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La petite Mu qui plume
parents
20 février 2013

Le garçon bientôt oublié

Je vais sans doute décevoir mon amie Arty... mais j'ai moi-même été déçue par ce qui aurait pu être mon Graal, la fin de ma longue quête (depuis l'été dernier déjà) du roman parfait sur le thème des transgenres. 

Bon, eh bien, raté. Non seulement je ne me vois pas le donner à lire à mes élèves de cinquième (mais cela, je le savais déjà, le livre s'adresse plutôt à des lycéens), mais moi-même, je n'ai pas été emballée. 

Première raison : la construction du livre, trop décousue. Jean-Noël Sciarini alterne des narrations à la première personne pendant lesquelles le héros, Toni, raconte un quotidien à la fois banal et difficile, empli de questionnements sur son identité, et des extraits de journal intime ou de "classeurs". Les fiches contenues dans ce classeur sont autant de pièces d'un "dossier d'enquête" que Toni mène sur lui-même. Pour essayer de se trouver, de comprendre qui il est. 
L'idée de ces fiches était intéressante. Je ne suis pas réticente aux écritures fragmentaires, aux collages, loin de là. Mais ici, je ne sais pas, ça ne prend pas. Manque d'homogénéité. Je n'arrive pas à comprendre pourquoi telle fiche intervient à tel moment et pas un autre. J'ai l'impression qu'il n'y a aucun lien entre ces fiches et l'histoire qui se raconte à ce moment-là. 
Comme Toni est en quête de la chanson qui changera sa vie, il demande à de nombreuses personnes de lui parler de la chanson qui a changé la leur, de vie. Et les témoignages en question sont notés dans des fiches. Moi qui suis passionnée de musique, cela aurait pu me parler, et même me plaire beaucoup. Mais non, ça ne fonctionne pas. 

Deuxième raison : ce n'est en fait pas le style que j'aime. Toni s'écoute écrire. En littérature jeunesse, j'ai besoin de davantage de fluidité, de véritable autodérision, d'ironie. Ici, trop de lamentations, et presque, de chichis. Du coup, je n'accroche pas à une histoire que je sens pourtant profonde et bouleversante. J'ai cette désagréable impression que l'auteur a gâché un potentiel par une écriture inadaptée. Je ne suis pas sensible à la poésie de l'écriture. Les incessants "qui suis-je", "qui je suis" finissent par me lasser. Un roman sur l'interrogation d'un adolescent né dans le mauvais corps : oui, mais pas comme ça. Du coup, je compare : dans La face cachée de Luna, faire raconter l'histoire par la soeur du personnage central, c'était ingénieux. Cela permettait justement de mettre en valeur la souffrance de Liam/Luna sans en faire de trop, sans ennuyer le lecteur. 

Donc : déçue. J'ai senti beaucoup de pistes, mais aucune ne m'a conduite là où j'aurais aimé aller. Dommage ! 

Lionel Labosse n'est en fait guère plus convaincu que moi. 

La critique de Citrouille rejoint en partie ce que j'ai écrit. 

Pour contrebalancer ces critiques mitigées, vous pouvez lire ceci, mais cela ne vous apportera guère plus d'informations...

J'invite donc Arty à (re)passer par ici pour donner son avis ! 

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7 février 2013

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Découverte littérature jeunesse 2012-2013

Lors de mon dernier passage à Saint-Etienne, découverte d'une petite librairie sympathique, Lune et l'autre, qui a le mérite de proposer des genres très variés (romans, essais, littérature jeunesse, beaux livres...) malgré le peu d'espace, et de mettre en valeur de nombreux ouvrages, ce qui donne très envie de se laisser tenter. 

Et, donc, au rayon ados, je tombe sur ce petit ouvrage à la couverture... gaie, si je puis me permettre ce jeu de mots. Je me le permets car je trouve cette couverture à la fois ingénieuse ("maline", comme y diraient dans Top Chef) et joyeuse, lumineuse. 

Pourtant, l'histoire qui y est brièvement racontée (le livre ne fait que 56 pages, très aérées ; on est plutôt du côté d'une longue nouvelle que d'un roman) ne l'est pas tellement, lumineuse : le jeune héros, qui écrit à la première personne, se fait régulièrement frapper et traiter de "fiotte" ou de "pédé" par les garçons du collège. Mais le pire pour lui n'est pas cela ; le pire, c'est de voir que son père, au lieu de l'aider et de faire cesser ces agissements, semble cautionner implicitement, en incitant son fils à se défendre s'il veut montrer qu'il est un homme, un vrai. 
Il s'agit donc surtout d'une histoire sur la relation entre père et fils, davantage peut-être qu'une réflexion sur l'homosexualité. Le style est simple, mais épouse bien les sentiments du personnage. Et c'est la fin qui apporte la lumière qui manquait aux pages précédentes, et qui, a posteriori, éclaire l'ouvrage tout entier. 

Une jolie histoire que je mettrais volontiers dans les mains de mes élèves, qui pose beaucoup de questions, mais qui ouvre aussi de nombreuses pistes. 

 

24 janvier 2013

L'année de l'orientation

Lionel Labosse, rédacteur du site Altersexualités.com dont je parle décidément de plus en plus souvent, m'a fait le plaisir de passer par ici, et surtout de m'envoyer son tout premier roman, L'Année de l'orientation, première tentative littéraire pour parler de ce(s) thème(s) qui lui tient(tiennent) tant à coeur. 

A peine reçu, tout de suite dévoré. Et aussitôt lu, aussitôt plumé. 

J'ai aimé, tout d'abord, le titre. Une trouvaille simple mais lumineuse, évidente, qui trouve son explication dans cette phrase de Karim, l'un des deux personnages : "A l'école il faut remplir les papiers pour l'orientation, le conseil de classe est dans une semaine. Mais pour mon orientation sexuelle, à qui j'en parle ?" En effet, Karim est en troisième, à l'âge où les études prennent un sens, mais peut-être pas autant que les multiples questionnements sur l'identité et les sentiments. D'ailleurs, les unes ne vont pas sans les autres, car c'est au collège que se jouent de nombreuses scènes décisives, entre rumeurs répandues à travers la cour de récré, moqueries ouvertes de certains "camarades", ou tentatives plus ou moins maladroites des professeurs pour aborder ces sujets-là. 

Derrière ce titre, et cette petite citation qui résume à elle seule le projet de l'ouvrage, que trouve-t-on ? Un roman épistolaire à deux voix, masculines : celle de Karim, banlieusard-mais-pas-tant-que-ça, dans un collège assez bien famé autour de Paris, qui s'interroge donc sur son orientation, et celle de Julien, qui vient de déménager, laissant derrière lui Paris et son ami Karim, et qui se pose des questions, lui, sur la nouvelle vie de son père. Très vite, on comprend que les deux copains vont pouvoir partager un sujet de conversation qui les touche tous les deux de près, mais de manière différente ; mais on comprend aussi, avec eux, que ce sujet-là ne sera que le déclencheur de nombreux autres objets de réflexion. Les deux ados décident de tout se dire, de se "tirer des coups d'épistolaire", comme dit Karim, se moquant de lui-même, en souvenir de ce cours de français où il avait mélangé les mots (et moi, ce cow-boy de la lettre qui en perd son français, ça me fait franchement penser aux Mini-westerns de Mathias Malzieu, ce qui n'est pas pour me déplaire). Ce à quoi Julien répond : "je propose que notre échange de lettres soit plutôt une sorte de roulette russe : au lieu de viser l'autre, on met une vraie balle - c'est-à-dire un vrai secret - dans le barillet, et on vise sa propre tête." Car "si on ne joue pas sa vie à tout moment, à quoi rime l'amitié ?"

En tout cas, l'amitié ne rimera pas avec pédé, car, n'en déplaise aux lecteurs avides de romances, dans ce premier tome du moins (je ne connais pas encore le second, Karim et Julien), la frontière ne sera pas franchie. Déjà, on donne un coup de pied dans un stéréotype encore assez marqué de nos jours : oui, deux garçons de quinze ans peuvent s'écrire des lettres, tenir une sorte de journal intime à deux, sans être amoureux l'un de l'autre. C'est donc avant tout un beau roman sur l'amitié, qui pourra rappeler aux adolescents à quel point il est essentiel d'avoir quelqu'un à qui parler, et donc, de l'intérêt d'aller au-delà des préjugés, et d'oser faire le premier pas amical, en choisissant par exemple la voie/voix de l'écrit si ça facilite les choses. 

Il y a de très beaux passages, de très jolies formules, que j'ai appréciées tout au long de ma lecture, et que je vous plumerai ici dès que j'aurai un peu plus de temps à vous consacrer. 

Malheureusement - tout ne peut pas être parfait, surtout dans un premier roman - je retrouve, à côté de ces beaux passages, certains traits d'écriture qui me gênent parfois en littérature jeunesse. On a des ados qui ne parlent pas tout à fait comme des ados, et cela me titille toujours un peu. Notamment quand les deux garçons se livrent à des considérations syntaxo-linguistiques, réfléchissant à l'influence de l'usage d'une relative par rapport à une complétive dans les relations humaines : moi, en tant qu'ex-étudiante de lettres, ça me réjouit, ce n'est pas le problème, mais j'imagine mal un élève de troisième, même doué en français, en venir à de telles réflexions. Cela dit, Lionel Labosse s'est expliqué dans son essai Altersexualité, éducation et censure : "Quand un adolescent - qui n'est pas forcément un idiot - ouvre un livre, il s'adonne sciemment à une activité de compensation insolite par rapport à son mode de vie, et il n'est pas fâché d'y trouver un contrepoint [...]". Alors, soit. Disons que c'est une question de goût. Quelques jeux de mots, parfois bien trouvés, mais qui semblent un peu perdus au milieu des tirades très sérieuses des deux épistoliers. Enfin, les personnages adultes me semblent moins bien réussis que les personnages adolescents. Un peu trop "cools" pour les personnages sympathiques, un peu trop "nuls" pour les personnages moins reluisants. Comme chez Gudule, on a l'impression que l'univers des adultes entre sans cesse en relation avec celui des ados alors que, souvent, dans la vraie vie, c'est le contraire : les mondes restent parallèles, surtout quand les ados ont entre douze et seize ans. 

Pour résumer, en tant que lectrice adulte, j'ai tourné les pages avec plaisir, même si j'ai noté, à intervalles réguliers, des particularités stylistiques qui me déplaisent. Cela dit, je n'hésiterai pas à proposer ce roman à des adolescents, à qui, je pense, l'histoire et l'écriture pourraient plaire, car eux, comme le dit Lionel Labosse, ne cherchent pas toujours (du moins pas ceux qui aiment vraiment lire) un livre en forme de miroir. 

Et le pari est gagné puisque j'ai maintenant envie de connaître la suite de leurs aventures, dans ce deuxième tome

 

19 janvier 2012

Jenna Fox, pour toujours

 

Très bonne surprise en littérature jeunesse. J'ai fait la découverte à la fois d'un roman et d'une collection de chez Gallimard Jeunesse, "Pôle fiction", qui me paraît prometteuse (mis à part, peut-être, pour le graphisme des couvertures qui, pour moi, sont un peu tape-à-l'oeil)

Le titre m’a accroché : non qu’il soit particulièrement réussi (je le trouve même franchement banal et mièvre), mais, je ne sais pas pourquoi, je pensais connaître ce nom, « Jenna Fox ». J’étais persuadée qu’il s’agissait de l’un de ces romans à la mode racontant les déboires sentimentaux d’une adolescente d’aujourd’hui. Que nenni : la quatrième de couverture m’annonce un roman d’anticipation au suspense haletant. Hop, je prends, on verra bien ce que ça donne.

« Haletant », je crois que c’est le moins qu’on puisse dire : je n’ai pas pu lâcher le livre de toute la journée. C’est la première grande force de ce roman. Sans dévoiler trop de choses, il s’agit de l’histoire d’une adolescente de quatorze ans, Jenna, qui se réveille amnésique après un an de coma. Très vite, elle a la désagréable impression que ses parents lui cachent quelque chose à propos de son identité. Le roman distille à un rythme étudié les révélations nécessaires à Jenna – et au lecteur – pour reconstituer cette identité.

Le thème qui sous-tend ce roman d’anticipation est celui des dérives de la science et, plus précisément, de la génétique. Nous sommes dans un monde qui ressemble beaucoup au nôtre – pas de robots, pas de voitures qui volent ni quoi que ce soit de ce genre – mais dans lequel scientifiques comme médecins ont franchi quelques limites irrémédiables : la prolifération des OGM a entraîné la disparition de certaines espèces, des antibiotiques sont devenus inefficaces au point de provoquer de gigantesques épidémies mortelles, et la greffe d’organes a augmenté à une vitesse effrénée. Au point qu’un comité a dû se créer pour contrôler toutes ces inventions à la fois géniales et dangereuses. Ce thème est traité de deux manières : il est mis en abyme à travers plusieurs personnages qui défendent le retour à une préservation de l’humain et des êtres vivants « naturels », mais il est aussi diffus dans l’histoire de Jenna, ce que le lecteur découvre peu à peu. 

Je n’en dis pas plus, et je ne peux que recommander vivement ce livre à des lecteurs adolescents un peu mûrs (non que le livre soit difficile à lire, mais une certaine maturité est sans doute nécessaire pour en percevoir les enjeux jusqu'au bout) et à tout adulte qui veut lire un bon roman d'anticipation sans être rebuté par l'étiquette "littérature jeunesse". 

2 janvier 2012

Dear George Clooney, tu veux pas épouser ma mère ?

J'avais repéré ce titre dans plusieurs librairies différentes, je voulais me faire une opinion. 

Soyons clairs, cela n'a rien d'une lecture inoubliable. Le style est assez décevant. J'ai lu nombre de récits jeunesse plus piquants que cela. Le thème non plus n'a rien d'original : une adolescente essayant de gérer le divorce de ses parents, c'est une histoire qu'on a lue et archi-lue. Ce n'est donc pas une grande découverte, et cela ne fera pas partie du top 10 de mes lectures jeunesse préférées. 

Cela dit, on s'attache quand même aux personnages, on cherche à savoir comment va se finir l'histoire, qui est finalement assez bien menée, avec tous les ingrédients nécessaires. 

Il faudra que je teste ce livre sur mes cobayesélèves de 4e... C'est peut-être un livre à ne réserver qu'aux ados...

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25 octobre 2011

Signé Romain

Je fais un petit retour en arrière pour ce roman jeunesse que j'ai lu au mois de septembre.
Contexte : j'étais en train de préparer ma liste de lecture cursive sur l'épistolaire (NdlR : pour les non-initiés, une "lecture cursive", dans le jargon de l'Education Nationale, c'est une lecture que les élèves font chez eux, généralement évaluée par une fiche de lecture ; "l'épistolaire"... non, quand même, je ne vous ferai pas l'affront de vous expliquer ce que c'est) pour ma classe de 4e.
Plus précisément, j'étais en train de fureter dans le rayon jeunesse de ma librairie préférée place Bellecour, à la recherche de quelques titres que je pourrais acheter et conserver dans ma salle, pour pouvoir, éventuellement les prêter à quelques élèves vraiment démunis... (et là, j'entends déjà mon homme râler : "Tu n'as pas à donner des sous pour tes élèves !!"). J'ai trouvé Kamo l'agence Babel, bien (au passage, plus de 5 euros je crois, ça fait mal au c*** pour un livre si court).
Et je suis tombée sur ce titre, Signé Romain. Hmm... ça sent l'épistolaire à plein nez, ça. Je ne connais pas du tout l'auteur, mais l'extrait proposé au dos a l'air sympa : je prends. En plus, c'est court. Je verrais bien si ça peut se rajouter à la liste que je donne aux élèves.

Après lecture, ce petit livre s'avère plus ardu que je ne le pensais. Il faut avoir une sacrée culture pour saisir les références qui parsèment l'histoire : en effet, Romain, grand adolescent (il est déjà à la fac), écrit à sa mère de qui il n'a jamais été séparé si longtemps, et ses lectures, souvent assez érudites (classiques italiens, notamment), s'entrecroisent avec ses mots à lui, parfois naïfs, parfois adultes. J'ai donc prévenu les élèves que, malgré sa courte longueur (si vous m'autorisez ce néologisme), ce roman était pour les bons, voire très bons lecteurs. Beaucoup d'implicite, qui plus est, dans les phrases elliptiques, dans les non-dits de l'histoire. Finalement, je ne saurais dire si j'ai aimé ou non : je suis quelque peu restée sur ma faim, jusqu'à la révélation finale que j'aurais préféré voir davantage exploitée.  

24 octobre 2011

Slam

"Donc, ce soir-là, j'évoluais dans la Cuvette, et il y avait Rabbit et.. Comme je l'ai dit, Rabbit est pas exactement un cerveau, mais n'empêche. Voilà ce qu'il a dit.
"Yo, Sam", il a dit.
Je vous ai informés que mon nom était Sam ? Bon, maintenant, vous savez.
"Ouais ?
- Comment ça va, mec ?
- Ca va.
- Bon. Eh, Sam. Je sais ce que je voulais te demander. Tu connais ta mère ?"
Vous voyez ce que je voulais dire, rapport au côté un peu con de Rabbit ? Oui, je lui ai répondu. Oui, je connaissais ma mère." 

[Je classe ce roman en littérature jeunesse, ce qui a été le choix de certains éditeurs ; pas pour 10/18, cependant, qui le publie au milieu de romans "adultes". Et c'est vrai que la limite est mince.]

A préciser d'entrée : ce n'est pas un roman sur les gens qui font comme de la poésie à l'oral, sauf que ce n'est pas tout à fait de la poésie, et puis normalement y'a pas de musique même si Grand Corps Malade il en met souvent. Ce n'est pas non plus un roman sur les gens qui sautent sur d'autres gens en concert (même si là, il y a déjà plus de rapport).  Un "slam", ici, c'est une figure ratée en skate-board, une grosse gamelle. Et si Sam, le héros, assure pas mal en skate, dans la vie, les slams se suivent et se ressemblent parfois. Le pire slam de sa vie : avoir mis enceinte sa copine alors qu'ils sont encore tous deux lycéens. 
A priori, le style, très oral, relâché - celui d'un adolescent, mais d'un adolescent mis en mots par un écrivain, tout de même, ce qui fait toute la différence... je suis assez bien placée pour le savoir - n'aurait pas dû me plaire ; plus exactement, ce n'est pas de ce style-là que j'avais envie à ce moment-là. Mais, je dois l'avouer, j'ai été très vite happée par l'histoire, qui n'a pourtant rien d'exceptionnel, mais qui contient juste ce qu'il faut de rebondissements (notamment les sauts dans le futur) pour que le lecteur n'ait jamais le temps de s'ennuyer. Et puis j'ai franchement ri à certains passages. N'ayant pas lu d'autres romans de cet auteur, je ne pourrais pas dire si je trouve ce "roman pour ados" moins bon que les autres de Hornby (comme tendent à le dire les critiques que j'ai pu lire ici et là), mais il reste que je me suis vraiment attachée aux personnages, que j'ai lu leur histoire avec plaisir, et que je tendrais volontiers ce roman à mes (grands) élèves et à mes (éventuels) enfants. 

 

9 octobre 2011

L'invention de la solitude

"Le ciel est bleu, noir, gris, jaune. Le ciel n'est pas là, et il est rouge. Tout ceci s'est passé hier. Tout ceci s'est passé voici cent ans. Le ciel est blanc. Il a un parfum de terre, et il n'est pas là. Il est blanc comme la terre, et il a l'odeur d'hier. Tout ceci s'est passé demain. Tout ceci s'est passé dans cent ans. Le ciel est citron, rose, lavande. Le ciel est la terre. Le ciel est blanc, et il n'est pas là."

(Le Livre de la mémoire)

Les mots de l'époque : 

Deux parties (récits ?) pour moi inégales. La première, Portrait d'un homme invisible, fascinante dans sa manière dépouillée, mais incisive de parler d'un personnage, de rendre hommage à la mémoire d'un défunt, plus exactement. Une écriture quasiment analytique, qui, tout en sautant du coq à l'âne, parvient tout de même à épuiser le sujet, à en faire le tour, ce qui nous donne l'impression, en une cinquantaine de pages, de connaître intimement cet "homme invisible", pourtant si hermétique. 

Quant à la deuxième partie, le Livre de la mémoire, trop "dispersée" à mon goût, trop analytique cette fois, elle offre tout de même au lecteur quelques passages d'une rare profondeur et a le mérite de dévoiler sans l'étaler la culture littéraire indéniable de Paul Auster. 

Au final, un ouvrage peut-être plus intéressant d'un point de vue psychologique que littéraire. 

Les mots de maintenant : 

J'ai ramené ce livre de chez ma mère, passage d'une pile à une autre, et au final je n'ai pas encore réussi à l'ouvrir. Je ne sais pas trop ce que j'ai peur d'y trouver, parce que bien sûr chaque histoire est unique. Et puis, si j'ai eu envie de le relire, ce n'est sans doute pas pour rien. Bref, quand le courage sera vraiment là, je le relirai et plumerai d'autres mots, peut-être moins sévères, dessus. Je pense (mais me trompe peut-être) que cette écriture que je disais "analytique" serait à même de me plaire vraiment aujourd'hui. 

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Le royaume de Kensuké

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