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La petite Mu qui plume
16 juin 2016

Sandrine Beau : La porte de la salle de bains

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Je vous avais parlé de Hors de moi, de Florence Hinckel, un récit sur la grossesse adolescente que j'avais beaucoup aimé, par la simplicité et la sincérité de son approche. Le roman de Sandrine Beau est publié dans la même collection, Ego, des éditions Talents hauts. On y trouve aussi Mauv@ise connexion, un roman sur le cyber-harcèlement que je n'ai pas lu mais dont j'ai entendu parler, et bien d'autres récits sur des thèmes-clé de la vie adolescente. A cet éditeur, on doit aussi Le zizi des mots et des livres de toutes sortes sur les préjugés, les stéréotypes, les différences. 

La porte de la salle de bains, c'est un roman tout simple (de lecture plus facile que Florence Hinckel, avec un personnage plus jeune, aussi), sur un sujet qui ne l'est pas. Ce sujet, au début, on pense que c'est "tout simplement" la puberté et les transformations qu'elle apporte aux corps des jeunes personnes. En effet, c'est le point de départ de l'histoire : Mia commence à avoir des seins. Bon. Le premier tiers du livre s'attache à donner un cadre à ce point de départ, en présentant les membres de la famille : le petit frère, la mère d'abord célibataire, puis nouvellement en couple, et, donc, le nouveau compagnon qui joue le rôle du père à la maison. 

Mais le jour où ce beau-père rentre dans la salle de bains pendant que Mia se douche, elle est gênée. De gênée, elle devient méfiante : en effet, la situation se reproduit. Jusqu'à ce que le doute ne soit plus permis, ni pour elle, ni pour le lecteur. Sauf qu'évidemment, Mia n'est encore qu'une enfant, aux prises avec une situation très compliquée, source de honte, de culpabilité, d'incertitude. Le lecteur, lui seul, est capable de mettre les mots d'abus sexuel sur la chose. Mia ne le peut pas. Tout ce qu'elle sait, c'est que la vie quotidienne, qui avait l'air si simple et légère au début de l'histoire, a viré pour elle au cauchemar. 

C'est la force de ce récit : amener ce thème très dur (non seulement l'abus sexuel, mais au sein de la famille, qui plus est) par un enchaînement de faits, vus comme ils peuvent être vus par une jeune adolescente. Elle n'est ni plus bête, ni plus mûre qu'une autre fille de son âge. Elle sait qu'il y a des choses qui ne se font pas, mais elle ne sait pas comment agir. Elle veut à la fois protéger (sa mère, son petit frère) et être protégée. Elle trouve des stratagèmes, comme d'aller se doucher chez sa grand-mère, qui peuvent paraître bien futiles mais représentent son seul bouclier. 

La fin est ce qu'elle doit être : positive pour véhiculer un message d'espoir aux jeunes lecteurs. Ce n'est pas tellement cela qui m'a gênée, mais la manière dont les choses se déroulent : un peu trop simples pour être réalistes. Cela correspond, certes, au ton donné par le récit, mais j'aurais apprécié un peu plus de nuances, sans supprimer la happy end, pour montrer qu'une solution existe, même si elle passe par une succession d'étapes. 

Hormis les toutes dernières pages, donc, j'ai trouvé ce roman très réussi et moins simpliste qu'il n'en a l'air dans les premières pages. A mettre entre toutes les mains, y compris les plus jeunes. 

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