Uglies
Mais comment en viens-je, en ce moment, à lire des romans dont la couverture me déplaît tellement ?... Petite explication pour cet ouvrage-là.
Depuis ma découverte de Jenna Fox, je suis à la recherche de bons romans d'anticipation pour ados, du genre que je pourrais placer dans une liste de lectures à donner à mes 4e au dernier trimestre. Mes critères sont assez simples, et pourtant exigeants : un roman d'anticipation (voire de SF, pas forcément dans le futur) qui critique un aspect de notre société actuelle, et qui soit bien écrit. Le roman de Mary E. Pearson m'avait particulièrement plu pour son style elliptique, incisif, avec un vocabulaire bien choisi.
Je commence à connaître par coeur le rayon jeunesse de la Fnac de la gare Part-Dieu. Je tombe sur une tranche trop tapageuse à mon goût, mais le titre m'interpelle : Uglies. A côté, il y a aussi un Pretties, puis un Specials, et d'autres. Je regarde la couverture, et cette phrase d'accroche semble me tirer par le bras : "Dans le monde de l'extrême beauté, les gens normaux sont en danger".
Que dit la quatrième de couverture ? Nous sommes dans un monde où tous les adolescents atteignant leur seize ans subissent une opération qui les rend parfaitement beaux, selon des critères soigneusement étudiés par les gens hauts placés dans cette société futurise. Ils deviennent des Pretties. Les autres, les "moches", tel est le mot utilisé dans la traduction, sont les fameux Uglies. Ce thème n'est pas courant dans la littérature de science-fiction : je décide de tenter le coup.
J'ai du mal à rentrer dans le récit, avec un long début, plutôt laborieux, sorte de prétexte pour nous présenter toutes les particularités du monde dans lequel vit Tally, l'héroïne. Mais c'est le principe de tout roman de SF, ou presque : il faut bien nous présenter l'univers du récit. Ce n'est que quand l'histoire commence vraiment, lorsque Tally rencontre des rebelles (c'est-à-dire des personnes qui ont refusé l'Opération, préférant rester des "moches"), que je me laisse emporter.
J'ai aimé l'histoire à partir de ce moment-là, ainsi que la complexité des personnages, dont on ne se doute pas au début. Les forts apparaissent finalement assez superficiels et peu résistants, alors que Tally, qui paraît être une ado banale et sans grande personnalité, prend de l'épaisseur au fil des pages. J'ai aimé le dilemme qui règne du début à la fin de ce roman : accepter l'Opération ou refuser d'entrer dans le monde des Pretties ? Et quelles véritables raisons peuvent bien motiver cette décision ? Car la fin nous réserve une surprise : la décision prise ne sera pas vraiment celle que l'on croit.
Ce roman m'a donné envie de lire la suite, ou plutôt devrais-je dire les suites. Il reste cependant quelques défauts : un style peu convaincant (avec des essais de métaphores poétiques qui tombent plus ou moins à plat, un manque de liaison entre certaines phrases qui rend parfois leur logique difficile à suivre), une volonté de trop en faire (la critique se fait un peu fourre-tout : critique de la pollution, du gaspillage, de l'anorexie...). Une bonne lecture, mais qui ne méritera pas de figurer dans ma liste "scolaire".