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La petite Mu qui plume
17 juillet 2016

Rainbow Rowell : Eleanor Park

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Allez, un dernier post avant la trêve estivale. Mais non des moindres. Ce roman est sorti depuis 2012 déjà, je ne l'ai lu qu'il y a quelques semaines cependant. Si vous ne le connaissez pas encore, vous allez, comme moi et comme beaucoup d'autres, en prendre plein les mirettes. 

Il est de moins en moins rare, aujourd'hui, que les protagonistes d'une histoire d'amour soient des personnages atypiques, loin des stéréotypes du beau gosse et de la belle nana aussi rayonnants l'un que l'autre. John Green, notamment, s'est engagé sur cette voie, même si, dans Nos étoiles contraires, j'avais trouvé Hazel et Augustus un peu trop "tout" pour être honnêtes. Enrevanche, dans le roman de Rainbow Rowell, Eleanor est vraiment trop ronde pour les standards de la beauté, ne s'habille vraiment pas comme les autres, et, pour couronner le tout, elle a une vie vraiment difficile, du genre à devoir partir de sa maison parce que son beau-père ne veut pas d'elle. Park, lui, pourrait davantage se fondre dans la masse, s'il n'avait pas les traits coréens de sa mère, ce qui, pour la brute épaisse qui fréquente son lycée, est censé faire de lui un spécialiste de kung-fu. Eleanor est aussi tape-à-l'oeil que Park est discret. Mais, et ça n'a rien de particulièrement original d'ailleurs, ils vont quand même tomber amoureux l'un de l'autre, et pas qu'un peu. 

A partir de là, vous allez voir se dérouler tout au long de votre lecture les ingrédients assez habituels d'une romance adolescente : les déboires du lycée (la brute épaisse étant un incontournable du genre), les relations pas toujours simples avec les parents, les frères et les soeurs, la naissance des émotions, des émois, des sensations. Le style non plus ne semble avoir rien d'absolument différent, inimitable (moins percutant que celui de John Green, par exemple). Mais c'est l'équilibre parfait de tout, les portraits, les dialogues, le récit, qui crée l'alchimie et fait qu'on n'arrive pas à lâcher le roman d'un bout à l'autre. Je dis bien d'un bout à l'autre, car, contrairement à Plume de Cajou, j'ai aussi aimé la fin (le genre à vous faire éteindre la lumière à trois heures du matin parce qu'il est impensable de s'endormir sans l'avoir lue). 

Ce que j'ai retenu par-dessus tout, c'est la peinture très juste des sensations physiques, de tout ordre, provoquées par la rencontre puis l'histoire d'amour. Ca commence de manière anodine, avec ce genre de phrases : "Ce matin-là, en cours de littérature, Park a remarqué que les cheveux d'Eleanor étaient d'une nuance de rouge plus douce au creux de sa nuque." Il n'y a absolument rien d'explicite dans cette phrase, mais l'adjectif "douce" envahit tout le propos, et on ressent à la fois la fascination de Park pour Eleanor et sa volonté de ne pas se laisser embarquer dans des sentiments qu'il ne contrôlerait pas. Mais ces sentiments les envahissent, l'un comme l'autre : "Alors il a laissé glisser la soie et ses doigts dans la paume ouverte d'Eleanor. Et Eleanor s'est désintégrée." Arrivé vers la fin du roman, il y a des pages magnifiques sur le désir qui naît entre les deux corps. Magnifiques car précises et subtiles à la fois, naïves et réalistes en même temps. C'est ce qui, à mes yeux, a rendu l'histoire d'amour crédible, car ce désir transcende toutes les différences et toutes les difficultés qui se placent entre Park et Eleanor. 

C'est donc peu de dire qu'il s'agit là d'un roman fort : des personnages forts, dont la flamboyance, assumée ou non, se révèle au fur et mesure de l'histoire, des évènements non moins forts, car le quotidien d'Eleanor est dur, et l'histoire ne cherche pas à nous le cacher. Au contraire, cela devient partie prenante de l'intrigue amoureuse. Fort aussi comme les sentiments qui transpirent entre les mots, comme la musique que Park et Eleanor s'échangent, et dont l'auteure a eu le bon goût de nous fournir la playlist sur son site. Je suis fan de cette tendance (depuis quelques années déjà) à créer de véritables bandes-sons à l'intérieur des romans : Jean-Noël Sciarini, pour ne citer que lui, le fait aussi. Ah, et Marion Brunet, aussi (je savais bien que j'avais vu ça ailleurs aussi). Bref, un vrai beau livre qu'il faut lire et faire lire autour de vous. 

C'est l'occasion de vous glisser une petite check-list des romans d'amour "Young adults" à mettre dans votre valise ou dans celle de vos ados, s'ils n'ont pas été déjà lus. De John green, plutôt que Nos étoiles contraires, jetez-vous plutôt sur Qui es-tu, Alaska ? ou bien sur Will and Will, co-écrit avec David Levithan. Pensez aussi à Marie-Aude Murail et ses 3000 façons de dire je t'aime ou à La face cachée de Luna de Julie Anne Peters. Pour les amateurs de dystopie, Hunger Games possède bien sûr de belles pages sur les sentiments amoureux complexes de Katniss, mais on peut en trouver aussi dans la série Uglies de Scott Westerfeld, ou, côté français, dans les romans de Jean-Claude Mourlevat, Le combat d'hiver ou Terrienne. Enfin, pour les passionnés de Moyen Âge, il y a ma découverte de Meg Cabot, Avalon High

Ainsi, vous ne manquerez pas d'amour pour cet été ! 

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Le royaume de Kensuké

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