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La petite Mu qui plume

2 août 2014

Mes "fiches de lecture"

Je vais présenter ici six manières d'évaluer une lecture cursive, toutes les six mises en oeuvre cette année, avec des élèves de 6e ou de 3e. A savoir : chaque type de devoir est en lien avec le thème qui réunit les titres proposés à la lecture. Pour une liste de romans épistolaires, par exemple, je privilégie l'écriture d'une lettre. 

Voici donc les "fiches de lectures" de mes élèves 2013-2014 :

En 6e : 

1) Pour une liste de récits merveilleux (Alice, Peter Pan, Pinocchio...) ou de recueils de contes : un abécédaire joliment présenté.

Détails :
- l'élève choisit 26 mots qui ont une importance particulière dans le ou les récit(s) : noms de personnages, de lieux, d'objets jouant un rôle dans l'histoire, mais aussi tics de langage de certains personnages, défauts ou qualités du héros... 
- dans une phrase complète, il explique le sens que chaque mot possède dans le livre. Exemple : Q comme Quidditch : C'est le sport préféré de Harry et ses amis, qui se joue avec plusieurs balles, sur des balais. 

La présentation est libre : quelques images et des couleurs sur les lettres de l'alphabet peuvent suffire mais certains élèves se lâchent et rendent des choses comme ça : 

P1020673

(voir ici pour plus d'images). 

 

2) Pour une liste de récits sur la mythologie (principalement choisis dans la collection "Histoires noires de la mythologie" chez Nathan) : l'interview du personnage principal.

Détails :
- l'élève doit inventer cinq questions qu'un journaliste pourrait poser au héros de son récit (Hercule, Zeus, Ariane, Persée, etc...) et les cinq réponses que le héros pourrait faire. 
- les questions doivent être bien choisies pour que les réponses apprennent le plus de choses possibles sur le personnage. Exemple : Hercule, lequel des douze travaux vous a paru le plus difficile ? Ou encore : Antigone, parlez-nous un peu de votre famille. 

Cette année, j'ai fait taper à l'ordinateur ces interviews et les ai intégrées dans un petit magazine de la mythologie augmenté de jeux, de cartes d'identité sur les dieux, etc... 

 

3) Pour une liste de récits jeunesse sans rapport avec le programme : une affiche de lecture.

Détails :
- l'affiche, en format A3, doit contenir obligatoirement : le titre, le nom de l'auteur, un court résumé qui parle aussi de la fin du livre, un extrait recopié, et plusieurs lignes d'avis argumenté.  Ce devoir a servi à un concours de lecture organisé dans toutes les classes du collège (affiches pour les 6e et 5e, livrets pour les 4e et 3e, voir plus loin).
- les illustrations devaient être les plus personnelles possibles (ne pas se contenter de photocopier la couverture du livre), et en rapport avec le thème du livre. 

Les trois gagnantes, de la 3e à la 1e : 

affiche 1

 

affiche 2

affiche 3


En 3e : 


1) Pour une liste de récits d'enfance et d'adolescence : un journal de lecteur.

Détails :
- l'élève s'arrête au minimum six fois dans sa lecture, et écrit, à chaque fois, au minimum quinze lignes.
- il a le droit : de donner son avis sur l'extrait qu'il vient de finir, de formuler des hypothèses sur la suite, de mettre en rapport ce qu'il a lu avec sa propre vie ou des choses qu'il connaît, de parler des conditions - lieu, moment... - dans lesquelles il a lu, de réfléchir à ce qu'il aurait fait à la place du personnage, etc...
- la présentation est libre, mais beaucoup optent pour un livret. 

(NB : un projet que je jugeais moi-même très ambitieux, mais qui a rencontré beaucoup de succès... surtout chez les filles...) 


2) Pour une liste de récits sur la 2nde GM : un devoir écrit suivant le plan de l'épreuve d'histoire des arts.

Détails :
- le devoir doit contenir les quatre parties utilisées en HdA :
a) présentation de l'oeuvre et de l'auteur (en ne conservant que les informations éclairant l'écriture du récit) ;
b) description, qui consiste ici en un rapide résumé de l'histoire suivi d'information sur le style du récit (choix du point de vue, nombre de chapitres, niveau de langage, etc...)
c)
 analyse, c'est-à-dire identification des éléments historiques sur lesquels l'oeuvre s'appuie et de l'"objectif" poursuivi par l'auteur (témoigner, s'indigner, informer...)
4) conclusion qui fait le bilan du devoir et met en parallèle une autre oeuvre du choix de l'élève (livre, film, oeuvre picturale...).
- des illustrations telles qu'une carte géographique ou des images d'archive sont les bienvenues. 


3) Pour une liste de récits jeunesse sans rapport avec le programme :  un livret.

Détails :
- le livret, simple feuille A4 pliée en deux avec une tranche, doit contenir obligatoirement : une couverture illustrée avec le titre, le nom de l'auteur et l'édition, un résumé court mais complet sur la page intérieure de gauche, un extrait recopié et un avis argumenté sur la page intérieure de droite, et une quatrième de couverture accrocheuse.
- l'illustration de couverture doit être personnelle et différente de la couverture d'origine.
- la quatrième de couverture ne doit pas être un résumé, ni bien sûr être recopiée sur un blog ou le site de l'éditeur...

Ce devoir a servi au concours de lecture des élèves de 4e et 3e. 

En 3e, deux gagnantes (eh oui, encore des filles) : 

affiche 4

affiche 5



J'ai encore d'autres idées en réserve, que je n'utiliserai peut-être pas de sitôt, mais qui sait...

Si des collègues passent dans le coin, qu'ils n'hésitent pas à me donner d'autres exemples, ou d'autres témoignages sur des projets qui ont marché avec les élèves ! 

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2 août 2014

La "fiche de lecture" : explications

Aujourd'hui, on rebondit : pé-da-go-gie ! Oui, c'est les vacances, mais tant pis. Voici donc un article que je projette d'écrire depuis longtemps, mais... vous commencez à me connaître !

 

Pour des raisons d'agrément de lecture, comme j'ai beaucoup à dire, il ne s'agit là que du prologue : pour les exemples concrets, ça se passe dans cet article

I - La lecture cursive

La petite Mu vous a déjà parlé de la différence entre oeuvres intégrales et lectures cursives. L'article concernant les premières vous soumettait l'ensemble des titres que j'ai déjà étudiés en classe, avec des commentaires sur leur réussite ou non auprès des élèves, et des précisions quant au choix d'édition le plus intéressant. L'article portant sur les secondes, lui, faisait la liste - non exhaustive - des titres proposés aux élèves pour leurs lectures à la maison. 

C'est sur ces lectures à la maison, qu'on peut appeler "cursives", "personnelles", "autonomes", ou comme bon vous semble, que je reviens aujourd'hui. Le grand débat à leur propos est celui de l'évaluation (qui devient d'ailleurs LE grand débat à l'Education Nationale). Les enseignants se heurtent à une double injonction officielle. D'une part, les programmes, parus au Bulletin Officiel, énoncent : 

"Un projet d’organisation raisonnable au regard des objectifs
poursuivis par ces programmes comprend la lecture d’au moins trois
œuvres intégrales et trois groupements de textes étudiés en classe, et
trois œuvres lues en lecture cursive en dehors du temps scolaire."

Traduction : une année scolaire "raisonnable" doit comprendre au minimum six chapitres, trois portant sur l'étude d'une oeuvre intégrale (il est rare de parvenir à en faire davantage) et trois s'appuyant sur un groupement de textes (donc n'importe quel corpus qu'on trouve dans un manuel, qu'on crée soit-même, et qui peut d'ailleurs contenir autant de textes qu'on le désire). Et - c'est là ce qui nous intéresse - les élèves doivent aussi avoir lu "en dehors du temps scolaire" (donc en dehors des six chapitres ou plus faits en classe) trois oeuvres au minimum. 

Ces instructions montrent bien que ces lectures font partie intégrante du programme suivi par les élèves. Elles permettent une certaine souplesse sur le choix de ces lectures, en accordant "une place naturelle" à la littérature jeunesse. Mais elles semblent considérer comme évident que ces lectures seront faites. 

Or, parmi nos collégiens d'aujourd'hui (et d'hier), combien vont faire ces lectures si elles ne sont pas vérifiées ? Pas beaucoup, ou, en tout cas, pas tous : on est bien d'accord. La question de l'évaluation se pose donc logiquement. 

Mais les programmes, et, encore plus, les inspecteurs, insistent sur le fait que les lectures cursives doivent "développer les compétences de lecture et susciter le plaisir de lire". Partant de là, certains IPR (Inspecteurs Pédagogiques Régionaux) vont jusqu'à demander aux professeurs de ne pas évaluer les lectures cursives, pour ne pas briser ce plaisir de lire. 

Nous voici donc face à un problème insoluble ! Eh bien, un nombre de plus en plus conséquent de professeurs, dont je fais partie, a opté pour une manière de procéder qui contourne ce problème. 

 

II - L'évaluation

Je ne peux pas parler à la place des autres mais, pour ma part, j'ai cette position-là : j'étudie mes oeuvres intégrales et mes groupements de texte avec beaucoup de rigueur et d'ambition, mais je lâche la bride pour les lectures cursives. 

J'ai donc définitivement mis de côté (je ne l'ai jamais pratiquée, d'ailleurs) la fiche de lecture "traditionnelle". Non que je la juge inutile, ou ridicule : au contraire, elle a beaucoup de qualités. Mais elle est inadaptée à la majorité des élèves que j'ai devant moi, parce qu'elle part du principe que les élèves doivent savoir non seulement lire et comprendre une oeuvre, sans l'aide du professeur, mais aussi en rendre compte de manière organisée : savoir faire un résumé, donner son avis, présenter un personnage... Et nous sommes nombreux à constater que, tout cela, les élèves n'en sont pas capables, pas tout en même temps ni tous en même temps du moins. 
La plupart des projets que je mène ou compte mener dans mon collège autour de la lecture partent donc de cette idée : il faut d'abord renouer le contact entre les élèves et la lecture, les ramener progressivement dans cet univers dont ils se sont éloignés, et ce tout au long de leur scolarité. A prendre en compte néanmoins : au lycée, on va très vite demander aux élèves de lire en autonomie des romans souvent longs, des oeuvres parfois complexes, n'appartenant plus du tout, pour le coup, à la littérature jeunesse. Ma mission, c'est donc de faire pousser en quatre ans maximum, chez les élèves se destinant au lycée, les fameuses "compétences de lecture" que demandent les programmes. Quant aux autres, mon objectif est différent : leur montrer, tout simplement, qu'on peut lire un livre sans s'ennuyer, qu'on peut y retrouver des thèmes qui nous intéressent, ou y apprendre des choses qui nous feront - peut-être - avoir une bonne note au prochain contrôle. 

Pour ce faire, je travaille à la fois mes listes, en proposant des titres assez variés en terme de niveau de lecture ou de longueur, et mes consignes de "fiche de lecture". 

L'idée, c'est de toujours faire rendre aux élèves un travail écrit, qu'ils auront à faire chez eux, pour lequel ils peuvent se faire aider, mais qu'en général ils ont envie de faire seul, parce que la consigne est motivante et ne leur donne pas l'impression de faire une fiche de lecture. C'est surtout sur la présentation, la mise en forme, voire la décoration que je joue. Il faut que les élèves rendent un devoir que je pourrai exposer, s'il est réussi, et dont ils pourront être fiers. Evidemment, le contenu compte, et c'est le plus dur à faire comprendre : oui, ça reste une fiche de lecture, il faut que le devoir permette de savoir si l'élève a lu et intégré sa lecture. Et ça reste un devoir de français, donc, oui, il faut écrire. Je considère d'ailleurs ces fiches de lecture davantage comme "des rédactions artistiques à propos d'un livre". C'est là-dessus que je joue pour mêler évaluation et plaisir de lecture. 

Je n'ai que du positif à retirer de ces devoirs. La correction des copies est souvent un moment agréable. Est-ce que les élèves savent vraiment mieux lire après ? Je n'en sais rien, mais en tout cas, le livre choisi les marquera un petit peu plus longtemps (surtout si je peux exposer leur oeuvre sur les murs ou les étagères de ma salle).  

1 août 2014

Anna Gavalda : 35 kilos d'espoir

Une lecture très scolaire, parce que je me devais de savoir, quand même, ce qu'il y a exactement dans ce (très) court récit que pas mal de mes élèves de sixième ont lu pour leur dernière fiche de lecture. 

Eh bien... Il n'y a pas grand-chose. Ca se lit en un quart d'heure, et ça ne laisse pas un souvenir impérissable. Ou plutôt, ça me confirme que j'ai du mal avec les histoires un peu trop démago de ces ados en échec scolaire, comme j'avais eu du mal avec l'autobiographie de Mickaël Ollivier

Donc, ce récit d'un garçon qui a une phobie de l'école, qui n'aime que bricoler avec son grand-père, et qui, évidemment, va se remettre sur selle grâce à ce grand-père, non, décidément, ça ne m'a pas touchée. J'ai vraiment du mal à comprendre comment on peut montrer autant d'enthousiasme suite à cette lecture, comme ce qu'on peut lire ici, sur Babelio. Non que le sujet soit à jeter à la poubelle, et non que je sois une vieille prof acariâtre qui ne sache pas que des élèves en réelle phobie scolaire et décrochage complet, ça existe. Mais il y avait à mon avis mieux à tirer, en jouant sur les nuances, en creusant davantage les personnages. 

Bref, je ne le supprimerai pas de la liste pour mes élèves (dans le cadre du concours d'affiches et de livrets dont j'essaierai de vous reparler tout bientôt), mais j'espère qu'il sera vite remplacé en tant que "classique" par un récit de meilleure qualité. 

 

1 août 2014

Béatrice Rouer : La girafe du roi. La véritable histoire de Zarafa

La Girafe Du Roi - La Véritable Histoire De Zarafa de Béatrice Rouer

 "Quoi ?!!", me direz-vous. "La petite Mu n'a jamais lu aucun récit sur le fabuleux voyage de Zarafa, ni même vu le dessin animé sorti il y a deux ans ?!!!"

Eh bien, aussi étonnant que cela puisse vous paraître, non. De même que j'ai découvert très tard cet album pourtant connu, Lettres des Isles Girafines

Et c'est même totalement par hasard que je suis tombée sur ce court roman destiné à de jeunes lecteurs, et qui d'ailleurs n'est certainement pas le livre le plus connu ou reconnu à propos de cette petite histoire de l'Histoire. 

En tout cas, ce fut une lecture plutôt agréable. Evidemment, des personnages sont inventés, des faits ajoutés pour, je cite l'éditeur (Oskar éditeur), "vivre l'Histoire comme une aventure". Mais l'ensemble est réussi, il n'y a pas de longueurs inutiles, le personnage principal (une petite servante qui profite du convoi qui emmène la girafe à Paris, parce qu'elle veut parler au roi pour demander la grâce de son père, emprisonné à tort) attachant. Un court dossier documentaire en fin d'ouvrage fait le point sur ce que le lecteur est censé avoir appris : pourquoi ce cadeau du pacha d'Egypte aux rois d'Angleterre et de France, comment Charles X est arrivé au pouvoir, qui était ce scientifique tellement passionné d'animaux exotiques, Etienne Geoffroy Saint-Hilaire (moi je sais, moi je sais, j'en ai parlé dans mon mémoire !!), quelles sont ces nouveautés du siècle que l'on nomme "montgolfière" ou "cabinet de curiosités". 

A conseiller à de petits lecteurs pour découvrir une période historique finalement pas si connue des enfants ou adolescents, et à lire soi-même pour en savoir plus sur la belle Zarafa.

1 août 2014

Michel Pastoureau : Noir. Histoire d'une couleur

Afficher l'image d'origine

(Aïe, zut, je viens de me souvenir que j'avais dit à la généreuse donatrice, fin juin, que Noir serait mon prochain article... Désolée, il s'est fait doubler par Yves Grevet - que je n'ai pourtant lu qu'après.)

J'ai entamé cette "Histoire des couleurs" avec le premier titre sorti en poche, Bleu, que l'on m'avait offert lors d'un swap Néoprofs (le swap, keskecé ? Rappel ici). Une lecture plaisante, fort instructive, qui en apprend beaucoup sur l'histoire des symboles et des cultures, à travers cet angle d'attaque riche et original qu'est l'histoire d'une couleur. 

Continuons, donc, avec le noir. Couleur passionnante, évidemment, car chargée de préjugés, de superstitions, utilisée dans des contextes très différents, avec des significations parfois aux antipodes les unes des autres. Michel Pastoureau nous apprend pourquoi cette couleur a véhiculé autant d'angoisses, en particulier de l'Antiquité au Moyen Âge, à quel moment elle a changé de statut au point de devenir une "non-couleur", et de quelle manière elle est devenue la couleur de l'élégance, de la modernité, omniprésente dans notre monde. 

Encore une fois, le plus intéressant dans ce genre d'ouvrages, ce sont les petits faits historiques, les anecdotes ou événements sur lesquels le chercheur s'appuie afin de faire vivre cette évolution dans l'esprit du lecteur. J'ai retenu, par exemple, les bêtises de Jésus enfant chez le teinturier, le lien (évident quand on y pense) entre l'invention de l'imprimerie et le début de la suprématie du noir, et la passionnante histoire de l'ours, "roi déchu" des animaux (je reprends ici une expression utilisée par Michel Pastoureau dans un autre de ses ouvrages, L'Ours. Histoire d'un roi déchu). Passionnante au point de m'avoir donné des idées de plus en plus précises pour les projets d'écriture qui s'empoussièrent dans plusieurs coins de ma cervelle... Affaire à suivre. 

En regard du Bleu, j'ai trouvé ce volume moins répétitif et plus riche. Certainement y avait-il davantage de matière, à traiter dans un nombre de pages similaire, donc, à l'arrivée, une impression d'efficacité plus grande. J'attends avec impatience la sortie de Vert en poche pour continuer ma collection, et, je l'espère, d'autres titres à l'avenir. 

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29 juillet 2014

De retour...

Mu quilling

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Mu - qui est de moins en moins petite, bientôt trois ans ici, en votre compagnie - recommence à lire, et elle recommence à plumer. Elle a quelques trouvailles dans la tête, et elle va essayer de prendre le temps de toutes les partager, promis juré. 

A très vite, donc, sur ces pages ! 

 

Au passage, du nouveau chez ma copine Adafé : nouveau site, plein de créations, plein d'ateliers proposés pour petits et grands. C'est ici

Et une nouvelle ligne apparue à droite, côté "Des gens, des lieux" : le blog de Carine Foulon, une prof de français qui écrit des albums pour enfants, des poèmes pour petits et grands, des haïkus... J'aime son écriture et je vous conseille vraiment d'aller jeter un oeil !

29 juillet 2014

Yves Grevet : Méto, tome 1 : La maison

Donc (pour comprendre la transition, voir mon article précédent), j'ai voulu découvrir une autre facette de l'oeuvre d'Yves Grevet. Et cette trilogie, j'en avais déjà vu les couvertures dans des rayonnages de librairies ou de bibliothèques. Va donc pour le premier tome de Méto

Et là, agréable surprise ! On découvre un bon roman de science-fiction, avec des personnages et une histoire auxquels on accroche dès le début, une écriture efficace où chaque mot compte, des chapitres courts qui distillent savamment le suspense. Le narrateur, Méto, est sympathique au lecteur, pas ridicule, pas naïvement téméraire : un vrai bon héros de roman d'aventure. Le style est accessible à des lecteurs de tout âge, sans ennuyer pour autant l'adulte que je suis. 

Certes, l'intrigue et l'univers créés ne peuvent pas être qualifiés d'uniques ou d'inédits. Il y a des similitudes plus ou moins grandes avec d'autres univers fictionnels pour la jeunesse, notamment avec Le combat d'hiver de Jean-Claude Mourlevat. Les noms en latin, le froid, les combats de lutte, la grande maison dont on ne sort pas, l'univers extérieur dont on ne sait rien... Mais, après tout, peu importent ces ressemblances. D'abord parce que, de toute façon, il n'y a pas dix mille manières d'inventer un univers. Il est impossible et même prétentieux de vouloir être formellement novateur sur ce terrain-là. Ensuite parce que la trilogie d'Yves Grevet ne vise pas le même public que le roman de Mourlevat. Ici, on a affaire à un récit qui se lit vite, centré sur une seule intrigue, avec une unité de lieu. Le but est de faire en sorte que le lecteur ait envie de retrouver Méto dans un second volume. Chez Mourlevat, l'ensemble est plus complexe, les personnages et les lieux bien plus nombreux, et le roman vise non seulement à tenir le lecteur en haleine mais aussi à le faire réfléchir. Pas de concurrence possible, donc, entre les deux oeuvres. 

Bref, pour moi, il ne fait nul doute qu'Yves Grevet réussit bien mieux ce genre de récits, inscrits dans un univers imaginaire, où l'essentiel tient dans une intrigue habilement construite, avec des dialogues brefs et précis, que des romans plus réalistes comme Seuls dans la ville. Etonnant car l'éditeur, Syros, le présente comme "l'auteur de romans ancrés dans la réalité sociale". Je suis bien contente qu'il ait choisi de déplacer l'ancrage de ses romans. Je lirai avec plaisir les deux autres tomes de Méto, et, je l'espère, ses autres romans de science-fiction, le diptyque Nox dont on lit le plus grand bien ici et là, et peut-être aussi L'école est finie, visiblement fort, s'adressant à un public plus jeune. A suivre !

29 juillet 2014

Yves Grevet : Seuls dans la ville entre 9h et 10h30

 

Je ne connaissais pas du tout Yves Grevet. J'ai découvert ce titre par hasard et j'ai tout de suite été attirée par l'idée que j'ai trouvée très originale. Une prof de français propose à sa classe de lycéens un sujet assez libre pour leur nouvelle rédaction : ils doivent choisir un endroit du centre-ville, s'y placer entre 9h et 10h30, et écrire ce qui les inspire. La lecture des copies révèle certains talents pour l'écriture, d'autres pour le hors-sujet, mais, surtout, elle s'avère précieuse car, ce matin-là, le corps d'un homme a été retrouvé dans la ville. Tous les écrivains amateurs sont donc témoins potentiels dans cette affaire. Problème, Erwan, l'un des lycéens, semble être le seul à penser que ces copies peuvent contenir des informations intéressantes, voire essentielles pour l'enquête. Qu'à cela ne tienne : sans l'aide des adultes, mais secondé par la jolie Cassandre, il travaillera de son côté. 

La quatrième de couverture était donc alléchante, et je m'apprêtais à plonger avec plaisir dans ce récit au fond et à la forme singuliers. Mais ce plaisir a été - très - rapidement gâché par le registre dans lequel l'auteur s'est inscrit. C'est ce genre de romans qui parle d'adolescents en les faisant parler d'une manière qui ne leur correspond pas du tout, mais sans effet littéraire pour autant. En gros, une écriture simpliste, un peu bébé, qui manque autant de rythme que de crédibilité. Du coup, l'intrigue devient fade. Il y a un décalage entre l'âge des personnages principaux (qui ne sont plus des gamins) et la naïveté dont ils font preuve en menant l'enquête, de même que le comportement ou les paroles des adultes autour d'eux, qui ne semblent pas plus sérieux que leurs enfants. 

Il n'y a que les rédactions que j'ai trouvées agréables et amusantes à lire. C'était là un véritable exercice littéraire : décliner ce sujet (écrire dans la ville) à toutes les sauces. On a de la poésie, des récits animaliers, des dialogues, des textes introspectifs... Certes, ces textes souffrent du même défaut de crédibilité dont j'ai parlé auparavant (on les imagine mal écrits par des élèves de Première), mais, au moins, ils expriment le talent de leur véritable auteur, l'écrivain du roman. 

Une déception, donc, et même, à mes yeux, un raté (il y aurait eu tellement à faire à partir de cette idée que je trouve toujours géniale), mais qui ne m'empêche pas de vouloir lire d'autres livres d'Yves Grevet. En espérant que sa plume soit plus réussie dans d'autres cadres. 

10 mai 2014

John Green : Nos étoiles contraires

Ca faisait un moment que j'en avais entendu parler, que je le voyais en tête de gondole dans les rayons "young adults" des librairies, sur les pages des blogs. Moi qui avait tant aimé Qui es-tu Alaska ? et Will and Will, je ne pouvais pas ne pas lire Nos étoiles contraires, mais, je ne sais pas pourquoi, l'urgence ne s'était pas faite sentir. J'ai été décidée par l'enthousiasme de mes élèves - surtout féminines - de troisième : proposé dans une liste avec une douzaine d'autres titres, beaucoup ont choisi ce dernier roman de John Green, et en ont fait des critiques élogieuses : "J'ai vraiment aimé ce livre", "Il m'a amusée, touchée et émue", "Je trouve que c'est un superbe roman", "C'est l'une des plus belles histoires d'amour que j'ai pu ressentir par la lecture ou en regardant un film, après Titanic bien sûr" (sic). 

Mais moi... j'ai malheureusement été déçue. Oui, bien sûr, on retrouve la patte de ce romancier doué et efficace, les portraits sur le vif, les phrases qui font mouche, une progression habile du récit. Oui, Augustus et Hazel, ces deux adolescents atteints d'un cancer, le premier en rémission, la seconde en survie, sont deux personnages attachants. Tous deux ont la maladie ancrée dans leur corps, doté d'une prothèse de jambe suite à une amputation ou incessamment suivie d'une bonbonne d'oxygène, mais ils rayonnent de l'intérieur (sans mauvais jeu de mots...). Ils aiment la vie, ils aiment l'amour, ils aiment s'aimer, même si Hazel se fait un peu prier au début. Augustus est celui qui la fera sortir de sa dépression, ce sera son premier amour, toutes périodes confondues y compris avant la maladie. Tout cela mis en route par un petit coup de pouce du destin, personnifié par la mère de Hazel, si aimante et dévouée qu'elle accompagne sa fille aux séances du groupe de soutien qu'elle l'oblige à suivre, quitte à bouquiner des heures dans sa voiture en attendant qu'elle sorte. 

Voilà, en gros, les ingrédients d'un roman à succès, et ceux qui ont également provoqué ma déception. Car ce roman, contrairement aux précédents, manque pour moi de nuances, de fantaisie, et sombre dans un manichéisme presque teinté de culcultisme. J'ai eu l'impression d'assister à une romance à l'eau de rose, avec les jeunes héros beaux, forts et drôles, qui s'aiment et s'aimeront jusqu'au bout, malgré les obstacles. On me répondra : "Mais non, ils ne sont pas beaux, ils sont malades, c'est toute la force du roman, blabla". Sauf qu'à force de vouloir à tout prix faire rayonner les personnages, ils en finissent par ne plus être crédibles. Hazel, au début du roman, a l'air dépressive comme moi je suis nonne. Augustus, tout malade qu'il est, n'en ressemble pas moins au stéréotype du beau gosse dragueur de toutes les comédies américaines. Les parents de ces deux ados dégoulinent de gentillesse, de générosité et de courage. Même l'argent semble tomber du ciel pour permettre des voyages improbables, comme celui qu'entreprennent Augustus, Hazel et la mère de cette dernière, à Amsterdam, pour rencontrer un écrivain qui n'a pas fini la dernière phrase de son livre. Rencontre qui se transformera en cauchemar, car l'écrivain n'est pas le génie fascinant que les deux jeunes lecteurs imaginaient. On me dira : "Mais c'est ça, la fantaisie de John Green !" Moi, j'appelle ça de l'abracadabrantesque, qui n'apporte rien à l'histoire, selon moi. 

Bref, ce roman m'a donné l'impression pas tellement agréable que la vie, c'est censé être toujours beau, simple, fort, même quand on est malade et condamné, et qu'en gros, si on est déprimé, dépressif, malade et célibataire, avec des parents qui s'engueulent ou mal soignés dans des hôpitaux minables, c'est qu'on n'est pas normal. Je ne suis pas certaine que ce soit un message tellement positif. 

Alors, oui, cette histoire de destinée tragique respire l'amour d'un bout à l'autre, et je conçois qu'elle puisse faire rêver, faire rire, et, pourquoi pas, donner espoir. Je comprends le succès auprès des adolescents. Mais, selon moi, ce livre n'arrive pas à la cheville d'Alaska ou de Will, qui tombent beaucoup moins dans les clichés et la facilité. 

Pour contrebalancer cet avis assez dur et tranché, un petit lien vers Bricabook qui donne une autre critique

25 avril 2014

L'écume des jours

 

Un film à couper en deux : une première moitié qui ne m'a absolument pas touchée, puis une deuxième qui m'a beaucoup accrochée. 

A noter qu'on entend beaucoup moins Audrey Tautou dans cette deuxième partie, nécessairement : cela a certainement joué sur mon appréciation... Désolée, mais, après l'avoir aimée dans Amélie Poulain et adorée dans A la folie, pas du tout, là, je ne peux plus. 

Mais je vais tout de même proposer une explication un peu plus cinématographique et nuancée de cette différence, pour moi, entre les deux parties. 
La première tente de porter à l'écran l'univers archi-fantaisiste de Boris Vian. Pour cela, le réalisateur a utilisé toutes les possibilités du septième art : couleurs, sons, effets spéciaux, montage, mélange des genres. Mais... pffff. Comment rendre en image mobile les mots et les phrases de Vian, dont la poésie n'a d'égale que l'absurdité ? Comment tenir le rythme trépidant de cet humour hors du commun ? Michel Gondry a voulu, pour l'imiter, accumuler les images et les effets. Mais on frise l'indigestion : c'est trop, l'écran est saturé. Seules trois choses m'ont fait sourire (quand même) : la souris (plutôt sympathique), la tête d'Alain Chabat dans le frigo, et la scène du pompon à la patinoire. Bon. Ca ne fait grand-chose pour un début (je dis début, mais on en a bien pour une bonne heure en fin de compte). 
Autre phénomène de saturation : les acteurs. Alors, oui, on a un casting "de rêve" : du Romain Duris, du Audrey Tautou, du Omar Sy, du Gad Elmaleh... Mais, là encore : pffff. Ces acteurs portent trop de choses avec eux pour se fondre dans un univers lui-même déjà très intense. Dans cette première partie qui se veut clinquante et drôle, cela tourne à la compétition de gueules, à qui crèvera le plus l'écran. 
Puis le nénuphar arrive, et là... Tout change. Bizarrement, tout ce qui me semblait too much au début me paraît désormais fin et juste. Les acteurs gagnent à baigner dans un univers terne et oppressant. Audrey Tautou gagne à parler moins. Romain Duris gagne à sourire moins, tout comme Omar Sy. Le rythme gagne à être plus lent. La sensibilité entre enfin en scène. 
Et c'est dans les scènes finales de carnage, à la fois terribles et jouissives, que le talent du réalisateur me parle enfin. L'arrière-plan satirique est clair, mais en équilibre avec l'émotion. Autant j'avais du mal à ressentir la beauté et la gaieté dans lesquelles sont censées vivre Colin et Chloé au début, autant j'ai vécu en osmose avec le rétrécissement et l'enlaidissement de leur vie marquée par la maladie. 

Finalement, ce film valait le coup d'être vu, mais en oubliant, pendant la première heure, qu'il s'agit d'une adaptation. En ne cherchant pas à retrouver dans le film ce qu'on a pu éprouver à la lecture. Et en espérant secrètement qu'aucune autre oeuvre de Vian ne sera adaptée à l'écran, car une seconde expérience pourrait être fatale... 

Bande-annonce finale pour L'Ecume des Jours de Michel Gondry :

22 avril 2014

Chez Fleurus, Encyclopédie junior : Les mythologies

 Fleurus - Les mythologies - Avec un quiz de 50 questions offert.

Ce qui se cache derrière cette couverture pour le moins éclatante, c'est un foisonnement d'informations et d'illustrations, qui balaye le thème de la mythologie en parcourant tous les continents. L'Europe gréco-latine est présente évidemment, avec son panthéon bien connu, mais on rencontre aussi les dieux incas, hindous, africains, vikings, hittites ou encore celtes et aztèques. 

Chaque double page est savamment organisée, selon les principes qui régissent souvent les documentaires jeunesses : de courts paragraphes aux caractères typographiques plus ou moins grands selon l'importance de l'information traitée. Chaque double page peut ainsi nous offrir des définitions, des portraits de dieux ou de héros, de petits récits, voire des anecdotes moins connues. Les images sont une part essentielle de ce genre d'ouvrage, et je trouve celles de cet ouvrage particulièrement réussies : beaucoup de reproductions de sculptures, de toiles, de fresques pour permettre aux jeunes lecteurs d'appréhender l'histoire des arts, mais aussi de très belles illustrations en couleurs (pas moins de dix illustrateurs ont travaillé sur ce projet) qui aident à se plonger dans les récits fabuleux. 

Les auteurs sont tous des spécialistes, professeurs, chercheurs ou conservateurs, et l'équilibre est très juste entre nécessaire vulgarisation et exigence de qualité documentaire.

Au total, presque deux cents pages pour une somme très, très modique (dix euros seulement) : c'est pour moi un investissement extrêmement intéressant qu'on soit élève, professeur, ou simplement lecteur passionné. Pour ma part, je n'en ai pas encore fait le tour !  

22 avril 2014

Anne Jonas et Nancy Pena : Le bestiaire de l'Olympe

Et me voici enfin de retour, avec quelques lectures jeunesse pour tenter de cerner le vaste domaine de la mythologie. Domaine dans lequel les élèves sont souvent plus calés que moi... il fallait remédier à cela ! 

Je commence par ce recueil de courts récits (deux à trois pages chacun), très bien illustrés, dans un mélange de réalisme et de graphisme, avec une belle harmonie de couleurs dans les tons bruns et ocres. Ces récits retracent une grande partie des mythes grecs, de la création du monde à la guerre de Troie, par cet angle d'attaque original annoncé dans le titre : le bestiaire de la mythologie. 

C'est une façon vraiment surprenante de découvrir ou redécouvrir des histoires qu'on croyait pourtant connaître. On sait bien que le monde des dieux et des héros regorge d'animaux réels ou fabuleux. On connaît l'aigle qui dévore le foie de Prométhée, les compagnons d'Ulysse changés en porcs par Circé, le Minotaure ou encore le lion de Némée combattu par Hercule. Mais que nous évoquent les mots "belette", "coucou", "fourmi" ou encore "perdrix" que l'on trouve dans le sommaire ? C'est nettement moins évident. 

J'ai donc beaucoup aimé cette originalité, ainsi que la narration, fluide et simple, qui promène agréablement le lecteur de récit en récit. A recommander à petits et grands. 

 

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Le royaume de Kensuké

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