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La petite Mu qui plume
28 novembre 2015

JK Rowling, Une place à prendre

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Pour ce premier message de retour, je vais (essayer de) faire light sur un livre lourd !

Ca faisait longtemps que j'avais envie de découvrir ce premier roman adultes de J.K.Rowling. Le café littéraire que nous pratiquons régulièrement au collège depuis maintenant un an m'a permis de le faire, puisqu'une collègue le possédait et en a vanté les mérites.

Et, en effet, j'ai adoré. Il se trouvait que, dans le temps où je le lisais (plusieurs semaines, quand même, car c'est un bon gros pavé), je regardais des épisodes de la série Devious Maids (par le créateur de Desperate Housewives), avec son cocktail de crimes, de ragots, de coups tordus. J'ai retrouvé ce cocktail dans ma lecture d'Une place à prendre, que j'ai dégustée comme on regarde une série : on retrouve ses personnages préférés, on se demande ce qui va leur arriver.

Car il en arrive, des choses, dans cette "bourgade tranquille" nommée Pagford, en Angleterre. Tout part de la mort (accidentelle, mais tellement souhaitée par certains qu'on y voit aussi un coup du destin) de l'un des notables de la ville. Cette mort redistribue les cartes politiques et sociales : la place à prendre, c'est celle du conseil paroissial. Tous les foyers de la ville se retrouvent concernés, impliqués par l'élection qui se prépare. Et évidemment, cela réveille en eux les pulsions les plus sordides et secrètes.

Du suspense, une grande maîtrise narrative, des personnages ambivalents, un sens de la formule : rien ne manque, tout y est. "Reconversion" réussie pour J.K. Rowling !

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14 octobre 2014

David Foenkinos : Charlotte

 

Il est rare que je lise un roman issu de l'actualité littéraire, surtout que David Foenkinos, ça ne me disait ni plus ni moins, mais je ne pouvais pas passer à côté de ce titre ! Sur les conseils (très) encourageants de deux collègues, je me suis donc lancée. 

Je pensais que je serais vite lassée par la particularité stylistique choisie pour ce texte : un retour systématique à la ligne après chaque phrase, des phrases elles-mêmes très courtes, voire elliptique. Finalement, c'est un trait d'écriture qui épouse bien le propos de l'auteur : il cherche à reconstituer, étape par étape, la vie de l'artiste allemande Charlotte Salomon. Née en 1917 dans une famille où les suicides se suivent et se ressemblent, morte en 1943 à Auschwitz alors qu'elle porte un enfant, cette vie est nécessairement heurtée et chaotique. Le lecteur ressent très bien cette instabilité, cette impossibilité de s'attacher à un lieu, car il faudra bientôt partir, fuir, rebondir. 

Comme toute oeuvre biographique, celle-ci repose essentiellement sur une succession d'événements, des faits, des dates, mais l'originalité tient aussi aux commentaires de l'auteur, qui raconte de qui il tient telle ou telle anecdote, sur quels lieux il a dû passer pour mieux connaître l'artiste disparue. C'est donc un beau roman sur le souvenir et un bel hommage à cette peintre, dont je vous joins quelques oeuvres : 

23 septembre 2014

John Irving : A moi seul bien des personnages

C'est ma première rencontre avec Irving, et ce fut un échec. Je n'ai pas accroché du tout avec l'écriture, et je me suis traînée le roman comme un boulet (je déteste ne pas finir un livre). Je me suis même demandé, plusieurs fois, si ce n'était pas un bête problème de traduction. Seule la fréquentation d'autres romans de cet écrivain pourtant fameux me le dira. Je ne compte pas renoncer définitivement. 

J'ai trouvé le contenu très ambitieux : non pas tellement à cause des thèmes abordés (la différence sexuelle et son acceptation dans les différents milieux sociaux à différentes époques, les conflits familiaux...), mais surtout sur le fait que tous ces thèmes soient concentrés sur un seul et même personnage. Alors, oui, ça explique le titre. (Ce dont je viens tout juste de me rendre compte - shame on me.) Mais ça a constitué pour moi un handicap à la fluidité du récit, et un réel blocage. Il arrive trop de choses au héros, et à d'autres personnages aussi d'ailleurs, pour que je réussisse vraiment à m'y attacher. Je me suis toujours sentie hors du récit. 

Bref, un échec, mais j'ai eu ce que je voulais : je sais ce que veut dire le mot "intercrural" :-)

11 février 2014

Anne B. Ragde : La ferme des Neshov

petit bac 2014: un bâtiment pour "Opération liste à lire"

J'ai retrouvé avec beaucoup de plaisir les personnages de La terre des mensonges, lu cet été sur les routes scandinaves.

Des personnages sympathiques, bien que fort différents les uns des autres. Je demande d'abord les frères : un entrepreneur de pompes funèbres, dont le rêve le plus cher est d'équiper son appartement d'un sauna ; un concepteur de vitrine pour les magasins chic de Copenhague, collectionneur de miniatures Swarovski ; un éleveur de porcs, qui vivait avec sa mère, décédée dans le tome 1, et avec son "père", un homme étrange et taciturne. Puis je demande la fille (celle du troisième frère, l'éleveur) : une spécialiste du dressage des chiens domestiques, prise entre les caprices et lamentations de sa mère, le caractère bourru de son père, et des aventures sentimentales parfois décevantes. Une des choses qui m'avait plu dans le premier tome et qui revient - peut-être même davantage - dans le deuxième, c'est la description assez minutieuse des métiers de chacun. D'un chapitre à l'autre, on vit le quotidien de ces quatre personnages principaux, et, même si on n'y connaît rien aux porcs, aux chiens, aux cercueils ou aux vitrines, on apprend à s'y connaître, et on a l'impression d'avoir fait ça toute sa vie. 

Cela étant dit, j'ai regretté : 

- le fait que les quatre personnages ne soient pas traités de manière égale : Margido, notamment, reste assez mystérieux à mes yeux, je n'ai pas l'impression de bien le connaître, même après la lecture des deux tomes (peut-être dans le troisième ?) ;

- le fait que le rebondissement final du premier tome ne soit finalement pas plus exploité que ça (alors qu'il était très prometteur !) ; 

- l'absence de véritable avancée dans l'intrigue... sauf la fin (je n'en dis pas plus, mais elle est frappante). 

Il va sans dire que j'ai hâte de lire le troisième volume, malgré ces petites déceptions. J'espère que mes attentes seront comblées avec la fin de la trilogie. 

 

27 janvier 2014

Sylvain Tesson : Dans les forêts de Sibérie

Dans les forêts de Sibérie

petit bac 2014: un lieu pour "Opération liste à lire"

Sylvain Tesson, je n'en avais jamais entendu parler avant de regarder une émission spéciale de "La Grande Librairie" sur France 5, cet été, puis, peu de temps après, d'en entendre parler par une amie, qui m'a vivement recommandé cet ouvrage. Il faut dire que je ne suis pas tellement férue de récits de voyage. Enfin, ça, c'était avant... Maintenant, je m'y mets petit à petit, et là, je dois dire que le lieu - plus, peut-être, que le sujet -, associé à cette belle photo de couverture, m'ont fait craquer. 

Et j'ai eu raison. Quelle merveille que ce journal de bord qui, sans prétention, célèbre le mariage de la nature et de la culture. Excusez du peu...

En effet, Sylvain Tesson est un amoureux de la nature, sous toutes ses formes : il aime l'animal, il aime le végétal, il se réjouit du minéral. C'est un boulimique des grands espaces et, jusqu'en 2010 du moins, un dévoreur de kilomètres. Il a fait le tour du monde à vélo, traversé l'Himalaya à pied, parcouru les steppes d'Asie centrale à cheval, et j'en passe. Puis, un jour, il décide de se transformer en "voyageur immobile" (pour reprendre l'expression de Giono). Fi des grands déplacements, il décide de passer six mois dans une cabane au bord du lac Baïkal, en Sibérie.

Et il va le faire. Et il va même l'écrire. Dans les forêts de Sibérie, c'est donc le journal (très précisément jour par jour) de ces six mois d'érémitisme au pays des - 30°C. Et c'est une très belle oeuvre littéraire qui en naît. Car Sylvain Tesson est aussi un amoureux des mots. Il a lu, et il lit toujours : il n'oublie pas d'emporter dans ses bagages une malle de livres, une bibliothèque idéale dont il dresse une liste en début de journal. (Oh, un ami des listes, comme moi !) Il pense, également. Et il réfléchit : retour sur soi, son mode de vie, ses mauvaises habitudes - ou celles de l'Homme. 

C'est donc surtout une magnifique plume que j'ai découverte, qui voyage - immobile - entre poésie des croquis de Dame Nature pris sur le vif, philosophie nourrie par de nombreuses citations (ré)offertes au lecteur et augmentées de commentaires, et humour. Quelques traits mordants sur la civilisation ou sur soi-même, avec un ton pince-sans-rire qui fait mouche. 

Une pépite, donc. Que Sylvain Tesson nous ramène de "là-bas" et nous offre avec énormément de générosité. A lire, et surtout à relire. D'ailleurs, j'y retourne.  

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27 janvier 2014

Jens Christian Grøndahl : Quatre jours en mars

Challenge Petit Bac 2013 : 1ère grille! : un chiffre en littérature scandinave

Et voilà, toute dernière lecture pour le challenge 2013 ! J'ai tenu le pari ! 

Ce dernier titre s'incrit dans la lignée des autres titres lus récemment en littérature scandinave, à savoir les histoires de famille ; je dirais presque : les fresques familiales. En effet, ici, dans le roman de Grondahl, il y a de la matière : à la fois dans la longueur (plus de quatre cents pages) et dans le nombre de personnages. Le personnage principal, dans la tête duquel on se trouve la plupart du temps, est Ingrid, une femme de quarante-huit ans. Elle est divorcée, a un fils, et un amant, qui est marié. Quatre personnages de plus. Elle a une mère, elle-même divorcée, après avoir appris que son mari avait eu une autre femme et, surtout, un autre fils avant elle. Lequel fils a maintenant une femme et deux filles, et tous fréquentent et s'entendent très bien avec Ingrid et sa mère. Sept personnages supplémentaires. Quand on apprend que la grand-mère d'Ingrid a elle aussi eu deux maris, et bien sûr des parents, et que tout ce petit monde occupe au minimum un chapitre du livre, on a envie de dire "N'en jetez plus, la coupe est pleine !"

De par la construction narrative (quatre jours dans la vie d'Ingrid, dans lesquels on raconte aussi bien les faits présents que les souvenirs du passé), de par le type de personnages, ni admirables, ni complètement détestables, de par la fin, surtout, bien plus rocambolesque que le reste de l'ouvrage, ce récit m'a rappelé les histoires de Ian McEwan, en particulier Samedi, qui lui aussi se déroule dans une temporalité bien délimitée, avec une sorte d'unité de temps propre à la tragédie, et dont la fin aussi est inattendue. 

Cependant, cette lecture fut un peu longue. Si j'ai aimé, globalement, l'écriture et le scénario, il y avait tout de même des longueurs. Des personnages un peu trop difficiles à cerner à mon goût (la grand-mère, notamment). Des moments de flottement où on ne sait plus trop où on est, ni avec qui. 

La fin rattrape un peu cette impression mitigée ; je ne regrette tout de même pas cette lecture - qui, en plus, m'a rappelé quelques lieux visités cet été à Copenhague. 

20 janvier 2014

Rikka Pulkkinen : L'armoire des robes oubliées

Challenge Petit Bac 2013 : 1ère grille! : un objet en littérature scandinave

Par coïncidence, ce livre s'ouvre sur la même thématique que ma précédente lecture, Maudit soit le fleuve du tempségalement faite dans le cadre de la dernière colonne de mon challenge. A savoir, une mère de famille, grand-mère à présent, apprend qu'elle est atteinte d'un cancer, et le roman nous offre son histoire ainsi que celle de ses proches. Mais, ici, dès les premières pages, j'ai tout de suite accroché - ce qui n'avait pas du tout été le cas avec le roman de Per Petterson. 

D'abord, le système narratif adopté est plus complexe, mais paradoxalement plus clair : le point de vue interne se promène de personnage en personnage - le grand-père, la fille, la petite-fille -, mais avec une certaine rigueur, dans la mesure où l'on change de chapitre dès qu'on change de point de vue (ou l'inverse). Il faut s'habituer au point de vue interne à la troisième personne (et non à la première), et au fait que les prénoms féminins se ressemblent assez fortement (Elsa, Ella - abréviation de Eleonoora -, Eeva...), mais une fois ces petits détails assimilés, on est très vite transporté ! 

C'est une histoire de secret. Mais un secret assez vite révélé au lecteur : dans cette famille, il y a eu un élément extérieur, une fille, qui a beaucoup compté pour plusieurs membres de la famille sans en faire officiellement partie. Lorsque l'une des petites-filles tombe sur une robe qu'elle ne connaissait pas dans l'armoire de sa grand-mère, le seul commentaire de celle-ci sera : "Ce n'est pas ma robe, c'est celle d'Eeva." Et c'est à partir de là que l'on commence à voyager entre le passé (années 60) et le présent, entre le récit - à la première personne cette fois-ci - d'Eeva et celui des autres, les "vrais" membres de la famille. On en oublie, au fur et à mesure qu'on tourne les pages, que les jours d'Elsa, la grand-mère, sont comptés : c'est ça, la magie des souvenirs. Le temps est comme suspendu. 

Le tout est écrit avec intelligence. Je n'ai pas trouvé d'autre mot pour décrire ce mélange d'humour discret, de poésie sans mièvrerie, de réflexion sans lourdeur. Il y a de belles phrases sur l'amour, sur le lien qu'on crée avec autrui. 

Bref, un vrai coup de coeur, de ces livres qu'on a du mal à quitter tellement on a l'impression d'avoir vécu, l'espace de plusieurs heures, avec ses personnages. 

12 janvier 2014

Per Petterson : Maudit soit le fleuve du temps

Challenge Petit Bac 2013 : 1ère grille! : un gros mot en littérature scandinave (bon, je sais, ce n'est pas vraiment un gros mot, mais de toute façon cette catégorie est facultative dans le challenge...)

Et je dirais que ce livre aurait aussi pu être facultatif... Pourtant, certaines critiques lues sur le Net sont dithyrambiques. Une "écriture âpre", un roman "hautement poignant", et j'en passe. L'histoire avait tout pour me plaire, pourtant : Arvid, la quarantaine, part rejoindre sa mère malade d'un cancer, qui s'est réfugiée - on ne sait pas vraiment pourquoi - dans son village danois natal. Arvid n'est pas malade mais sa vie est un peu accidentée elle aussi : il s'apprête à divorcer. A partir de là, on m'annonce un récit de vie émouvant, naviguant (il est question d'eau et de ferry souvent dans cette histoire) entre passé et présent, le tout dans le cadre d'une Europe venant tout juste de vivre la chute du mur de Berlin. 

Or, du début à la fin de ma lecture, j'ai connu un phénomène agaçant, que je connais peu pourtant : mon oeil, au lieu d'absorber sagement - ou goulûment - les lignes l'une après l'autre, se promenait distraitement sur la page, traversant d'une traite un paragraphe, pour y revenir ensuite, avec cette question : "Mais qu'est-ce que je viens de lire, au juste ?" Et ce, quasiment à chaque page. Avouez qu'au bout d'un moment, cela devient lassant, et quelque peu pénible. 

Bref, je n'ai pas accroché, quoi. Je ne saurais pas dire avec précision d'où vient le problème. Trop de faits, à mon avis, trop de dérives dans le passé, avec trop peu de repères pour le lecteur. Des personnages sont évoqués une ou deux fois sans qu'on puisse déterminer à quel point ils ont compté, ou comptent encore, dans la vie du narrateur. Quant à l'histoire de la mère, elle était présentée comme importante, et n'existe en fait que comme faire-valoir de celle du fils. 

Je passe donc mon chemin. J'ai d'autres romans sur le feu, j'espère qu'ils sauront m'envoûter davantage ! 

30 décembre 2013

Anne Perry : Nouveaux contes de Noël

Le livre que j'ai reçu dans le swap de cette année ! (voir cet article pour rappel de la définition d'un swap ; voir également chez Les mains de la petite Mu pour le colis que j'ai moi-même envoyé)

Ce fut une bonne surprise. Je ne connaissais pas les textes d'Anne Perry (encore moins sa vie : j'ai appris sur Wiki qu'elle avait été arrêtée pour meurtre dans sa jeunesse...), seulement son nom, vaguement. J'ai donc découvert son univers, le polar victorien, par le biais des quatre récits brefs contenus dans ce deuxième opus (du coup, le premier me tente bien, maintenant !). 

Ce fut assez magique car chacun des récits se déroulait dans une ambiance différente, mais qui me parlait tout à fait à chaque fois : des îles désolées, de petits villages traversés par de terribles tempêtes, les bas-fonds de la ville de Londres... Avec, comme point commun, une enquête en milieu fermé, dans des microcosmes sociaux qui constituent les théâtres idéaux d'une affaire pleine de mystère, où tout le monde se met à soupçonner son voisin, sachant que le coupable ne peut être que tout près. C'est un choix tout à fait judicieux pour des récits policiers, avec, à chaque fois, un personnage d'enquêteur extérieur à ce microcosme, évidemment plus à même de démêler les histoires du présent et du passé que les habitants bien trop occupés par la méfiance, la honte ou la peur. 

Au final, donc, des histoires agréables à lire, dans un univers qui m'a fait me sentir comme un poisson dans l'eau (Noël, le froid, le Nord...). Le format du conte, par ailleurs, m'a très bien convenu : plus de pages et ç'aurait été trop. Finalement, les meilleurs polars sont peut-être les plus courts (voir ma critique du Cerveau de Kennedy où je me suis ennuyée, ennuyée...) ; à moins qu'une trop grande habitude des séries télévisées, aux épisodes de quarante minutes, m'ait formaté l'esprit ?...

En tout cas, merci encore à ma swappeuse ! 

28 décembre 2013

Tanguy Viel : La disparition de Jim Sullivan

Challenge Petit Bac 2013 : 1ère grille! : un prénom en catégorie "Divers"

Une déception pour ce livre présenté lors d'une édition spéciale de l'émission "La Grande Librairie" sur France 5, dans laquelle étaient invités non seulement des écrivains (j'y ai découvert le visage d'Eric-Emmanuel Schmidt, d'Agnès Desarthe, mais aussi Sylvain Tesson, dont je m'apprête à lire le journal Dans les forêts de Sibérie, reçu à Noël), mais aussi des libraires de la région Rhône-Alpes, puisqu'exceptionnellement, l'émission avait été tournée dans les locaux de la librairie Decitre, à Lyon. Et ce roman de Tanguy Viel, dont j'ignorais l'existence jusque là, avait été présenté de manière tout à fait alléchante par un libraire de chez Lucioles, mon fournisseur le plus ancien. Je m'étais empressée d'aller l'acheter (moi qui n'achète que très, très rarement des romans neufs). 

L'idée était bonne : c'est le récit d'un écrivain qui veut fair, pour une fois, un roman "international". Par international, il entend un roman qui ne se situera pas en France mais aux Etats-Unis. Plus précisément à Detroit, Michigan, ce qui fonctionne nettement mieux pour les lecteurs qu'au pied de la cathédrale de Chartres. A partir de là, tous les ingrédients classiques du roman américain ne seront pas de trop pour donner corps à ce projet. En quatrième de couverture, le narrateur (l'écrivain, donc) déclare : "il fut vite très clair que beaucoup de choses se passeraient à Detroit, Michigan, au volant d'une vieille Dodge, sur les rives des grands lacs. Il faut clair aussi que le personnage principal s'appellerait Dwayne Koster, qu'il enseignerait à l'université, qu'il aurait cinquante ans, qu'il serait divorcé et que Susan, son ex-femme, aurait pour amant un type qu'il détestait." Et vous aurez droit aussi au motel de la route 66, au hockey sur glace, au barbecue sur la pelouse. Bref, un roman américain, quoi.
Mais attention : le roman qu'on a entre les mains n'est pas ce roman international écrit par notre narrateur, mais l'histoire de ce roman racontée par son créateur. Une mise en abyme pour le dire plus clairement. Quelque chose que les éditions de Minuit connaissent bien, elles qui ont publié les Nouveaux Romanciers. Mais, voilà, justement, où est le problème du roman de Tanguy Viel : il sonne bien trop comme un exercice de style qui arriverait un siècle trop tard pour être un véritable chef-d'oeuvre. C'est-à-dire que, pour ma part, j'aurais salué cet exercice s'il ne m'avait pas paru lu et relu ; dans le cas présent, la trop grande attention à la performance m'a complètement désintéressée de l'histoire à proprement parler. Les phrases sont interminables, mais n'est pas Claude Simon qui veut - et d'ailleurs, on n'est pas obligés d'aimer Claude Simon. 

Je ne sais pas quel était le but de Tanguy Viel, exactement : sur quel chemin souhaitait-il engager son lecteur ? Certes, cette parodie de la littérature américaine arrache parfois des sourires, elle fait réfléchir à tous ces romans qu'on a lus et appréciés sans noter cette abondance de clichés. Mais, encore une fois, cela ne va pas au-delà. J'ai commencé à m'ennuyer au bout des trois premiers chapitres. C'est dommage car le livre me semblait plein de promesses. 

 

9 décembre 2013

Henning Mankell : Le cerveau de Kennedy

Challenge Petit Bac 2013 : 1ère grille! : une partie du corps en littérature scandinave

Bon. De Mankell, j'avais déjà lu Les chaussures italiennes  et, comme vous pourrez le voir si vous allez lire mon (vieil) article, je n'avais pas trop aimé. Mais, quand on cherche des auteurs scandinaves, on tombe forcément sur lui, et il a écrit beaucoup de polars (dont beaucoup avec des titres intéressants pour le challenge ^^). Il fallait donc que je m'y collasse. 

Le cerveau de Kennedy ne fait pas partie sa série de polars à proprement parler, en tout cas pas la série de l'inspecteur Wallander. Mais il est quand même le récit d'une enquête : celle d'une mère, archéologue de métier, qui découvre le corps de son fils, dans l'appartement de ce dernier, à Stockholm. Quand la police lui parle de suicide, elle n'y croit pas. Son instinct et ses recherches la mèneront dans des parties du monde aussi diverses que l'Espagne, l'Australie ou l'Afrique. En suivant les traces de son fils, elle découvre certaines réalités sordides concernant l'épidémie du SIDA, et des personnages à la face bien obscure. 

Mais tout ça, ça fait trop. Trop de personnages, trop de pistes, trop de voyages, trop de sujets. Attention, spoiler : le titre est plus un leurre qu'autre chose car, à moins que j'aie mal lu (ce qui est tout à fait possible, vu le labeur que cette lecture fut pour moi), ce n'est absolument pas un aspect important de l'histoire. La quatrième de couverture me promettait des découvertes spectaculaires, je n'ai eu l'impression que de patauger dans la gadoue d'un bout à l'autre du roman. Malgré sa longueur, il ne dénoue clairement aucune piste, et se clôt lamentablement sur une fin ouverte dont un lecteur de roman à suspense n'a que faire.

Donc, trop de questions, pas assez de réponses : ce fut encore une fois une rencontre ratée avec ce soit-disant maître de la littérature. 

9 décembre 2013

Tuomas Kyrö : Les tribulations d'un lapin en Laponie

Challenge Petit Bac 2013 : 1ère grille! : un animal en littérature scandinave

(Me revoici après une longue période d'absence ! Les mois de novembre et décembre sont rarement riches en temps libre pour les enseignants...)

Donc, quelques mots sur cette couverture que vous voyez depuis un petit moment déjà sur le côté du blog...

Le titre était sympa, la quatrième de couverture parlait d'un conte philosophique à la Candide... J'envisageais donc cette lecture avec plaisir. J'en suis sortie avec un gros point d'interrogation. 

L'histoire est abracadabrantesque, et c'est le but : un Roumain tout ce qu'il y a de plus ordinaire, qui souhaiterait offrir à son fils la paire de chaussures de foot à crampons dont rêve ce dernier, se retrouve à mendier dans les rues d'Helsinki. Mais il y a pire : il se rebelle, se met à dos police et mafia, et doit donc prendre la route. C'est le début d'un long périple, accompagné du fameux lapin (un "lièvre", en fait, dans la traduction) dont il a croisé la route par hasard. 
L'ironie du sort vient du fait qu'au fur et à mesure de son voyage, et surtout de ses rencontres, Vatanescu, le Roumain, devient une célébrité pour des raisons bien mystérieuses à ses yeux. J'avais vu peu de temps avant le film Superstar, avec Kad Merad, et les deux histoires présentent pour moi des ressemblances. 

Ce n'est pas le côté loufoque qui m'a gênée, bien au contraire : en fait, j'en aurais voulu plus. Plus de fantaisie, plus d'humour, plus de mordant. A certains moments, on perd un peu le fil. Le fait qu'il y ait peu de véritables dialogues (de Vatanescu, on "n'entend" quasi jamais la voix, seulement ses pensées) m'a peut-être aussi manqué. 

Sans doute me manquait-il aussi deux références littéraires pour apprécier pleinement ce roman : Les tribulations d'un Chinois en Chine de Jules Verne, et Le lièvre de Vatanen, d'Arto Paasilinna. A ajouter donc à ma liste de lectures pour, peut-être, ensuite, relire les aventures de Vatanescu et de son lièvre. 

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Le royaume de Kensuké

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