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La petite Mu qui plume
25 août 2013

Ca me file le bourdon

Vite lu... assez vite oublié . Les critiques redoublent d'éloges sur ce recueil de nouvelles qui suivent les déboires et aventures d'un collégien en pleine traversée d'adolescence. Personnellement, je n'ai pas trouvé l'écriture exceptionnelle, ni le personnage marquant. C'est assez fantaisiste parfois, ça peut changer un peu de certains récits archi-stéréotypés, mais sans plus. La première nouvelle, à la limite, est assez intéressante, avec un travail sur le suspense et sur la chute.

Le site des éditions Thierry Magnier m'apprend qu'Hervé Giraud est l'auteur de deux autres recueils, Pas folle la guêpe et Quelle mouche nous pique (on note évidemment le travail de métaphore filée sur le monde des insectes). Je ne suis pas arrivée à savoir, en revanche, s'il s'agissait du même personnage principal ou non. Peut-être essaierai-je de découvrir ces autres recueils, pour me faire une idée plus précise du style de l'auteur.

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18 juillet 2013

Celui qui n'aimait pas lire

"Parfois , je me dis qu'il suffirait d'interdire les livres aux enfants pour leur donner envie de lire..."

Dans cette phrase, tout est dit : Mikaël Ollivier va tenter de nous prouver par A + B qu'on peut finir écrivain alors qu'on n'aimait pas lire. Preuve à l'appui, sa propre vie : comme l'indique, sur la couverture, le titre de la collection, "Confessions", il s'agit d'un récit autobiographique. Un récit mené de manière plutôt originale : une série de flash-backs nous montrent quand, comment, où le narrateur a croisé la lecture dans sa vie (rencontres peu réussies au début, puis de plus en plus), pour arriver jusqu'au moment où il prend un train pour aller recevoir "un prix littéraire à Vienne, près de Lyon, où se tient chaque année un festival du roman policier" (oui !! Je connais !! C'est Sang d'encre !!) 

Une narration accrocheuse... qu'en est-il du reste ? Eh bien, moi, je reste assez froide face à ces discours très démagos, à grands coups de "les profs ils savent pas faire aimer la lecture aux élèves". Ca me coupe peut-être des horizons, mais désolée, je ne peux pas. Dommage, j'aurais vraiment aimé lire un ouvrage réussi sur ce sujet - certes problématique. 

17 juillet 2013

Virus L.I.V. 3 ou La mort des livres

Challenge Petit Bac 2013 : 1ère grille! : un chiffre en littérature jeunesse

(Et je finis ainsi ma première ligne (enfin, colonne dans mon propre système) du challenge ! Voir ici pour la mise à jour de mon tableau récapitulatif. Va falloir se remettre au boulot pour les autres maintenant !)

 Une vieille couverture pour une vieille édition d'un classique de la littérature jeunesse qui, lui aussi, ne se fait plus tout jeune. 1998 pour être précis. A-t-il bien vieilli ? C'est la réponse à laquelle je vais tenter de répondre dans ce post. 

Le coeur de l'intrigue est toujours d'actualité, peut-être encore davantage. Voici la première phrase du livre : "Les livres ont commencé à mourir à la fin du XXIe siècle." Le virus mentionné dans le titre est en effet un virus s'attaquant directement aux livres, plus exactement à leur contenu. Lorsqu'on lit, on se retrouve plongé dans l'histoire, au sens propre : on fait l'expérience d'une Lecture Interactive Virtuelle (d'où le nom du virus). On se retrouve au beau milieu des décors et des personnages de La peste, comme de 20 mille lieues sous les mers, ou même d'un épisode quelconque d'une série de romans à l'eau de rose. On découvre l'histoire... différemment. C'est ce que voulaient les Zappeurs Zinzins (oui, bon... on aurait pu trouver plus heureux, comme nom, je suis d'accord...), un groupe qui s'oppose aux Lettrés de l'Académie qui détiennent le pouvoir. Nous sommes en effet dans une société où il est très mal vu de se servir d'un écran, d'utiliser Internet ou tout support informatique, électronique, multimédia. Les Livres sont à l'honneur. Qui l'eût cru, hein ? C'est dans ce contexte d'un régime quelque peu autoritaire que les ZZ, ces rebelles, fabriquent le virus. 

Plutôt intéressant, comme idée, non ? Et cela se révèle une véritable mine pour "parler des livres dans un livre". De nombreux jeux de piste littéraires sont proposés au lecteur un tantinet averti. Les noms des personnages sont des références directes à certains grands personnages de la littérature, ou à des écrivains (allez, prêtez-vous au jeu : qui se cache derrière Rob D. F. Binson ? Et Colin B. V. Chloé ?). Des titres de livres, ou leur histoire, se retrouvent dans certains codes, ou certains épisodes du roman. Le roman ayant fourni l'intertexte le plus riche reste Fahrenheit 451, bien entendu, grand roman sur "la mort des livres". 

Donc le lecteur adulte s'amuse de ces références. Et se prête au jeu d'imaginer une société dans laquelle les livres disparaissent alors même qu'on a voulu imposer leur prééminence. 

Quid du lecteur adolescent ? Pas encore testé, mais je me souviens avoir aimé ce livre à mes quatorze-quinze ans. Il y a une intrigue à rebondissements, une héroïne attachante, d'autres personnages assez travaillés et marquants... Le cocktail traditionnel d'un roman de SF. Le livre est très souvent proposé en lecture par des professeurs, j'imagine que ça ne doit pas être pour rien. Je me pose seulement la question de certains détails, concernant les supports numériques, qui, eux, ont vieilli. Les personnages utilisent des téléphones fixes, des CD-ROM... Ce qui, certes, peut surprendre sachant que l'histoire est censée se passer au-delà de notre époque actuelle. Mais j'ose espérer que les adolescents d'aujourd'hui ne sont pas si bêtes et qu'ils sauront transposer, ou en tout cas ne pas se laisser perturber par ces quelques détails. 

Voir ce que Christian Grenier dit lui-même de son roman. 

16 juillet 2013

Le loup des sables

Challenge Petit Bac 2013 : 1ère grille! : un animal en littérature jeunesse

Ce roman d'Asa Lind est présenté comme "le petit cousin suédois du Petit prince". Ce n'est pas forcément une garantie pour moi, étant donné que je ne suis pas archi fan du roman de Saint-Exupéry. Mais bon, le livre est assez beau, bien illustré, par Violaine Leroy, et puis c'est un roman suédois, d'une auteure jeunesse "désormais incontournable". Pourquoi pas ! 

J'en sors comme j'y suis entrée : c'est rafraîchissant, naïf, ça remplit le contrat d'un récit merveilleux invitant les jeunes lecteurs dans le monde de la philosophie, ou, du moins, des grandes réflexions sur le monde et l'existence humaine. Plutôt à la manière d'un Monde de Sophie que d'un Petit prince, avec l'initiateur et l'initiée. Le penseur, ici, c'est ce fameux loup des sables, un être merveilleusement sage et en même temps curieux de tout. Celle qui bénéficie de ses pensées avisées, c'est Zackarina, une petite fille qui vit avec ses parents au bord de la mer. Attention, contrairement au roman de Jostein Gaarder, il ne faut pas chercher une quelconque intrigue : le livre se compose d'une succession de micro-épisodes, chaque chapitre tournant autour d'une question existentielle. 

Je ne sais pas trop si les jeunes lecteurs sortent réellement plus sages d'une telle lecture. Mais j'ai quand même glané çà et là quelques réflexions bien posées. Citations : 

        "En fait, ce n'est pas moi qui décide si quelqu'un doit mourir, répondit la Mort. C'est la Vie, et elle est plus forte que moi."

        "- Donc, la brasse, commença son papa. On ouuuvre les bras, on feeerme les bras, et les jambes, tendues, pliées, tendues, et un, deux,...
          - Chut, attends un peu, il faut que je réfléchisse, dit Zackarina.
       Zackarina se reposa dans la mer, grâce à l'aide de son papa. Elle fit de longs mouvements en pliant les genoux et en poussant l'eau avec les mains. L'eau bruissait dans ses oreilles. Et tout au bout, au-dessus de l'horizon, le ciel s'étirait, clair et bleu.
         "Pourquoi bleu ?" se demanda-t-elle.
         A cet instant précis, sans même qu'elle le remarque, son papa la laissa se débrouiller toute seule."

16 juillet 2013

Zarbie les yeux verts

 Challenge Petit Bac 2013 : 1ère grille! : une couleur en littérature jeunesse


Je suis entrée dans ce livre prudemment, sans trop y croire. Bien que j'aie lu de Joyce Carol Oates des choses que j'ai aimées, je garde une certaine appréhension car mes tout premiers contacts avec cette écrivaine n'ont pas été des plus réussis. 
Pendant un bon nombre de pages, je me suis demandée où était l'intérêt de cette histoire. On comprend dès le début que ça ne va pas entre les parents ; bon, on ne va pas y passer tout le bouquin, quand même ? Et puis, guère d'originalité dans l'écriture. Même ce double fictif que se crée l'héroïne, cette "Zarbie les yeux verts", me semble peu percutant. 

Et puis quelque chose d'autre se met en place, une certaine tension. Et d'un coup, on comprend que ce n'est pas une historiette sur l'adolescente ou le divorce, mais bien un vrai roman à suspense, intense, perturbant et palpitant. Autant dire que la deuxième moitié se lit d'une traite. Même si je garde une opinion mitigée sur le style à proprement parler, je reconnais à Joyce Carol Oates un vrai talent de composition. 

Je ne peux malheureusement pas en dire plus sans risquer de dévoiler des éléments importants, mais c'est finalement une lecture que je conseille, malgré la lenteur avec laquelle j'y suis rentrée. Un autre roman très fort, qui a peut-être, cependant, subi la comparaison avec celui de John Green dont je ne me suis pas encore remise...

 

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16 juillet 2013

Jeunes et dangereuses

Enormément de temps a passé depuis cette lecture, mais je vais quand même en dire un mot. 

Encore un livre lu pour étoffer ma liste de lectures cursives sur le thème du roman d'aventures. Ca se passe dans l'Amérique des ranches, des diligences, des Yankees et des sheriffs. Six adolescentes sont entraînées par leur père dans des affaires du genre "qui craignent" : alcool de contrebande, vol de troupeaux, jusqu'à la fameuse attaque de diligence qui les mènera en prison.
Les scènes où les six jeunes filles débattent de la légitimité de leurs actes, partagées qu'elles sont entre les règles de moralité que leur mère leur a inculquées - et que l'une d'entre elles brode inlassablement sur napperons et vêtements - et l'affection qu'elles portent à leur père sont assez savoureuses. Ce dernier est en situation précaire : on menace de saisir sa ferme car il a d'innombrables traites en retard. 

Une fois en prison, l'aventure des héroïnes ne s'arrête pas là : elles sont repérées par le directeur d'une troupe de théâtre, et elles deviennent comédiennes. Quel destin ! 

On retrouve dans ce roman la fantaisie qui caractérise Kathleen Karr (voir ce roman sur la phrénologie). Une lecture agréable, peut-être un chouïa difficile pour de trop jeunes lecteurs, du fait de la longueur et de certains recours à l'implicite. 

12 juin 2013

Stormbreaker

Ca vous fait envie, cette image, hein ?... Non ?... Ben, moi non plus. Et le titre ?... Pas plus ?... Je suis d'accord. Bon, alors, me direz-vous, pourquoi diantre la petite Mu s'est-elle fourrée dans cette galère ? Eh bien, parce qu'elle a bêtement mis ce livre dans la liste "romans d'aventure" pour ses cinquièmes, se disant : "C'est du Horowitz, c'est conseillé dans les listes de certains sites pédas, ça devrait le faire."

Mouais. Ben ça le fait moyen. En plus, ça a été adapté en film. Grrrr, j'aurais dû le lire avant. 

Bon, ce n'est pas complètement nul, hein, loin s'en faut. Il y a une intrigue, du suspense, un personnage dont on a envie de connaître le sort... Mais enfin, rien que de très banal pour un roman d'espionnage. La seule chose que j'ai trouvé un peu intéressante, c'est la réflexion que se fait le personnage à la fin : ce n'est pas un James Bond adolescent, c'est un ado à qui on a demandé de faire le James Bond. Comme le narrateur le dit "Finalement, la grande différence entre lui et James Bond n'était pas l'âge. C'était la loyauté. Autrefois les espions faisaient ce qu'ils faisaient parce qu'ils aimaient leur pays, parce qu'ils croyaient au bien-fondé de leur action. [...] Aujourd'hui les espions n'étaient pas employés. Ils étaient utilisés."

Vous ne trouvez pas ça extraordinaire ? Moi non plus. J'ai bien dit "un peu intéressante."

Je me demande comment l'auteur de L'île du crâne (un roman culte de ma jeunesse), désopilant et original (une histoire d'école magique bien avant Harry Potter), a pu produire quelque chose d'aussi banal. Sujet clos. Je ne lirai pas les prochains tomes.

12 juin 2013

Qui es-tu Alaska ?

   

Challenge Petit Bac 2013 : 1ère grille!  : un lieu (hors contexte) dans la catégorie littérature jeunesse

 

ATTENTION, ROMAN BOULEVERSANT !!!

Je pousse peu souvent ce genre de "cri", mais là, c'est plus fort que moi ! Je m'attendais au "coup de coeur" dans la mesure où le roman est largement plébiscité si on jette un oeil sur les différentes critiques lues ici et là sur le Net. Mais c'est une chose que d'entendre dire "ce roman est génial" et c'en est une autre que de le dévorer soi-même et de se sentir aussi marqué. 

Une grosse difficulté se présente à moi pour plumer cette lecture : difficile (très, même) de partager certaines de mes émotions sans trop en dévoiler sur l'intrigue. Mais je vais quand y veiller, car ce serait trop dommage de vous gâcher le suspense - car il y en a. Je pense ne pas trop en révéler si je vous dis que les trois expressions choisies pour la première couverture (le roman ayant ensuite été réédité dans une collection poche de chez Gallimard, Pôle fiction, dont j'ai déjà lu de très bons titres, ici, ici et ) reflètent bien le contenu.

"Premier ami", car c'est l'histoire d'un jeune lycéen, Miles, qui n'avait jamais connu les joies d'une vraie amitié, et passait beaucoup de temps en solitaire avant d'arriver dans ce pensionnat nommé Culver Creek, en Alabama. Il y fera de réjouissantes, mais aussi très intrigantes rencontres, comme celle de Takumi, rappeur de génie, ou du Colonel, étrange personnage qui partage sa chambre.
"Première fille", car il y a cette fameuse Alaska, dont personne ne sait qui elle est véritablement. Miles voudrait bien apprendre à la cerner, mais, comme elle le lui réplique, "Tu ne me cerneras jamais. Tout est là." Il faudra donc bien qu'il accepte que la fascination remplacera la compréhension.
Enfin, "Dernières paroles", car c'est Miles est également fasciné par la mort, ou plus exactement par les dernières paroles des morts. C'est une clé comme une autre pour tenter de comprendre le monde, la vie, pour essayer de trouver une issue à ce labyrinthe dans lequel nous sommes tous plongés. Derniers mots de Simon Bolivàr : "Comment vais-je sortir de ce labyrinthe ?" Diverses réponses nous seront données au fil de l'histoire. Ca donnerait presque envie de prendre une feuille et de disserter, nous aussi, sur le sujet. 

Ce qu'il y a de génial dans ce roman, c'est qu'il donne à cette période (qu'on dit souvent ingrate) de l'adolescence une luminosité qui n'a pas son pareil. Il montre que l'adolescence peut être philosophe. Mais aussi qu'on peut philosopher tout en draguant la plus belle fille qu'on ait jamais rencontré. Et même qu'on peut réfléchir sur la vie, la mort, le pourquoi du comment de l'existence, tout en montant les pires canulars à l'encontre du directeur de son pensionnat, en consommant des produits illicites, en sortant sans permission, bref, en menant une vie d'ado, quoi. 

"Premier", "dernières" : tout est dit dans ces seuls mots. Il est question d'expériences, dans ce roman, de découvertes, de premières fois. Mais aussi d'urgence, une sorte de "vivre vite", de "carpe diem" à la sauce rock'n'roll. 

J'ai rarement lu, vraiment, un roman pour ados d'une telle intelligence. Sans négliger la qualité narrative : des personnages extrêmement bien brossés, attachants, évidemment ; beaucoup d'humour, qui s'entrelace avec les moments plus forts ; enfin, comme je le disais au début, un vrai suspense qui s'installe tranquillement, et qui prend à la gorge à un moment où on ne s'y attend pas forcément. 

Plus qu'une envie à présent : lire Nos étoiles contraires, du même auteur, qui serait lui aussi un chef-d'oeuvre. Vais-je une deuxième fois être du même avis que les critiques ? "La suite au prochain numéro ?" (clin d'oeil que vous saurez apprécier quand vous aurez lu le livre...)

 

8 juin 2013

Le banc

Découverte littérature jeunesse 2012-2013

Challenge Petit Bac 2013 : 1ère grille! : un objet dans la catégorie littérature jeunesse

Tout d'abord, il m'a fallu insérer cette image ici pour me rendre compte du jeu sur les baguettes et le nuage. Il faut dire que j'ai acheté le livre il y a deux jours seulement et que je l'ai déjà fini... je n'ai pas pris beaucoup de temps pour regarder la couverture. 

Je me suis dirigée vers ce livre en pensant (espérant, plutôt) trouver un "second A copier 100 fois",  c'est-à-dire un autre roman à la fois court et simple sur une thématique liée à la discrimination, pour mes élèves qui ont aimé le roman d'Antoine Dole et qui voudraient en découvrir un autre. Soyons francs, je n'ai pas retrouvé la même force que chez Antoine Dole. Mais soyons francs une deuxième fois, c'est peut-être tout simplement que je me sentais plus éloignée du thème. Ou que je mettais la barre trop haute. 

En fait, ce roman répond parfaitement aux critères que j'ai posés plus haut. Il est court (grande qualité pour mes élèves) et bien écrit (grande qualité pour moi), avec une écriture simple et fluide, celle d'un adolescent qui énonce clairement les faits et les émotions engendrées. Il dit les choses comme elles sont ; à moi, il me manque un peu plus de subtilité, d'écriture entre les lignes, mais ce n'est qu'une exigence personnelle. Sans doute que bien d'autres lecteurs ont besoin de clarté et d'une histoire qui se déroule sous leurs yeux. Enfin, en une centaine de pages, c'est de nombreux thèmes essentiels qui sont abordés. Tout d'abord la question du racisme et de l'exclusion, puisque tout part d'inscriptions griffonnées sur le banc où Alex, le narrateur d'origine taïwanaise mange tous les midis : "Alex tronche de nem", "Alex bol de riz". Des inscriptions ni très sympathiques, ni très malines - surtout que, comme le dit Alex, les nems, c'est plutôt le Vietnam. Le narrateur et, à travers lui, Sandrine Kao, l'auteure, qui partage les origines de son personnage, sait bien montrer à quel point le racisme peut être bête, tant il ignore des principes culturels qui paraîtraient pourtant évidents de l'autre côté du continent. Mais il n'est pas question que de xénophobie dans ce récit : on parle aussi d'amitié, d'intégration dans un groupe, et, du coup, d'exclusion. Des problèmes qui ne touchent pas seulement les ados d'origine étrangère. Enfin, c'est aussi un livre sur la relation d'un enfant à ses parents séparés, au père absent, à la mère présente, aimante, "cuisinante", à cette notion de famille qui évolue au fil du temps et qu'il faut accepter.

On retrouve donc bien les mêmes thèmes que dans A copier 100 fois, mais traités différemment. Chez Antoine Dole, l'histoire est plus resserrée, il y a moins de personnages, pas de rebondissements hormis la fin. Dans Le banc, Sandrine Kao a voulu saisir une période plus dense de cette vie d'adolescent déraciné, brasser plus d'interrogations. Et elle y est bien arrivée. 

NB : J'aime beaucoup la manière dont elle présente elle-même son roman sur son site

"Et ce que la quatrième de couverture ne dit pas, c'est que dans ce petit roman, vous apprendrez aussi :
- à réaliser de savoureux raviolis chinois,
- à décaper facilement la vieille peinture d'un banc,
- à moucher l'insupportable commère du quartier."

Je vous invite d'ailleurs à visiter son site sur lequel on trouve de très jolies choses, car Sandrine Kao est aussi illustratrice. Et ça me donne bien envie d'aller voir du côté de ses albums, tiens ! 

 

8 juin 2013

L'enfant océan

Voici un livre dont d'aucuns pourraient dire que c'est un livre formaté pour l'exploitation pédagogique, du CM1 à la 6e (voire au-delà). D'autres diraient que c'est un superbe récit, entre conte et réalisme, de littérature jeunesse. Enfin, certains trouveraient que c'est presque davantage un livre pour adultes, une mine de clins d'oeil et de références narratives et littéraires. 

Ou peut-être que ce sont là toutes les opinions que j'ai moi-même sur ce livre ! 

Qu'on le mette de côté car on en a trop entendu parler, je pourrais le comprendre. Et d'une, c'est vrai, Mourlevat est un auteur à la mode, tous ses livres sont mis en avant et connaissent un succès public et critique. Et de deux, ce titre-là en particulier, on en entend beaucoup parler quand on est prof : en formation, sur les sites pédagogiques, dans les discussions sur les différents fora... Donc on pourrait être gavés avant même de le lire. 

Moi-même, je l'ai longtemps laissé de côté. Et, si je l'ai lu maintenant, c'est parce que, je l'avoue, je l'ai placé dans une liste de lectures pour mes élèves... sans l'avoir lu (comme quasiment tous les livres de ma liste sur les romans d'aventure. Ben oui, mais je n'y peux rien, c'est un genre dans lequel je ne m'y connais pas du tout, et qui est pourtant au programme en 5e). Et puis, j'en ai entendu parler en formation, donc, avec une piste d'exploitation intéressante (voir mon article sur l'album Une histoire à quatre voix). Donc, je me suis jetée à l'eau (haha, le livre s'appelle L'enfant Océan, quel jeu de mots !)

Je n'ai pas du tout été déçue. Et je me dis que je serais vraiment passée à côté de quelque chose si je ne l'avais jamais ouvert. Eh oui, les livres qui ont du succès, y compris en formation, sont quand même souvent de bons livres. (Ah, pardon, je mettrais de côté La bibliothécaire de Gudule...)

Que le livre semble "taillé" pour coller au programme des CM2 et des 6e, en proposant la réécriture du Petit poucet, d'accord, mais je dirais : et alors ? Tant mieux pour Mourlevat s'il a su trouver un récit qui peut être lu et relu à différents âges, à différents niveaux, ce qui n'est tout de même pas le cas de certains romans proposés pour les lecteurs de 9 à 12 ans (c'est l'âge qui est proposé par l'éditeur, Pocket). 

En tout cas, moi, j'ai aimé les subtilités narratives de ce petit récit : la multiplicité des narrateurs (avec ces contraintes d'écriture, parfois, comme le fait que certains frères jumeaux parlent quasiment de la même manière et que, donc, quand ils racontent un même épisode, ils emploient quasiment les mêmes phrases, les mêmes mots ; ou encore le soin apporté aux niveaux de langue, pour coller au plus près des personnages), le jeu avec la trame du conte de Perrault, la fin à laquelle on ne s'attend pas. C'est une histoire qui parle de tout : elle parle de l'enfance, elle parle de l'âge adulte (car plusieurs personnages secondaires, qui, en apparence, ne sont là que pour témoigner sur ce qu'ils savent du voyage des sept frères, sont en fait très intéressants ; Mourlevat a l'art de brosser des portraits marquants en quelques pages seulement), elle parle de violence, de peur, d'envie d'évasion, elle propose des variations sur le thème de la pauvreté ou de la marginalité. C'est une très belle interprétation du célèbre conte, et la preuve - réussie - qu'une histoire peut ainsi traverser les siècles et trouver toujours autant d'écho dans nos vies. 

Je ne peux donc que vous conseiller cette lecture. Parce que, contrairement à La bibliothécaire, ou encore à La grammaire est une chanson douce, L'enfant Océan n'est pas un livre de commande, un livre qui chercherait à dire "eh, les ados, vous allez voir, la littérature et la grammaire, c'est trop cool". Et il me semble que le message passe tout aussi bien, pourtant. 

8 juin 2013

Sans sucre, merci

Challenge Petit Bac 2013 : 1ère grille! : un aliment dans la catégorie littérature jeunesse

Allez, je vais profiter de ce billet pour me lancer dans une tâche assez gigantesque, mais nécessaire : vous parler de mon auteure préférée de littérature jeunesse, cette chère Marie-Aude Murail dont, décidément, depuis mes onze ans, je ne me suis toujours pas lassée. 

 Je l'ai découverte au collège, je crois, même si je n'en suis plus très sûre. Peut-être avant. Sans doute avant, même : j'ai le souvenir de Mon bébé à 210 francs, en collection Mouche : j'imagine avoir lu ça en primaire. Ah oui, et aussi les quatre histoires de Serge T. parues dans Je Bouquine, entre 1990 et 1997. A ce moment-là, je n'avais pas encore vraiment enregistré le nom de l'auteure. Mais une chose est sûre, j'étais tombée amoureuse, de manière plus ou moins consciente, d'une écriture. 

Puis j'ai découvert la collection Médium chez L'Ecole des Loisirs. Là encore, je ne sais plus qui est venu en premier : Baby-sitter blues (de la série des "Emilien") ou l'un des "Nils Hazard" (et dans ce cas-là, lequel ? L'assassin est au collège ?  Tête à rap ? Scénario catastrophe, je crois). Et, là, je suis devenue carrément accro. 

J'ai lu toute la série des "Nils Hazard", professeur d'université en étruscologie (si, si), qui se retrouve toujours fourré dans des histoires policières assez tordues. Pourtant, je ne pouvais guère m'identifier au personnage (un aventurier adulte, bien loin de ma personnalité d'adolescente), mais l'art de créer des personnages attachants est l'une des clés majeures de la réussite de Marie-Aude Murail. 

J'ai lu (presque) toute la série des "Emilien" : jeune ado préoccupé par ses relations avec sa mère qui l'élève seule, les prétendants qui tournent autour d'elle et qui ne sont pas toujours de son goût, les problèmes financiers en général (qu'ils soient minimes, comme le manque d'argent de poche, ou sérieux, comme la menace de saisie des meubles par l'huissier), et puis des problèmes sentimentaux en tout genre.
Il me manque encore des volumes (Le clocher d'Agball, sûr, et puis sans doute aussi Un séducteur-né dont je ne garde aucun souvenir), je viens juste de lire Sans sucre, merci, ce qui fait que j'accumule de manière totalement désordonnée les informations sur l'histoire d'Emilien et, surtout, de sa famille. Mais, comme quand je regarde une série, j'aime ce fonctionnement : je préfère presque découvrir les personnages en plein milieu de la saga, puis lire/voir les premiers épisodes pour comprendre d'où sortent certaines histoires, certains problèmes, certaines relations entre les personnages. Et ensuite, généralement, je me refais la série en entier du début à la fin. Ca me donne l'agréable sensation de ne jamais avoir totalement fini, même quand il n'y a malheureusement plus d'épisodes à attendre.
Je suis donc ravie de savoir qu'il me reste encore deux tomes à découvrir, puis la série à refaire, car je me suis vraiment attachée à cet Emilien. Pour dire un mot de Sans sucre, merci que je viens de finir, c'est un épisode qui a amplement comblé mes attentes : j'y ai découvert les débuts de la relation entre Sylvie (la mère d'Emilien) et Valentin (son oncle), la naissance de Justine (qui n'est pas la fille de Valentin, ce que je croyais initialement), et les prémices d'une réelle maturité chez Emilien. Il ne pense plus seulement à obtenir suffisamment d'argent de poche pour s'acheter la dernière chaîne hi-fi à la mode, comme dans le tout premier tome. Il a peur pour l'avenir de sa famille, car, comme dit précédemment, les huissiers rôdent, et sa mère, toute à sa grossesse, ne semble pas réaliser la gravité de la situation. Et, plus que jamais, Emilien a besoin d'un père, de quelqu'un qui les aiderait, sa mère et lui. La belle relation qui se noue entre Valentin et Emilien (et qui se prolonge dans le dernier tome, Nos amours ne vont pas si mal) me plaît beaucoup, car il y est question de transmission (notamment celle de la passion du dessin). 

Ensuite, j'ai lu les quelques romans publiés "hors série", dans la veine fantastique ou science fiction, toujours chez L'Ecole des Loisirs : Amour, vampire et loup-garou, Tom Lorient (peu de souvenirs de ces deux-là, je les ai aimés, mais sans plus), et Ma vie a changé. Ce dernier, je m'en souviens, m'avait laissé une très forte impression : j'avais eu l'impression de ressentir cet incroyable (au sens propre) amour entre une jeune femme (encore une mère célibataire avec son fils ado) et... un elfe. Oui, oui, un elfe. Moi qui, d'habitude, n'accroche pas du tout sur ce genre d'histoire d'amour invraisemblable, là, j'avais été emportée. Car, déjà, j'avais senti cette joie de vivre profonde et communicative que j'ai ensuite retrouvée dans plusieurs autres romans, parmi les plus forts de l'auteure. 

D'abord : Oh, boy !
Est-il nécessaire de le présenter, ce livre qui a obtenu tant de prix, chez des lecteurs de tout âge ? En fait, c'est surtout qu'il est impossible de résumer avec justesse une histoire aussi folle. Imaginez trois enfants, l'une "très belle mais très bête", deux "très moches mais très intelligents", l'aîné étant d'ailleurs surdoué (à quatorze ans, il passe son bac), qui perdent leur mère, suicidée au "Canard Vécé". Ils n'avaient déjà plus de père, alors il faut leur trouver une famille d'accueil. Ils pourraient aller chez Josiane, une vague demi-soeur, la quarantaine, qui rêve d'enfants sans pouvoir en avoir mais qui, si elle est d'accord pour adopter la petite Venise, véritable poupée blonde aux yeux bleus, n'est pas ravie à l'idée d'avoir aussi les deux autres. Oui, mais il n'est pas question de séparer la fratrie. C'est l'assistante sociale qui l'a dit. La solution serait-elle du côté de Barthélémy, demi-frère tout aussi inconnu jusque là des enfants ? Le problème, c'est que Bart a dix-neuf ans, une (homo)sexualité parfaitement assumée, les hommes se suivent chez lui mais ne se ressemblent pas, et jamais, jamais il n'a envisagé d'élever des enfants. Pour Siméon et ses soeurs, Morgane et Venise, vivre chez Bart, c'est plus fun que chez Josiane. Mais les choses ne sont pas simples, surtout quand une nouvelle terrible s'abat de nouveau sur Siméon et remet tout en question...
Avec tout ça, je n'ai encore rien dit sur tout ce qui fait l'extraordinaire réussite de ce roman : l'humour, les personnages, tous inoubliables, la multiplicité des thèmes abordés, et pas des plus faciles. Ce roman est une spirale émotive dont on ne sort que difficilement et qu'on relit beaucoup, tout au long de sa vie. C'était un pari fou de mettre tout ça dans un même livre, mais le pari a visiblement été réussi du point de vue des innombrables lecteurs. 

Ensuite, Simple
J'en ai déjà causé ici. Je vais en redire un mot parce que j'ai vu son adaptation télévisée sur France 2, il y a peu. Evidemment, elle ne rend absolument pas hommage (selon moi) à la magie du roman. Déjà, parce que, Simple, ce personnage hors du commun, handicapé mental (non ! "I-di-ot !"), n'est tout simplement pas représentable. Il est ce qu'on veut qu'il soit, dans notre tête de lecteur, et il n'a pas à en sortir, sous peine d'être forcément raté. Et puis, bien sûr, parce que l'humour trépidant, qui se lit à chaque page, voire à chaque ligne, sous la plume de l'écrivaine, se transforme en lourdeurs et platitudes dans la bouche des acteurs de la fiction télévisée. 

Il y a aussi Maïté coiffure, dans la même veine, ou comment un élève de troisième qui ne sait pas quoi faire de sa vie se retrouve en stage dans un salon de coiffure, et apprend à faire face à tous les clichés qui vont de pair avec cette situation. Lu il y a un petit moment, il faudrait que je le relise pour pouvoir en dire davantage. 

Et puis, Vive la république !, que j'ai plumé il y a peu. Une vraie pilule de bonheur, avec pas mal de démagogie, c'est vrai, mais... c'est de la fiction et ça fait du bien par où ça passe. 

Il en reste encore tellement : un autre Je Bouquine idéalement taillé pour adolescentes en mal d'aventure, La société secrète (dans lequel j'avais beaucoup aimé les références à la chanson de Goldman, "Sache que je...", très bien utilisée pour son discours sur les zones d'ombre de la relation amoureuse), Le tueur à la cravate, vrai bon roman policier, moins humoristique mais plus prenant que les "Nils Hazard"... 
Et encore bien d'autres que je n'ai pas lus. 

Alors, oui, il n'y a plus besoin de faire la réputation de cette écrivaine archi-(re)connue. Oui, il y a parfois dans ses propos de la démagogie pas toujours bien placée (voir les commentaires avisés de mes lecteurs à propos de De grandes espérances), et je ne suis pas toujours d'accord avec ses choix littéraires. Mais franchement, pour une écriture pareille, on ne boude pas son plaisir. S'il y a bien, pour moi, une écrivaine qui peut donner envie de lire aux enfants, c'est elle. 

NB : En 2013, un nouveau roman à paraître, sur le thème du théâtre : 3000 façons de dire je t'aime. J'ai très, très, très hâte ! 

3 juin 2013

[Arty] Ce que j'ai vu et pourquoi j'ai menti

 

 

             Aujourd'hui, je vais commencer la lecture du second roman de Judy Blundell, ou plutôt son second roman écrit sous son véritable nom, Double Jeu. En effet, après avoir écrit plusieurs novellisations sous un pseudonyme, cette auteure américaine a enfin eu l'occasion de nous présenter son véritable univers, que j'ai pu découvrir dans son premier livre, Ce que j'ai vu et pourquoi j'ai menti.

            Ce roman nous transporte dans un décor rarement présent en littérature adolescente, l'Amérique d'après-guerre. Le lecteur suit une famille en fuite jusqu'en Floride, une Floride d'une autre époque qui n'a encore rien du riche et flamboyant état d'aujourd'hui. L'histoire se déroule donc dans un cadre plutôt sordide, à savoir un  vieil hôtel de luxe miteux, dans une ambiance poisseuse et sous une chaleur écrasante. Les personnages sont tout à la fois mystérieux et séduisants : un homme, ancien soldat rentré de la guerre en Europe avec un secret bien gardé ; son épouse, sorte de femme fatale qui meurt d'ennui ; leur fille, une adolescente écrasée par la beauté de sa mère et à travers le regard de laquelle on suit l'histoire ; un jeune soldat, avec qui le mari a fait la guerre et qui semble lui aussi cacher quelque chose.

            Tout l'intérêt de cette histoire est porté par un captivant jeu entre les personnages : le mari ment à sa femme, la femme ment à son mari, la fille ment à sa mère, le jeune soldat ment à la jeune fille ... Au fil des pages, tous les secrets sont dévoilés au lecteur, jusqu'au drame (presque) final, qui lui-même va entraîner de nouveaux mensonges, mais surtout la révélation du caractère du jeune personnage féminin.

            Une histoire donc palpitante et un style d'écriture efficace, portée par la complexité de la psychologie des personnages et sa maitrise par l'auteur. Un roman hors du temps et à la lecture duquel on ne peut s'empêcher de retenir son souffle.

            Les ingrédients du second roman, Double Jeu, semblent un peu similaires. Le personnage principal est également une jeune fille, sans doute un peu naïve au premier abord mais qui ne manquera certainement pas de nous surprendre au final. L'époque est la même, les années 50, bien que le cadre, lui, diffère, puisqu'il s'agit cette fois-ci de faire évoluer les protagonistes à Hollywood. Et bien sûr, il s'agira de faux-semblants et d'un piège qui se referme doucement. À suivre !

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Le royaume de Kensuké

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