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La petite Mu qui plume
17 janvier 2013

Mary Ann en automne

Et voilà : the last, but not the least. 

Ce dernier volume (en date) est un festival. Une lecture extrêmement réjouissante. Ils sont presque tous là : Micheal, bien sûr, Ben et Jake, qui l'entourent désormais, l'un comme mari, l'autre comme associé, Shawna, la fille adoptive de Brian (seul absent du volume, mais il a largement droit à des vacances), Mme Madrigal (qu'il faut appeler Anna maintenant, allons, on est intimes à présent), et Mary Ann. Oui : de même que Micheal Tolliver, dans le tome 7, était vivant, Mary Ann, dans le tome 8, est revenue ! Pas pour des raisons très joyeuses, il est vrai : elle vient de découvrir quasiment en même temps que son mari la trompait et qu'elle avait un cancer de l'utérus. Heureusement, à San Francisco, sa patrie mère, il y a tout pour la guérir : une clinique, un très bon médecin, et des amis. Parmi ces derniers, je demande d'abord les fidèles : Micheal, toujours là, toujours prêt, à un tel point que c'en est invraisemblable, mais franchement, on l'en adore encore plus ; Dede, qui, elle non plus, n'a pas bougé, et qui réveille en nous une nostalgie des premiers tomes. Puis je demande les méfiants : ceux qui ont des raisons d'en vouloir à Mary Ann, ou qui ne la portent pas dans leur coeur, qu'il faudra convaincre, et même conquérir. Parmi eux, Shawna, Ben, Jake, et puis... nous, également. Cette Mary Ann que l'on n'a pas beaucoup vue ces derniers temps, à peine quelques pages lorsque Mme Madrigal a failli mourir dans le tome précédent, il va falloir qu'elle nous montre qu'on peut recommencer à s'attacher à elle, à s'identifier, comme dans le premier volume. Eh bien, c'est un pari gagné. Pas de manichéisme dans le traitement des personnages, chez Maupin, jamais. (Sauf pour les hypocrites bien-pensants irrécupérables : voir ma prochaine critique sur Maybe the moon). 
Enfin, il y a aussi les amis Facebook : car oui, le tome 8 des Chroniques est entré dans la modernité numérique. Et parmi ces amis Facebook, un certain ... ( et là, bien sûr, je ne remets plus la main sur le nom du type en question, et je n'ai plus le livre ! Si vous pouvez complétez ce détail, merci à vous !) qui fait ressurgir les fantômes du passé et d'une saison ancienne... Je n'en dis pas plus ; mis à part que, pour une fois, le suspense, que je qualifiais de faux dans les premiers volumes (le lecteur étant toujours munis d'indices suffisants pour anticiper les rebondissements), a parfaitement joué pour ma part. Lorsque les pièces du puzzle se sont brusquement assemblées sous mes yeux, à la fin, l'effet a été radical !

Je pense donc qu'au fil des tomes, Maupin n'a rien perdu de sa plume, et ses personnages non plus. Cette chronique peut encore avoir de beaux jours devant elle, et heureusement. Vivement la suite ! 

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30 décembre 2012

L'enfant volé

Bon. Pour la première fois, j'ai dû définitivement abandonner un livre de McEwan. Pas dès les premières pages comme cela avait pu me le faire aux débuts de ma rencontre avec cet auteur, non ; j'ai tenu bon pendant une grosse moitié du livre, mais, vraiment, je n'ai pas pu, ça m'est tombé des mains. On sent que le style se cherche encore, et les trop nombreuses digressions sont nettement moins maîtrisées que dans les ouvrages suivants. On se perd sans arriver à se retrouver, ce qui est dommage car cet histoire d'un père cherchant désespérément son enfant disparue aurait pu être bouleversante. Une déception qui n'en est pas une, car je sentais bien que je ne serais pas convaincue par les oeuvres les plus anciennes. 

30 décembre 2012

Micheal Tolliver est vivant et Une voix dans la nuit

         

Je plume ces deux ouvrages en même temps car j'y ai constaté de nombreuses similitudes. On peut y voir un manque d'inspiration de la part de l'auteur, on peut être lassé de retrouver les mêmes thèmes même hors de la saga des Chroniques de SF. Personnellement, je pense qu'il s'agit d'un choix de Maupin : il savait que ses lecteurs les plus accros seraient ravis de trouver dans son premier roman hors saga des clins d'oeil - et même des personnages - des Chroniques

Commençons par l'avant-dernier tome (à ce jour) de la saga. Peut-être qu'en lisant tous les tomes les uns à la suite des autres, on pourrait être déroutés par le changement dans la narration, puisque, pour la première fois, c'est un personnage (en l'occurrence, Micheal) qui raconte l'histoire à la première personne. Mais comme j'ai laissé passer des semaines, voire des mois entre les différents volumes, je n'ai pas été spécialement gênée par ce choix. Il m'a même semblé très naturel, car on se rend bien compte au fur et à mesure de la saga que Micheal est le pilier de la bande, que beaucoup de choses, même racontées à la troisième personne, sont vues par ses yeux, et, bien sûr, que c'est sans doute le personnage le plus proche de l'auteur. J'ai beaucoup aimé ce tome 7 : j'y ai parfaitement trouvé mon compte, étant en demande d'histoires sentimentales, graves et légères en même temps. J'ai aussi trouvé intéressant l'idée de sortir Micheal de San Francisco : le fait de le voir agir hors de sa ville de coeur mais au sein de sa famille biologique donne plus d'épaisseur au personnage, et le rend finalement encore plus attachant. 

Dans Une voix dans la nuit, le narrateur présente beaucoup de similitudes avec Micheal. Des clins d'oeil, mais aussi de fortes lignes de caractère, traitées différemment à travers une histoire originale et pleine de suspense. Le narrateur est un écrivain qui a connu son heure de gloire grâce à un feuilleton radiophonique s'adressant essentiellement à un public gay, mais aujourd'hui en pleine dépression du fait d'une rupture latente avec son compagnon. Une drôle d'histoire le sort de son marasme : il noue une relation qui va au-delà de la simple amitié avec un jeune adolescent atteint du sida, ayant vécu une enfance sordide, maltraité et violé par ses parents. Pour le narrateur, cet adolescent devient comme le fils qu'il n'a jamais eu et n'aura sans doute jamais. Mais l'histoire se complique quand il se met à avoir des doutes sur l'existence réelle de cet ado qu'il n'a jamais connu autrement que par téléphone... 
La quatrième de couverture parle de référence aux films d'Hitchcock, notamment Vertigo. Les péripéties jouent en effet leur rôle à merveille, et créent un véritable suspense, de manière très différente des rebondissements des Chroniques qui ne sont que trompe-l'oeil faciles à deviner. Beaucoup de plaisir, donc, à découvrir cette autre facette de l'oeuvre de Maupin. 

24 décembre 2012

Noël en orange

Je n'ai pas posté depuis longtemps, la faute à plusieurs causes associées. Me revoici enfin. Je prévois des nouveautés pour l'année 2013, mais pour l'instant, je n'en dis pas plus. J'ai déjà fort à faire pour rattraper mon retard : ne croyez pas que je n'ai pas lu ces derniers temps, loin de là ! J'ai moultes chroniques en attente. 

Je commence avec une chronique "groupée". Je ne souhaitais pas la faire auparavant, en voici l'explication : j'ai participé sur le forum Neoprofs à un swap, c'est-à-dire un échange de cadeaux de Noël par correspondance. Nous étions soumis à un thème, Noël autour du monde ou Noël en couleurs. J'avais choisi "Noël en orange" par clin d'oeil à mon nom de famille et à celui de ma swappée... Cela m'a amenée à faire plein de choses avec mes mimines ou, plus simplement, à en dégoter à droite et à gauche, des choses qui décorent, des choses qui se mangent, des choses qui marquent les pages, des choses qui sentent bon, et... des choses qui se lisent. 

Trouver un livre, au moins, sur le thème "Noël en orange" n'a pas été simple. J'ai trouvé toutefois un premier titre totalement adapté : 

Parfait, me direz-vous ! Oui, vous répondrai-je, pour le thème, mais moins pour le contenu. Il s'agit en fait de ce qu'on peut appeler un "roman du terroir". A savoir, l'histoire d'une institutrice arrivant en début d'année scolaire dans l'école laïque d'un village de Corrèze farouchement mené par le curé. Nous sommes en 1913, et la politique menée par Jaurès rencontre encore de solides opposants. Non contente de mener son combat contre l'emprise de l'Eglise sur l'école, l'institutrice en question se met également en tête de faire passer le certificat d'études à une adolescente illettrée que tout le monde, dans le village, prend pour une attardée. 
Oui, ça fait beaucoup, je vous l'accorde. Beaucoup de bons sentiments, trempés dans une plume qui fait la part belle au patois de la région. L'histoire se lit bien, mais le style n'a rien de particulièrement recherché ou d'original. Pensant que ce genre littéraire pouvait ne pas plaire à tout le monde, j'ai donc éliminé ce premier résultat. 

Autre découverte, mais non conforme à ce que je recherchais : 

Un roman de Jostein Gaarder, l'auteur du Monde de Sophie, ce récit qu'on fait souvent lire aux ados pour les initier à la philosophie. Je n'en ai personnellement pas gardé un souvenir impérissable : l'histoire était trop invraisemblable à mes yeux, j'avais l'impression que tout n'était que prétexte aux commentaires érudico-philosophiques, sans véritable intérêt narratif. J'ai en revanche été agréablement surprise par La belle aux oranges : là, l'invraisemblance du récit est totalement assumé par le personnage, qui montre bien son incrédulité vis-à-vis des évènements qu'il croise au cours de son histoire. Toutes ces rencontres fortuites avec une belle inconnue aux bras chargés d'oranges, dont il tombe immédiatement amoureux au point de traverser le continent pour la retrouver, trouvent finalement une explication, que l'on accepte même si elle semble trop belle pour être vraie - car, finalement, parfois, la vie présente ce genre de situations. Mais cette belle histoire d'amour, dont le narrateur souligne régulièrement ses ressemblances avec les contes de fées les plus célèbres, est encadrée par un autre récit, celui du fils, beaucoup plus réaliste. Le mélange fonctionne très bien, et je suis restée sous le charme de cette belle histoire, joyeuse et triste à la fois. 
Ce roman-là a été écarté parce qu'il est malgré tout marqué par un style qui s'adresse plutôt à un public jeune. Ne sachant pas si cela parlerait à ma swappée, j'ai laissé tomber. 

Ma troisième lecture a failli être la bonne : 

 Afficher l'image d'origine

 

 

 

J'ai beaucoup aimé les deux premiers tiers de ce roman, grâce à leur style incisif, leur humour caustique mais très efficace, parfaitement adapté à ce récit d'une adolescente qui se libère peu à peu de l'emprise de sa mère, fervente croyante et pratiquante, aux idées bien arrêtées. C'est au moment où la narratrice découvre son homosexualité qu'elle commence à se poser des questions sur les limites des pratiques religieuses qu'elle acceptait, et même vénérait jusque là, par dévouement total à sa mère. Peu à peu, les questions se muent en revendications, puis en actes de révolte. 
J'ai malheureusement décroché à la fin. Le style se faisait de plus en plus elliptique, faisant une telle place à l'implicite que j'ai fini par ne plus comprendre vraiment ce qui se passait dans l'histoire. Je pense qu'une relecture me permettrait d'apprécier pleinement ce livre, que je n'ai donc pas envoyé par peur que ma swappée ait les mêmes impressions que moi. 

Finalement, the winner was : 

Il se trouve que ma swappée avait déjà lu ce livre - grrrr, raté ! Pour ma part, c'était une découverte, et une bonne. J'ai été complètement happée par cette histoire de secrets de famille, très bien racontée, avec beaucoup de suspense, mais de finesse aussi. Le récit alterne deux époques : les années 40 et notre époque actuelle. Au début de l'Occupation, une veuve s'accuse du meurtre d'un Allemand, et, indirectement, de la fusillade d'une dizaine de villageois qui avaient été soupçonnés de ce meurtre. Evidemment, toute la famille - elle et ses trois enfants - deviennent indésirables au village et doivent s'exiler. Des années plus tard, la plus jeune des enfants revient au village avec un autre nom et reconstruit petit à petit tout ce que sa mère avait perdu. Parallèlement, elle tente d'en apprendre sur son passé à travers le journal de sa mère. Elle redécouvre cette femme que tous trouvaient acariâtre, cruelle et insensible. Quant au lecteur, c'est l'histoire de toute la famille qu'il découvre au fur et à mesure, et les secrets ne se trouvent pas forcément là où il le pense. 
J'ai trouvé qu'il s'agissait d'une lecture idéale à offrir, à la fois prenante, et sans prétention, sans difficulté particulière. J'espère que ma swappée aura eu plaisir à relire ce roman ! 

J'ai aussi envoyé ceci, sans avoir eu le temps de le lire : 

Je me suis fondée sur plusieurs bonnes critiques trouvées ici et là. J'attends les impressions de ma swappée pour en tenter ou non la lecture ! 

24 octobre 2012

La maison du sommeil

Plus j'explore l'oeuvre de Coe, plus je découvre des trésors. 

Ici : un livre sur les rêves et le sommeil, moi qui en ai fait mes thèmes de prédilection depuis des années déjà ! Parmi mes oeuvres favorites à ce sujet : Traumnovelle, d'Arthur Schnitzler (traduit imparfaitement par "La nouvelle rêvée"). Réflexion onirique et oppressante sur les fantasmes et leurs répercussions dans la réalité, par ce grandissime auteur autrichien, proche de Freud (ceci expliquant cela). Transposé au cinéma avec fadeur (pour moi) par Kubrick, dans Eyes Wide Shut
(Bizarrement, je pensais pouvoir citer nombre d'autres romans sur ce thème, mais il ne m'en revient aucun.)

Dans La maison du sommeil, on retrouve la complexité narrative tant aimée par Coe - qu'il n'a abandonnée que dans La pluie, avant qu'elle tombe, comme il le dit dans une interview que je vous mettrais bien en lien si je la retrouvais. Beaucoup de personnages, beaucoup de liens imprévus entre ces personnages, deux époques différentes, des lieux qui se superposent, des objets qui reviennent. On retrouve aussi ce goût pour des personnages tordus et dangereux, ayant pourtant pignon sur rue. 

Et on trouve donc ce thème du sommeil et des rêves, décliné de diverses manières : narcoleptiques et insomniaques se côtoient, rêves éveillés et "rêves intenses de présommeil" également (ces derniers étant un symptôme de narcolepsie justement : des rêves qui semblent tellement vrais qu'on les prend pour des souvenirs réels). Il est question de psychiatrie, de psychologie, et, tout bêtement, de vies humaines, que le lecteur a grand plaisir à espionner et observer derrière son livre - comme le docteur Dudden a plaisir à observer ses patients. Heureusement, la lecture ne fait de mal à personne. Et ici, en l'occurrence, elle fait même le plus grand bien : encore un roman extrêmement réussi de la part du grand Coe. 

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24 octobre 2012

Testament d'une race

Testament d'une race

Une chronique assez particulière aujourd'hui : un jeune auteur, blogueur par ailleurs (voir ici) m'a fait parvenir son tout premier roman, m'a demandé de le lire et d'en faire la critique ici même. 

Il s'agit d'un récit hors du temps, se déroulant dans une civilisation imaginaire, qui nous replonge instinctivement des siècles en arrière, même si aucune date ne nous est donnée. Il y est question d'une guerre entre deux peuples : à aucun moment le narrateur de cette histoire, Kuntara, ne nous explique les causes de cette guerre, pour la simple raison qu'il ne les connaît pas lui-même. D'ailleurs, personne ne comprend cette guerre. Chose qui m'a semblé déconcertante, mais qu'il faut bien accepter, en tant que lecteur, afin de pouvoir avancer. 

La première partie du roman est une sorte de long sommaire (pour employer des termes genettiens), en point de vue interne : les évènements se succèdent, combats, attaques, ripostes, stratégies, stratagèmes, le tout filtré par la conscience de Kuntara qui prend son rôle de chef militaire très au sérieux. Des mots mêmes de l'auteur, il vaut mieux aimer les récits de bataille, les précisions stratégiques, politiques et ethnographiques pour goûter cette partie-là du récit. 

Puis les évènements se font plus personnels. On sent enfin des liens se créer entre Kuntara et d'autres personnages : sa petite fille, une jeune femme nommée Parthéné, un nouvel ami, Synagore... Les récits de combat laissent une plus large place à l'expression des sentiments, à des faits plus anecdotiques mais qui nous en apprennent davantage sur le personnage principal que toutes les pages précédentes - de mon point de vue du moins. 

Je suis sortie de ma lecture assez sceptique. Certaines pages sont belles, quelque chose se passe entre l'auteur et le lecteur, sans nul doute. Mais je me suis plus souvent sentie perdue. Peut-être par méconnaissance de cet univers militaire largement mis en scène. Peut-être par manque d'informations claires et concrètes sur cette société imaginaire, son histoire, son avenir. Sans doute aussi du fait de cette longue première partie quasiment sans paroles rapportées - moi qui, au fil de mes lectures, ai fini par apprécier par-dessus tout ces écrivains qui ont le sens du dialogue, art quasi théâtral apportant, selon moi, beaucoup à l'intérêt d'un récit. 

Mais comme un avis n'a d'intérêt que s'il se confronte à d'autres, je ne peux que vous inciter à vous procurer cet ouvrage et à le lire. (Une autre critique, que je trouve très bien écrite, sur ce blog, Fattorius.)

Concrètement, pour acheter ce roman, ça se passe ici.

Et pour en lire gratuitement les trois premiers chapitres, c'est ici.

Bonne lecture ! 

 

16 octobre 2012

Bye-Bye Barbary Lane

Souvenez-vous, ma lecture des Chroniques de SF s'était arrêtée au tome 5. Envie de passer à autre chose. Et puis j'ai repris, avec ce tome 6, qui m'a procuré l'agréable sensation de retrouver des amis. Finalement, il est bon d'arrêter une série, quand on sait qu'on peut la retrouver par la suite. 

Qui reste-t-il à Barbary Lane ? Mme Madrigal, qui vit sa vie, un peu délaissée par ses anciens locataires. Il faut dire que ceux-ci ont fort à faire de leur côté : Micheal avec sa séropositivité, Mary Ann avec ses désirs de grandeur - son ancien amant, Burke, devenu producteur à la télévision, va revenir vers elle avec une proposition alléchante - et Brian avec ses doutes bien légitimes face au comportement de son épouse. 

L'histoire en elle-même est prévisible. Aucune idée révolutionnaire n'est véhiculée, on se contente de soupirer d'aise ou de déception au gré des évènements, de ce qui arrive ou n'arrive pas aux personnages. On sent que l'auteur veut nous faire réfléchir aux conséquences que peut avoir la décision d'un départ. Sur ce thème-là, l'histoire de Mary Ann est plus convaincante que celle de Mme Madrigal, qui part rendre visite à sa fille, Mona, en Grèce. Ce départ-là, d'ailleurs, n'est pas totalement exploité, et reste en suspens : sans doute en entendrons-nous de nouveau parler dans le volume suivant. 

Car, c'est ça l'intérêt de découvrir une série tardivement, nous, lecteurs de 2012, on sait que les tomes 7 et 8 existent ! (et Wikipédia nous apprend qu'un tome 9 paraîtra en 2013) Une chose est sûre : je les lirai. 

9 octobre 2012

La pluie, avant qu'elle tombe

Je suis en retard sur mes chroniques : huit lectures se sont succédées depuis septembre (et encore, j'en oublie peut-être), mais la plume a du mal à suivre. 
Je m'occupe de celui-ci, qui est le dernier en date, et on verra les autres plus tard ! 

La quatrième de couverture m'annonce un roman plus poignant que les autres de Coe : il aurait ici laissé de côté son humour habituel pour se concentrer sur les émotions. 
Le résultat est du grand art. Coe est un conteur extraordinaire. L'idée de départ est ingénieuse : le récit que nous lisons est la retranscription écrite d'enregistrements sonores, ceux d'une vieille dame qui vient de mourir et qui commente, une par une, des photos prises tout au long de sa vie. Et, au fil des descriptions et des digressions, on comprend à quel point une photographie peut nous en dire long sur une vie, ou plutôt, des vies. 
Certes, l'humour n'est pas là, mais le charme, si. Ce n'est rien de dire que le roman se lit d'une traite, et qu'on en voudrait plus, encore plus. 

21 août 2012

Le Cercle fermé

Et voilà, j'en ai fini avec ce diptyque. 

Deux impressions se partagent dans ma tête en ce qui concerne ce deuxième tome : 
- d'un point de vue narratif, c'est (presque) encore mieux que le premier, si c'est possible. Les boucles se referment, les coïncidences s'accumulent et sont toujours exploitées de manière intéressante, et le livre prend même des airs de roman policier avec l'histoire de Miriam - car, sans vouloir en dévoiler trop, il faut savoir que Claire n'en restera pas là où elle était arrivée à la fin du premier tome. Une critique lue sur le Net parlait d'un détail infime, sans doute oublié - ou peut-être même pas vu - par le lecteur dans Bienvenue au club, qui revient ici et offre un rebondissement digne des meilleurs polars.  On peut trouver que tout cela est trop facile, trop mécanique : je trouve, moi, que Coe est un excellent romancier et qu'il sait embarquer son lecteur jusqu'à la fin d'une histoire. 
- en revanche, en ce qui concerne les personnages et leur évolution psychologique, j'ai parfois souffert d'un manque de cohérence. Certes, les gens changent, mais ces changements manquent parfois de finesse et de nuances. Benjamin est un peu trop caricatural : je sais bien que ça fait partie du personnage, justement, mais cela déséquilibre parfois le récit, sans pour autant provoquer chez le lecteur la même hilarité que Sam et "Plume-dans-le-cul", par exemple, dans le tome précédent. Mais la palme de l'incohérence revient, pour moi, à Paul. Que la méchanceté et l'absence de compassion pour le genre humain persistent chez ce personnage à l'âge adulte, rien d'étonnant. Mais comment est-on passé de ce gamin surdoué, brillant, plein d'ironie et de sarcasme, à cet adulte justement dépourvu d'ironie, totalement naïf, qui ne comprend rien au monde qui l'entoure ? Il y a là pour moi une réelle faille, je m'étonne d'être la seule à en avoir été perturbée (aucune remarque là-dessus dans les critiques que j'ai pu lire ici et là). 

Je ne commenterai pas la réflexion politique qui s'amplifie dans cet opus, pour la simple raison que je ne suis pas assez connaisseuse de l'histoire de l'Angleterre pour mettre mon grain de sel. La seule chose que je peux dire, peut-être, c'est que les liens entre l'histoire personnelle des personnages et l'Histoire nationale, voire mondiale (les évènements du 11 septembre ont eu lieu, il est question d'aller faire la guerre à l'Irak) sont cette fois-ci un peu tirés par les cheveux. Cela fait sourire, mais n'apporte pas forcément beaucoup à la réflexion dans laquelle Coe s'engage assez profondément. 

Je reste donc davantage marquée par le premier volume, qui m'a séduit surtout par sa fraîcheur, son humour, et le mélange des générations (alors qu'ici, on reste surtout entre quadragénaires). Ce qui ne m'empêchera certes pas de continuer ma découverte de Coe, car j'ai surtout découvert un brillant narrateur, qui, j'en suis sûre, saura me passionner encore avec Testament à l'anglaise - à ajouter à ma liste de lectures. 

 

18 août 2012

Bienvenue au club

Comme j’ai eu raison d’approfondir ma relation avec cet auteur britannique ! Je crois que j’ai découvert un nouveau filon qui devrait me tenir en haleine, autant que je l’ai été avec McEwan, ou même avec les Chroniques de San Francisco.

 

Les « seuils », chez Coe, ne sont pas ce que je préfère. Mais la force de ses romans en est d’autant plus forte, puisque, malgré ces débuts ou fins peu convaincants, ils parviennent à m’attirer en eux d’une manière quasi irrésistible – demandez à mon homme ou à ma mère, le mal qu’ils ont eu à me tirer de ma lecture...

 

Une ouverture un peu décevante, donc : les enfants qui se retrouvent pour raconter l'histoire de leurs parents, mouais. M'est avis qu'on aura pu se passer de cette entrée en matière. 

Mais la suite... un festival de sentiments mélangés.
Le rire, beaucoup. Certaines pages sur l'étrange trio amoureux constitué par Sam, sa femme Barbara, et l'amant de cette dernière, Mr Plumb, alias "Plume-dans-le-cul", sont tout simplement irrésistibles. 
La surprise, parfois. A trop s'attacher aux personnages, on finit par croire qu'ils sont invulnérables, et que rien ne peut leur arriver. Et on se trompe...
Mais les larmes, jamais. Car, comme dans Monsieur Sim, tout est fait pour tirer personnages et lecteur hors du marasme, de la déprime dans lesquels ils pourraient très facilement tomber, vu les faits évoqués. 

Sans être follement originale, la réflexion proposée sur le contexte politique et social de cette Angleterre des années 70 est intéressante, parlante. Je retrouve ainsi l'entremêlement histoire/Histoire que j'aime chez McEwan, notamment. En moins subtil, peut-être, mais plus didactique aussi. 

Là encore, je suis donc très impatiente de lire d'autres pages... et, ô joie ! Il y a une suite ! Il va sans dire qu'elle sera dévorée dans les jours qui viennent... 

 

 

 

18 août 2012

La vie très privée de monsieur Sim

Rendons à César ce qui est à ma mère : sans elle, je n'aurais peut-être jamais lu ce livre, ni connu cet auteur. Ce qui aurait été fort, fort dommage. 

J'ai adoré ce labyrinthe narratif qui a l'air sans fin - et, d'une certaine manière, c'est le cas - et qui nous fait rebondir de personnage en personnage, d'époque en époque, de récit en récit, sans pour autant réussir à nous perdre, ni à nous dégoûter. Le narrateur aura beau faire, pratiquer l'auto-dénigrement, on aura quand même envie de savoir si Maxwell Sim, oui ou non, connaîtra une forme de bonheur. 

J'ai adoré le mélange des genres et des humeurs. Il y aurait de quoi sombrer dans la déprime, avec tout ce que Max nous raconte, mais non, l'ensemble est empreint d'un indéfectible optimisme. Certaines pages font franchement sourire, l'humour fait mouche. 

J'ai adoré, enfin, la diversité des thèmes abordés (l'adultère, l'homosexualité, la dépression, la folie... et la tromperie, thème récurrent). Le principe des récits enchâssés est un moyen habile d'aborder tous ces thèmes sans que cela sonne faux, "trop pour un seul homme". 

Malgré la fin qui sent un peu trop l'exercice de style (ou le manque d'inspiration...?), je n'ai plus qu'une envie : dévorer d'autres pages de cet auteur qui a, c'est sûr, quelque chose dans la plume. La suite au prochain épisode ! 

18 août 2012

Amsterdam

Ian McEwan - Amsterdam.

Encore un titre "single word" de mon auteur fétiche du moment - qui est peut-être en train d'être supplanté par un autre, mais vous découvrirez cela dans de futures critiques. Avec lui, j'ai fait le tour des parutions les plus récentes (si l'on peut dire : Amsterdam date de 1998) de McEwan. Me restera à découvrir ses premiers récits, ceux d'avant Amsterdam, justement. 

Dans mon message d'il y a quelques jours, j'ai gratifié ce roman de deux étoiles. De fait, j'ai retrouvé les qualités habituelles de l'auteur : un récit prenant, qui me capte au bout d'une dizaine de pages - toujours ces débuts qui me font penser que je ne vais pas aimer, mais comme j'ai l'habitude, je ne m'inquiète plus, et je poursuis sagement - et des personnages attachants malgré tout. Même si, parfois, franchement bizarres. Si l'histoire m'a un peu moins emportée que dans certains autres (je pense en particulier à Expiation ou Samedi), j'ai quand même été tout à fait amusée, et saisie, par la fin, à laquelle je ne m'attendais pas du tout, même si elle était préparée depuis longtemps. Un bel exemple d'humour noir que certains diraient "british". 

Pas trois étoiles, cependant. Je reste davantage marquée par d'autres titres de l'auteur. 

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Le royaume de Kensuké

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