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La petite Mu qui plume

30 décembre 2013

Michel Pastoureau : Bleu. Histoire d'une couleur

 Un an que j'avais ce petit ouvrage chez moi (depuis le dernier swap - voir ici, ici et ici -, swap dans lequel j'avais également reçu Le bleu est une couleur chaude, dévoré immédiatement). Mais, pour ce qui est des essais, ou, plus généralement, des ouvrages non narratifs, j'ai des périodes. Et là, c'en est une : je viens de recevoir de beaux livres sur le Moyen Âge et le voyage, et je suis tout à fait d'humeur à lire de l'Histoire. 

Ce Bleu est une lecture rapide et très plaisante. Personnellement, l'histoire des symboles me fascine, car elle est une porte d'entrée vers l'interprétation de nombreuses oeuvres, picturales, littéraires, musicales... Et l'histoire des couleurs est peut-être à la source de toute histoire des symboles. 

On apprend, dans ce petit ouvrage de Pastoureau, beaucoup de choses sur la perception des couleurs de l'Antiquité à nos jours : couleurs aimées, couleurs ignorées, couleurs prescrites et proscrites. Ainsi, il est étonnant, et très intéressant, de savoir qu'avant d'être la couleur préférée des Européens, comme il l'est actuellement, le bleu a d'abord été une couleur mal-aimée, délaissée, voire considérée comme infâmante. Et ce, jusqu'aux débuts du Moyen Âge. Pourtant, on a l'impression de l'avoir vu partout et tout le temps, ce bleu, y compris dans les tableaux médiévaux : moi qui ai dit à mes élèves de troisième, en commentant et comparant des Vierges à l'enfant, que c'était la couleur qui revenait le plus et qu'elle représentait le sacré ! Bon, je n'étais pas complètement dans le faux, puisque ce fut le cas à partir du XIIe siècle, mais j'ignorais qu'un basculement dans la hiérarchie des couleurs s'était produit peu de temps avant. 

Outre l'histoire de cette évolution générale, le livre fourmille aussi de petites anecdotes à glaner çà et là : j'y ai appris, notamment, l'existence d'une querelle entre prélats chromophiles et prélats chromophobes (donc partisans ou adversaires de la couleur, en tant qu'elle représentait soit le divin, soit, au contraire, la matière vile) ; j'ai découvert que le bleu de Prusse, tant aimé des peintres, n'était né que d'une manipulation ratée par la faute d'un pharmacien malhonnête ; j'ai (re?)lu les débuts cafouilleux de notre cocarde tricolore... 

Seul bémol : Michel Pastoureau se répète, souvent (j'ai parfois même eu l'impression de paragraphes entiers copiés-collés d'un chapitre à l'autre). Une amie me l'a confirmé à sa lecture du Petit livre des couleurs. En même temps, n'est-ce pas le propre de toute personne qui cherche à enseigner quelque chose que de se répéter jusqu'à ce que le message soit ancré dans l'esprit de son disciple ? Je suis bien placée pour le savoir... 

Je n'ai plus qu'une hâte : lire ses autres ouvrages actuellement parus (Noir, Vert), feuilleter la version illustrée du Bleu, et, peut-être, découvrir les autres essais de ce spécialiste des images et des symboles. 

Un an plus tard, merci Supersoso, ma swappeuse de l'époque ! 

 

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30 décembre 2013

Anne Perry : Nouveaux contes de Noël

Le livre que j'ai reçu dans le swap de cette année ! (voir cet article pour rappel de la définition d'un swap ; voir également chez Les mains de la petite Mu pour le colis que j'ai moi-même envoyé)

Ce fut une bonne surprise. Je ne connaissais pas les textes d'Anne Perry (encore moins sa vie : j'ai appris sur Wiki qu'elle avait été arrêtée pour meurtre dans sa jeunesse...), seulement son nom, vaguement. J'ai donc découvert son univers, le polar victorien, par le biais des quatre récits brefs contenus dans ce deuxième opus (du coup, le premier me tente bien, maintenant !). 

Ce fut assez magique car chacun des récits se déroulait dans une ambiance différente, mais qui me parlait tout à fait à chaque fois : des îles désolées, de petits villages traversés par de terribles tempêtes, les bas-fonds de la ville de Londres... Avec, comme point commun, une enquête en milieu fermé, dans des microcosmes sociaux qui constituent les théâtres idéaux d'une affaire pleine de mystère, où tout le monde se met à soupçonner son voisin, sachant que le coupable ne peut être que tout près. C'est un choix tout à fait judicieux pour des récits policiers, avec, à chaque fois, un personnage d'enquêteur extérieur à ce microcosme, évidemment plus à même de démêler les histoires du présent et du passé que les habitants bien trop occupés par la méfiance, la honte ou la peur. 

Au final, donc, des histoires agréables à lire, dans un univers qui m'a fait me sentir comme un poisson dans l'eau (Noël, le froid, le Nord...). Le format du conte, par ailleurs, m'a très bien convenu : plus de pages et ç'aurait été trop. Finalement, les meilleurs polars sont peut-être les plus courts (voir ma critique du Cerveau de Kennedy où je me suis ennuyée, ennuyée...) ; à moins qu'une trop grande habitude des séries télévisées, aux épisodes de quarante minutes, m'ait formaté l'esprit ?...

En tout cas, merci encore à ma swappeuse ! 

28 décembre 2013

Tanguy Viel : La disparition de Jim Sullivan

Challenge Petit Bac 2013 : 1ère grille! : un prénom en catégorie "Divers"

Une déception pour ce livre présenté lors d'une édition spéciale de l'émission "La Grande Librairie" sur France 5, dans laquelle étaient invités non seulement des écrivains (j'y ai découvert le visage d'Eric-Emmanuel Schmidt, d'Agnès Desarthe, mais aussi Sylvain Tesson, dont je m'apprête à lire le journal Dans les forêts de Sibérie, reçu à Noël), mais aussi des libraires de la région Rhône-Alpes, puisqu'exceptionnellement, l'émission avait été tournée dans les locaux de la librairie Decitre, à Lyon. Et ce roman de Tanguy Viel, dont j'ignorais l'existence jusque là, avait été présenté de manière tout à fait alléchante par un libraire de chez Lucioles, mon fournisseur le plus ancien. Je m'étais empressée d'aller l'acheter (moi qui n'achète que très, très rarement des romans neufs). 

L'idée était bonne : c'est le récit d'un écrivain qui veut fair, pour une fois, un roman "international". Par international, il entend un roman qui ne se situera pas en France mais aux Etats-Unis. Plus précisément à Detroit, Michigan, ce qui fonctionne nettement mieux pour les lecteurs qu'au pied de la cathédrale de Chartres. A partir de là, tous les ingrédients classiques du roman américain ne seront pas de trop pour donner corps à ce projet. En quatrième de couverture, le narrateur (l'écrivain, donc) déclare : "il fut vite très clair que beaucoup de choses se passeraient à Detroit, Michigan, au volant d'une vieille Dodge, sur les rives des grands lacs. Il faut clair aussi que le personnage principal s'appellerait Dwayne Koster, qu'il enseignerait à l'université, qu'il aurait cinquante ans, qu'il serait divorcé et que Susan, son ex-femme, aurait pour amant un type qu'il détestait." Et vous aurez droit aussi au motel de la route 66, au hockey sur glace, au barbecue sur la pelouse. Bref, un roman américain, quoi.
Mais attention : le roman qu'on a entre les mains n'est pas ce roman international écrit par notre narrateur, mais l'histoire de ce roman racontée par son créateur. Une mise en abyme pour le dire plus clairement. Quelque chose que les éditions de Minuit connaissent bien, elles qui ont publié les Nouveaux Romanciers. Mais, voilà, justement, où est le problème du roman de Tanguy Viel : il sonne bien trop comme un exercice de style qui arriverait un siècle trop tard pour être un véritable chef-d'oeuvre. C'est-à-dire que, pour ma part, j'aurais salué cet exercice s'il ne m'avait pas paru lu et relu ; dans le cas présent, la trop grande attention à la performance m'a complètement désintéressée de l'histoire à proprement parler. Les phrases sont interminables, mais n'est pas Claude Simon qui veut - et d'ailleurs, on n'est pas obligés d'aimer Claude Simon. 

Je ne sais pas quel était le but de Tanguy Viel, exactement : sur quel chemin souhaitait-il engager son lecteur ? Certes, cette parodie de la littérature américaine arrache parfois des sourires, elle fait réfléchir à tous ces romans qu'on a lus et appréciés sans noter cette abondance de clichés. Mais, encore une fois, cela ne va pas au-delà. J'ai commencé à m'ennuyer au bout des trois premiers chapitres. C'est dommage car le livre me semblait plein de promesses. 

 

27 décembre 2013

Julia Billet : La guerre de Catherine

Voici un récit de guerre (la Seconde) qui s'appuie sur des faits réels quelque peu méconnus, donnant ainsi un petit goût atypique à une histoire qui donne pourtant l'impression d'être lue et relue : la destinée d'une fillette juive en France pendant l'Occupation allemande. 

Ces faits réels, c'est l'existence d'une école un peu particulière, la Maison des enfants de Sèvres, fondée en 1941 par Yvonne Hagnauer, surnommée "Goéland" (dans le livre également). Particulière car cette Maison avait pour vocation, à l'origine, d'héberger "des enfants de la région parisienne victimes des restrictions alimentaires" (source : Wikipédia), ce qui s'est très vite transformé en protection des enfants victimes de la guerre, cachés sous de fausses identités pendant que leur famille était, bien souvent, déportée. 

Notre héroïne, Catherine, vit d'abord dans cette Maison, qui est donc comme une seconde famille pour elle. On y vit à l'écart des événements terribles qui secouent la France, un peu coupé du monde : c'est le souhait de la directrice, de son mari, et des différents adultes qui encadrent les enfants. Catherine est persuadée de revoir bien vite ses parents, et connaît donc un bonheur relatif au milieu de ses amis, et grâce à une passion transmise par le mari de la directrice : la photographie. Armée de son appareil, un Rolleiflex, elle capte tout ce qui lui paraît magique et important : des visages, des sourires, des regards, des danses. 
Mais un jour, la guerre s'invite sans prévenir dans la Maison, en la présence d'officiers allemands qui viennent fouiller pour retrouver les enfants juifs. Catherine, comme d'autres, doit s'enfuir. Mais sa destinée sera unique, comme celle de tous ses camarades. Elle est ballottée de foyer en foyer, de cachette en cachette, grâce à la grande toile invisible des résistants de l'ombre, des hommes et des femmes ordinaires, mais prêts à risquer leur vie pour protéger des enfants. Elle fera de nombreuses rencontres, qu'elle immortalisera à l'aide de son Rolleiflex. 

C'est ce thème de la photographie qui m'avait plu et m'avait poussée à ouvrir ce livre. Un angle intéressant pour parler de ce voyage de fugitive. Je ne m'attendais pas, en revanche, à la présence forte du thème de l'éducation, ni à la manière dont ce thème serait traité. La Maison de Sèvres, en effet, tire aussi son originalité de la pédagogie "moderne" sur laquelle elle s'appuie. Inspirée des théories de Freinet et d'Ovide Decroly, il s'agit de laisser la plus grande place possible à l'autonomie des enfants, à privilégier les moyens d'expression, censés développer cette autonomie, et non les "objectifs" de l'école traditionnelle. 
Bon. Disons que, sans avoir été prévenue, j'ai été agacée dès le début par ce raccourci, fait par le personnage de Catherine (mais certainement aussi l'auteure, qui est la fille de l'une des enfants cachés pendant la Seconde Guerre Mondiale), entre école traditionnelle et oppression. Et, évidemment, de l'autre côté, Résistance et pédagogie nouvelle. Ne sachant pas, au début, que cette Maison avait réellement existé, et qu'elle avait réellement été un lieu de résistance, j'ai cru à un discours construit par l'auteure pour cracher sur une école traditionnelle dont elle aurait souffert enfant. Alors, du coup, évidemment que le lien devait se faire, puisqu'il repose sur des faits réels. Et on peut tout à fait concevoir que l'auteure, en voulant rendre hommage à sa mère, ait voulu aussi rendre hommage à ce lieu qui fut non seulement un lieu d'éducation mais aussi un lieu de protection pour elle. La seule chose que je puisse dire, donc, à ce sujet, est que je n'ai pas été convertie, pédagogiquement parlant, suite à ma lecture !

Pour ce qui est du roman à proprement parler, il répond aux attentes que l'on peut avoir face à un tel récit. On s'attache à l'héroïne, ainsi qu'aux personnages secondaires. On lit une autre histoire de la Résistance. Ce fut une lecture plaisante, mais d'un style qui ne m'a pas transportée jusqu'aux émotions extrêmes. Un bon livre, peut-être davantage pour son aspect documentaire que son aspect littéraire, donc. 

 

NB : Un certain nombre de liens serait évidemment utile à la lecture d'un tel article, mais la fonctionnalité ne marche pas pour le moment... je vous laisse donc chercher seuls, chers lecteurs, les informations qui vous paraîtront utiles sur la Maison, la pédagogie d'Ovide Decroly, etc. 

21 décembre 2013

La petite Mu vous écoute !

Je peux voir que mon dernier message (Lire en cours de français) est devenu le message le plus lu, actuellement, de mon blog (eh oui, je sais tout, je vois tout !...). 

Je l'ai fait pour vous, mes lecteurs profs (les autres aussi, mais j'imagine que ça leur parle un peu moins), mais aussi un peu pour moi : n'hésitez pas à me laisser des commentaires, pour me dire si vous procédez comme moi, si vous faites d'autres titres en classe, si vous avez eu un retour complètement différent de vos élèves par rapport aux miens... Bref, je serai ravie si ce message pouvait amener des échanges pédagogiques sur ce forum. 

Les autres aussi ont bien sûr droit à la parole ! Vous avez tous des souvenirs de collégiens et collégiennes, vous pouvez aussi me dire si vous avez gardé un souvenir impérissable - ou pas - de certaines oeuvres que je cite. 

A vous de jouer ! 

En attendant, la petite Mu va se remettre à la lecture (une critique en attente, plein de livres dans ma bibliothèque qui me tendent la main, ce challenge petit bac qui n'avance plus...), mais, pour l'heure, elle est plutôt dans la brico-création (voir ici). Et elle a déjà mis des cadeaux dans sa hotte pour le prochain concours, spécial nouvelle année ! 

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17 décembre 2013

Quand mes élèves créent...

Quelques productions (plus ou moins) récentes : 

D'abord, je ne vous avais pas montré mes abécédaires de cette année (pour la définition d'un abécédaire version scolaire : à suivre, un article sur mes différentes fiches de lecture arrivera pendant les vacances - qui elles-mêmes arriveront bientôt ^^) : 

P1020678

 

A l'arrière, non, vous ne rêvez pas, un élève m'a carrément donné un "abécédaire de l'avent" : une lettre par fenêtre, les définitions soigneusement écrites (à l'aide de la maman, certes...) derrière les carreaux... Autant vous dire que cette oeuvre est exposée au fond de ma salle, et qu'elle le sera longtemps ! 

Je vous laisse admirer :

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Et, tout frais d'aujourd'hui, la boîte à contes de mes sixièmes de l'angoisse (je reprends l'expression du blogueur Celeborn...). 

 

Boîte à contes

 

Teaser : 

Tremblez, héros et héroïnes d'écrivains en herbe ! Quand votre créateur plongera la main dans cette boîte, il en sortira un terrible sortilège, que vous serez alors obligés de subir... Heureusement, au dos de la carte se trouve le personnage ou l'objet qui vous aidera à rompre le sortilège. 

Le principe, en plus clair : 

Une de mes deux classes de 6e a réalisé ces cartes, comportant deux choses : 
- un sortilège (métamorphose en animal, suppression ou ajout d'une partie du corps...) ;
- un élément adjuvant : un personnage ou un objet qui délivrera la personne touchée par le sortilège. 

Chaque élève de mon autre classe de 6e tirera l'une de ces cartes au sort, et devra intégrer ces deux éléments à la suite d'un conte dont il a déjà écrit le début (c'est compliqué ? Je vous ai perdu ? Attendez, c'est pas fini ^^)

Sachant que les élèves ayant réalisé les cartes devront aussi tirer au sort l'un des débuts faits par les élèves de l'autre classe, et en écrire la suite, en y intégrant leurs contraintes (sortilège et adjuvant). 

Le but est d'avoir, à la fin, deux contes ayant le même début (situation initiale et élément perturbateur) mais pas la même fin. 

(Bon, maintenant que j'ai fini d'expliquer, vous pouvez poser vos questions !)

La boîte sera certainement améliorée : décoration, cartes refaites en supprimant toutes les fautes d'orthographe (que j'avais pourtant guettées et corrigées sur les brouillons, mais, décidément, les élèves ne sont pas capables de recopier correctement...). 

A suivre, donc ! 

9 décembre 2013

La petite Mu a un deuxième blog...

... et il n'a pas grand-chose à voir avec le premier ! 

Il s'agit d'un blog consacré à ses créations manuelles, loisirs créatifs, déco, tout ce que vous voulez... Elle aime bien partager, alors vous pouvez aller y jeter un coup d'oeil, même si c'est loin d'être parfait (très loin, même !). 

Si ça vous tente, c'est par ici : 

Les mains de la petite Mu 

                                  P1020702

 

 

(En vrai, j'ai longtemps hésité à en divulguer le lien, mais en même temps, s'il est sur le Net, c'est bien pour qu'on le regarde...)

 

Et continuez d'aller sur le blog de mes copines (voir en bas à droite) car il y a plein de nouveautés ! 

Lumières et teintes : carnet d'images

Adafé

9 décembre 2013

Du vent dans mes mollets : le film de Carine Tardieu (2012)

affiche Du vent dans mes mollets

Je vous avais promis un petit topo comparatif "livre/film" sur cette bande dessinée que j'ai découverte il y a peu (si, si, souvenez-vous). Eh bien, le voici ! 

J'ai été fort agréablement surprise de ce film dont je n'attendais pas grand-chose : la bande dessinée est si courte et d'une structure si particulière que je voyais mal comment on pouvait en tirer quelque chose de valable pour un long métrage. Mais le pari est remporté haut la main. La réalisatrice a su se frayer un chemin avec habileté dans les pages du texte d'origine. Ce n'est pas une transposition, mais bien une relecture, parfaitement adaptée aux acteurs, de sacrées pointures : Podalydès, qui ne vient pas de la Comédie française pour rien, Isabelle Carré, qui colle tout à fait à son rôle de maman solo un peu déjantée, et Agnès Jaoui, tout simplement parfaite, très juste, très émouvante surtout. Et bien sûr, les deux petits : Rachel, l'héroïne, et sa meilleure amie Valérie, débordantes d'une vitalité qui transperce vraiment l'écran. 

La thématique des séances de psy est un peu mise à distance, au profit d'incursions plus fouillées dans la vie familiale de Rachel, mais aussi de Valérie. Je me demandais comment il allait être possible de "mettre" dans le film le discours intérieur de Rachel qu'on lit dans la BD, avec tout ce qu'il a de corrosif, de mordant, de provoquant. Eh bien, le choix a été simple mais efficace : c'est sur les parents qu'a été reporté ce discours, et c'est avant tout sur eux que repose l'humour, bien présent, du film. D'autres thèmes, non traités (ou très peu) dans la BD, apparaissent alors : le mal-être du couple constitué par les parents de Rachel, le jeu de séduction entre son père et la mère de Valérie. A l'histoire d'une enfant mal dans sa vie et dans sa peau s'ajoute alors celle d'adultes tout aussi paumés et en quête de bonheur. L'ensemble est très beau, on passe sans problème du rire aux larmes (heureusement que je connaissais la fin, sinon je me serais noyée...).

 

Bref, une très belle réussite, qui n'enlève rien au livre mais ajoute beaucoup au cinéma. 

9 décembre 2013

Henning Mankell : Le cerveau de Kennedy

Challenge Petit Bac 2013 : 1ère grille! : une partie du corps en littérature scandinave

Bon. De Mankell, j'avais déjà lu Les chaussures italiennes  et, comme vous pourrez le voir si vous allez lire mon (vieil) article, je n'avais pas trop aimé. Mais, quand on cherche des auteurs scandinaves, on tombe forcément sur lui, et il a écrit beaucoup de polars (dont beaucoup avec des titres intéressants pour le challenge ^^). Il fallait donc que je m'y collasse. 

Le cerveau de Kennedy ne fait pas partie sa série de polars à proprement parler, en tout cas pas la série de l'inspecteur Wallander. Mais il est quand même le récit d'une enquête : celle d'une mère, archéologue de métier, qui découvre le corps de son fils, dans l'appartement de ce dernier, à Stockholm. Quand la police lui parle de suicide, elle n'y croit pas. Son instinct et ses recherches la mèneront dans des parties du monde aussi diverses que l'Espagne, l'Australie ou l'Afrique. En suivant les traces de son fils, elle découvre certaines réalités sordides concernant l'épidémie du SIDA, et des personnages à la face bien obscure. 

Mais tout ça, ça fait trop. Trop de personnages, trop de pistes, trop de voyages, trop de sujets. Attention, spoiler : le titre est plus un leurre qu'autre chose car, à moins que j'aie mal lu (ce qui est tout à fait possible, vu le labeur que cette lecture fut pour moi), ce n'est absolument pas un aspect important de l'histoire. La quatrième de couverture me promettait des découvertes spectaculaires, je n'ai eu l'impression que de patauger dans la gadoue d'un bout à l'autre du roman. Malgré sa longueur, il ne dénoue clairement aucune piste, et se clôt lamentablement sur une fin ouverte dont un lecteur de roman à suspense n'a que faire.

Donc, trop de questions, pas assez de réponses : ce fut encore une fois une rencontre ratée avec ce soit-disant maître de la littérature. 

9 décembre 2013

Tuomas Kyrö : Les tribulations d'un lapin en Laponie

Challenge Petit Bac 2013 : 1ère grille! : un animal en littérature scandinave

(Me revoici après une longue période d'absence ! Les mois de novembre et décembre sont rarement riches en temps libre pour les enseignants...)

Donc, quelques mots sur cette couverture que vous voyez depuis un petit moment déjà sur le côté du blog...

Le titre était sympa, la quatrième de couverture parlait d'un conte philosophique à la Candide... J'envisageais donc cette lecture avec plaisir. J'en suis sortie avec un gros point d'interrogation. 

L'histoire est abracadabrantesque, et c'est le but : un Roumain tout ce qu'il y a de plus ordinaire, qui souhaiterait offrir à son fils la paire de chaussures de foot à crampons dont rêve ce dernier, se retrouve à mendier dans les rues d'Helsinki. Mais il y a pire : il se rebelle, se met à dos police et mafia, et doit donc prendre la route. C'est le début d'un long périple, accompagné du fameux lapin (un "lièvre", en fait, dans la traduction) dont il a croisé la route par hasard. 
L'ironie du sort vient du fait qu'au fur et à mesure de son voyage, et surtout de ses rencontres, Vatanescu, le Roumain, devient une célébrité pour des raisons bien mystérieuses à ses yeux. J'avais vu peu de temps avant le film Superstar, avec Kad Merad, et les deux histoires présentent pour moi des ressemblances. 

Ce n'est pas le côté loufoque qui m'a gênée, bien au contraire : en fait, j'en aurais voulu plus. Plus de fantaisie, plus d'humour, plus de mordant. A certains moments, on perd un peu le fil. Le fait qu'il y ait peu de véritables dialogues (de Vatanescu, on "n'entend" quasi jamais la voix, seulement ses pensées) m'a peut-être aussi manqué. 

Sans doute me manquait-il aussi deux références littéraires pour apprécier pleinement ce roman : Les tribulations d'un Chinois en Chine de Jules Verne, et Le lièvre de Vatanen, d'Arto Paasilinna. A ajouter donc à ma liste de lectures pour, peut-être, ensuite, relire les aventures de Vatanescu et de son lièvre. 

14 novembre 2013

Marie-Aude Murail : 3000 façons de dire je t'aime

Rentrée littéraire 2013

 

Légère déception pour ce livre que j'attendais tant. Et il m'est assez difficile de mettre le doigt sur ce qui m'a manqué. 

Je commence donc par les points positifs : c'est une jolie réflexion, bien moins légère qu'elle n'en a l'air, sur l'amour, mais aussi sur les relations humaines en général. En cela, le titre correspond parfaitement : il y a 3000 (et plus) façons de dire je t'aime, qu'on soit sur les planches, ou pas. Je rappelle en effet que le roman se situe dans l'univers du théâtre : trois adolescents (une fille et deux garçons), dans la même classe en 5e, se retrouvent des années plus tard au Conservatoire, et vont vivre ensemble une année pleine d'espoirs et de doutes, rythmée par les répétitions en compagnie de leur professeur, ou "hors champ", dans leur vie quotidienne. 

Evidemment, c'était très habile de camper un roman sur l'amour dans cet univers-là. Du vaudeville à la tragédie, des comédies de Molière aux drames hugoliens, que de scènes prêtes à être réinterprétées sous la plume avertie de l'auteure ! Et quelle formidable métaphore des aléas de la relation amoureuse ! En tant que littéraire, je ne pouvais qu'apprécier ce roman bourré de références et de mise en abyme, et ce n'est pas là-dessus que j'ai été déçue, bien au contraire. C'est tout à fait un roman de lecteur qui donne envie de lire (et de relire) le répertoire théâtral de notre histoire littéraire. 

J'ai aussi aimé la subtilité du discours, qui m'a beaucoup fait penser à Simple, bien plus qu'aux autres romans de Marie-Aude Murail. L'idée de triangle amoureux, la fascination qu'ont les trois grands ados / jeunes adultes pour leur professeur, autant de choses qui donnent une représentation de l'amour bien moins naïve que dans de nombreux romans de littérature jeunesse - y compris certains de la même auteure, d'ailleurs. De fait, on en ressort très ému, assez bouleversé, avec cette impression d'avoir discuté avec des amis, d'être dans la vraie vie. 

Peut-être que ce qui m'a manqué, c'est un peu d'humour, que l'écrivaine semble avoir voulu laisser de côté pour mettre l'accent sur quelque chose de plus profond. Par ailleurs, je pense aussi avoir souffert d'un choix stylistique (qui m'a semblé surtout être une absence de choix), celui de raconter l'histoire du point de vue des trois personnages en même temps, une sorte de mélange entre narration interne, externe, omnisciente, qui ne m'a guère convaincue. Enfin, l'histoire manquait de rythme  à mon goût : j'ai été habituée à davantage de nervosité avec la série des Nils Hazard, ou même Oh, boy !

Cela reste un beau roman, qu'il faut lire, selon moi. Mais sans forcément avoir envie de lire "du Marie-Aude Murail". 

14 novembre 2013

Stefan Mani : Noir Océan

Challenge Petit Bac 2013 : 1ère grille! : une couleur en littérature scandinave

"Ensuite, direction le centre-ville, où Jon Karl possède un appartement au dernier étage d'un immeuble récent du quartier de Skuggahverfi, le quartier des Ombres. Là, il bourrerait tout le monde de coke et baiserait ces deux pouliches jusqu'à ce que le foutre coule de leurs yeux brillants de larmes. "

Voilà ! Vous venez de faire la connaissance de Jon Karl, alias le Démon, l'un des protagonistes de ce polar bien noir en eaux salées. Ca donne envie, hein ?

Noir Océan, roman islandais qui a reçu un prix, est un récit très foisonnant. Le principe est assez simple, et efficace : on réunit neuf marins, ayant tous un passé trouble et des poids sur la conscience, dans un navire en partance pour le Surinam. On en choisit cinq pour fomenter une mutinerie - en effet, la compagnie a prévu de les licencier sitôt rentrés au port, ils prévoient donc de couper les moteurs en pleine mer pour mettre la pression sur le capitaine -, on en remplace un par un truand sans pitié, on fait se lever une tempête terrible, et on laisse tout ce petit monde s'entretuer gentiment. C'est assez crade, sinistre et tout ce que vous voulez, mais plutôt réjouissant, car on relève çà et là quelques traits d'humour (forcément noir) bien placés. C'est franchement farfelu à certains moments, à force de coïncidences ou de rebondissements abracadabrantesques. Un passage me semble assez révélateur de ces caractéristiques (ATTENTION : SPOILER ; ce passage révèle certaines choses que l'on ne sait pas au début du roman) : 

"Pour commencer, on l'attire sur ce navire et on le plante dans cette cabine, comme s'il n'y avait rien de plus naturel. Ensuite, ce commandant en second vient lui raconter que tous les hommes à bord le prennent pour son beau-frère et qu'il vaut mieux les laisser le croire, puisque, de toute façon, il occupe son poste. Puis, voilà que le même commandant en second lui verse cinq millions pour se prêter à ce jeu stupide. Il y a des hommes à bord qui se baladent avec des fusils démontés à la faveur de la nuit pendant que d'autres s'abrutissent à fumer du cannabis et racontent des histoires à dormir debout sur les dieux antiques et le destin de l'humanité. Le commandant se pointe en robe de chambre à la passerelle dans l'unique but de découvrir qui est allé aux chiottes et à quel moment alors que son second s'efforce de l'embrouiller en accusant Jon Karl d'un truc dont il ne comprend même pas la nature. [...] Et maintenant ce satané téléphone par satellite est bousillé, quand Jon Karl se rappelle justement qu'il doit passer un coup de fil chez lui, alors là, la coupe est pleine ! [...]
C'est déjà assez foutrement déplaisant pour lui de se retrouver comme un naufragé surnuméraire à bord de ce bateau en compagnie d'hommes qu'il ne connaît ni d'Eve ni d'Adam. Même si tous les individus en question ne sont pas forcément en proie à des errements philosophiques, à des doutes sur leur santé mentale et sur celle de leurs compagnons, même s'ils ne se faufilent pas tous dans la nuit en s'accusant constamment de trahison, de fausseté ou de négligence, certains possèdent l'un de ces traits de caractère et d'autres les ont tous sans exception."

Le roman se veut aussi une réflexion sur la condition humaine, la notion de destin, les relations entre les hommes. Il se fait de plus en plus philosophique au fur et à mesure qu'on avance dans la lecture, et même carrément mystique sur la fin - qui m'a laissée perplexe, je dois le dire. 

Au final, c'est un bon huis clos, qui aurait cependant, à mon goût, gagné à être plus réaliste et moins psychédélique. 

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Le royaume de Kensuké

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