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La petite Mu qui plume
16 avril 2016

Stieg Larsson : Les hommes qui n'aimaient pas les femmes

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Je suis totalement passée à côté lors de sa sortie, que ce soit le livre ou le film. Non par distraction, davantage par manque d'intérêt. Les couvertures, les affiches, rien ne me donnait tellement envie. Pourtant, quelques années plus tard, devenant une fervente lectrice de littérature scandinave, il fallait bien que j'essaye, quand même. J'ai failli le faire lors du challenge Petit Bac 2013, pour la catégorie "sentiments", mais le manque de temps m'avait fait préférer une autre oeuvre plus courte. Et là, je croise à nouveau sa route dans une petite bibliothèque, alors, allons-y.

Mais ce fut une grande déception. Il n'y avait pas de raison que ça ne me plaise pas : j'aime les polars, j'aime la Suède, je n'ai pas peur du sordide (j'ai lu bien pire, avec Herbjorg Wassmo, par exemple), ni des gros pavés à suites. L'histoire a tout pour passionner : une enquête qui retourne dans le passé, même si on se doute bien dès le début que la page n'est pas tournée, des personnages eux-mêmes aux prises avec des passés ou des présents compliqués, des intrigues apparemment sans lien mais qui finissent par se croiser... Ce qui n'a absolument pas pris avec moi, c'est l'écriture. Je l'ai trouvée d'une platitude extrême, et parfois proche du verbiage. C'est-à-dire que j'ai souvent eu l'impression que l'auteur prenait ses lecteurs (donc, moi) pour des imbéciles, en explicitant chaque raisonnement, chaque sous-entendu des personnages, en enchaînant des paragraphes superflus, répétitifs. Trop de phrases, trop de mots, ce qui explique la taille conséquente du roman. Ma lecture fut souvent laborieuse, au point que, parfois, lisant en diagonale pour essayer de ne pas décrocher définitivement, je ratais une information, ce qui m'obligeait à revenir en arrière, et rendait la lecture encore plus longue. Pourtant, ce n'est pas le suspense qui manquait, ni les rebondissements (quoique, la première moitié du roman en manque significativement). Je n'avais pas envie d'arrêter définitivement de lire, mais j'ai dû me forcer pour aller jusqu'à la clé de l'énigme.

Autre problème : paradoxalement, malgré cette écriture maximaliste, j'ai eu beaucoup de mal à cerner les personnages. Peut-être un peu moins Lisbeth que Mickael, mais quand même. Prenez la scène où elle "punit" son nouveau tuteur, maître Nils Bjurman : le portrait donné par l'auteur de Lisbeth, si long soit-il, ne prépare pas au déchaînement de violence qu'elle laisse éclater face à sa victime. On a beau être plongé dans la tête des personnages, les phrases que l'auteur en sort manquent de profondeur psychologique. J'ai aussi été confrontée à ce problème étrange que j'avais déjà rencontré dans Les chaussures italiennes de Henning Mankell : on peut lire de longs dialogues sans aucune indication de l'émotion des personnages, de leur intonation. Et, seulement à la fin, on apprend que Mickael était "furieux", Erika "bouleversée"... Les dialogues apparaissent alors comme une sorte d'obligation d'écriture, mais on pourrait les faire disparaître sans nuire au portrait des personnages.

Bref, j'ai été la première surprise de me sentir si déçue. Peu de critiques sont négatives. J'en ai lu par-ci par-là, mais qui ne relèvent pas exactement les mêmes "défauts" que moi.

Pour de la vraie lecture scandinave addictive, lisez plutôt Mons Kallentoft ou Anne B. Ragde, plus drôles, mieux écrits, avec des personnages plus profonds.

 

Néo-défi lecture 2016 : Un livre qui se passe sur une île (bon, pas entièrement, mais c'était pour changer un peu de Robinson et autres Vendredi)

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Commentaires
L
Ah, j'ai oublié de préciser que le tome 4 de Millenium n'est pas écrit pas Larsson, forcément, puisqu'il est mort. <br /> <br /> ça m'a fait penser à l'écriture de Patricia Cornwell :O
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L
Je compte lire la suite, mais pas dans l'immédiat. Mais c'est vraiment bizarre, je suis rarement autant à l'ouest des autres avis, j'arrive toujours à trouver pourquoi tel livre a eu du succès, et là, rien.
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L
tiens, c'est intéressant ce que tu dis.<br /> <br /> J'ai lu Stieg Larsson jadis, quand c'est sorti, ça fait quoi, maintenant 10 ans ? Et je me suis laissée emporter, sans souci. Mais quand le tome 4 est sorti l'hiver dernier, j'ai déchanté. Mêmes soucis que tu pointes, écriture que j'ai trouvée surplombante et manque d'authenticité et de finesse.<br /> <br /> En revanche, j'ai vraiment été très touchée par Les chaussures Italiennes et n'ai pas eu de pb face aux personnages et je n'ai pas remarqué les longs dialogues.<br /> <br /> La mort de Mankell m'a d'ailleurs beaucoup chagrinée... Enfin, c'est une autre histoire.<br /> <br /> <br /> <br /> Pour en revenir à Millenium, comptes-tu lire la suite du coup ?
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Le royaume de Kensuké

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