certes) en bande dessinée

Amis lecteurs, si vous n'avez encore jamais entendu parler du Donjon de Naheulbeuk, sachez que c'est un énorme manque dans votre culture et qu'il va falloir y remédier au plus vite. 

Mais keskecé ? A l'origine, Le Donjon..., c'est une saga audio, diffusée gratuitement sur Internet, consistant en des micro-épisodes racontés à la manière des Deux minutes du peuple de François Pérusse (on retrouve le procédé d'accélération des voix, qui rend les dialogues tout simplement irrésistibles). Cette saga hilarante fait la parodie de l'univers fantasy qu'on retrouve dans Le seigneur des anneaux, par exemple, mais aussi dans de nombreux jeux vidéo. Comme ce feuilleton audio a rapidement connu du succès et a créé une communauté de fans, la similitude (en même temps que l'aspect parodique) avec les jeux vidéo est d'autant plus flagrante. 

Le principe, donc, c'est de prendre les personnages-types de la fantasy (un chevalier, un nain, une elfe, un voleur, une magicienne, un ogre et un barbare) et de leur faire vivre les aventures les plus abracadabrantesques - et stupides - possibles. Tous les gags sont permis, mais l'humour réside essentiellement dans les dialogues, du tac au tac : rappelons qu'il s'agit uniquement d'épisodes audio, à l'origine. 

Le succès ayant été grand, donc, cette saga a été mise sur papier, et transformée en bandes dessinées (et, apparemment, en romans). Alors, certes, on y perd : les dialogues n'ont pas tout à fait la même saveur. Je conseille donc d'écouter d'abord les épisodes sur Internet, car c'est ensuite un véritable bonheur de les retrouver sur planches de BD : on "entend" les dialogues, que l'on a gardés dans l'oreille, en les relisant, et, en plus, on a les images !

Par ailleurs, je pense que le principe peut plaire à tout le monde : à la fois les aficionados de jeux vidéo ou jeux de rôle (dotés, tout de même, d'un certain sens du second degré, évidemment) comme à ceux comme moi, qui n'y connaissent rien (ou pas grand-chose), mais qui aiment rigoler un bon coup. 

A savoir qu'il y a plusieurs "saisons" publiées en bande dessinée, elles-mêmes composées de plusieurs épisodes, mais qu'il existe de nombreux produits dérivés, CDs avec chansons, romans, donc, et bien d'autres choses encore ; sans oublier les épisodes audio d'origine, que l'on peut encore télécharger. Tout cela est à découvrir sur le site officiel, un peu fastidieux à explorer, mais qui recèle certainement de nombreuses surprises. 

Bonne lecture (ou bonne écoute) ! 

 

 

 

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31 octobre 2013

Masbou-Ayroles : De cape et de crocs

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Challenge Petit Bac 2013 : 1ère grille! : un objet en bande dessinée

Le challenge me donne l'occasion de plumer sur cette série dont je possède les sept premiers albums. Série ô combien louée tant par les amateurs de bande dessinée que par les "lecteurs littéraires", mais dans laquelle j'ai décidément beaucoup de mal à entrer. 

Je dois dire que je suis assez allergique au roman d'aventures, et, encore plus, à la BD d'aventures. Trop de péripéties m'ennuient tout autant que trop de descriptions pour nos jeunes lecteurs. Et, dans une BD, la difficulté est double, pour moi : à la profusion d'action racontée s'ajoute la profusion de dessins. J'ai clairement du mal à suivre et, très vite, je m'ennuie. 

Voici donc une série que j'aimerais adorer, mais que je n'arrive pas à trouver vraiment au-dessus de la moyenne. Bien entendu, j'en salue l'originalité, j'en apprécie les innombrables clins d'oeil à la littérature, je souris de temps à autre aux traits d'humour disséminés entre les rebondissement (j'ai un gros faible pour le personnage d'Eusèbe, cet anti-héros de race lapine, aux élans de bravoure très savoureux), mais, rien n'y fait, je n'arrive pas à rester captivée longtemps. Je n'ai pour l'instant toujours pas réussi à finir les sept tomes, et je dois à chaque fois recommencer du début. 

J'avais en revanche adoré cette bande annonce réalisée (je crois ?) par l'éditeur :

Voilà, n'hésitez pas, si vous êtes fans de cette oeuvre ambitieuse, à me donner des arguments, car, vraiment, je suis déçue d'avoir été déçue, et je ne demande qu'à l'aimer ! 
30 octobre 2013

Yvan Pommaux : Le temps des loups (série Angelot du Lac)

  

Challenge Petit Bac 2013 : 1ère grille! : un animal en bande dessinée

Un petit peu de nostalgie avec cette trilogie d'Yvan Pommaux, que j'ai toujours trouvée (et que je trouverai toujours) très réussie.

Yvan Pommaux, c'est le dessinateur et scénariste des Marion Duval, la BD fétiche des éditions Bayard Jeunesse, publiée dans Astrapi. Des enquêtes avec une jeune héroïne, évidemment propices à l'identification des jeunes lecteurs, mais qui présentaient déjà des aspects originaux, comme le fait d'aller explorer du côté de la littérature et des grands mythes, avec notamment les tomes 2 et 3, "L'enlèvement d'Elisa Beauchant" et "Attaque à Ithaque", qui brodaient autour de l'histoire d'Ulysse et de la guerre de Troie. J'ai par ailleurs toujours été fan du coup de crayon d'Yvan Pommaux, très carré, très précis, que j'adorais essayer de reproduire. 

Angelot du Lac, je l'ai découvert aussi dans Astrapi : j'ai suivi avec assiduité les épisodes du premier tome, "Le temps des loups", car j'ai immédiatement accroché à l'histoire, aux personnages, à l'atmosphère. J'ai dû avoir un "trou" dans mes achats ou emprunts du magazine, car j'ai raté le deuxième volume, "Le secret de la caravane". J'ai raccroché au troisième, "Les frères vengeurs". Du coup, est-ce par nostalgie de ces lectures enfantines, j'ai gardé un goût particulier pour les premier et troisième tomes, et trouve le second un peu en deçà. 

L'histoire se passe dans le Moyen Âge sombre, celui des meurtres de bandits, de la mendicité, des maladies épidémiques, des accusations de sorcellerie, des guerres de religion, et des loups. Je sais que les médiévistes militent pour une autre image de cette époque de l'histoire de France, mais on ne peut pour autant la nier, et je trouve qu'Yvan Pommaux a parfaitement su la raconter et la mettre en images, dans un ton à la fois très juste pour le jeune lectorat, mais aussi pour les plus grands. L'histoire, elle, est évidemment taillée pour plaire aux enfants : un jeune garçon est trouvé au bord d'un lac par une bande d'orphelins plus âgés, qui vivent de jonglerie, de chasse et de menus larcins. Angelot du Lac, tel qu'on décide de le nommer, est élevé par eux, mais en sera souvent séparé, tout au long de la série, pris dans de multiples aventures aux nombreux rebondissements. 

Dans le premier tome (que j'ai choisi pour ce post, parce que le titre allait bien dans mon challenge...), j'ai surtout aimé la création d'une ambiance, l'aspect quasi documentaire de certaines planches, et puis, je dois le dire, je me suis attachée aux personnages. J'ai peut-être une légère préférence, cependant, pour le dernier volume, qui met en avant l'univers du théâtre médiéval ; en effet, Angelot et sa nouvelle amie Agnès font la rencontre de "maître Songe-Creux", un dramaturge qui cherche à créer sa troupe de théâtre. Toujours dans le respect de l'Histoire, cet album montre la difficulté pour les gens du théâtre d'exercer leur activité à cette époque, et ce pour des raisons très matérielles : manque d'argent, mais aussi attaques de brigands, voire de troupes armées. Le souci du détail a été poussé jusqu'à faire jouer à Angelot et Agnès des extraits d'une véritable pièce médiévale, Le jeu de Robin et Marion, d'Adam de la Halle. Souvenir pour les agrégatifs 2009 ! J'avais d'ailleurs été ravie, en parcourant les premières pages de la pièce, de reconnaître des répliques que j'avais lues et relues étant petite, sans me douter qu'elles faisaient partie du patrimoine littéraire. 

Je recommande vivement ces trois albums aux enfants avides d'aventures bien racontées, aux adultes férus de Moyen Âge (je ne suis pas spécialiste, mais je pense vraiment que cette oeuvre ne leur déplairait pas), et puis aux enseignants (en primaire, en 5e pour les professeurs de français et d'histoire-géographie) qui souhaiteraient faire découvrir cette période aux élèves. 

27 octobre 2013

Morvan-Delestret : L'Homme qui rit / Felipe : L'Homme qui rit

 

  

Challenge Petit Bac 2013 : 1ère grille! : un sentiment en bande dessinée

Je viens de recevoir et, donc, de lire les deux derniers tomes de cette série, voici donc l'occasion de plumer sur cette oeuvre découverte il y a plusieurs années déjà. 

Resituons : j'étais encore étudiante, et j'envisageais de travailler à un mémoire sur ce roman méconnu, et pourtant ô combien passionnant, de notre Hugo national, à savoir, donc, L'Homme qui rit. Un récit foisonnant comme Hugo sait si bien en faire. Jugez-en vous-mêmes :

Le héros en est Gwynplaine, un jeune enfant vendu aux comprachicos qui, par une affreuse mutilation de la bouche, en ont fait à jamais un "homme qui rit". Sauvés in extremis d'un naufrage par ces comprachicos repentis, il doit désormais s'en sortir seul. Sur sa route, il croise un cadavre de femme raidi par la mort et la neige, et, sur son sein, une toute petite fille, encore un bébé, qu'il décide de sauver. Ils arrivent tous deux chez Ursus, un vieux philosophe saltimbanque aux mille tours, et son chien Homo (tout un programme, déjà dans les noms...), qui les adopte presque aussitôt, et baptise le bébé Dea. Bientôt, les deux hommes se rendent compte que Dea est aveugle. Seule condition pour qu'elle tombe éperdument amoureuse de Gwynplaine, ce monstre qu'elle ne voit pas. 
La petite troupe gagne sa vie en improvisant un théâtre ambulant, qui bat son plein : les gens viennent voir l'Homme qui rit, peut-être plus que la pièce en elle-même. Jusqu'au jour où tout bascule : Gwynplaine est capturé, emmené dans un château, où l'on lui apprend qu'il est lord Clancharlie, pair d'Angleterre. C'est le bouffon devenu seigneur. Il est mis au pied du mur et doit choisir entre son ancienne et sa nouvelle vie. A moins qu'il n'arrive à trouver le moyen de se servir de la seconde pour servir la première... 

Il y a, tout à la fois, des Misérables, du Ruy Blas, du Notre-Dame, dans cette histoire qui mêle amour, politique, aventure. Et c'est mon roman préféré : je ne saurais pas vraiment dire pourquoi. A ceux qui voudraient le découvrir mais que les trop longues envolées hugoliennes - dont je suis peu friande, d'ailleurs, c'est bien pour ça que je préfère de loin son théâtre - inquiètent, je conseille sans honte l'édition abrégée de chez L'Ecole des Loisirs. Il s'agit en effet du véritable texte, seulement amputé de certains passages. Les puristes peuvent hurler au scandale, il n'empêche que je trouve que c'est une manière agréable de faire connaissance avec le texte ; libre au lecteur, ensuite, de se tourner vers l'édition intégrale (que je recommande, cette fois-ci, chez Le livre de poche, collection "Les classiques de Poche". Plus confortable pour la lecture que l'édition GF, par exemple, elle est très correctement commentée et annotée par Myriam Roman, enseignante à la Sorbonne, membre du "Groupe Hugo", avec la collaboration de Delphine Gleizes, qui, elle, est de Lyon II  - et que j'ai eu l'honneur de fréquenter de temps en temps. 

Bref. Revenons à nos moutons, à savoir, la BD. Si je l'ai découverte, c'est parce que, dans mon projet de mémoire, je comptais m'intéresser aux différentes adaptations visuelles du roman. Je pensais tout d'abord aux films, voire aux mises en scène, mais je suis tombée à ce moment-là sur cette bande dessinée, dont le deuxième tome venait tout juste de sortir. 

Et, si je salue l'idée et l'effort pour adapter un roman à la fois méconnu et complexe, je ne suis pas fan du résultat. Déjà parce que je n'adhère pas au graphisme. C'est très "bande dessinée d'aventure", avec de nombreux gros plans, des cases asymétriques, sans doute pour donner du mouvement et du rythme. Sur moi, le seul effet, c'est que ça m'embrouille et que je m'ennuie très vite. J'apprécie la bande dessinée mais je me rends compte que je reste très classique, et que je mets en premier critère celui de la lisibilité. Mais d'autres lecteurs de BD apprécieront sans doute justement ce que je n'aime guère. Pour ce qui est du texte, il reste assez fidèle à celui de Hugo... peut-être trop, d'ailleurs : ce qui passe bien en roman peut être rapidement indigeste en BD... 

Donc, je n'ai pas été spécialement convaincue. 

J'ai préféré cette adaptation-là, en un seul volume, du dessinateur et scénariste Fernando De Felipe : 

Le dessin est moins précis, les couleurs se fondent entre elles, le tout baigne dans une lumière bleutée, celle de la nuit, et l'ensemble se rapproche plus, à mon sens, du monde assez mystérieux et onirique proposé par Hugo. Les pages de présentation des "chapitres" (librement inspirés des nombreuses parties du roman) s'inspirent de l'univers médiéval et des cartes de tarot : encore une fois, cela me semble tout à fait en accord avec le projet hugolien. Par ailleurs, l'obligation de raconter l'histoire en un seul volume a conduit à trancher dans le texte, ce qui en fait quelque chose de plus digeste, malgré les ellipses qui nécessitent tout de même une lecture attentive et un lecteur concentré. 

Je regrette donc quelque peu l'achat de ces quatre tomes de la série de Jean-David Morvan et Nicolas Delestret, surtout au prix des bandes dessinées... Définitivement, je me dis qu'il vaut mieux que je passe d'abord par la case "emprunt"... encore faut-il que les ouvrages en question soient disponibles dans ma médiathèque ! 

26 octobre 2013

Gérard Moncomble, Anne Romby : Kahalim l'Opulent

Me promenant dans les rayons jeunesse de la médiathèque, j'ai tout de suite reconnu, sur la couverture de cet album, les dessins d'Anne Romby que j'avais découverts dans le magnifique Fleur de Cendre. Qui plus est, je connais aussi l'auteur, Gérard Moncomble, dont j'étais férue quand j'étais petite (j'ai lu, pêle-même, Un privé chez les Nababs, Chiche-Mirepoix contre Mirepoix-Chiche, L'heure du rat - qui m'avait fait forte impression - et sans doute bien d'autres que j'oublie). Je m'apprête donc à passer un bon moment en feuilletant cet album aux inspirations orientales. 

J'en ressors un peu sur ma faim. Comme dans tout conte, la fin est prévisible, la morale se dessine dès les premières lignes ; du coup, j'ai trouvé qu'il y avait trop de choses, trop de mots, entre le début et la fin. La langue de Moncomble est belle, c'est vrai, mais depuis toujours, je suis plutôt adepte du minimalisme, et j'ai trouvé la poésie des mots trop diluée dans un excès de lignes. 
Les illustrations, quant à elles, restent à la hauteur de ce à quoi je m'attendais, avec un choix de couleurs très réfléchi, un travail sur les lignes, les courbes, qui soulignent les moments de doute, de rêve, de cauchemar qui rôdent autour du héros.

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Cependant, j'ai une préférence pour des illustrations moins oniriques, aux traits plus précis et aux couleurs plus variées, comme sur ces pages :

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A noter aussi, la qualité du papier utilisé par les éditions Milan jeunesse (même éditeur que pour Fleur de Cendre, et j'avais déjà noté cette particularité) : un papier qui n'est pas glacé., épais et strié. Il contribue beaucoup au plaisir de lecture. 

Une chose est certaine, les albums illustrés par Anne Romby sont de ceux qu'on aime posséder sur les rayons de sa bibliothèque, tant ce sont de beaux objets. Et, ô joie ! Elle en a illustré bien d'autres ! 

 

 

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26 octobre 2013

Selma Lagerlof : Le merveilleux voyage de Nils Holgersson à travers la Suède

Challenge Petit Bac 2013 : 1ère grille! : un lieu en littérature scandinave

Bon. Je suis venue, j'ai vu... j'ai été vaincue. 

Pourtant, je la voulais, cette lecture. Parcourir la Suède en compagnie d'un classique de la littérature jeunesse scandinave, cela me paraissait un fort beau programme pour ces vacances d'été. Tant qu'à faire, j'ai voulu essayer la version intégrale : je ne suis plus une enfant, hein, les pavés ne me font pas peur. 

Eh bien... je n'aurais pas dû ! Je dois avouer que, certes, je ne suis plus une enfant, et que l'univers merveilleux dans lequel baigne évidemment cette histoire du début à la fin (du moins, j'imagine, puisque je me suis arrêtée à une cinquantaine de pages...) ne me captive pas assez pour tenir sur la longueur. Mais, en outre, je ne suis pas non plus assez férue de littérature "de terroir" pour me délecter des nombreuses descriptions ou précisions géographico-historico-sociales. Je sais bien que ce sont elles qui font tout le pittoresque de l'ouvrage (et qui, justement, sont ôtées des éditions pour enfants, afin de ne conserver que le récit à proprement parler). Mais, rien à faire, je n'ai pas tenu. 

Alors, je ne sais pas : peut-être devrais-je d'abord tenter une édition allégée, pour découvrir l'histoire d'un bout à l'autre, puis plonger à nouveau dans l'édition intégrale, quitte à lire en diagonale les passages de récit que je connaîtrais déjà ? 

En tout cas, pour l'instant, la petite Mu et autres Moumines n'ont pas été détrônés dans mon classement des plus belles parutions scandinaves pour la jeunesse... 

 

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26 octobre 2013

Alexandre Jardin : L'île des gauchers

Cela fait bien deux mois que j'ai terminé la lecture de ce petit ovni de la littérature contemporaine. Ovni, parce qu'il est très difficile, dans les premières pages, de deviner qu'il s'agit d'une oeuvre de la fin du XXe siècle (1992 très exactement). L'histoire commence en 1885, et le style adopté par Alexandre Jardin colle parfaitement à l'époque, des tournures syntaxiques et du vocabulaire sophistiqués, comme on n'en voit plus guère aujourd'hui en littérature. Seuls quelques mots d'une crudité un peu trop moderne sèment le doute au fur et à mesure, mais l'ensemble est très bien fait. On est en plein trompe-l'oeil, dans un roman de l'illusion, qui raconte l'histoire d'une utopie et qui veut nous y faire croire.

A la fin du XIXe siècle, donc, un groupe d'utopistes français, menés par le capitaine Renard, père de l'écrivain du même nom, aurait créé, sur une île du Pacifique jusqu'alors déserte, une société idéale fondée sur l'Amour. A savoir, une société où l'on apprend à aimer vraiment, et à dépasser les affres des passions trop éphémères pour installer une relation de couple sereine, tendre, et aiguë en même temps. Le héros de notre histoire, lord Jeremy Stork ("Cigogne" en français), cherche justement à ranimer la flamme entre lui et son épouse, Emily. Qu'à cela ne tienne ! Il embarque femme, enfants et valet de chambre à bord d'une montgolfière, direction l'autre bout du monde. Puis commence une nouvelle vie, non dépourvue de difficultés et d'obstacles à surmonter, mais tellement plus intense et plus heureuse !

C'est presque le début que j'ai préféré : le portrait de ce lord Cigogne prêt à tout pour conquérir la belle Emily est savoureux et plein de fantaisie. Alexandre Jardin mime un humour anglais, "pince-sans-rire", à merveille. La suite est intéressante, mais plus sérieuse, car elle se veut une véritable réflexion sur l'amour et le couple, en passant par des questions telles que l'importance accorder à la fidélité, les rituels à ne pas oublier pour entretenir la passion, la question incontournable d'une sexualité épanouie... Mais le roman va au-delà encore : cette "île des gauchers", c'est aussi l'envers de la civilisation "classique", droite et guindée dans ses habitudes sclérosées. C'est aussi pour chercher une liberté inédite que lord Cigogne emmène sa famille loin de leur Angleterre natale. 

On peut lire ce roman comme une belle histoire d'amour, avec ses hauts et ses bas, ses multiples rebondissements. On peut aussi le lire comme un récit de voyage, avec ses descriptions dépaysantes, ses anecdotes, ses réflexions sur l'Ailleurs et l'Autre. On peut aussi, tout simplement, s'amuser, car vraiment, le style est fin et arrache de nombreux sourires. Bref, c'est une réussite. N'ayant rien lu d'autre d'Alexandre Jardin, je ne saurais comparer, mais cela me donne envie de creuser la question. 

A lire, un entretien avec l'auteur pour les éditions Gallimard. 

22 octobre 2013

R.J. Palacio : Wonder

Journal de lecture

Une présentation différente pour un livre différent :
a) j'ai préféré, en guise d'illustration, insérer ce message, que l'on trouve sur la quatrième de couverture, plutôt que la couverture en elle-même  (qui, effectivement, me laisse plus ou moins de marbre). "Read this book", on ne saurait mieux dire. 
b) j'ai aussi décidé de réitérer la démarche déjà adoptée pour l'un de mes précédents comptes-rendus (celui-ci très exactement), à savoir celle du journal de lecture. En plus, c'est le travail que je viens de demander à mes élèves de troisième pour leur prochaine fiche de lecture. (J'ai hâte de lire leurs productions : fin du suspense le lundi 18 novembre...).

Allons-y donc pour un compte-rendu "en direct" : 

Samedi 12 octobre, 22h environ (?) : 
Une amie libraire me fait part de ses derniers coups de coeur. Parmi eux, Wonder de R.J. Palacio. J'en ai déjà entendu parler, j'ai dû le voir traîner sur des listes de sélections, ou en voir la couverture à la médiathèque. Allez, c'est décidé : je l'ajoute à la liste de mes prochains emprunts. 

Samedi 19 octobre, 11h15 : 
Je trouve sans problème le livre dans les rayons de la médiathèque. Sa taille, copieuse, me satisfait. Paradoxalement, le fait de voir qu'à l'intérieur, la présentation est très aérée, qu'il y a peu de mots par page, me rassure aussi : là, je pense à mes élèves... 

Samedi 19 octobre, 21h30 :
Décidément, le film qu'on a choisi de regarder avec mon chéri (devrais-je dire : que mon chéri a choisi de regarder ?...) ne me passionne pas. Heureusement, j'ai emmené avec moi sur le canapé cette fameuse "merveille" dont on m'a dit le plus grand bien. Cependant, je ne me presse pas de le commencer : peur de l'avoir trop vite fini. J'attends donc d'avoir migré dans mon lit pour l'ouvrir enfin. 

Samedi 19 octobre, 22h30 : 
J'ai terminé la première partie. Ca se lit très bien, en effet, cependant je reste un peu sur ma faim. Je m'attendais à quelque chose de plus "coup de poing", avec plus d'humour noir, peut-être. Les événements s'enchaînent et restent assez prévisibles. Il reste encore beaucoup de pages à lire, j'ai peur de la lassitude. 

Dimanche 20 octobre, 9h : 
J'attaque la deuxième partie. Et là, je vois quelque chose que je n'avais pas repéré en feuilletant le livre : le narrateur change. Ce n'est plus August, le héros, qui nous parle, mais sa soeur, Olivia, dite "Via". C'est pile poil ce qu'il fallait, au moment où il le fallait, pour relancer l'histoire et éviter cette fameuse lassitude qui m'inquiétait. On repart en arrière, sans pour autant s'attarder aussi longtemps sur les mêmes détails que dans la première partie. C'est très habile, et très réaliste : Olivia n'attache pas d'importance aux mêmes choses que son frère, il est donc normal que sa narration suive un rythme différent. Et, finalement, on ne s'ennuie pas une seconde. 
Du coup, j'enchaîne les pages, sans plus m'arrêter, et je vois défiler d'autres narrateurs : Summer, l'une des rares amies d'August, Jake, un autre de ses camarades... A chaque fois, c'est le même plaisir, celui de revenir en arrière mais d'avancer en même temps : les pièces du puzzle se mettent en place et l'univers d'August est de plus en plus palpable. 

J'aime les références à certaines chansons, dont la chanson fétiche d'August et Miranda, Space Oddity de Bowie. Qui me fait immanquablement penser à ça  : un autre "wonder", une autre histoire d'exclusion, de premiers pas, d'acceptation de soi. 

Dimanche 20 octobre, 11h32 : 
Après avoir enfin décollé de ma table pour prendre ma douche et m'habiller (oui, dans un journal de lecture, on se dit tout !), et mis à jour ce journal de lecture, j'avais vaguement décidé de corriger quelques copies... Et puis, zut, j'ai vraiment envie de continuer. Je suis en vacances, après tout ! 
Donc, je finis. Comme d'habitude, je suis déçue d'avoir fini si vite. J'aurais aimé partager un peu plus longtemps l'univers de cet August si attachant, et surtout celui de ses amis : les personnages secondaires sont vraiment intéressants, et on se prend à espérer en savoir plus sur certains. Une frustration pas désagréable, somme toute.

Alors, c'est plein de bons sentiments, les méchants sont punis et les gentils récompensés, la fin est très happy-américaine, mais ça fait du bien, quand même.  Cela rappelle que, oui, des méchants, il y en a et il y en aura toujours, mais qu'une vie est possible à côté d'eux, et malgré eux. Mais il est bon de savoir qu'ils sont méchants, parce qu'on comprend qu'on est du bon côté, en tout cas qu'on ne va pas s'interdire de vivre à cause d'eux. 

Je souhaite vraiment faire lire ce livre à mes élèves, au moins quelques uns, ce qui ne s'arrêteront pas aux apparences (= le nombre de pages...). C'est une lecture agréable et idéale pour les entrants en 6e. 

12 octobre 2013

Albert Lemant : Lettres des Isles Girafines

Vous pensez bien qu'un album comme celui-ci, la passionnée de girafes qu'est la petite Mu ne pouvait pas passer à côté... Eh bien, pourtant, je l'avoue, je ne l'ai découvert que récemment. Je n'ai en revanche pas traîné à en faire l'acquisition. Après lecture, mon opinion reste partagée. 

Esthétiquement parlant, c'est une réussite. Dans un monochrome de tons chocolat, avec une technique qui me semble être de l'aquarelle, ou peut-être de l'encre, mêlée à du dessin, l'auteur et dessinateur Albert Lemant nous promène de page en page dans un monde visuel qui n'est qu'une longue variation du motif "girafin". On retrouve les couleurs et les formes de ces animaux si majestueux et élégants - ce n'est pas moi qui vous dirait le contraire. Le souci du détail est poussé à l'extrême : je viens d'ailleurs à peine de voir apparaître, dans la carte ci-dessous, la silhouette qui m'est pourtant si familière...

En plus d'être superbes et minutieusement réalisées, ces illustrations débordent de créativité. Puisqu'il s'agit bien d'un récit de voyage, c'est à un journal de bord que ressemble cet album, avec tout l'arsenal graphique qui va de pair : des croquis, schémas, faux timbres, faux tampons, signatures calligraphiées... cohabitent, façon scrapbooking, avec les illustrations pleine page. 

L'objet, donc, est magnifique et plaira beaucoup, tant aux fans de girafe qu'aux amateurs de journaux de voyage ou aux enfants. 

Le récit, quant à lui, ne m'a pas entièrement satisfaite. Pour résumer, il s'agit du voyage de l'explorateur britannique Marmaduke Lovingstone, qui part en 1912 découvrir les Isles Girafines, en terre africaine. Il envoie des lettres, qui tiennent lieu de journal de bord, à lady Pawlette, l'épouse du capitaine parti à ses côtés. L'aventure se déroule à merveille dans un premier temps, puisque les hommes parviennent à destination, et découvrent une civilisation exceptionnelle, qui les ravit au plus haut point. Puis, petit à petit, les excès du colonialisme anglais font des ravages sur les membres de l'expédition, à qui il arrive des choses de plus en plus étranges...

L'idée est très bonne, elle permet de lire cet album à plusieurs niveaux, de faire, bien sûr, toutes sortes de liens avec des événements historiques, de lancer des réflexions sur la notion de civilisation, sur la question de l'Autre. L'aspect merveilleux ne m'a pas gêné, du moins pas en tant que tel. Mais je suis tout de même restée très perplexe quant à la fin. Après une longue première partie où les détails s'ajoutent très progressivement, à la fin, tout va très vite, et, à mon sens, trop de pistes sont lancées. Pour un album, destiné tout de même à un jeune public (publié chez Seuil Jeunesse), j'aurais préféré quelque chose de plus clair, de plus simple, quitte à aller vers plus de didactisme. 

C'est sans doute sa complexité qui fait l'intérêt de cet album, c'est pourquoi je ne doute pas que bien d'autres que moi puissent l'apprécier dans tous ses aspects. Pour ma part, j'hésiterais par exemple à travailler sur le récit avec des élèves, même grands - mais je sais que d'autres le font - ; en tout cas, je feuillette l'objet avec un plaisir inlassable. 

On me dit dans l'oreillette que l'album possède une suite : Le journal d'Emma, dont vous pourrez lire un commentaire chez Parolimage DaDo, lectures pour adolescents. Epuisé en librairie, d'après ce que j'ai compris. Mais qu'à cela ne tienne : les ventes d'occasion seront mes amies ! A suivre, donc. 

11 octobre 2013

La petite Mu demande à ses lecteurs...

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... quelque chose d'à la fois simple et complexe : quels changements souhaiteriez-vous voir, chacun et chacune, chez la petite Mu ? Quels éléments voudriez-vous voir en plus de ce que vous voyez actuellement ? 

Plus d'informations pratiques sur les ouvrages (nom de l'auteur plus visible, éditeur, prix, date de publication...)

Plus d'images ? 

Une typographie plus aérée ? Différente ? 

Plus de liens vers d'autres critiques (blogs, webzines littéraires...) ?

Des catégories d'articles plus variées ? Ou le développement de certaines catégories, comme les comptes-rendus de films ou les articles de fond ?

Davantage d'articles orientés vers la pédagogie ? 

Plus de concours ? (Bon, là, je crois que je connais la réponse !) De quel type exactement ? Question bonus : est-ce que l'idée d'un swap (échange de livres, ou de cadeaux en rapport avec la lecture, entre lecteurs du blog, et moi-même naturellement, sur un thème donné par exemple) vous séduirait ? 

Bref, c'est le grand sondage de l'automne ! Les arbres se défeuillent, et la petite Mu a envie de Mu-er ; le nouveau look n'est qu'une étape parmi d'autres. 

Si vous voulez des idées, vous pouvez aller voir le classement e-buzzing des blogs littéraires. Bien sûr, je n'arriverai pas à un résultat aussi chiadé ou à un contenu aussi fourni que certains blogs (qui sont, pour certains, quasi professionnels), mais je peux m'en inspirer pour développer tel ou tel aspect. 

J'aurai un petit peu de temps pour plancher sur la question pendant mes prochaines vacances (dans une semaine), n'hésitez donc pas à m'adresser vos remarques dans les jours qui viennent - mais plus tard, ça marche aussi !

 

 

 

 

9 octobre 2013

Adafé

Ca y est, ma graphiste a un site, et le voici : 

http://www.by-adafe.com/

 

Vous verrez qu'elle y fait bien d'autres choses que du relooking de blog. Et, qui sait, ses multiples compétences vous seront peut-être utiles un jour, que vous vouliez décorer votre salon, illustrer un travail d'écriture, commander des faire-parts, ou tout simplement participer aux ateliers créatifs qu'Adafé vous propose directement sur son site. 

N'hésitez donc pas à vous y promener régulièrement, et faites passer ! 

Le lien se retrouve aussi dans la colonne de droite de mon blog, que je viens d'enrichir, avec notamment mes librairies favorites, les blogs littéraires que je visite le plus souvent... Liste de liens qui sera bien sûr amenée à s'enrichir. 

Bientôt les vacances, bientôt du nouveau ! 

6 octobre 2013

Herbjorg Wassmo : Un verre de lait, s'il vous plaît

Challenge Petit Bac 2013 : 1ère grille! : un aliment/boisson en catégorie littérature scandinave

C'est un livre assez "coup de poing" que j'ai lu pendant la fin de mon séjour scandinave. Dans les premiers chapitres, l'héroïne, Dorte, jeune lituanienne vivant dans son village avec sa mère et sa grande soeur, respire encore l'innocence, même si elle doit faire face à un événement difficile : la mort de son père. Ses repères en sont malmenés, et, quand une vague copine lui propose de partir pour Stockholm afin d'y travailler - en théorie, comme serveuse -, elle accepte rapidement. Elle n'y voit que l'argent qu'elle pourra envoyer à sa mère, et qui lui permettra de ne pas être expulsée par son propriétaire. Cela semble assez gros, elle ne pose finalement que peu de questions à sa copine sur la nature exacte et les conditions de ce travail (ou plutôt, elle en pose, et ne reçoit que très peu de réponses, mais elle prend quand même la décision de partir) ; mais après tout, n'est-ce pas comme cela que commencent de nombreuses histoires tragiquement banales, comme celle qui arrive à Dorte ? 

Car, bien sûr, le lecteur devine assez vite que, si Dorte sera bien au service d'une cohorte de clients, ce ne sera pas pour leur servir à boire - pas de la manière qu'elle imagine. L'expression de "descente aux enfers" est galvaudée, mais il n'y en a pas de plus précise pour décrire ce que Dorte va connaître, violée le premier soir de son voyage, ballotée de maquereaux en clients, de compagnons en prédateurs. 

Comme le soulignent quasiment toutes les critiques lues ici et là, Herbjørg Wassmo semble se complaire dans un style brutal, presque "sans style", d'ailleurs. Elle décrit toutes les scènes crues avec des détails qui ne laissent rien sous silence. Le lecteur se prend évidemment cette sinistre réalité en pleine face. C'est glauque du début à la fin, mais on tourne quand même les pages. On s'attache à cette héroïne pourtant agaçante de naïveté, au début de l'histoire. On devient voyeur, on a envie malgré soi de savoir jusqu'où l'horreur peut aller, mais, au fond, on espère quand même un rayon de soleil, un peu de lait pour calmer les plaies. 

Ce n'est pas un chef-d'oeuvre littéraire à mon sens, mais, au moins, une oeuvre réussie dans l'objectif de déranger, de dénoncer et de capter le lecteur jusqu'au bout : pari tenu. 

Peut-être m'essayerai-je un jour à ses trilogies-sagas (Tora, Le livre de Dina) qui en ont fait l'une des auteures les plus lues en Norvège. 

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Le royaume de Kensuké

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