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La petite Mu qui plume
12 mai 2013

La décision

 Encore une fois, les chaudes recommandations qui m'avaient été faites à propos de ce roman, par plusieurs personnes différentes, ont créé chez moi trop d'attente : j'ai été déçue par rapport à ces attentes (de manière toutefois moins grande que pour le roman d'Hubert Ben Kemoun). 

Certes, outre ces recommandations, le thème m'avait attirée : à savoir, le déni de grossesse, qui plus est vécu par une adolescente. C'est sans nul doute un thème fort, qui permet d'en aborder d'autres de manière percutante, la question de la maternité, du passage à l'âge adulte, des relations aux autres. C'est aussi un thème qui véhicule beaucoup de mystère. D'abord, un mystère médical, scientifique, car c'est une situation qui est évidemment difficile à comprendre, et tout simplement à croire. Elle peut vite faire l'objet de récits ultra-médiatiques : j'ai d'ailleurs regardé, pile au milieu de ma lecture, un épisode de Toute une histoire, talk-show hautement culturel (mais j'aime bien Sophie Davant), sur ces mystères liés à la grossesse. J'ai ensuite appris que Sheryfa Luna (restons dans la Culture) avait vécu elle aussi un déni de grossesse, et bien sûr on trouve sur le net quantité d'articles faisant référence à ce sujet, et à la polémique qui avait apparemment entouré l'annonce de sa grossesse, jetant des doutes sur sa victoire à Popstars. 

Bref, ce n'est pas pour vous faire un dossier de presse sur les phénomènes télé que je vous dis tout ça, mais pour insister sur le fil conducteur qu'on retrouve dans le roman d'Isabelle Pandazopoulos : le mystère et le questionnement. Bien sûr, de manière beaucoup plus subtile que dans la presse people ou sur les plateaux de France 2. L'écrivaine a choisi de raconter l'histoire à travers différents points de vue : cela retarde évidemment le moment où nous lirons enfin la vraie version, celle de l'héroïne, Louise. Car, depuis son malaise en cours de maths, qui s'est terminé par un accouchement imprévu dans les toilettes du lycée, personne ne peut dire ce qu'il s'est passé. Les informations arrivent au compte-gouttes, et les questions affluent, inévitablement : qui est le père ? Pourquoi Louise n'en a-t-elle jamais à personne, ni ses parents, ni ses amis ? Et surtout : que va-t-elle faire à présent ? 

Ce qui est assez frustrant, c'est que, lorsque la parole est donnée à Louise, on n'en apprend guère plus. Mais, en même temps que je me faisais cette réflexion pendant ma lecture, je me rendais compte de sa naïveté : on ne peut être que bouleversé par un tel évènement, et il est extrêmement difficile de poser des mots cohérents sur les faits, et même sur les sentiments éprouvés. De ce point de vue-là, le roman respecte bien cette difficulté, le chaos qui règne dans l'esprit de la jeune fille. 

La deuxième moitié du roman change quelque peu de rythme. Louise décide de vivre dans un centre hospitalier où elle peut à la fois être aidée et avoir son bébé auprès d'elle. A partir de là, le roman suit deux types de voix, des voix qui cherchent leur voie (vous m'autoriserez bien cette facilité) : la première, c'est la voix de Louise, qui cherche à s'apprivoiser, et à savoir si, oui ou non, elle est prête à être mère. La deuxième, c'est celle, confuse, chorale, de ses amis : ils veulent comprendre, et en particulier Samuel. C'est alors la confrontation des points de vue, des micro-scènes, des flash-backs, qui permettent d'arriver peu à peu à la vérité. 

C'est clairement cette deuxième moitié que j'ai préférée, car elle est extrêmement riche : entre récit d'introspection adolescente, témoignage sur la difficulté d'être mère à dix-huit ans, et suspense digne d'un roman policier. Je ne dirai rien sur la fin (même sous la torture), mais elle révèle un autre sujet, fort, qui m'a presque plus touchée, finalement, que la question du déni de grossesse. 

En fait, ce qui m'a déçue, c'est peut-être l'écriture, que je n'ai pas trouvé tellement originale, par rapport à ce que je lis en ce moment en littérature jeunesse. Le roman à plusieurs voix, c'est même un trait récurrent dans mes dernières lectures (une nouvelle de La couleur de la rage, le roman Une putain de belle nuit, et jusqu'à un album qui m'a été présenté en formation, Une histoire à quatre voix). Le ton adopté pour faire parler les lycéens n'était pas toujours convaincant à mes yeux, je le trouvais un peu léger par rapport au sujet. C'est donc bien la fin du roman qui a compensé toutes ces choses-là. 

Une lecture qui pourra être prolongée par l'autobiographie de Sheryfa Luna, T'étais déjà là mon fils, mais...

 

PS : Une plaisanterie se cache dans ce billet, saurez-vous la retrouver ?...

 

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Commentaires
L
Ohé, faut pas exagérer, déjà que je vous donne une fabuleuse idée de lecture ... !
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A
On gagne encore une tablette de Milka (fort savoureuse par ailleurs) si on répond à ta dernière question ?
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Le royaume de Kensuké

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