La pluie comme elle tombe
: un phénomène météorologique en catégorie littérature jeunesse
Là aussi, j'ai cherché à lire ce livre dans le cadre du challenge. Ce n'est pas du tout une parution récente, bien au contraire (1998). Mais, c'était drôle, à un mot près, le titre est le même qu'un roman de Coe que j'ai beaucoup aimé : La pluie, avant qu'elle tombe. Et puis, en zyeutant des résumés ici et là, pour savoir, quand même, deukwasaparl', j'ai eu l'impression de comprendre que le livre était en lien (le début, ou la fin, je ne savais pas trop) avec un livre que j'avais lu il y a très longtemps, avec, à la fin, un garçon qui vient voir une fille dans son sommeil (peut-être dans un hôpital ou quelque chose comme ça) et découvre quelque chose de perturbant dans sa bouche. Bref, en fait, ça n'a rien à voir, le livre dont je viens de parler s'appelle Les filles ne meurent jamais de Grégoire Solotareff... Bon, et si j'en venais au fait ?
J'avais lu Comme les doigts de la main d'Olivier Adam peu de temps avant, et, même si les deux livres n'ont pas vraiment d'autre point commun que le fait de parler d'un garçon et d'une fille (original, n'est-ce-pas ?) et d'être édités chez L'Ecole des Loisirs (ah, et il y a le mot "comme" dans le titre aussi !!), je me suis fait la réflexion que le roman de Perez était comme le négatif de celui d'Adam. Je m'explique :
Dans La pluie comme elle tombe, deux ados (dont j'ai déjà oublié le nom, honte à moi...) se retrouvent coincés dans un centre de colo de vacances pendant près d'un mois. Je dis coincés, car ils n'en avaient envie ni l'un ni l'autre. Ce qui est sûr, c'est que ce voyage va bousculer la tranquillité et le besoin de discrétion auxquels ils aspirent tous deux, car l'Amour et la Mort vont s'inviter eux aussi. La Mort s'incarne dans un accident fatal que subit un camarade du héros - enfin, non, un garçon qu'il venait à peine de rencontrer et avec qui il n'avait aucun lien, mais à cause duquel il va se retrouver au coeur de toutes les conversations du camp, car il est "celui qui a vu le gros mourir". Quant à l'Amour, c'est dans le coeur de l'héroïne qu'il apparaît, elle qui voudrait bien que le héros la regarde, comprenne qu'elle est différente des autres.
Comme dans le roman d'Adam, les deux héros prennent la parole l'un à la suite de l'autre. Mais, en fait, c'est qu'il y en a vraiment, des points communs entre ces deux romans ! Car, je l'avais bien dit pour Comme les doigts de la main, le lien indissociable entre Eros et Thanatos est finalement lui aussi à l'honneur, même si c'est sur un tout autre mode : Serge Perez choisit résolument l'humour, avec une plume qui rappelle les auteurs humoristiques "classiques" de l'Ecole des Loisirs (Murail, Agnès Desarthe, Susie Morgenstern...), beaucoup d'autodérision chez les deux héros, une dédramatisation des évènements les plus dramatiques, comme cette mort qui, finalement, ne signifie pas grand-chose pour les adolescents, mais va quand même déclencher une foule de réflexions chez eux.
Mais, si je parlais de romans "en négatif", c'est qu'Olivier Adam raconte comment, en une seule nuit, le contact entre deux adolescents se transforme en relation fusionnelle, en aimantation, en passion, Serge Perez montre, lui, comment deux êtres qui pourraient être faits l'un pour l'autre peuvent vivre pendant un mois dans des parallèles qui ne se rejoindront jamais. Et les deux fins sont vraiment l'envers l'une de l'autre.
Voilà, j'ai tiré le fil de la comparaison entre ces deux romans sans me rendre compte qu'en fait, en le déroulant, ce serait une vraie mine ! J'ai en tout cas préféré le roman de Perez, car plus drôle, et nettement plus original à mon goût, même si plus amer, du coup.