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La petite Mu qui plume
5 mai 2016

Jeanette Winterson : Pourquoi être heureux quand on peut être normal ?

 

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De Jeanette Winterson, j'avais déjà lu Les oranges ne sont pas les seuls fruits, dans le cadre d'un défi couleur pour honorer un swap (si cette phrase vous semble sybilline, lisez ici, ce qui vous permettra également de découvrir le roman suscité).

Je savais que ce livre avait un pendant autobiographique (enfin : une lectrice qui se reconnaîtra m'en avait signalé l'existence), et je suis tombée dessus récemment. Rappelons que Jeanette Winterson a vécu son enfance dans l'Angleterre des années 70, dans l'univers de la classe ouvrière, et dans une famille un peu particulière. Père et mère font chambre à part, et la mère extrêmement bigote a des comportements déroutants, parfois contradictoires, très souvents violents et intolérants. L'ouverture d'esprit n'est pas au rendez-vous, c'est le moins qu'on puisse dire. Evidemment, découvrir son homosexualité dans une telle famille, cela peut être une épreuve - ou une force. L'auteure esquisse cette piste dans Les oranges..., fortement inspiré de sa vie, et qui s'arrête au moment où l'héroïne, rejetée pour ses préférences amoureuses et sexuelles, quitte la maison. Elle la reprend et l'affirme dans Pourquoi être heureux..., en racontant au lecteur ce qui se passe après ce départ. Paradoxalement, dans l'autobiographie, on découvre encore plus de difficultés qu'on n'en avait perçues dans Les oranges..., mais aussi plus d'espoir, de détermination, de volonté d'être "heureuse". Précisons, pour que le titre soit clair, que c'est une phrase sortie de la bouche de la mère. Tout est dit !

Je dois dire que la lecture en a été encore plus laborieuse. Laborieuse, mais pas infructueuse. Il y a des phrases très marquantes, et une histoire très forte, évidemment. Un thème nouveau, par rapport aux Oranges..., apparaît, celui de la quête familiale : en effet, Jeanette a été adoptée (je n'en avais pas du tout le souvenir). Cette famille qui la rejette, ce n'est pas sa famille biologique. Toute une partie du récit est donc consacré à la recherche de ses véritables origines, ce qui s'inscrit évidemment dans cette question omniprésente de l'identité : familiale, biologique, sociale, sexuelle.

Mais laborieuse car l'écriture de Jeanette Winterson est très heurtée. Elle le reconnaît volontiers, à plusieurs reprises dans le livre, et avoue ne pas savoir faire autrement, et peut-être aussi ne pas vouloir, car cela colle à la façon dont elle a vécu : des heurts, pas de chemin tracé facile à suivre. Implicitement, elle demande donc à son lecteur de faire un effort, pour accéder au sens, à ce qu'elle veut transmettre. Je pense avoir réussi cet effort, puisque j'ai terminé la lecture et que j'en ai gardé un souvenir, mais en effet, ce ne fut pas facile.

Un livre exigeant, donc, à tous points de vue, mais plein de vérité et, surtout, de vie.

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Commentaires
L
Difficile de répondre à ces questions sans trop en révéler ! Ce serait dommage... Mais pour la première question, oui, on peut dire que l'histoire s'arrête quand la quête familiale est terminée. Et oui, il est encore question de ses parents adoptifs par la suite. <br /> <br /> Tu t'es reconnue au début ? :-)<br /> <br /> Et merci !
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E
Petites questions : <br /> <br /> - A quel moment de son histoire personnelle s'arrête "Pourquoi peut-on être heureux..." ? Lorsque la quête familiale est terminée ?<br /> <br /> - Est-ce qu'elle revient voir ses parents adoptifs à un moment ?<br /> <br /> <br /> <br /> PS (pas ponctuel) : Happy B....... !
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