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La petite Mu qui plume
23 mai 2016

Rémi Chaurand, Charles Dutertre : Papa qui lit

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J'ai découvert cet album dans l'émission Les maternelles (l'air de rien, grande fournisseuse d'idées lecture ou de découvertes de toutes sortes de personnages et d'initiatives en tout genre). Nathalie Le Breton avait été très enthousiaste par cette figure du papa qui prend en charge la lecture du soir avec ses enfants. L'histoire m'avait semblée brouillonne, mais rigolote. J'ai voulu constater par moi-même.

Les illustrations, tout d'abord. J'ai tout de suite su que j'avais déjà vu les illustrations de Charles Dutertre quelque part, et je viens de vérifier : c'est bien cela, il a travaillé pour Astrapi. J'avais toujours aimé ces petits personnages qui s'amusaient souvent avec le décor.

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Il y en a de partout sur les pages (il faut dire qu'il y a quand même quatre soeurs dans cette histoire, plus le père, plus le chien, plus parfois la mère... ça en fait, du monde). Et pas seulement des personnages : il y a aussi plein de livres à l'intérieur du livre. Avec un petit coup d'autopromotion pour les éditions Didier Jeunesse, sous forme de clin d'oeil illustré (tiens, La culotte du loup, une autre histoire du duo Servant-Le Saux, voir ici).

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Tous ces personnages, tous ces livres, c'est bien ça le problème dans cette histoire. Il est l'heure de se coucher, et, avant cela, de lire le livre du soir. Mais avec quatre filles à contenter et à canaliser (heureusement, le chien, lui, ne pipe mot), ça tourne à la débandade. Impossible de mettre tout le monde d'accord sur le livre. L'une raconte la fin dès que son père ouvre la bouche, l'autre veut plus de coussins, une troisième veut réciter sa poésie... Et le père a une nouvelle lubie : il faut absolument lire un poème de Victor Hugo avant de se coucher.

C'est bien ce que j'avais senti dans la rapide présentation des Maternelles : l'histoire part vraiment dans tous les sens. En même temps, c'est normal, avec toute cette agitation. En fait, bien que ce soit l'une des soeurs qui raconte l'histoire, on se met bien plus à la place du pauvre papa qui ne sait plus où donner de la tête. On a l'impression que ce livre est moins fait pour les enfants que pour les adultes : parents débordés, voire instituteurs ou animateurs dépassés. Mais l'ensemble est parfaitement réaliste, et tout le monde en prend pour son grade, les enfants comme les adultes. Il y a un passage très drôle où le père doit interrompre la lecture parce que son téléphone a sonné, et où il demande pardon à ses enfants en leur faisant "des petits yeux de chat trop mignon". Touché !

La fin est savoureuse. (Il faut bien tourner les pages jusqu'au bout !) En revanche, je n'ai pas vu autant de féminisme que les animatrices des Maternelles (pour comprendre, lisez la fin). Plutôt une modernité très forte, dans la représentation de la parentalité d'aujourd'hui, qui envoie promener le mythe de la perfection. Ce papa débordé, qui veut cultiver ses enfants mais ne sait pas que le poème "Mirlababi surlababo" vient des Misérables, qui veut défendre son autorité mais oublie d'éteindre son téléphone, il ressemble à beaucoup de parents et il en est attachant. C'est bien lui, le personnage principal, et d'ailleurs, le titre nous l'indiquait déjà.

J'ai beaucoup aimé cet album sur la lecture, sur la famille, sur la façon d'être adulte, la façon d'être enfant... Bref, sur la vie, quoi !

 Ce billet poursuit mon partenariat avec les éditions Didier Jeunesse.

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