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La petite Mu qui plume
8 août 2017

Laurent Gaudé : Eldorado

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Comme je le disais dans mon article sur L'exil et les migrations, j'ai longtemps rechigné à lire Laurent Gaudé. Trop célèbre, trop récurrent dans les derniers manuels scolaires ou sujets d'examen (au bac, au brevet...). Un peu trop pour être honnête, quoi. Et puis, bon, j'ai récemment décidé de mettre de côté cette méfiance que j'ai envers les auteurs à la mode pour me faire ma propre idée. Mon premier Gaudé est donc Eldorado. Et je reconnais que ce fut une plutôt belle rencontre. 

Je m'attendais à être rebutée par un style faussement littéraire, et finalement pauvre. Cela s'explique par le fait que le texte de Gaudé que je connaissais le mieux jusqu'à présent était l'extrait du Soleil des Scorta donné aux collégiens pour le brevet 2013. J'avais trouvé ce texte non pas détestable (il ne faut pas exagérer) mais quand même nettement en dessous de beaucoup d'autres auteurs (même contemporains) qu'on pouvait proposer à des élèves de 3e. Un peu facile, quoi. Evidemment, quand on ne lit qu'un extrait, et qu'en plus, on "l'utilise" pour en faire une explication littéraire, il est facile d'en pointer la pauvreté ou la facilité. Mais dans le contexte d'un roman, les choses sont différentes. Le style de Gaudé ne se prête peut-être pas aux explications de texte, mais il convient parfaitement aux récits qu'il porte dans ses romans. 

Ainsi, je suis entrée dans Eldorado avec plus de plaisir que je ne le pensais. Des chapitres assez courts, des moments qui accrochent l'attention, des personnages qui intriguent. J'ai très vite voulu savoir ce que le commandant Piracci, l'un des personnages principaux du roman, allait faire avec cette ancienne migrante qui lui réclame son pistolet pour se venger d'un passeur véreux. Puis sont apparus deux autres personnages, Soleiman et Jamal, deux frères qui tentent la fameuse traversée du Soudan à Lampedusa, et j'ai eu envie, également, de suivre leurs aventures. 

Du réalisme, peu de clichés, juste ce qu'il faut d'émotion pour donner de l'étoffe à l'histoire (aux histoires, plutôt) : bien sûr, des histoires de migrants, on en a lu, ou du moins entendu beaucoup, mais celle-ci est un beau moment littéraire. Avec cette originalité de destins qui se croisent, au sens propre : les deux frères veulent gagner l'Italie, le capitaine veut la quitter, pour trouver une nouvelle vie, et se trouver lui-même. Cela nous amène à une véritable réflexion sur nos actes, nos choix, et la manière dont ils nous emmènent parfois dans des routes totalement inconnues. 

La fin est marquante, sans pour autant annihiler les émotions partagées tout au long du roman. 

Je ne regrette donc pas cette découverte, qui m'a donné envie de faire plus amplement connaissance avec cet auteur que j'évitais. A suivre ! 

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Le royaume de Kensuké

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