Michel Kichka : Deuxième génération
: un chiffre dans la catégorie bande dessinée
Difficile de plumer une lecture qui remonte déjà à quelques mois...
Un mot d'abord sur mes attentes, lorsque j'ai emprunté cet album : une histoire sur fond d'événements historiques (ici, en l'occurrence, la Shoah), dessinée en noir et blanc et mêlant le dramatique à l'humoristique, je m'attendais plus ou moins à quelque chose dans l'esprit de Persepolis.
Bon... n'est pas Marjane Satrapi qui veut. En même temps, l'objectif n'est peut-être pas tout à fait le même, les styles sont uniques, etc, etc.
J'ai traversé sans déplaisir les récits de vie croisés de l'auteur, Michel Kichka, et de son père, ancien déporté qui a passé une bonne partie de sa vie à éviter d'aborder avec précision les années noires passées dans les camps, avant d'en faire au contraire sa principale activité (en intervenant auprès d'écoliers, par exemple, pour témoigner). Autobiographie, donc, sous forme d'hommage au père - cette oeuvre aurait toute sa place dans le chapitre que je mène actuellement avec mes troisièmes sur "Les figures marquantes de l'enfance". Toute la réflexion sur les origines, la famille... m'ont aussi rappelé - dans une certaine mesure - l'album Couleur de peau : miel plumé cette année.
Michel Kichka s'est attaché à montrer les contradictions intérieures de son père, et les sentiments forcément contradictoires que lui-même a pu éprouver. Cela donne une série de scènes de vie passant parfois un peu du coq à l'âne : c'est l'une des choses qui m'ont le plus gênée. J'ai du mal avec les bandes dessinées qui ne déroulent pas clairement un récit (ce récit pouvant bien entendu se nourrir d'ellipses, de flash-backs...). Des dessins en rondeur, de l'autodérision permettent de désamorcer tout ce que le sujet pourrait avoir de pesant. Mais, à l'arrivée, je trouve le résultat imparfait. Cela manque de caractère, d'une véritable personnalité, tant esthétique que littéraire, comme Persepolis avait su montrer.
Une lecture pas désagréable, donc, mais pas inoubliable.
(Cette interview de l'auteur, sur le site ActuaBD, m'a davantage appris sur les motivations de Michel Kichka, ainsi que le monde de la BD en Israël - en revanche, il faut faire abstraction de la présentation déplorable du site, qui fait très mal aux yeux, je trouve...)