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La petite Mu qui plume
13 août 2014

Disney/Pixar : Rebelle

Un article très mal classé, me direz-vous, et qui ne devrait même pas avoir sa place sur le blog. C'est vrai, "Du livre au film", c'est mal choisi, car ce dessin animé-là est justement l'un des rares Disney à être créé à partir d'une histoire originale. Pas la peine, donc, de chercher un conte de fées, un mythe, un quelconque récit légendaire nommé Rebelle, ni même Brave, le titre anglais. Mais il serait faux, à mon sens, de dire que ce film d'animation n'a aucune source littéraire. Cela dit, si je plume à son sujet, c'est pour deux raisons principales : la première, c'est que le personnage de Mérida devrait normalement avoir sa place dans une comédie musicale que je co-monte à la rentrée avec quelques collègues de mon établissement (spectacle sur le thème du héros au fil du temps) ; la deuxième, c'est que l'histoire parle d'ours. Et, comme vous le savez si vous avez lu mon article précédent, les ours, c'est mon nouveau kif. Particulièrement si ce sont des ours-hommes, ou des enfants-ours, ou des femmes-ourses, ou quelque chose de ce style. 

Commençons par un rapide avis sur ce film : bien mais pas top. Je suis d'accord avec la plupart des critiques ciné qu'on trouve ici et là : des images somptueuses, un graphisme irréprochable, mais un scénario plat. Pas un chef-d'oeuvre qu'on retiendrait au même titre qu'un film de Michel Ocelot, d'Hayao Miyazaki, ou tout simplement d'un Pixar comme Wall-E

Et c'est d'autant plus frustrant qu'il y avait une idée, une vraie, une belle ; en tout cas, une idée qui m'enthousiasme mais dont la mise en oeuvre me déçoit. 

Cette idée, c'était de faire un dessin animé sur la crise d'ado, se déroulant au Moyen Âge. Une idée qui paraît tout à fait anachronique mais tout à fait réjouissante. Et qu'on retrouve un peu dans le résultat final : par exemple, j'ai trouvé très naturels et réalistes les "Mamaaaan !" répétés d'une Mérida excédée, qu'on imagine très bien dans la bouche de n'importe quelle fille de dix à seize ans. Mais les producteurs et scénaristes ont surtout voulu mettre le paquet sur le côté "princesse atypique", réflexion sur la place de la fille, notamment dans le milieu seigneurial de l'époque. Sauf que, ça, pour moi, ça n'a rien d'original. Des héroïnes qui prennent le pouvoir sur les héros, on en trouve à la pelle, et ce n'est pas parce que celle-ci a des cheveux roux que ça change radicalement la donne : pour moi, Mérida ressemble à des tas d'autres héroïnes de dessins animés ou de films pour enfants. 

Donc le début du film, malgré les paysages magnifiques et la technique impeccable utilisée pour faire danser la chevelure de feu de notre jeune rebelle, m'a laissée de marbre. Mais - attention, spoiler - la suite m'a séduite. Ce que je ne savais pas, parce qu'aucune critique n'en parle (pour ne pas spoiler, justement), c'est que, pour tenter de faire changer d'avis sa mère sur le mariage forcé, Mérida demande un sortilège à une sorcière ; mais ce sortilège possède un effet secondaire, qui n'est rien moins que la métamorphose de la mère en ourse. Donc, oui, elle a changé, mais pas comme ce que Mérida attendait ! La mère et la fille doivent s'enfuir du château, pour échapper au roi et à ses compagnons, car l'ours est un animal redouté et chassé, et pour tenter de retrouver la sorcière et d'annuler le sort. Bien sûr, cela est plus long que prévu. Fille et mère doivent donc cohabiter dans la nature, en pleine forêt. C'est donc la fille, qui a toujours aimé la nature et dont le côté sauvage a toujours déplu à la reine, qui va donc [ça fait beaucoup de "donc", non ?...] apprendre la survie à sa mère, fervente adepte des bonnes manières et des comportements civilisés. Il y a des moments plutôt drôles où le personnage de la mère-ourse semble ne pas savoir sur quel pied danser : elle se sent encore reine dans sa tête mais des réflexes bestiaux la prennent quand elle s'y attend le moins... Et il y a aussi des moments plus dramatiques, où ces réflexes bestiaux lui font oublier qui elle est et menacent la vie de sa propre fille. Mais, évidemment, ces pulsions seront finalement utilisées dans la bonne direction, par exemple pour protéger Mérida d'un autre ours vraiment sauvage qui rôde dans la forêt.

A la fin, la reine retrouve apparence humaine, et accepte que sa fille n'épouse un homme que quand elle y sera elle-même fermement décidée. Donc la reine a bel et bien changé : sa vie animale lui a fait comprendre tout un pan de la personnalité de Mérida, auquel elle ne voulait pas s'intéresser auparavant. En outre, Mérida a compris à quel point l'égoïsme et les coups de sang d'une adolescente pouvaient nuire à son entourage, du genre transformer sa mère en ourse. 

La belle idée dont je parlais, c'était donc d'utiliser un univers très riche en images et en symboles (on est dans une Ecosse médiévale où l'on peut trouver des ours, des sorcières, des pierres sacrées, des feux follets...) pour traiter d'un double thème : le premier, résolument moderne, celui de la relation entre mère et adolescente, et le second, intemporel, des interactions entre sauvage et civilisation dans la vie de l'homme. 

Ce que je trouve dommage, c'est d'avoir "gâché" cette belle idée, qui était certainement beaucoup trop riche pour ce que les studios voulaient en faire. On pourrait, je pense, en faire un très bon roman jeunesse, les images de synthèse en moins. J'invente donc une catégorie "Du film au livre" et propose aux écrivains de passage sur ce blog de relever le défi !...

Pour le plaisir des yeux, quelques images, quand même, parce que ça reste beau : 

 

Disney/Pixar "REBELLE" Clip "Fergus Shares A Legend" - VF - French Dubbed Version

 

 

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Le royaume de Kensuké

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