Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
La petite Mu qui plume
8 mai 2016

Musée d'Orsay : Le Douanier Rousseau, l'innocence archaïque

"Comme dans les, comme dans les, comme dans les, comme dans les... Comme dans les tableaux, du Douanier Rousseau" : comment ne pas avoir cette chanson dans la tête pendant toute la durée de la visite ? Après tout, quand la Compagnie Créole parle d' "un jardin merveilleux, un spectacle permanent", force est de reconnaître que c'est tout à fait ça. On ne peut certes réduire l'oeuvre de ce peintre à ses "jardins", mais les mots "merveilleux" et "spectacle", eux, prennent tout leur sens quand on découvre l'ensemble de ses tableaux. 

L'exposition nous conduit dans un parcours qui s'appuie sur la notion d'archaïsme. Archaïsme : caractère d'une oeuvre artistique, ou d'un élément à l'intérieur d'une oeuvre, qui se rattache à une époque antérieure (Larousse). Pourtant, le hors-série Télérama titre "Le Douanier Rousseau, charmeur de son temps". Alors, Rousseau, de son temps, d'un autre temps ? Ou peut-être : hors du temps ?

C'est plutôt cette piste-là qu'il faut suivre. Tout se mêle dans ses oeuvres : un certain académisme, que l'on retrouve dans la première salle de l'exposition, nommée "Portraits-paysages", mais un académisme détourné, interprété ; une modernité dans sa recherche de simplicité des formes, visible dans ses natures mortes (salle 5) et ses tableaux d'enfants (salle 4). Rousseau, plus moderne que les modernes ? Il déclare en effet à Picasso : "Nous sommes les deux plus grands peintres de l'époque, toi dans le genre égyptien, moi dans le genre moderne." L'absolue confiance en son talent peut faire sourire (mais le Douanier était tellement controversé qu'il fallait bien que quelqu'un équilibre les critiques, fût-ce lui-même !...), mais c'est l'adjectif "moderne" qu'il faut retenir. On découvre dans l'exposition que les toiles de Rousseau ont servi d'inspiration à de nombreux artistes. Les dernières salles consacrées aux jungles nous présentent notamment la réception des surréalistes. On peut jouer au jeu des sept différences entre La Charmeuse de serpents, de Rousseau, et La rencontre du 2 bis, rue Perrel, de Victor Brauner (lire ici la petite histoire de la "rencontre" entre les deux artistes) :

Afficher l'image d'origine     LA RENCONTRE DU 2 BIS RUE PERREL

La charmeuse de serpents, Douanier Rousseau, 1907, huile soir toile, musée d'Orsay, Paris.
La rencontre du 2 bis, rue Perrel, Victor Brauner, 1946, huile sur toile, Musée d'art moderne, Paris.

Si les mots "naïf", "innocent", "archaïsme" conviennent si bien à l'oeuvre du Douanier Rousseau, c'est parce qu'il a su poser un oeil neuf sur les merveilles présentes dans tout recoin du monde et de la nature. Et l'exposition nous invite, nous aussi, à poser cet oeil neuf sur l'ensemble de ses tableaux. Ils sont tellement divers qu'on fait forcément des découvertes. J'ai pour ma part été particulièrement marquée par les tableaux d'enfants, plutôt inquiétants, qui titillent vraiment l'imagination, et les paysages quasi vides d'hommes, qui font penser à une sorte d'étape ultérieure aux décors d'Edward Hopper.

Mais j'ai évidemment passé un certain temps dans la salle des jungles, comme on passerait du temps dans un jardin, en observant les moindres détails des merveilles de la nature. (Seule petite déception : pas de Surpris!, qui a dû rester à la National Gallery de Londres.) N'oublions pas de rappeler que Rousseau n'a jamais mis les pieds dans un lieu exotique à l'étranger : toute son inspiration lui est venue de ses observations au Jardin des plantes, ou dans des albums illustrés, d'ailleurs exposés eux aussi sous vitrine. Encore une marque de "naïveté" : Rousseau vient au monde de l'exotisme par la force de l'imagination.

Suivez-donc les traces de ce peintre atypique et méconnu, dans les couloirs du Musée d'Orsay, et prolongez la rêverie dans les serres du Jardin des Plantes. Là-bas, vous verrez, c'est "comme dans les, comme dans les..."...

P1020953 (2)

Exposition Le Douanier Rousseau - L'innocence archaïque
Musée d'Orsay
Du 22 mars au 17 juillet 2016
Plein tarif : 12€ (avec collections permanentes)
Prévoir deux heures

Grandes Serres
Jardin des Plantes
Ouvert toute l'année
Plein tarif : 7€
A éviter par canicule !

Hors-série Télérama : Le Douanier Rousseau, charmeur de son temps
Mars 2016

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité
Lecture en cours

 

Le royaume de Kensuké

Visiteurs
Depuis la création 97 388
Publicité