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La petite Mu qui plume
1 septembre 2016

Une bibliothèque dans la classe

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Une récente conversation sur Néoprofs m'a donné l'idée de cet article.

Non sans nostalgie et pincement au coeur, car, si j'ai pratiqué avec assez de bonheur la "bibliothèque de classe" dans mon désormais ancien collège, en l'améliorant d'année en année, jusqu'à arriver à quelque chose d'assez chouette, je dois dire... je ne peux en revanche pas affirmer du tout que j'arriverai un jour au même résultat dans mon désormais nouveau collège, car je deviens une professeure SSF (Sans Salle Fixe), retour en arrière bien connu des derniers arrivés dans un établissement scolaire. 

Bref, cela n'empêche pas de partager mon expérience.

D'abord, pourquoi une bibliothèque de classe alors que, depuis les années 1970, tous les collèges disposent d'un CDI entre leurs murs ? Mes trois réponses à cette question (et, évidemment, elles n'engagent que moi) : 

- Le besoin de compléter un fonds interne (celui du CDI) insuffisant. --> C’était mon cas, mais attention, j’explique le contexte : j’étais dans un petit établissement, doté d’un budget limité, mais surtout, dont la politique d’acquisition en terme de littérature jeunesse (ce qui m’intéressait plus particulièrement) n’avait visiblement pas été retravaillée depuis plusieurs années. Dans ce domaine, le fonds était donc effectivement très pauvre. Un nouveau professeur documentaliste est arrivé en même temps que moi, il y a progressivement remédié, mais mon impatience habituelle s’accoutumait mal des délais de commande et des impératifs de dates et de budgets qu’il devait respecter.

 - L’envie d’avoir des livres à proximité immédiate, à la fois des élèves et du professeur. --> Il y a le traditionnel « pour que les élèves s’occupent à la fin d’un contrôle ». Mais il n’y a pas que ça. C’est aussi beaucoup plus pratique de pouvoir saisir en direct le livre dont on est en train de parler aux élèves, ou de leur permettre d’aller le chercher eux-mêmes. S’ajoute à cela le bénéfice, j’en suis convaincue, d’une fréquentation régulière (presque journalière, puisque les élèves ont souvent un cours de français par jour) des livres, même si ce n’est que visuel. J’ai remarqué que les élèves jetaient souvent un œil, et remarquaient quasi toujours quand je modifiais quelque chose dans mes rayonnages ou présentoirs.

 - Enfin, le souhait de proposer ses livres, pas n’importe lesquels. -->  Au-delà d’une simple réserve de livres, la bibliothèque de classe, c’est aussi la bibliothèque du professeur. Elle lui permet de partager ses goûts et ses centres d’intérêt avec les élèves. Les titres qui y figurent ont été choisis par lui. Il sait précisément ce qui s’y trouve et la médiation n’en sera que plus facile. C’est un trait d’union entre son univers et celui des élèves. Je suis très attachée à cet aspect-là ; il m’importe de dire aux élèves, quand je leur présente un livre, que je l’ai aimé, ou pas, pour telle ou telle raison.

 

Si ces réponses vous ont convaincu, un petit document synthétique à télécharger pour les conseils pratiques : Une_biblioth_que_de_classe

 

Quant à mon aventure, par étapes : 

1°) Première année : Pas d’installation particulière, j’apporte de temps en temps quelques livres de chez moi, je les prête aux élèves qui le souhaitent en notant leur nom sur mon agenda, je les entrepose dans mon placard (souvent fermé).

2°) Deuxième année : Je décide de pratiquer l’exposition, et j’utilise pour cela une table placée au fond de la classe. Mieux, mais elle ne me permet d’exposer qu’une dizaine de livres (je dois donc varier les expositions et reléguer les anciens livres dans mon placard, toujours) et je dois attirer l’attention des élèves sur cette table, située dans leur dos.

3°) Troisième année : Je cherche à obtenir une étagère. J’atteins presque mon but : ce sera un placard, dont je dois ouvrir les portes. Mais j’utilise ces portes comme supports aux fiches indicatives ou autres affiches, et ça y est, j’ai enfin ma bibliothèque, une vraie ! J’y range, au fur et à mesure, jusqu’à une cinquantaine de livres : une grande partie de ma collection de littérature jeunesse (dont je ne faisais pas grand-chose chez moi ; je n’ai gardé que les livres auxquels je tenais vraiment, et encore, j’en ai fait circuler quelques-uns qui étaient même dédicacés !), des specimen reçus dans mon casier, de vieux Je Bouquine choisis pour être en rapport avec des thématiques étudiées en classe (je pense aux adaptations de classiques en BD), quelques documentaires bien spécifiques…
J’élabore alors mon propre classement :
- deux étages consacrés aux livres en lien avec les programmes, classés par thématique avec indication du niveau correspondant (récits merveilleux 6e, Moyen Âge 5e, fantastique 4e, récits d’enfance 3e…).
- un étage – bien rempli – pour la littérature sans lien avec les programmes, qu’on peut appeler « lecture plaisir » (mais pourquoi priver les autres de ce nom ?…). Je me suis un peu cassé la tête sur les indications de niveau (en mettre ? ne pas en mettre ? si oui, comment ?), et j’ai tranché pour ça :

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Enfin, un étage un peu « fourre-tout » : les Je Bouquine, quelques BD et documentaires, une collection dépareillée de Contes de ma mère l’Oye.
Les emprunts commençant à se faire plus nombreux, je me munis d’un petit cahier de prêts avec trois colonnes : nom de l’élève, titre du livre, date de prêt, et je raye la ligne au moment du retour. Pas de condition d’emprunt autre que de prendre soin des livres. Si un livre est très demandé, ou que moi-même j’en ai besoin, je demande à l’élève de le rapporter rapidement. J’ai toujours retrouvé mes livres. Pour ce qui de leur état, ça dépend des élèves emprunteurs. Certains ont les mêmes habitudes de grande précaution que moi, d’autres font manifestement du livre un objet totalement désacralisé. Mais puis-je leur en vouloir ? Je n’ai jamais eu de grosse dégradation en tout cas (livre déchiré, taché, ou autre chose de ce genre). Peut-être que je me déciderai à les couvrir, mais ça va me prendre beaucoup de temps et un peu d’argent.

4°) Quatrième année : Dernière étape, l’ultime : je me dote d’un présentoir, un vrai (bon, avec une vis en moins, mais quand même), et ma bibliothèque, plus d’un meuble, devient alors un lieu, un vrai, avec un espace destiné à la conservation (les rayonnages archivés), et un autre destiné à la valorisation (le présentoir). J’ai veillé à ce que ce dernier soit régulièrement « mis à jour », en m’adaptant soit au contenu de mes cours, soit à une thématique que je souhaitais mettre en avant à un moment particulier (la poésie pour le Printemps des Poètes, la 1e GM lors des commémorations…), soit à une actualité particulière : ainsi, ce présentoir m’a tristement aidé, après les attentats de Charlie et ceux du Bataclan, à exposer des images qui me touchaient et à mettre à disposition des élèves des ressources de toutes sortes (livres, magazines… J’avais même fait un portfolio « revue de presse », avec des articles et des caricatures).

J'espère vraiment, vraiment continuer l'aventure dans mon nouvel établissement... A suivre ! 

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Commentaires
E
J'adorerais adopter pareille initiative ! <br /> <br /> Malheureusement, comme toi, cette année, je redeviens SSF : 4 salles différentes, 2 étages différents, aucune salle étiquetée "Français"...<br /> <br /> Mais je conserve en mémoire cette idée !
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