Du vent dans mes mollets : le film de Carine Tardieu (2012)
Je vous avais promis un petit topo comparatif "livre/film" sur cette bande dessinée que j'ai découverte il y a peu (si, si, souvenez-vous). Eh bien, le voici !
J'ai été fort agréablement surprise de ce film dont je n'attendais pas grand-chose : la bande dessinée est si courte et d'une structure si particulière que je voyais mal comment on pouvait en tirer quelque chose de valable pour un long métrage. Mais le pari est remporté haut la main. La réalisatrice a su se frayer un chemin avec habileté dans les pages du texte d'origine. Ce n'est pas une transposition, mais bien une relecture, parfaitement adaptée aux acteurs, de sacrées pointures : Podalydès, qui ne vient pas de la Comédie française pour rien, Isabelle Carré, qui colle tout à fait à son rôle de maman solo un peu déjantée, et Agnès Jaoui, tout simplement parfaite, très juste, très émouvante surtout. Et bien sûr, les deux petits : Rachel, l'héroïne, et sa meilleure amie Valérie, débordantes d'une vitalité qui transperce vraiment l'écran.
La thématique des séances de psy est un peu mise à distance, au profit d'incursions plus fouillées dans la vie familiale de Rachel, mais aussi de Valérie. Je me demandais comment il allait être possible de "mettre" dans le film le discours intérieur de Rachel qu'on lit dans la BD, avec tout ce qu'il a de corrosif, de mordant, de provoquant. Eh bien, le choix a été simple mais efficace : c'est sur les parents qu'a été reporté ce discours, et c'est avant tout sur eux que repose l'humour, bien présent, du film. D'autres thèmes, non traités (ou très peu) dans la BD, apparaissent alors : le mal-être du couple constitué par les parents de Rachel, le jeu de séduction entre son père et la mère de Valérie. A l'histoire d'une enfant mal dans sa vie et dans sa peau s'ajoute alors celle d'adultes tout aussi paumés et en quête de bonheur. L'ensemble est très beau, on passe sans problème du rire aux larmes (heureusement que je connaissais la fin, sinon je me serais noyée...).
Bref, une très belle réussite, qui n'enlève rien au livre mais ajoute beaucoup au cinéma.