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La petite Mu qui plume
19 mars 2020

Ma livraison anti-stéréotypes

Colis Decitre Genre

Et voilà : pour faire suite à ce post, voici ce que j'ai pioché dans les différentes sélections d'albums anti-stérotypes pour les plus jeunes. S'agissant d'achats pour le moment, il m'a fallu faire des choix. J'ai éliminé ce qui me semblait être pour les plus grands que Minimu : il sera bien temps de les emprunter ou de les acheter plus tard. J'en ai choisi certains qui m'attiraient depuis un moment, comme Le zizi des mots ou l'album d'Ilya Green, ou d'autres que je ne connaissais pas du tout. 

L'avis de la petite Mu... et de mini-Mu ! 

Mon préféré : La dictature des petites couettes, d'Ilya Green.
Sans surprise, n'est-ce pas, vu que j'adore à peu près tout de cette auteure-illustratrice. 
Le pitch : trois petites filles qui aiment se déguiser organisent un concours de beauté, avec chacune des idées bien arrêtées sur ce qu'est la beauté. Par exemple, qu'il faut absolument des petites couettes pour être belle. Ou qu'un garçon, ça ne peut pas participer à un concours de beauté, ce n'est pas fait pour être beau, un garçon. Idée avec laquelle le garçon n'est pas d'accord ; ça le rend très triste. Oui, mais, en même temps, ce même garçon pense qu'un chat ne peut pas participer à un concours de beauté, ou qu'il devrait mieux se raser les poils. Bref, à la fin, tout le monde défile devant un jury de fourmis... et la conclusion est très rigolote. 
J'ai tout aimé, le texte, les personnages, les illustrations. Simple, mais efficace, pour parler à la fois des préjugés sur les filles ou les garçons, mais aussi du concept de beauté tout simplement. 

Les filles Rosenstiehl

Une trouvaille à découvrir : Les filles, d'Agnès Rosenstiehl. 
Celui-là, je vous en parlerai davantage plus tard, tant il y a à dire. En bref, un livre des années 70 qui montre une fille, en entier : ce qu'elle a entre les jambes, ce qu'elle aime, ce qu'elle est capable de faire. Cet album a été réédité en 2018 avec de légers ajustements. J'imagine assez bien le "pavé dans la mare" qu'il a dû être à l'époque (expression de l'éditeur, La ville brûle), quand je vois l'effet qu'il a produit sur moi dans les premières pages. Pas courant de voir un livre où une petite fille montre son sexe à un garçon, qui en fait de même, puis les voir se toucher l'un l'autre. Je pense que cela m'a fait bizarre car j'ai projeté sur cet album des enfants plus grands que ceux que l'auteure a imaginés. Mais là est l'enjeu : passé un certain âge, les enfants sont déjà touchés par les préjugés, les tabous, les réticences, voire les dégoûts. D'où l'importance de leur parler avant, quand cela leur semble encore tout naturel de regarder un sexe, féminin comme masculin, et de le toucher. 

Résultat de recherche d'images pour "le zizi des mot"

Un classique : Le zizi des mots, d'Elisabeth Brami, illustré par Fred L. 
Pas tout à fait ce que j'attendais. J'avais imaginé un livre plus long, une sorte d'encyclopédie, sur les métiers au féminin, les mots qui n'existent qu'au masculin, etc... En fait, il s'agit d'une sélection de mots qui désignent, au masculin, une personne, et, au féminin, un objet. C'est certes une piste simple et efficace pour faire comprendre aux enfants le concept de "femme-objet". Mais les mots utilisés, que ce soient les noms de personnes ou les noms d'objets, sont déjà de haut vol : un Charentais, une charentaise, un mandarin, un tribun, une tribune... Peut-être un peu tôt pour que Minimu en saisisse réellement l'enjeu, même si elle aime bien le regarder - les choses inconnues l'intriguent et l'intéressent, comme beaucoup d'enfants. J'aime beaucoup les illustrations pour ma part. 
Super initiative, les auteurs de l'album ont créé un tumblr sur lequel on peut envoyer des propositions de double page. Les lecteurs ont de très bonnes idées ! 

Boucle d'ours

Un auteur connu : Boucle d'ours, de Stéphane Servant, illustré par Laetitia Le Saux
On possède déjà à la maison Purée de cochons, offert en service presse par Didier Jeunesse il y a quelques années, sur lequel je n'avais pas eu un énorme coup de coeur mais qui est l'un des premiers albums "de grands" que ma fille a aimé. 
Pareil ici : pas de grande surprise en lisant l'histoire de Petit Ours, qui veut se déguiser en Boucle d'Ours, au grand dam de ses parents. Evidemment, il aura gain de cause, et Papa Ours va choisir également un déguisement inattendu. J'aurais aimé un peu plus d'originalité et de rebondissements dans l'histoire (dans Purée de cochons, il y en a davantage, par exemple), mais nul doute que cet album fera mouche auprès de son public : les enfants, surtout s'ils connaissent déjà l'histoire de Boucle d'or et les trois ours (Minimu la lit déjà dans la version "à toucher" de Xavier Deneux). Surtout que je l'ai choisi (sans le vouloir) dans sa version très très grande (31x31 cm), ce qui a tout de suite bien plu à ma poupette. 
Edit : OMG !!! Ne lisez pas (ou plutôt, lisez, mais soyez bien accrochés) les commentaires sur le site de Decitre... nous voici tout droit remontés au Moyen Âge. 

Une découverte : Dînette dans le tractopelle, de Christos, illustré par Mélanie Grandgirard
Une histoire fondée sur ce qui choque, j'espère, beaucoup de parents et de consommateurs au moment des fêtes : les pages genrées des catalogues de jouets pour enfants. Ici, une poupée venant des pages roses rêve de tractopelle quand un conducteur voudrait prendre le thé... Leurs souhaits se réalisent le jour où le catalogue se retrouve déchiré, et que leurs deux pages sont collées l'une à côté de l'autre. Bleu et rose se mélangent alors pour donner du violet, et tout le monde est content. 
C'est donc très simple, je ne suis pas très fan des illustrations, mais publié en 2009, cet album a le mérite de s'attaquer à cette question marketing qui persiste malgré les années. Encore dernièrement, en allant acheter un jouet d'éveil de la marque Lilliputiens, la vendeuse me confirme que cette marque fait beaucoup d'efforts pour "dé-genrer" ses peluches, mais qu'ils "doivent" (terme de la marque ? De la vendeuse ?) avoir dans leur catalogue des produits genrés. La vraie vie est donc bien en retard sur ce catalogue imaginaire raconté par Christos. 

 

Que retenir de cette mini-sélection ? Ce sont des livres plaisants, qui intéressent les enfants, et ouvrent le dialogue. Cependant, je regrette que l'on en soit encore à cette étape : partir des stéréotypes et inventer une histoire pour prouver qu'ils n'ont pas lieu d'être. Qu'en est-il des albums qui, dès le début, montrent des enfants qui ne se préoccupent pas une seconde de leur apparence, du genre qu'ils affichent, de ce qu'ils peuvent être ou ne pas être, faire ou ne pas faire, en tant que fille, en tant que garçon ? Je sais, la société est encore tellement loin de cela qu'on est bien obligés de partir de la réalité présente : les préjugés, l'opposition fille/garçon. Mais vraiment, la littérature jeunesse a besoin d'ouvrages montrant qu'à l'origine, chez l'enfant, ces préjugés n'existent pas. Ce sont nous, les adultes, qui les leur mettons en tête, souvent trop tôt, et malheureusement parfois sans le vouloir. Y compris avec les livres qu'on leur donne. Je me suis rendue compte récemment que, malgré tout ce que je pense de la lutte contre les stéréotypes de genre, la bibliothèque de Minimu est remplie d'albums avec des personnages malgré tout genrés, de couples forcément hétéronormés, avec le papa et la maman... Difficile d'en sortir. Quelques auteurs, quelques titres font un peu exception, dans ceux que je possède du moins : Ilya Green et ses personnages enfantins assez androgynes, la série des Cléo de Sibylle Delacroix, qui ne permet pas clairement de savoir si Cléo est une fille ou un garçon (car cela n'a aucune importance pour les thèmes abordés). 

Ce sera désormais ma quête : sus aux albums non genrés ! 

(Un article plus développé sur cette quête suivra dans les jours à venir.) 

 

La dictature des petites couettes, d'Ilya Green, Didier Jeunesse, 11€10.

Les filles, d'Agnès Rosenstiehl, La ville brûle, 14€. 

Le zizi des mots, d'Elisabeth Brami, illustré par Fred L., Talents hauts, 12€90.

Boucle d'ours, de Stéphane Servant, illustré par Laetitia Le Saux, Didier Jeunesse, 19€90.

Dînette dans le tractopelle, de Christos, illustré par Mélanie Grandgirard, Talents hauts, 12€50. 

 

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Le royaume de Kensuké

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