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La petite Mu qui plume

12 septembre 2017

Daniel Keyes : Des fleurs pour Algernon

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Une fois n'est pas coutume, la petite Mu va prêter sa plume à une autre blogueuse pour vous parler de ce roman découvert au début de l'été. Aemilia a effectivement rédigé en 2016 un article très complet, avec de nombreux extraits, idéal pour ceux qui, comme moi il y a peu, ne connaissent pas encore ce classique de la science-fiction : 

Des fleurs pour Algernon chez Forty-five weeks

Qu'ai-je envie d'ajouter ? Que le roman se fait de plus en plus sombre, peut-être un peu complexe au fur et à mesure. J'ai préféré la première partie, jusqu'au moment où Charlie prend son indépendance vis-à-vis de l'équipe scientifique responsable de sa transformation. En fait, je me suis tellement attachée au Charlie naïf et innocent du début que, lorsqu'il devient un adulte mature et réfléchi, c'est comme s'il était devenu quelqu'un d'autre, un étranger auquel je devais m'habituer, en tant que lectrice, tout en le sachant proche de la fin. Mais c'est bien là que réside la force de ce roman : nous montrer cette métamorphose en profondeur subie par le personnage, au point de devenir Autre, étranger à soi-même. 

Le principe du journal intime est parfait pour narrer cette évolution. Et l'idée des fautes d'orthographe et de syntaxe qui disparaissent petit à petit est très efficace. Avec un fort intérêt pédagogique : pas tellement de faire corriger, ni même constater les fautes par les élèves. Plus que l'orthographe d'ailleurs, c'est la transformation de la syntaxe qui est intéressante à étudier. Mais surtout, cela permet de réfléchir au rôle de l'orthographe en tant que norme sociale : une nécessité ? Une contrainte vaine et démesurée ? Un vrai débat peut naître de cette simple question. Débat que j'esquisse parfois en sixième, à partir de ces vers de Queneau dans "L'écolier" : "revenu dans mon école / Je mettrai l'orthographe mélancoliquement." Pourquoi mettre l'orthographe, si c'est pour éprouver tant de mélancolie ? Bon, évidemment, le roman de Keyes offre des perspectives de réflexion plus vastes, qui s'adressent à des élèves plus mûrs. 

Ce roman prend part à mes yeux à un triptyque - certes hétéroclite - autour de la question du retard mental et de l'intelligence : un écho à Des souris et des hommes de Steinbeck (même attachement au personnage, même force tragique, et en plus il y a des souris dans les deux), lui-même réécrit par Marie-Aude Murail (oui, j'avais prévenu que c'était hétéroclite) dans Simple

Triptyque retard mental

 

Idéal pour une progression de troisième, avec les nouveaux programmes. Des souris et des hommes se prête à l'objet d'étude "Agir dans la cité : individu et pouvoir". Les programmes disent en effet :  On étudie : - en lien avec la programmation annuelle en histoire (étude du XXe siècle, thème 1 « L'Europe, un théâtre majeur des guerres totales »), une œuvre ou une partie significative d'une œuvre portant un regard sur l'histoire du siècle - guerres mondiales, société de l'entre-deux-guerres, régimes fascistes et totalitaires (lecture intégrale). Evidemment, cette indication de corpus oriente davantage vers des oeuvres traitant des guerres mondiales, de la guerre froide, du régime stalinien, mais ce que j'ai mis en gras concerne bel et bien le roman de Steinbeck. Comme avant la réforme, j'aime l'idée de proposer aux collégiens un lieu et une période qu'ils ne traitent pas dans leurs programmes d'histoire : la Grande Dépression aux Etats-Unis dans les années 30. Je ne souhaite donc pas me séparer de ce roman, que j'adore depuis plusieurs années

Des fleurs pour Algernon peut se proposer en lecture cursive, comme un pont entre le roman de Steinbeck et une séquence correspondant au nouvel objet d'étude (questionnement complémentaire) "Progrès et rêves scientifiques". On peut, en classe, travailler sur quelques extraits, proposer une réflexion de fond sur l'intelligence et les transformations génétiques. J'ai trouvé notamment cette séquence courte sur un site dédié à la littérature jeunesse et la pédagogie : séquence Des fleurs pour Algernon. A noter, le support n'est pas le roman mais la nouvelle, antérieure, écrite en 1959. 
Plusieurs éditeurs ou manuels ont choisi aussi d'étudier le roman en tant qu'oeuvre intégrale dans les nouveaux programmes : Le livre scolaire, Colibris de chez Hatier, une édition de Flammarion qui propose aussi un dossier pédagogique. On trouve enfin une séquence dans le n°647 de mars 2016 de la Nouvelle Revue Pédagogique (voir le sommaire ici).

Simple peut quant à lui faire l'objet d'une simple proposition aux élèves, ces fameuses "lectures plaisir" dont nous parlent les formateurs. Du plaisir, j'en ai eu, j'en parlais déjà il y a quelques années. Mais j'en ai eu tout autant avec les romans de Steinbeck et de Keyes. Ne boudez pas le vôtre ! 

Neo-défi lecture 2016-continué-en-2017 : un livre pris sur la liste d'un autre participant

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10 septembre 2017

Stephanie Meyer : L'appel du sang - La seconde vie de Bree Tanner

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Depuis le début de l'été, j'ai entamé une série de lecture sur les enfants (ou adolescents) monstres. Plus précisément, les jeunes héros qui ne se contentent pas de fréquenter, voire d'être amis avec des monstres, mais qui en sont eux-mêmes. Ce roman de Stephanie Meyer m'a semblé intéressant dans cette optique. 

C'est ce qu'on pourrait appeler un spin-off, comme on le dit pour les séries TV dérivées d'une autre série TV : Private Practice, par exemple, qui emprunte à Grey's Anatomy le personnage d'Addison, et construit tout un nouvel univers autour de ce personnage. Ici, c'est le personnage de Bree Tanner, cette jeune vampire de la bande de Victoria, qui se retrouve personnage principal de L'appel du sang. Appel à mes lecteurs éclairés : existe-t-il un terme spécifique pour désigner ce genre de livres ? Je ne suis pas certaine que celui de "spin-off" s'applique vraiment. Histoire dérivée peut-être ? Récemment, une autre auteure de romans à succès a utilisé le même procédé : Divergente raconté par Quatre, de Veronica Roth. Une manière d'éclairer certains aspects de l'histoire principale, et puis, certainement, de prolonger le succès même quand une histoire semble définitivement achevée... 

En préface, Stephanie Meyer explique ainsi son choix : 

"J'ai songé à Bree alors que je corrigeais Hésitation. Corrigeais, pas rédigeais. Lors de l'écriture d'Hésitation, je portais les oeillères de la narration à la première personne ; ce que Bella ne pouvait voir, entendre, sentir, goûter ou toucher n'avait pas lieu d'être. [...] L'étape suivante dans le processus de relecture a été de m'éloigner de Bella et de vérifier la façon dont coulait le récit. [...] Comme Bree est la seule nouveau-née que Bella voit, c'est vers son point de vue à elle que je me suis tournée lorsqu'il s'est agi de réfléchir à ce qui se tramait derrière les différentes scènes du roman."

Donc, à l'origine, une volonté d'enrichir le récit principal vu par Bella, en retournant la caméra pour élargir les réflexions. Un exercice d'ailleurs très stimulant avec des élèves (à partir de la quatrième surtout), qui permet en effet d'éclairer les décisions de certains personnages, ou de les examiner différemment. Je fais souvent réécrire des passages de la nouvelle Coco, de Maupassant, du point de vue de personnages qui n'ont pas eu accès à toutes les étapes de la mort du cheval, notamment. 

Stephanie Meyer ajoute, un peu plus loin : "Je me demande comment vous réagirez en face de Bree. Elle est un personnage si fugitif, apparemment si insignifiant d'Hésitation." Je ne suis pas tout à fait d'accord, mais peut-être parce que je n'ai pas lu les romans, seulement vu les films. Or, dans ces derniers, on s'attarde quand même à plusieurs reprises sur ce personnage, à qui on s'attache, car l'actrice le joue en accentuant une certaine innocence, ou fragilité. On comprend aisément pourquoi cette nouveau-née* a été protégée par la famille Cullen. Peut-être que dans les romans, le personnage est moins mis en valeur. 

(*Vous aussi, ça vous choque, "nouveau-née" ? Et pas "nouvelle-née" ? Bah oui, mais c'est bien l'orthographe que donne le Petit Robert.)

Bree Tanner

L'auteure écrit aussi : 

"En me concentrant sur Bree, j'ai pour la première fois enfilé les chaussures d'une narratrice qui était un "vrai" vampire, un traqueur, un monstre. C'est à travers ses prunelles rouges que je nous ai observés, nous les humains ; soudain, je nous ai vus minables et faibles, proies faciles sans autre intérêt que de représenter de délicieux repas."

Voilà exactement ce que je recherchais, comme personnage et comme univers. Sauf que, c'est là où le bât blesse, j'ai été déçue par le roman. Je n'ai pas trouvé Bree si "monstrueuse" : de toute façon, dès le début, elle est à part dans la bande de nouveaux-nés créés par la volonté de Victoria. Mais alors, l'auteure aurait pu insister, justement, sur cette destinée tragique d'une adolescente tout ce qu'il y a de plus ordinaire, changée en vampire et condamnée malgré elle à subir une soif de sang, comparable à l'emprise d'une drogue. Mais même cette addiction n'est pas travaillée autant que je l'aurais pensé dans un roman pourtant nommé L'Appel du sang. Très vite, l'histoire tourne autour du binôme que Bree va constituer avec un autre nouveau-né un peu différent, Diego, et l'enquête qu'ils vont mener pour comprendre pourquoi leur chef de bande leur demande de faire ce qu'ils font. Intéressant, certes, car on voit sous un autre angle les questionnements que se posaient Bella, Edward et les Cullen. Mais le vampirisme de Bree se trouve presque mis au second plan. 

Peut-être suis-je partie sur une fausse idée : je pensais que ce roman reviendrait sur la transformation de Bree en vampire et ses débuts de nouveau-née, avec tous les changements psychologiques et physiques que cela peut impliquer. 

Pour conclure, ce roman permet certes de prolonger le plaisir de la sage Twilight, mais il reste en surface de réflexions qui auraient pu être très intéressantes. Une sorte d'Entretien avec un vampire, version édulcorée pour adolescents. 

Neo-défi lecture 2016-continué-en-2017 : un livre dont le personnage principal meurt à la fin

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10 août 2017

Joël Dicker : Le Livre des Baltimore

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On ne présente plus Joël Dicker, qui avait déjà fait un carton avec son précédent roman, La vérité sur l'Affaire Harry Quebert, obtenant entre autres le Goncourt Lycéen 2012. Un jeune auteur à la belle gueule (que l'éditeur partage gentiment avec nous en quatrième de couverture). Mais si jamais vous ne le connaissiez pas encore, tant mieux : cet article sera l'occasion pour moi de vous recommander plus vivement son troisième roman, le dernier en date, que j'ai trouvé bien meilleur que Harry Quebert

Cet Harry Quebert, je l'ai lu il y a quelques temps déjà. J'avais été attirée par la couverture (Portrait of Orleansun tableau de Hopper, ce peintre qui arrive à donner du mystère au quotidien), et la promesse d'un roman à rebondissements, un "page turner" comme disent les Américains. Je l'avais aimé, mais sans plus, finalement. Deux histoires s'y mélangeaient : une affaire policière, et la vie d'un jeune écrivain en mal d'inspiration qui trouvait justement le sujet de son prochain livre dans l'histoire policière en question, car l'accusé était son mentor en écriture (le fameux Harry Quebert). Autant l'histoire policière était bien ficelée, avec ce qu'il faut de mystère et de péripéties, autant l'autre histoire, correspondant au moment présent, m'avait moins passionnée. Un peu trop "métalittéraire", avec d'assez grosses ficelles : en gros, un roman qui explique comment on fait pour écrire un roman. Dans cet article de Slate, "Joël Dicker est-il un bon écrivain ?", la journaliste en conclut que oui et reconnaît avoir finalement apprécié ces ficelles. Bon, ce n'est pas pour rien que le roman a eu du succès, quand même. 

Mais là, avec Le Livre des Baltimore, on a un véritable page turner, qui prend pour thématique une famille et ses secrets : ingrédients infaillibles d'un bon récit à suspense. Même personnage principal que dans le roman précédent (Marcus Goldman, le jeune écrivain), même composition avec une double narration : le moment présent, où Marcus s'apprête à écrire son nouveau livre, en même temps qu'il retrouve Alexandra, son ancien grand amour, et le passé, avec l'histoire passionnante de la famille Goldman. 

Cette famille est binaire : il y a Marcus et ses parents, qui, vivant à Montclair, sont appelés "les Goldman de Montclair", et l'oncle, la tante et les deux cousins, vivant à Baltimore, surnommés donc (vous n'allez pas en revenir) "les Goldman de Baltimore". Mais derrière ces innocentes appellations se cache une rivalité pernicieuse car masquée sous d'apparentes bonnes relations. Les Baltimore (surnom raccourci) surpassent en tout les Montclair : plus brillants, plus riches. Plus heureux ? C'est en tout cas ce dont Marcus, qui passe toutes ses vacances chez ses cousins, est persuadé. Evidemment, le but du roman est de déconstruire les apparences, de montrer que le bonheur et la jalousie ne sont pas forcément du côté que l'on croit. 

Le fait qu'il y ait davantage de personnages que dans Harry Quebert joue en faveur du plaisir de lecture. Car plus de personnages, cela signifie plus de destinées qu'on a envie de connaître, plus d'interactions et donc plus d'intrigues (amicales, fraternelles, amoureuses...). Les éléments du suspense sont aussi, je trouve, plus habilement distillés que dans le roman précédent. Des éléments apparaissent assez vite au lecteur, mais certains détails (pas si anodins) sont retenus par le narrateur (donc, par l'auteur) jusqu'au bout. 

La notion de métalittérature est présente aussi. Et avec encore plus d'humour et d'autodérision (en tout cas, de réflexion sur sa propre image) que dans le roman précédent. Après La vérité sur l'Affaire Harry Quebert, Joël Dicker est devenu célèbre. Dans Le Livre des Baltimore, il se met en scène, en interrogeant tout à la fois cette célébrité et l'impact qu'elle peut avoir sur la vie personnelle, les actes que l'on se retrouve à faire pour obtenir, sinon la célébrité, du moins une certaine aura dans les yeux des personnes qui comptent autour de nous (ou dont on croit qu'elles comptent), et cet entremêlement incessant de la vie publique et de la vie privée. Le Livre des Baltimore est une fausse autobiographie, dans laquelle l'écrivain imaginé par Joël Dicker se met à raconter ses histoires de famille. On y croit comme si Joël Dicker lui-même, après avoir écrit son premier best-seller, avait rédigé un "roman de la maturité", sur sa vie intime. Et en même temps, l'auteur nous rappelle sans cesse qu'il ne s'agit, en fin de compte, "que" de littérature. Or, pour lui, ce n'est pas rien : dans les derniers mots du roman (ce n'est pas un spoiler puisqu'ils sont repris en quatrième de couverture) : "Pourquoi j'écris ? Parce que les livres sont plus forts que la vie. Ils en sont la plus belle des revanches. Ils sont les témoins de l'inviolable muraille de notre esprit, de l'imprenable forteresse de notre mémoire."

Alors, pourquoi Joël Dicker écrit-il ? Pour nous faire rêver, nous émouvoir, nous faire haleter d'impatience, ou bien pour lui-même ? La question n'a que peu d'importance, pas plus que de se demander si, oui ou non, Joël Dicker est un bon écrivain : Le Livre des Baltimore est un bon livre. Lisez-le ! 

8 août 2017

Laurent Gaudé : Eldorado

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Comme je le disais dans mon article sur L'exil et les migrations, j'ai longtemps rechigné à lire Laurent Gaudé. Trop célèbre, trop récurrent dans les derniers manuels scolaires ou sujets d'examen (au bac, au brevet...). Un peu trop pour être honnête, quoi. Et puis, bon, j'ai récemment décidé de mettre de côté cette méfiance que j'ai envers les auteurs à la mode pour me faire ma propre idée. Mon premier Gaudé est donc Eldorado. Et je reconnais que ce fut une plutôt belle rencontre. 

Je m'attendais à être rebutée par un style faussement littéraire, et finalement pauvre. Cela s'explique par le fait que le texte de Gaudé que je connaissais le mieux jusqu'à présent était l'extrait du Soleil des Scorta donné aux collégiens pour le brevet 2013. J'avais trouvé ce texte non pas détestable (il ne faut pas exagérer) mais quand même nettement en dessous de beaucoup d'autres auteurs (même contemporains) qu'on pouvait proposer à des élèves de 3e. Un peu facile, quoi. Evidemment, quand on ne lit qu'un extrait, et qu'en plus, on "l'utilise" pour en faire une explication littéraire, il est facile d'en pointer la pauvreté ou la facilité. Mais dans le contexte d'un roman, les choses sont différentes. Le style de Gaudé ne se prête peut-être pas aux explications de texte, mais il convient parfaitement aux récits qu'il porte dans ses romans. 

Ainsi, je suis entrée dans Eldorado avec plus de plaisir que je ne le pensais. Des chapitres assez courts, des moments qui accrochent l'attention, des personnages qui intriguent. J'ai très vite voulu savoir ce que le commandant Piracci, l'un des personnages principaux du roman, allait faire avec cette ancienne migrante qui lui réclame son pistolet pour se venger d'un passeur véreux. Puis sont apparus deux autres personnages, Soleiman et Jamal, deux frères qui tentent la fameuse traversée du Soudan à Lampedusa, et j'ai eu envie, également, de suivre leurs aventures. 

Du réalisme, peu de clichés, juste ce qu'il faut d'émotion pour donner de l'étoffe à l'histoire (aux histoires, plutôt) : bien sûr, des histoires de migrants, on en a lu, ou du moins entendu beaucoup, mais celle-ci est un beau moment littéraire. Avec cette originalité de destins qui se croisent, au sens propre : les deux frères veulent gagner l'Italie, le capitaine veut la quitter, pour trouver une nouvelle vie, et se trouver lui-même. Cela nous amène à une véritable réflexion sur nos actes, nos choix, et la manière dont ils nous emmènent parfois dans des routes totalement inconnues. 

La fin est marquante, sans pour autant annihiler les émotions partagées tout au long du roman. 

Je ne regrette donc pas cette découverte, qui m'a donné envie de faire plus amplement connaissance avec cet auteur que j'évitais. A suivre ! 

7 août 2017

L'exil et les migrations

 

 

 

Cette belle chanson de Christophe Maé nous rappelle que le sujet des migrations reste encore et toujours d'actualité. C'est ce que j'ai tristement pensé en juin dernier lorsque, feuilletant les manuels scolaires à la recherche d'un dossier de presse pour la nouvelle séquence de 4e, "Informer, s'informer, déformer ?", j'en ai trouvé un sur les migrants. Je savais qu'il me servirait plusieurs années durant, parce que cette problématique n'était pas prête de disparaître. 

J'avais déjà fait quelques lectures à ce sujet. Je profite de l'été pour donner un panorama plus large de cette question : dans la littérature, notamment la littérature jeunesse, dans les programmes scolaires, dans le cinéma. 

Les nouveaux programmes de collège m'ont donc donné l'occasion de mettre en oeuvre une nouvelle séquence en 4e : "Quand la ville devient un lieu d'exil". Cette année, j'ai ainsi mêlé deux "enjeux littéraires et de formation personnelle" (c'est comme ça qu'on appelle désormais les différents points du programme de littérature) : "Informer, s'informer, déformer ?" (autour de la presse) et "La ville, lieu de tous les possibles ?". L'an prochain, je ferai de même, mais dans deux séquences dissociées : l'exil en littérature, puis l'exil dans les médias. 

A cette occasion, j'ai élaboré une nouvelle liste de lecture cursive autour de l'exil et des migrations (enrichie par rapport à celle que j'avais donnée cette année) : 

La traversée, de Jean-Christophe Tixier (9€50)
Refuges, d’Annelise Heurtier (12€)
Enfants de l’exil, d’Ahmed Kalouaz (9€95)
Un cargo pour Berlin, de Fred Paronuzzi (8€20)
La danse interdite, de Rachel Hausfater (8€50)
Tu peux pas rester là, de Jean-Paul Nozière (8€70)
Toute seule loin de Samarcande, de Béatrice Deru-Renard (8€50)
La petite fille de Monsieur Linh , de Philippe Claudel (5€60)
Le temps des miracles, d’Anne-Laure Bondoux (13€90)
Clandestine, le journal d’une enfant sans papiers- Loriane K (6€90)

[J'avais aussi fait figurer Que deviennent les enfants quand la nuit tombe ?, de Jean-Paul Nozière, dont je vous parlais en août 2013, mais je pense le retirer de la liste, d'une part parce que l'exil ne concerne qu'un récit sur les deux qui s'entremêlent dans le roman, d'autre part parce que les élèves ont eu un peu de mal à en faire la restitution que je leur demandais, à savoir l'interview du personnage principal. Beaucoup ont interviewé Ylisse ou Adélie, mais faire parler un mort est un exercice difficile et pas toujours convaincant...]

[bis : J'ai précisé les prix car je sais bien que c'est l'une de nos préoccupations quand on donne des livres à lire aux élèves... Ils sont chers, certes, mais je rappelle que, dans mon fonctionnement, je n'oblige jamais les élèves à acheter. Bien sûr, pour fonctionner ainsi, il faut avoir une ou plusieurs médiathèques bien achalandées à proximité, et donner beaucoup de temps aux élèves pour qu'ils s'organisent en premier lieu dans l'acquisition du livre.]

J'avais donc déjà lu les deux premiers de la liste, ainsi que La danse interdite, il y a longtemps, que j'avais beaucoup aimé (on trouve peu d'articles sur ce roman, étrange : quelques lignes dans Le Matricule des Anges)

Dernièrement, trois nouvelles lectures : 

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Je ne suis pas sûre d'intégrer le premier dans la liste. Les articles sur le roman de Maryline Desbiolles insistent tous sur sa brièveté, son "écriture épurée", et c'est justement ce qui m'a gênée. On n'a pas vraiment le temps de s'imprégner de l'histoire des personnages. Je trouve que ce livre ne répond pas assez à mon objectif pédagogique, j'aurais peur que les élèves ne sachent pas s'y prendre pour en rendre compte. Le début est complexe, j'ai mis du temps à saisir la situation - et une fois comprise, c'est presque déjà la fin du récit. Une déception face à ce roman dont on dit pourtant du bien ici, ici ou encore

Belle surprise, en revanche, pour le roman de Fred Paronuzzi, et découverte réussie de Laurent Gaudé que j'avais évité jusque là, plutôt méfiante, pas convaincue par certains extraits trouvés dans les manuels scolaires. Je vous en dis plus dans de futurs articles. 

J'ai trouvé une autre liste de lecture sur InterCDI, avec des titres que je ne connaissais pas, et que j'essaierai donc de découvrir prochainement : Inter CDI

 

 

Voici pour les lectures. Qu'en est-il de mes activités pédagogiques menées en 4e ? En voici un rapide aperçu (plus de détails à la demande) :

Corpus littéraire, autour du thème "Quand la ville accueille l'exil" (problématique travaillée : Comment la littérature et le cinéma utilisent-ils le décor d'une ville pour nous faire vivre le sentiment d'exil ?) : deux extraits non directement liés à l'exil, mais plutôt à la découverte d'une ville et de sa modernité (l'arrivée à Paris de Denise dans Au bonheur des dames, de Zola, et la découverte du métro par Zazie dans le roman de Queneau) ; l'extrait du Soleil des Scorta de Laurent Gaudé, donné au brevet 2013, dans lequel des migrants italiens attendent et imaginent leur arrivée à Ellis Island ; enfin, la première partie du poème "A New York", de Léopold Sédar Senghor, qui décrit la fascination suivie de la désillusion du poète face à la modernité de New York. 

Corpus cinématographique, pour accompagner les textes : l'arrivée de Xavier à Barcelone dans L'auberge espagnole, de Cédric Klapisch ; la séquence de Persepolis, de Marjane Satrapi et Vincent Paronnaud, dans laquelle Marjane est envoyée de force par ses parents en Autriche, pour échapper aux contraintes du régime islamique iranien ; et un extrait de Pour un instant la liberté, film d'Arash T. Riahi où il raconte l'histoire vécue par ses frères d'une migration de l'Iran vers l'Europe (extrait à choisir car tout le film est passionnant et intéressant pour le thème...). 

Activité de lecture : pour accompagner la lecture cursive (voir plus haut), la rédaction de l'interview du ou des personnage(s) principal(aux) du livre (cinq questions posées par le journaliste et cinq réponses du personnage dans lesquelles il doit raconter les principales étapes de son parcours de migrant ou d'exilé). 
(Activité plutôt bien réussie par les élèves qui ont compris l'intérêt de bien choisir les questions et de bien rédiger les réponses s'ils voulaient que leur devoir prouve qu'ils ont lu et compris le livre. Quelques uns se sont néanmoins un peu perdus, comme je le remarquais plus haut.)

Activité d'écriture : une rédaction pour évaluer la séquence, dont le sujet est très proche de ce qui est tombé au brevet 2017 (raconter l'arrivée dans une ville inconnue, en décrivant les lieux, et en insistant sur les réactions et les émotions du personnage). Au préalable, j'avais fait tirer au sort une situation que les élèves devaient respecter dans leur rédaction : une ville de départ (par exemple, Port-au-Prince), une ville d'arrivée (Montréal, dans le même exemple), la raison de l'exil de leur personnage (ici, le tremblement de terre en 2010). Ils étaient donc censés faire des recherches en amont, et apporter le résultat de ces recherches le jour de la rédaction en classe, pour que leurs descriptions et les faits sur lesquels ils devaient s'appuyer soient les plus précis possibles. 
(Rédactions un peu décevantes : peu d'élèves avaient fait l'effort de véritables recherches ; à leur décharge, je n'avais pas beaucoup pu les guider dans ces recherches. Les récits étaient souvent très naïfs, avec des exilés qui passent leur première journée à visiter - avec un guide, bien sûr - tous les monuments historiques de la ville, ou qui trouvent du travail en demandant au premier boulanger croisé. A retravailler l'année prochaine avec des séances spécialement consacrées aux recherches, et d'autres à la technique de la description, peu utilisée dans les devoirs, malgré les consignes données.)

 

Travailler sur les migrations en interdisciplinarité : deux pistes à ce sujet, autour des médias ou autour du programme de géographie (les migrations y figurent en 4e : ça tombe bien !).

- Une séquence autour de l'entrée du programme de français "Informer, s'informer, déformer ?" : Quand l'exil est au coeur des médias (problématique travaillée : Jusqu'où les médias peuvent-ils aller pour aborder un sujet de société ?)

Il suffit de constituer un dossier de presse autour de la question des migrants (on en trouve un plutôt riche et intéressant dans le manuel L'envol des lettres, chez Belin, mais à réactualiser car il date de 2016), en intégrant notamment des images "résistantes", comme diraient nos formateurs : je pense par exemple à la fameuse photo d'Aylan, cet enfant syrien retrouvé mort sur les côtes de Turquie, photo qui a suscité de nombreuses polémiques (on peut donc faire lire différentes sortes d'articles aux élèves : ceux qui se sont servis de cette photo comme illustration, et ceux qui en ont dénoncé l'utilisation). Une réflexion peut être lancée sur les limites de l'information : à partir de quand peut-on parler de "surmédiatisation" ? Cette surmédiatisation apporte-t-elle quelque chose à l'information, ou en constitue-t-elle un obstacle ? On peut aussi faire réfléchir les élèves à ces nombreuses vidéos faites par des non-journalistes, qui remplacent parfois les informations "professionnelles" (comme toutes les vidéos amateurs qui ont circulé après les différents attentats, et qui ont parfois servi de point de départ aux théories du complot sur la Toile : "Mais non, le policier, il ne peut pas être mort, on ne voit pas de sang sur la vidéo..."). 
Autre piste intéressante autour d'une image : une photographie de migrants prenant le train utilisée par le Journal de la ville de Béziers. Cette photographie a été détournée par le journal (ajout de pancartes ne figurant pas sur la photo initiale), et permet donc de travailler sur la responsabilité vis-à-vis d'une image, la désinformation, et l'influence qu'un média peut avoir sur ses lecteurs. 

Ce travail peut aisément se mener en cours de français (l'analyse de la presse, textes et images, faisant désormais partie de nos programmes), mais il est évidemment intéressant d'y associer le professeur-documentaliste (pour la constitution du dossier de presse par exemple, ou le travail sur le croisement des sources afin d'analyser une information). Pourquoi pas aussi le professeur de géographie, ou encore des professeurs de langues vivantes, qui peuvent trouver des articles faciles à lire, ou tout simplement des Unes de magazines, sur le même thème, pour insister sur l'aspect 'sujet de société". 

- Deuxième idée : associer le professeur de géographie dans la rédaction décrite plus haut. Les séances qu'il aura faites avec les élèves sur les migrations (dans son programme, donc) pourront servir de point de départ aux recherches, et la présence d'un deuxième professeur pour encadrer ces recherches a un intérêt incontestable. C'est ce qui aurait sans doute enrichi les devoirs de mes élèves. Si l'idée d'un récit (littéraire, puisque dans mon idée de rédaction, il s'agit quand même de travailler le style et le vocabulaire) n'intéresse pas plus que ça le professeur, on peut aussi faire écrire aux élèves l'interview d'un personnage fictif d'exilé. Une autre manière encore de travailler sur la presse (avec un travail en aval de mise en page). 

 

Voici pour le panorama que j'avais envie de dresser autour de ce thème. En espérant que mes idées de lecture et d'activités pédagogiques profitent au plus grand nombre ! 

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24 juillet 2017

Ghyslaine Avril : Une journée en musique

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Les livres musicaux, tous les parents connaissent ça très bien. La petite Mu, elle, est en pleine découverte... Heureusement, ses éditeurs partenaires sont là pour l'aider à faire ses choix !

Pour les novices comme moi, un livre musical, c'est quoi ? C'est un album souvent richement illustré, doté d'une puce par page sur laquelle l'enfant (ou le parent) appuie pour libérer un court morceau de musique, ou parfois quelques notes d'un instrument. Le but est de stimuler les sens de l'enfant, la vue et l'ouïe, et de le faire participer puisqu'il peut déclencher lui-même la musique d'un simple geste. Souvent, c'est aussi l'occasion d'enrichir sa culture musicale. Beaucoup de livres musicaux optent pour des airs du patrimoine musical classique : ces airs universels sont souvent très appréciés par les tout-petits. Et, pour les parents, c'est plus agréable que certaines ritournelles créées de toutes pièces pour un jouet ou un mobile... 

Depuis le temps qu'ils fabriquent ce genre d'ouvrage, les éditeurs ont pensé à tout : albums très solides avec des pages épaisses, système "start and stop" sur la quatrième de couverture (petit bouton qui permet de rendre les puces inefficaces si on veut préserver les piles, ou la tranquillité de la maison...). 

Une journée en musique, de chez Hatier Jeunesse, répond à tous ces critères, avec un objectif particulier : accompagner chaque moment de la journée de l'enfant (le lever, le bain, les jeux...) par un morceau de musique différent. Les illustrations représentent des scènes avec des animaux. Quant aux morceaux, ils ont été choisis parmi de célèbres compositions classiques. Dans l'ordre, on trouve : 

Le Carnaval des animaux, final - Camille Saint-Saëns

Suite n°2, Badinerie - Jean-Sébastien Bach

Casse-Noisette, la danse des fleurs - Piotr Ilitch Tchaïkovski

Symphonie n°3, poco allegretto - Johannes Brahms

Gymnopédie 1 - Erik Satie

 

Pour une fois, j'ai pu tester cet album sur un enfant, un vrai ! Mon neveu de deux ans, en l'occurrence. Cela m'a permis quelques observations : 

1°) Les livres musicaux, ça marche très, très bien avec les enfants. Tellement bien que mon beauf m'a confié que les piles duraient rarement plus d'une semaine, voire quelques jours... Un "inconvénient" à anticiper, surtout si les piles ne sont pas faciles à se procurer. 

2°) Un enfant, quand ça commence quelque chose, ça ne s'arrête plus. Mon neveu, une fois les six pages tournées, qu'est-ce qu'il fait ? Ben, il recommence ! Autant dire que le concept des moments de la journée n'a pas été vraiment appliqué dans ce cas-là... Il faut donc l'intervention d'un adulte qui ferait écouter chaque page au bon moment, mais à mon avis l'enfant ne le laissera pas ranger le livre une fois la page écoutée... 

Du coup, autant je valide complètement le choix des musiques et des dessins, qui ont eu l'air de beaucoup plaire à mon neveu, autant je reste dubitative sur l'idée du livre pour la journée... 

Résultat de recherche d'images pour "une journée en musique hatier jeunesse"

En octobre paraîtra un deuxième ouvrage de la même auteure : cette fois-ci, elle fera découvrir aux enfants Un monde en musique, avec des sonorités inspirées de musiques du monde (flamenco, jazz, batucada...). Certainement tout aussi efficace : à écouter ! 

Etiquette Hatier jeunesseSuite de mon partenariat avec les éditions Hatier jeunesse.

21 juillet 2017

Harry Parker : Anatomie d'un soldat

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Oui, alors, bon, ça fait un petit moment que je l'ai fini, ce roman de la rentrée littéraire 2016 (celle de septembre)... Mais il serait temps de changer la photo "Lecture en cours", quand même !

Rapidement, donc, car mes souvenirs sont un peu lointains, j'ai plutôt aimé ce roman original sur la guerre, dans lequel les narrateurs sont des objets. Objets militaires (chaussure de combat, gilet pare-balles...), objets du quotidien (miroir, basket, verre de bière...), objets utiles aux attaques des talibans (sac d'engrais, pile électrique...), mais aussi matériel médical : garrot, prothèse... Car le personnage principal - mais pas narrateur, donc - est un jeune capitaine britannique qui, pendant une patrouille nocturne en Afghanistan, marche sur une mine et perd ses deux jambes.

La narration par les objets, chacun à leur tour dans des chapitres de quelques pages au maximum, a des avantages et des inconvénients. Les avantages résident dans la mise à distance : non seulement ce n'est pas le principal concerné qui raconte, mais ce ne sont pas non plus des humains ayant partie prenante dans sa vie. Les émotions inévitablement associées à une telle histoire sont donc habilement et originalement traduites par les micro-histoires de ces objets qui, d'une manière ou d'une autre, ont jalonné l'existence du capitaine Tom Barnes. Le tout se fait avec beaucoup d'authenticité : l'histoire est peu ou prou autobiographique, Harry Parker a lui aussi été soldat et amputé des deux jambes. L'inconvénient que j'ai trouvé à ce choix est le morcellement narratif qui en découle. Dans la première partie surtout, où on passe en un chapitre d'une histoire concernant les Anglais à une histoire concernant leurs ennemis, j'ai parfois eu du mal à suivre. Une fois le capitaine rapatrié, tout se concentre autour de sa thérapie, cela devient plus simple.

Un beau roman, donc, qui réussit à ne pas donner l'impression d'une énième lecture sur la guerre, les talibans, les chocs post-traumatiques, alors que ces thèmes ont pourtant été maintes fois abordés dans la littérature de ces dernières décennies. 

20 juillet 2017

Ilya Green : Les petits amis de la nuit

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J'ai bien eu du mal à choisir mon service presse parmi le catalogue des nouveautés Didier Jeunesse. Des livres musicaux comme ils savent si bien en faire, un nouvel album de Maria Jallibert, dont j'avais déjà parlé ici, qui improvise cette fois autour des moyens de transport (vous pouvez jeter un oeil à quelques pages sur le catalogue)...

Finalement mon choix s'est porté sur une histoire pour tout-petits, racontée et dessinée par Ilya Green, à propos des compagnons nocturnes.

Ilya Green, c'est celle qui a fait tout ça :

Mosaïque Ilya Green

Parmi ces couvertures chatoyantes, le joli Achile et la rivière, écrit par Olivier Adam, sur le bruit, le silence et le bonheur, un bon nombre de livres musicaux de Didier Jeunesse, justement, et plusieurs titres autour du sommeil, des rêves ou des amis des enfants : Petits contes pour rêver, Les rêves racontés aux petits curieux, Nos beaux doudous...

Ce sont ces thèmes-là qu'elle reprend dans Les petits amis de la nuit. Un petit album cartonné, agréable au toucher, avec des images en léger relief, qui décrit l'étrange défilé des bestioles qui accompagnent l'enfant vers le sommeil : des petites souris, un chat tout gris, des canards, des tortues, et, bien sûr, un loir. Tous ces animaux se préparent pour "le grand spectacle du soir". Et puis, pouf ! La magie opère : tout le monde s'est endormi...

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Les dessins sont beaux, très doux, tout en crayonnages. J'ai beaucoup aimé le fait que, malgré le fond noir, toutes les illustrations respirent la joie et le plaisir. La dernière image, notamment, est une explosion de couleurs chatoyantes et variées. Une jolie façon de dire que la nuit, les animaux ne sont pas - entièrement - gris, et que le noir n'est pas toujours source de peur : dans le noir, on raconte aussi de belles histoires.

 

Auteure et illustratrice : Ilya Green
Editions Didier Jeunesse
Parution : 23 août 2017

 Suite de ma collaboration avec les éditions Didier Jeunesse

14 juin 2017

Cécile Roumiguière et Fanny Ducassé : Dans le ventre de la terre

Dans le ventre de la Terre

Revoici la petite Mu avec un album de circonstance (une circonstance que je vous laisserai deviner tout seuls... bon, ce n'est pas bien compliqué !), découvert par hasard chez des amis. 

Moquez-vous si vous voulez, mais j'ai mis quelques pages avant de comprendre qu'il s'agissait d'un album sur la grossesse. Et quand ça a fait tilt, j'ai trouvé ça tellement beau et bien dit que j'en ai eu les larmes aux yeux (ah, non, ça, ce sont les hormones...). Tout en couleurs, tout en rondeurs, on suit l'histoire d'une vie qui naît et qui grandit dans le ventre de la mère. 

Un "chef-d'oeuvre d'orfèvrerie", écrivait-on dans Actualitté au mois d'octobre : l'expression est très juste. Les deux collaboratrices de cet album se sont bien trouvées : le dessin minutieux de Fanny Ducassé, tout en détails et arabesques,  porte à merveille les mots pleins de poésie de Cécile Roumiguière. 

L'idée est de faire imaginer et faire comprendre à un futur grand frère ou une future grande soeur ce qui est en train de se passer dans le ventre de sa mère, pourquoi il s'arrondit, pourquoi, au bout de neuf mois, le bébé veut sortir (la "grotte" est devenue trop petite)... Avec la bonne idée d'associer cela au cycle de la nature, aux transformations de la terre, pour en faire quelque chose de profondément "naturel". Le site Ricochet le conseille toutefois "à partir de 7 ans". Pour ma part, je l'ai lu avec une petite fille de quatre ans, qui m'a semblé aussi absorbée que par les autres histoires que nous avons feuilleté. Après, qu'en a-t-elle retenu, je ne saurais pas dire. Ce que je sais, c'est que moi, j'ai beaucoup, beaucoup aimé ! 

Un livre à mettre donc dans les mains des enfants, mais aussi des papas et des mamans ! 

 

22 mars 2017

Fête du livre jeunesse à Villeurbanne

Affiche Fête Villeurbanne 2017

Ca y est, le programme et les informations sont sur le site

Honte à moi, j'avoue ne connaître aucun des auteurs et illustrateurs présents... Certains noms ou titres me disent quelque chose, rien de plus. Mais je suis certaine que les lecteurs et lectrices de la Petite Mu s'y connaissent mieux que moi et trouveront leur bonheur ! 

A noter, un appel à projets est lancé pour petits et grands, pour monter une exposition d'affiches engagées. Seul bémol : il faut aller retirer le support (feuille A3) sur place (trois lieux les distribuent), et déposer son affiche aux mêmes endroits. Difficile donc de participer sans être Lyonnais. Mais si vous êtes inspirés et dans les parages, n'hésitez pas à participer, c'est un beau projet artistique et citoyen. 

Quelques idées d'activités repérées sur le programme, en vrac : 

- du lundi 27 mars au dimanche 9 avril, création d'une fresque de mots et photos, à l'initiative de deux artistes, photographe et vidéaste ; 

- samedi 1er avril, une initiation aux bruitages avec Wallace et Gromit, ouverte aux 8 ans et plus ; 

- samedi 8 et dimanche 9 avril, un "atelier d'écriture insolite sur des machines à écrire détournées, animé par deux dactylo-clowns" (alléchant !) ; 

- et les liseuses de bonne aventure, ce coin-lecture audio fort sympathique que j'avais découvert (mais malheureusement pas testé) l'année dernière. 

 

Encore une belle occasion de faire vivre la littérature jeunesse ! 

 

 

3 mars 2017

Quelques événements 2017

Pour son retour, la petite Mu vous annonce - ou rappelle - deux événements à venir tout bientôt. 

D'abord, demain, c'est le Printemps des Poètes qui revient. Avec une très, très belle affiche (après les deux dernières que j'avais moins aimées) et un thème propice au voyage : 

PDP19_Aff_20x30_logos-BDDu 4 au 19 mars, guettez les manifestations poétiques près de chez vous, visitez régulièrement le site et faites vivre la poésie !

 

Et pour les Rhônalpins, la 18e édition de la Fête du livre jeunesse de Villeurbanne se tiendra le samedi 8 et le dimanche 9 avril. Le thème : On va se faire entendre ! 

Affiche Fête Villeurbanne 2017

Informations à venir très vite sur le site de l'événement. Pour se donner envie, vous pouvez lire ce que la petite Mu en a dit l'année dernière

 

A bientôt les amis ! 

 

3 octobre 2016

Orchestre National de Lyon : Star Wars en concert

Les dernières soirées de l'Auditorium de Lyon avaient un avant-goût de festival Lumière, ce fameux rendez-vous lyonnais du cinéma, qui s'ouvrira dans quelques jours. En effet, l'Orchestre National de Lyon a choisi d'y interpréter les musiques de John Williams, et de faire revivre la symphonie de la Force et de son côté obscur. C'est la deuxième fois, en fait, que l'orchestre joue ces morceaux en ce lieu, mais l'autre fois, c'était sur le parvis, pour la fête de la musique 2015 : cette fois-ci, la saga entre dans l'amphithéâtre, et c'est l'occasion pour la conceptrice de lumières canadienne D.M.Wood d'illuminer la salle à grands coups de projecteurs. La plaquette du spectacle annonce d'ailleurs : "Star Wars en concert. Musique et lasers". 

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Les trois dates ont été rapidement complètes, les réservations étaient difficiles voire impossibles si on se connectait au site une demi-seconde trop tard ; des places ont été vendues chaque soir une heure avant le début du spectacle et "tout le monde a pu finalement entrer", a déclaré le vendeur de la billetterie. Même plus que tout le monde, car, finalement, samedi soir, il y avait des sièges vides dans la salle, alors qu'ont été vendues des places "à visibilité réduite", mises à disposition au tout dernier moment. Bon, ces petits couacs mis à part, il faut reconnaître que l'éventail des tarifs de la salle est tout à fait raisonnable et permet à tout le monde de s'y retrouver, les places les moins chères étant à 8€. Pour apprécier la beauté du lieu (la salle est vraiment classe, traditionnelle et moderne en même temps) et la qualité d'un orchestre symphonique, rien à redire !

Une fois un siège obtenu, les musiciens entament la musique de la Twentieth Century Fox, dont j'apprends qu'elle a été composée par un certain Alfred Newman, puis le spectacle enchaîne les morceaux que tous les fans connaissent. Une seule originalité : en avant-dernière position, l'orchestre joue deux extraits de la "Suite du jeu vidéo Star Wars : Shadows of the Empire", qui date de 1996. Son compositeur, Joel McNeely, s'est évidemment inspiré de John Williams, qui a suggéré son nom pour cette bande-son, mais il apporte une touche personnelle, agréable à entendre dans ce concert. 

On ne peut pas être déçus quand on aime les films et la musique (souvent, les deux vont de pair). C'est assez magique de pouvoir regarder les musiciens et de guetter chaque instrumentiste, en se disant "ah, tiens, c'est lui qui joue ça!" On (re)découvre ainsi la harpe, bien présente dans les morceaux, mais aussi le xylophone, les percussions... On passe donc un très bon moment musical, et le finale, dans lequel le chef d'orchestre Ernst van Tiel se bat au sabre laser contre deux autres musiciens déguisés pour l'occasion, a bien sûr ravi tous les fans, petits et grands. 

Seule déception véritable : les lumières. En fait de lasers, on a droit à quelques projecteurs qui balaient la salle, éblouissant au passage les spectateurs les plus hauts placés... J'aurais aimé des effets de duel, des couleurs qui respectent la trame narrative de la saga, avec le combat du rouge contre le vert... J'ai trouvé ça franchement limité, et je m'étonne qu'on en ait fait tout un pataquès. 

En tout cas, ce spectacle m'a donné envie de fréquenter plus souvent l'Auditorium (ah, l'époque bénie où j'habitais à côté...) car sa programmation est plus que riche, voyez vous-mêmes : 

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Là, comme ça, j'aimerais beaucoup être présente pour l'un des cinés-concerts, mettons The Artist que je n'ai pas encore vu, j'adorerais revoir Bobby McFerrin, déjà vu à Vienne, que j'idolâtre depuis qu'un professeur de musique me l'a fait découvrir au collège, pourquoi pas aussi Joshua Redman qui est, justement, mon dernier concert à l'Auditorium (mais ça remonte à 2009...), découvrir le fameux Carnaval des animaux des Amazing Keystone Jazz Big Band, dont je connais personnellement le saxophoniste (eh oui, messieurs dames, c'est ça d'avoir grandi dans une capitale du jazz !) et qui remporte un grand succès depuis sa création il y a plusieurs années déjà... Oh, et puis aussi cet inclassable, La couleur des sons, où le pianiste Mikhaïl Rudy se propose de "faire revivre" le spectacle artistique mêlant aquarelles de Kandinsky et musique de Moussorgski, avant de nous projeter son film d'animation, Chagall, la couleur des sons

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Je sens déjà que je ne pourrai pas assister à tout ça. Dites, si vous y allez, vous voudrez bien profiter pour moi ? Et venir ici me raconter, bien sûr ! 

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Le royaume de Kensuké

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