Testament d'une race
Une chronique assez particulière aujourd'hui : un jeune auteur, blogueur par ailleurs (voir ici) m'a fait parvenir son tout premier roman, m'a demandé de le lire et d'en faire la critique ici même.
Il s'agit d'un récit hors du temps, se déroulant dans une civilisation imaginaire, qui nous replonge instinctivement des siècles en arrière, même si aucune date ne nous est donnée. Il y est question d'une guerre entre deux peuples : à aucun moment le narrateur de cette histoire, Kuntara, ne nous explique les causes de cette guerre, pour la simple raison qu'il ne les connaît pas lui-même. D'ailleurs, personne ne comprend cette guerre. Chose qui m'a semblé déconcertante, mais qu'il faut bien accepter, en tant que lecteur, afin de pouvoir avancer.
La première partie du roman est une sorte de long sommaire (pour employer des termes genettiens), en point de vue interne : les évènements se succèdent, combats, attaques, ripostes, stratégies, stratagèmes, le tout filtré par la conscience de Kuntara qui prend son rôle de chef militaire très au sérieux. Des mots mêmes de l'auteur, il vaut mieux aimer les récits de bataille, les précisions stratégiques, politiques et ethnographiques pour goûter cette partie-là du récit.
Puis les évènements se font plus personnels. On sent enfin des liens se créer entre Kuntara et d'autres personnages : sa petite fille, une jeune femme nommée Parthéné, un nouvel ami, Synagore... Les récits de combat laissent une plus large place à l'expression des sentiments, à des faits plus anecdotiques mais qui nous en apprennent davantage sur le personnage principal que toutes les pages précédentes - de mon point de vue du moins.
Je suis sortie de ma lecture assez sceptique. Certaines pages sont belles, quelque chose se passe entre l'auteur et le lecteur, sans nul doute. Mais je me suis plus souvent sentie perdue. Peut-être par méconnaissance de cet univers militaire largement mis en scène. Peut-être par manque d'informations claires et concrètes sur cette société imaginaire, son histoire, son avenir. Sans doute aussi du fait de cette longue première partie quasiment sans paroles rapportées - moi qui, au fil de mes lectures, ai fini par apprécier par-dessus tout ces écrivains qui ont le sens du dialogue, art quasi théâtral apportant, selon moi, beaucoup à l'intérêt d'un récit.
Mais comme un avis n'a d'intérêt que s'il se confronte à d'autres, je ne peux que vous inciter à vous procurer cet ouvrage et à le lire. (Une autre critique, que je trouve très bien écrite, sur ce blog, Fattorius.)
Concrètement, pour acheter ce roman, ça se passe ici.
Et pour en lire gratuitement les trois premiers chapitres, c'est ici.
Bonne lecture !