Donc (pour comprendre la transition, voir mon article précédent), j'ai voulu découvrir une autre facette de l'oeuvre d'Yves Grevet. Et cette trilogie, j'en avais déjà vu les couvertures dans des rayonnages de librairies ou de bibliothèques. Va donc pour le premier tome de Méto.
Et là, agréable surprise ! On découvre un bon roman de science-fiction, avec des personnages et une histoire auxquels on accroche dès le début, une écriture efficace où chaque mot compte, des chapitres courts qui distillent savamment le suspense. Le narrateur, Méto, est sympathique au lecteur, pas ridicule, pas naïvement téméraire : un vrai bon héros de roman d'aventure. Le style est accessible à des lecteurs de tout âge, sans ennuyer pour autant l'adulte que je suis.
Certes, l'intrigue et l'univers créés ne peuvent pas être qualifiés d'uniques ou d'inédits. Il y a des similitudes plus ou moins grandes avec d'autres univers fictionnels pour la jeunesse, notamment avec Le combat d'hiver de Jean-Claude Mourlevat. Les noms en latin, le froid, les combats de lutte, la grande maison dont on ne sort pas, l'univers extérieur dont on ne sait rien... Mais, après tout, peu importent ces ressemblances. D'abord parce que, de toute façon, il n'y a pas dix mille manières d'inventer un univers. Il est impossible et même prétentieux de vouloir être formellement novateur sur ce terrain-là. Ensuite parce que la trilogie d'Yves Grevet ne vise pas le même public que le roman de Mourlevat. Ici, on a affaire à un récit qui se lit vite, centré sur une seule intrigue, avec une unité de lieu. Le but est de faire en sorte que le lecteur ait envie de retrouver Méto dans un second volume. Chez Mourlevat, l'ensemble est plus complexe, les personnages et les lieux bien plus nombreux, et le roman vise non seulement à tenir le lecteur en haleine mais aussi à le faire réfléchir. Pas de concurrence possible, donc, entre les deux oeuvres.
Bref, pour moi, il ne fait nul doute qu'Yves Grevet réussit bien mieux ce genre de récits, inscrits dans un univers imaginaire, où l'essentiel tient dans une intrigue habilement construite, avec des dialogues brefs et précis, que des romans plus réalistes comme Seuls dans la ville. Etonnant car l'éditeur, Syros, le présente comme "l'auteur de romans ancrés dans la réalité sociale". Je suis bien contente qu'il ait choisi de déplacer l'ancrage de ses romans. Je lirai avec plaisir les deux autres tomes de Méto, et, je l'espère, ses autres romans de science-fiction, le diptyque Nox dont on lit le plus grand bien ici et là, et peut-être aussi L'école est finie, visiblement fort, s'adressant à un public plus jeune. A suivre !