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La petite Mu qui plume

18 août 2016

Des romans sur les migrants

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J'ai déjà évoqué plusieurs fois Refuge(s), le roman d'Annelise Heurtier, que j'ai lu il y a un certain temps déjà,  ; quant à celui de Jean-Christophe Tixier, La traversée, je viens de le finir. Tous les deux sont sortis au printemps 2015, mais ils continuent bien entendu d'être "au coeur de l'actualité", comme je l'indiquais à mes élèves sur la fiche que vous pouvez voir à l'image. 

Les deux romans reposent sur une narration plutôt travaillée, qui se veut originale, avec une alternance de points de vue : il y a le personnage-narrateur principal, et d'autres personnages dont les récits s'égrènent au fil du livre. La différence, c'est que, chez Jean-Christophe Tixier, le narrateur principal, Sam, est un jeune migrant, dont le récit s'entremêle avec celui de ses compagnons de galère, alors que chez Annelise Heurtier, le personnage principal est Mila, une jeune italienne qui passe ses vacances sur l'île de Lampedusa et qui ne rencontrera jamais les migrants dont les récits croisent le sien. Seul un objet, à la toute fin du roman, servira de pont entre toutes ces histoires. Je n'en dis pas plus. 

De fait, le roman de Jean-Christophe Tixier est moins surprenant que celui d'Annelise Heurtier. Je dirais même que, pour un lecteur adulte - voire adolescent - un tant soit peu concerné par l'actualité, il ne nous apprend pas grand-chose sur la rude odyssée des migrants. Certes, il nous plonge, au sens propre, dans une traversée à son pire moment, et il ne nous épargne aucune des difficultés présentes ou passées qui accompagnent la décision de l'exil. Mais cet aspect documentaire est limité par la nécessité de faire avancer l'histoire, et la poursuite de cette histoire est elle-même entravée par la réalité de la traversée. La fin est "abrupte", des mots mêmes de l'auteur, qui s'en excuse en postface, tout en expliquant cette volonté de "rendre hommage à ces clandestins qui ignorent de quoi la minute suivante de leur vie sera faite."

Refuge(s) est un roman plus étoffé, en partie parce qu'on suit l'histoire de Mila, qui compte elle aussi son drame personnel : la mort de son frère, Manuele, dont elle et ses parents ont bien du mal à se remettre. Le fait d'avoir cette histoire en parallèle des destins des jeunes migrants, de l'autre côté de la Méditerranée, rend la lecture agréable car on se demande quand et comment les deux vont se lier. C'est l'île qui sert en fait de liaison et ce, dès le début du roman. Elle est associée à des valeurs différentes selon les personnages : Eldorado inconnu pour les migrants, lieu d'enfance ambivalent, porteur de bons et de mauvais souvenirs pour Mila. Bien sûr, la thématique de l'adolescence et des aspects qui lui sont souvent associés - l'amour, l'amitié, la famille... - est présente. Elle est mise en valeur par les adolescences malmenées des autres récits. La fin est belle, réaliste et émouvante à la fois. 

Je reste donc beaucoup plus convaincue par ce dernier livre que par La traversée, qui s'adresse certainement à un public plus jeune, avec une volonté plus marquée de faire découvrir une réalité à des lecteurs qui ne la connaissent pas encore. Il serait donc à lire en premier, et à prolonger par d'autres lectures, celle d'Annelise Heurtier, mais pas seulement. Si vous voulez rester sur l'île, il existe un roman nommé Lampedusa, de Maryline Desbiolles, paru chez L'école des loisirs en 2012 : moins actuel, mais qui permet de voir que la situation ne date pas d'aujourd'hui. En littérature jeunesse, on peut piocher dans la liste faite par Manon Guesdon, dans Le petit journal des profs. J'y découvre une collection, "Français d'ailleurs" aux éditions Autrement, dont tous les titres sont écrits par Valentine Goby : de bonnes idées de lecture pour plus tard. Et puis, pourquoi ne pas relire l'extrait de Laurent Gaudé donné au brevet 2013 ? On y parle bien de traversée, la fameuse qui mena tant de "miséreux d'Europe" vers le rêve de l'Amérique : 

Une thématique riche, qui interroge l'actualité et ouvre de beaux questionnements pour les jeunes et les moins jeunes. 

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16 août 2016

Top Ten Tuesday #1 : Les 10 récits de voyage (ou livres sur le thème des voyages) lus ou à lire

TTT 1 pour récap

Le Top Ten Tuesday est un rendez-vous hebdomadaire qui consiste à présenter chaque mardi 10 titres répondant à un thème littéraire précis. Ce rendez-vous a initialement été créé par The Broke and the Bookish et repris en français sur le blog Frogzine. (Et découvert par la petite Mu chez Forty-five weeks). 

Je ne suis pas certaine de tenir le rythme d'une chronique chaque mardi, mais cela faisait longtemps, finalement, que je n'avais pas pratiqué la liste sur ce blog, alors allons-y pour un premier TTT, et on verra bien la suite. 

Surtout, le thème du jour est évidemment idéal en ce milieu du mois d'août, et prolonge mon article de départ en vacances. D'abord, il y a mes chouchous, dont je vous ai déjà parlés : 

1°) L'extravagant voyage du jeune et prodigieux T.S. Spivet, de Reif Larsen, parce que c'est LE livre idéal pour partir en voyage : en un seul volume (certes, épais), vous avez une histoire pour s'évader, des annotations dans les marges pour se cultiver, et beaucoup de fantaisie pour rêver. 

2°) Dans les forêts de Sibérie, de Sylvain Tesson, parce que c'est le plus beau livre que j'aie lu (peut-être le seul, d'ailleurs) sur l'alliance de la nature et de la culture. Le tout dans un paysage glacial mais somptueux. Si vous aimez le froid, vous adorerez ; si vous aimez la chaleur, ça vous rafraîchira sans clim ni glaçons. 

3°) Lettres des Isles Girafines, d'Albert Lemant, parce que c'est le plus beau livre sur les girafes que j'aie jamais lu !! Si, comme moi, vous adorez ces grandes bestioles, vous en aurez à toutes les pages, à toutes les sauces, et vous n'aurez qu'une envie : visiter, vous aussi, le Girafawaland. 

4°) Vendredi ou la vie sauvage, de Michel Tournier parce qu'après avoir longtemps boudé cette lecture, j'ai appris à l'apprécier et je la trouve maintenant d'une très grande richesse. Un vrai dépaysement, et une réflexion sobre mais très efficace sur les rapports entre l'homme et la nature, le sauvage et le civilisé. 

5°) Refuge(s), d'Annelise Heurtier, parce que ce roman jeunesse publié en 2015 s'est emparé avec intelligence de "la question des migrants", et que, malheureusement, il est toujours d'actualité en 2016. 

 

Et puis il y en a quelques autres : 

6°) L'Odyssée, d'Homère, parce que c'est quand même le récit de voyage fondateur et incontournable, et que, déjà, tout y était : l'amour, la tentation, le conflit entre monde sauvage et monde civilisé, l'hommage à la nature, la peur des dieux, et des créatures toutes plus merveilleuses (au sens premier, c'est-à-dire extraordinaires, mais pas toujours amicales) les unes que les autres. 

7°) Les aventures de Télémaque, de Fénelon, parce que ce fut l'une de mes lectures préférées d'agrégative : assez éprouvant à lire, mais tellement passionnant à étudier. Un roman d'apprentissage qui se paye le luxe de réécrire l'un des plus grands textes fondateurs tout en faisant la satire du Roi Soleil. Le "livre divin de ce siècle", aurait dit Montesquieu. Rien que ça. 

8°) Le Magicien d'Oz, de Franck L. Baum, parce que, y'a pas, ce voyage du réel à l'imaginaire reste l'un de mes récits merveilleux préférés, et ce n'est pas pour rien que je l'ai inscrit six années de suite à ma progression de 6e. Je n'ai pas de 6e l'an prochain, snif, Dorothée et ses amis vont me manquer. 

9°) Mardi, d'Herman Melville, parce qu'il fait partie d'un programme d'agrégation que je n'ai jamais eu à travailler puisque j'ai eu le concours avant :-) Du coup, je n'ai jamais terminé ce gros pavé dont j'aimais le titre, mais qui m'a noyée avant même la moitié. 

10°) Construire un feu, de Jack London, parce que je suis obligée de finir avec de la neige, et que j'ai aimé cette nouvelle dont le héros et son orgueil souvent mal placé m'ont plu, dans leur lutte pour la survie. Une entrée dans l'univers de London plus simple que ses romans, car plus brève, et en même temps, tout aussi efficace. 

13 août 2016

Semaine de la BD, #3 : Yayoiso, ReLife

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Dernière étape dans la découverte des genres que tout le monde connaît sauf la petite Mu : les mangas. 

Pour être exacte, des mangas, j'en ai lu une série : Love Hina qui, d'après mes recherches, s'avère être un shōnen, "manga pour jeunes garçons". En effet, dans le monde du manga, la notion de cible éditoriale est prioritaire dans la classification des parutions, et s'avère très déterminée par l'opposition fille/garçon. Ce qui me laisse doublement sceptique car, pour ce qui est de Love Hina en tout cas, bien que le héros soit un jeune homme, les histoires et le cadre rappellent bon nombre de séries télé "teenagers" dont les téléspectateurs sont très souvent des téléspectatrices. 

ReLife, dans la catégorie seinen, "mangas pour jeunes hommes adultes" (de 15 à 30 ans), a ceci de particulier que c'est un manga tout en couleurs. Ceci s'explique par le fait qu'il a d'abord été publié sur téléphone et autres écrans, medium difficilement compatible avec le noir et blanc (moins lisible). Ca change, en effet, et c'est plutôt agréable, notamment pour des néophytes comme moi. L'histoire, elle, a un point de départ très actuel. Arata, un jeune homme de 27 ans (correspondant donc bien à la cible éditoriale), aimerait voir sa vie se remplir davantage, à l'instar de ses camarades, en couple et dans la vie active, mais il paye inlassablement le prix d'une erreur de parcours : sa démission d'un premier emploi au bout de trois mois, qu'on lui rappelle à chaque nouvel entretien d'embauche. Puis le récit prend un tour inattendu, voire inquiétant : un mystérieux inconnu le contacte et lui propose de le rajeunir de plusieurs années à l'aide d'une pilule spéciale, pour qu'il retourne au lycée et bénéficie ainsi d'un nouveau départ. Cet inconnu fait partie d'un institut de recherche, le fameux "ReLIFE", dont Arata ne sait rien, mais il accepte le challenge, plus ou moins contraint.

Bon. Passé ce début qui oscille entre témoignage réaliste de l'entrée pas toujours facile dans la vie adulte et thriller de science-fiction, j'ai trouvé que le rythme devenait moins trépidant et l'histoire moins palpitante. On retombe dans le côté "série teenager" dont je parlais au début, puisque le scénario tourne surtout autour de l'intégration d'Arata dans son lycée, de ses relations avec les professeurs et les élèves, de ses déboires scolaires. Il y a quelques moments un peu drôles concernant le décalage entre son âge affiché et son âge réel, mais ce n'est pas à se rouler par terre non plus. Même si Arata est attachant avec son côté râleur, j'aurais préféré en savoir plus sur la société ReLIFE et les conséquences de la pilule qui rajeunit. Il faudra lire la suite, me direz-vous : eh bien, justement,, il y a encore quatre volumes prévus, et le prochain sort mardi prochain, le 16 août !

Bilan de ma semaine découverte en BD : je ne suis décidément pas une adepte des genres assez codés et restrictifs du manga et du comic. Je reste bien plus amatrice des romans graphiques, autobiographiques ou non, avec un graphisme accessible et des dialogues travaillés. Cependant, je reconnais que les histoires d'Arata et de Khamala Khan ont un aspect original, et je suppose qu'elles peuvent s'avérer addictives au fur et à mesure des volumes.

 

10 août 2016

Semaine de la BD, #2 : Ms. Marvel

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D'un Fauve à l'autre (voir l'article sur L'arabe du futur), d'un genre à l'autre, la petite Mu plonge à présent dans l'univers des comics et des histoires de superhéros. 

J'étais tombée une première fois sur une référence à cette nouvelle série de chez Marvel ; considérant, justement, que ce n'était pas mon domaine de prédilection, je n'avais pas donné suite. Puis j'en ai entendu parler une nouvelle fois, dans un magazine professionnel, en des termes élogieux. La curiosité l'a alors emporté : une superhéroïne musulmane, à mes yeux, ce n'était pas banal ! Bon, en fait, après quelques recherches, ce n'est pas la première : dans l'univers des X-men existent en effet déjà M, depuis 1994, et Dust, depuis 2002. En outre, une série d'animation a été lancée en 2013 au Pakistan met en scène "Burka Avenger" (si, si), enseignante de jour, justicière au nom de l'éducation pour les filles de nuit. (Quelques détails à lire ici et à écouter là.)

Ms Marvel, c'est donc l'histoire de Khamala Khan, une jeune pakistaine, musulmane pratiquante, vivant aux Etats-Unis, qui écrit une fanfic sur les Avengers et qui voudrait être (pas ressembler à, vraiment être) Captain Marvel, la superhéroïne blonde qui accompagne Captain America et Ironman dans certaines de leurs aventures. Et, bim ! Un soir où elle se retrouve à une fête pour essayer d'être une ado comme les autres, et où elle boit par accident une gorgée d'alcool, un étrange brouillard se lève dans la ville, et elle se réveille face à son idole, puis, encore mieux, elle se transforme en superhéroïne ! Dans la foulée, elle sauve une de ses camarades de la noyade : ce ne sera que le début de ses aventures, évidemment. 

Au final, le premier volume de cette série prometteuse m'a laissée quelque peu sur ma faim. J'ai aimé toutes les pages où l'héroïne se pose des questions, que ce soit sur son mode de vie différent de certains de ses camarades américains, sur les limites que lui imposent ses parents et qu'elle aimerait franchir, sur sa relation avec son ami Bruno, qu'elle trouve trop protecteur avec elle mais qu'elle est quand même bien contente d'avoir à ses côtés... En revanche, dès que les superaventures se mettent en marche, ça me laisse plutôt froide. Les pouvoirs de Miss Marvel sont tellement variés qu'ils en deviennent extravagants, même pour des superpouvoirs : elle peut changer de forme, rapetisser, grandir, cicatriser ses blessures mais seulement quand elle change d'apparence... Elle trouve un méchant presque par hasard, quand le frère de Bruno se retrouve mêlé à de sales embrouilles avec un homme nommé "L'inventeur" qui a des chats électroniques dans son sous-sol. Bref, autant de choses qui peuvent certainement réjouir les fans de Marvel mais auxquelles j'aurais préféré des aventures plus réalistes. 

Ms Marvel, c'est donc bien un comic, peut-être un peu plus actuel et original que d'autres, mais j'avoue si peu m'y connaître que je ne peux même pas l'affirmer. Cette lecture confirme que ce n'est pas mon genre de prédilection ; cependant, j'avoue m'être attachée à l'héroïne et avoir envie de savoir comment elle se débrouille avec ses nouveaux pouvoirs. Ca tombe bien, il y a un tome 2 : "Génération Y". Et certainement une ribambelle de suites qui s'annoncent. 

8 août 2016

Semaine de la BD, #1 : Riad Sattouf, L'arabe du futur

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Pour cette semaine de la BD chez la petite Mu, le principe sera le suivant : découvrir des auteurs, des séries ou des genres que la petite Mu est la dernière - ou presque - à découvrir. 

En effet, les deux premiers tomes de l'autobiographie dessinée et racontée par Riad Sattouf ne datent pas d'aujourd'hui : le premier tome, paru en 2014, a remporté le Fauve d'or au festival d'Angoulême de 2015, et le deuxième tome est sorti dans la foulée en juin 2015. Mais il n'est jamais trop tard pour bien faire : à défaut, donc, de vous apprendre qui est cet auteur et de quoi parle cette bande dessinée, je me contenterai de vous livrer mes impressions sur un phénomène déjà connu. 

Je suis plutôt bonne cliente pour les autobiographies en bande dessinée. Qu'elles s'inscrivent dans un cadre historique, comme Persepolis, Couleur de peau : miel, Deuxième génération, ou pas du tout, comme Fraise et chocolatj'aime lire des récits de vie, voir le regard qu'un auteur porte sur lui-même, et, qui plus est en BD, un regard au sens propre : comment cet auteur illustrateur voit-il son propre corps, comment se le représente-t-il dans l'espace et le temps ? Je partais donc assez convaincue d'avance, avec, en outre, l'envie d'en apprendre davantage sur l'histoire du Moyen Orient, vue de l'intérieur. 

Je suis sortie de ma lecture un peu noyée sous le flot d'informations. C'est, parfois, je trouve, l'écueil de ces autobiographies dessinées. Le genre de la BD appelle la vivacité, exige de ramasser des morceaux entiers en une case efficace, tant par le dessin que par le texte. Dans une bonne BD, l'histoire se joue presque autant entre les cases que dans ce qui est dessiné. Or, quand on entre dans un univers qu'on ne connaît pas, ou mal, il est difficile de lire entre les lignes. J'ai eu parfois l'impression de passer à côté de faits qui devaient être évidents à Riad, enfant et adulte. Cependant, là où le pari est gagné, c'est que cette lecture donne envie d'aller chercher des précisions ou des compléments sur les faits historiques ou sociologiques abordés dans cette BD. 

De même, la BD n'étant pas spontanément un genre se prêtant aux développements ou à l'analyse, Saatouf prend le parti, justement, de ne jamais prendre parti. Les comportements de ses parents - le père et son admiration aveugle du "socialisme arabe", la mère et ses quelques coups de colère comme des coups d'épée dans l'eau - sont déstabilisants, et parfois clairement choquants. Mais aucun jugement de valeur n'est proféré par le narrateur. Dans le deuxième tome, le petit Riad qui grandit se laisse aller à exprimer davantage d'émotions : une "incroyable envie de pleurer" quand son père l'emmène chasser les moineaux, une peur bleue de l'école syrienne et de sa terrible maîtresse. Certainement que le choix d'une certaine distance vient d'une volonté de réalisme : il est toujours difficile pour un enfant - à la fin du tome 2, Riad n'a jamais que sept ans - de mettre des mots sur ses sentiments. En cela, la narration est très naturelle, car elle restitue par images des scènes que l'enfant a mémorisées, sans pour autant les avoir analysées. Finalement, il en est de même dans Persepolis, où Marjane Satrapi cherche bien à montrer à quel point il est difficile de poser un regard critique sur des lieux, des gens, des habitudes qui ont rythmé son enfance. 

Peut-être que le tome 3 (à paraître le 6 octobre) introduira peu à peu un regard plus critique ? A moins que ce parti pris de distance soit maintenu tout au long des cinq tomes annoncés ? Je reste en tout cas quelque peu sur ma faim, et j'aurai certainement besoin de relectures pour apprécier davantage cet énorme succès de la bande dessinée. 

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6 août 2016

Semaine des couleurs, #3 : Flavia Ruotolo, Du matin au soir

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Découverte inopinée au détour d’un catalogue, cet album trouve sa place dans la semaine des couleurs non par son propos, mais pour ce choix bicolore tellement évocateur de l’orange et du bleu.

Le propos, quant à lui, est très original. « Une forme peut en cacher une autre… », annonce la quatrième de couverture. Flavia Ruotolo, auteure et illustratrice, invite petits et grands à prendre du recul par rapport aux images qu’elle nous propose, et à les voir différemment. Ainsi, sous un certain angle, un bol orange tacheté de blanc dans lequel repose une cuillère bleue peut se changer en champignon, aux couleurs certes inhabituelles. Une assiette bleue avec un « quartier » d’orange devient le « tour complet » d’une lune autour d’une planète à anneau…

Afficher l'image d'origine    

Les esprits rationnels chipoteront sur le caractère mensonger de certaines transformations. Mais, évidemment, c’est de poésie dont il s’agit. La terre bleue comme une orange, on a beau faire, ça parle à tout le monde. Il en est de même pour cet album très sobre, tant dans le graphisme que dans le texte, qui véhicule d’ailleurs lui aussi beaucoup de rêve.

Une belle découverte, que l’on peut prolonger avec l’album Zoo, sorti en 2011, dans lequel Flavia Ruotolo joue aussi avec les formes, en fabriquant des animaux à partir de cubes. 

Auteure et illustratrice : Flavia Ruotolo
Editions Hélium
2016

3 août 2016

Semaine des couleurs, #2 : Drew Daywalt et Oliver Jeffers, Rébellion chez les crayons

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 Vous voulez des couleurs ? Vous en aurez plein la trousse !

Car, oui, les personnages de cet album ne sont autres que les crayons de couleur du jeune Duncan. Bon, d’après les illustrations, on parlerait plutôt de pastels : en fait, dans le titre anglais, c’est le mot « crayons » qui est utilisé, et il peut effectivement signifier « craie grasse ». Pourquoi vous parlè-je du titre anglais ? Parce que c’est à Londres, lors de mon passage dans la gigantesque librairie Waterstone’s, que j’ai vu cet album pour la première fois. Un an plus tard, le voici dans ma bibliothèque.

C’est donc l’histoire d’une bande de crayons qui ont chacun de bonnes raisons de se plaindre auprès de leur propriétaire et utilisateur : le rouge et le bleu sont épuisés à force d’être mis à contribution, le noir et le rose se sentent au contraire sous-employés, le beige voudrait être appelé par son nom véritable et non des succédanés comme « brun clair » ou « blé doré »…

Toutes ces récriminations sont adressées par courrier au jeune Duncan avec, bien sûr, beaucoup d’humour, mais aussi des remarques très pertinentes sur les stéréotypes enfantins : Duncan, comme garçon, dessine des camions de pompier mais délaisse la couleur rose ; par ailleurs, comme beaucoup d’enfants (voir Pierre n’a plus peur du noir de Pastoureau), il ne considère pas le noir comme une couleur à part entière.

Les illustrations sont très sympathiques, mêlant naïveté et précision. Il y a cette impression de « collage », avec l’insertion d’images dans l’image, que j’aime beaucoup dans les albums.

C’est un album qui fera certainement rire les enfants qui aiment dessiner et qui, à son échelle, transmet aussi des réflexions sur l’esthétique, au sens large.

Et, ce qui tombe très bien, c’est que la suite, Les crayons rentrent à la maison, est à paraître le 31/08 ! 

Auteur : Drew Daywalt
Illustrateur : Oliver Jeffers
Editions Thierry Magnier
2014

1 août 2016

Semaine des couleurs, #1 : Michel Pastoureau, Pierre n'a plus peur du noir

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Cette toute récente parution des éditions Privat m'a forcément interpellée puisqu'il s'agit du premier livre pour enfants de Michel Pastoureau, cet historien dont j'apprécie beaucoup les ouvrages. Grâce à lui, j'en sais plus sur l'ours, mais aussi sur le bleu et sur le noir. En effet, l'une des spécialités de Michel Pastoureau est l'histoire et la symbolique des couleurs. Pas étonnant, donc, que sa collaboration avec Laurence Le Chau, s'intéresse donc au noir, et aux pouvoirs très ambivalents que cette couleur peut avoir, notamment chez les enfants.

L'histoire se veut pédagogique. Alors, forcément, d'une situation très classique dans la littérature pour les plus jeunes, à savoir la nuit et la peur du noir, on en vient aux interventions des adultes, de la maîtresse qui raconte l'histoire de Barbe bleue au grand-père qui fait observer les reflets dans les plumes du corbeau, en passant par le père qui emmène le petit Pierre admirer les nuances des tableaux de Soulages. Toutes ces situations sont guidées, voire un peu forcées par l'objectif de cet album ; les oeuvres de Pierre Soulages ne sont pas forcément les premières qu'on fait voir à un enfant. On sent qu'il s'agit d'un album didactique, où chaque collaborateur cherche à glisser ses convictions, comme la petite phrase "Pierre voudrait passer son doigt sur la surface d'un des tableaux pour sentir les raies, les creux et les bosses, mais il ne le fait pas car il sait bien qu'ici, au musée, il est interdit de toucher les oeuvres".

Mais l'objectif est intéressant : c'est le même que dans l'essai "pour adultes", à savoir amener l'observateur néophyte à percevoir la richesse, dans tous les sens du terme, de cette couleur qui n'en a pas toujours été une. Les illustrations jouent un rôle primordial dans cet objectif : le noir y est éclatant, dans de grands aplats d'encre, mis en valeur par d'autres touches colorées. Le portrait de Barbe bleue est superbe : 

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Le noir, Laurence Le Chau connaît bien : elle a réalisé un livret pour les éditions du Musée Soulages, retraçant l'exposition Pierre Soulages à Beaubourg, en 2009 : on peut voir certains des dessins sur son premier blog. Par la suite, cette illustratrice s'est lancée dans une activité plutôt originale : le croquis de mariage. Elle y consacre un deuxième blog

Un album au but résolument didactique, mais qui reste une source de découvertes, visuelles et culturelles, pour petits et grands. 

Auteur : Michel Pastoureau
Illustratrice : Laurence Le Chau
Editions Privat
2016

Retrouvez la petite Mu sur son nouveau blog ! Cliquez ici

18 juillet 2016

Les vacances de la petite Mu

NorSu pour post vacances

Parce qu'il faut bien prendre des vacances de temps en temps !

L'occasion pour la petite Mu de se ressourcer, et certainement de revenir avec plein de choses dans ses bagages. 

Et l'occasion pour vous de flâner tranquillement dans les pages de ce blog, à la (re)découverte des lectures qui vous accompagneront pendant cet été ! 

Allez, comme je ne veux pas vous laisser démunis, je vous ai préparés quelques titres, plumés il y a plus ou moins longtemps, qui évoquent, à mes yeux, les vacances, l'été, la chaleur, l'évasion, l'aventure : 

- envie de se retrouver sur une île ? Rendez hommage à Michel Tournier, mort cette année, en lisant ou relisant Vendredi ou la vie sauvage (lecture utile pour les professeurs de français souhaitant travailler le programme de 5e, "L'homme est-il maître de la nature ?") (nooooon, j'avais dit que je ne pensais plus au boulot !!)

 Si les îles désertes vous effraient, visitez les Isles girafines dans le superbe album d'Albert Lemant : aventure et surprises vous attendent au fil des pages. 

- envie de traverser les Etats-Unis, dans l'espace et dans le temps ? Suivez L'extravagant voyage du jeune et prodigieux T.S.Spivet, ce formidable et foisonnant roman d'apprentissage de Reif Larsen, déjà vieux de sept ans. Dans la foulée, vous pourrez vous lancer dans Je m'appelle Radar, du même auteur, qui vient de sortir : si vous en venez à bout, vous aurez été plus courageux que moi car, bien qu'étant conquise par le style de l'auteur et sa fantaisie, la longueur et les innombrables digressions de ce dernier ouvrage sont venues à bout de mon enthousiasme. 

- envie de s'ouvrir à l'Histoire et de partager ces découvertes avec les ados qui vous entourent ? Plongez dans l'histoire des migrations, anciennes et actuelles, avec un roman de 2013 signé Jean-Paul Nozière, Que deviennent les enfants quand la nuit tombe ?, et un roman de 2015 signé Annelise Heurtier, Refuge(s). Une auteure qui se fait de plus en plus connaître, après le succès de Sweet Sixteen, et une nouveauté, Le complexe du papillon. La petite Mu ne manquera pas de vous en reparler. 

     

- et si la chaleur vous pèse décidément, ne manquez pas de mettre dans vos valises les précieuses réflexions de Sylvain Tesson, Dans les forêts de Sibérie.

Dans les forêts de Sibérie

 

Vous pouvez peut-être encore découvrir aussi le film de Safy Nebbou, avec une magnifique musique d'Ibrahim Maalouf. 

Bande annonce Dans les forêts de Sibérie VF

Et si vous n'en avez pas assez dans votre musette, vous pouvez toujours faire un tour dans les archives de la petite Mu, et piocher au hasard des titres. 

Bon été, et bonnes lectures ! 

17 juillet 2016

Rainbow Rowell : Eleanor Park

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Allez, un dernier post avant la trêve estivale. Mais non des moindres. Ce roman est sorti depuis 2012 déjà, je ne l'ai lu qu'il y a quelques semaines cependant. Si vous ne le connaissez pas encore, vous allez, comme moi et comme beaucoup d'autres, en prendre plein les mirettes. 

Il est de moins en moins rare, aujourd'hui, que les protagonistes d'une histoire d'amour soient des personnages atypiques, loin des stéréotypes du beau gosse et de la belle nana aussi rayonnants l'un que l'autre. John Green, notamment, s'est engagé sur cette voie, même si, dans Nos étoiles contraires, j'avais trouvé Hazel et Augustus un peu trop "tout" pour être honnêtes. Enrevanche, dans le roman de Rainbow Rowell, Eleanor est vraiment trop ronde pour les standards de la beauté, ne s'habille vraiment pas comme les autres, et, pour couronner le tout, elle a une vie vraiment difficile, du genre à devoir partir de sa maison parce que son beau-père ne veut pas d'elle. Park, lui, pourrait davantage se fondre dans la masse, s'il n'avait pas les traits coréens de sa mère, ce qui, pour la brute épaisse qui fréquente son lycée, est censé faire de lui un spécialiste de kung-fu. Eleanor est aussi tape-à-l'oeil que Park est discret. Mais, et ça n'a rien de particulièrement original d'ailleurs, ils vont quand même tomber amoureux l'un de l'autre, et pas qu'un peu. 

A partir de là, vous allez voir se dérouler tout au long de votre lecture les ingrédients assez habituels d'une romance adolescente : les déboires du lycée (la brute épaisse étant un incontournable du genre), les relations pas toujours simples avec les parents, les frères et les soeurs, la naissance des émotions, des émois, des sensations. Le style non plus ne semble avoir rien d'absolument différent, inimitable (moins percutant que celui de John Green, par exemple). Mais c'est l'équilibre parfait de tout, les portraits, les dialogues, le récit, qui crée l'alchimie et fait qu'on n'arrive pas à lâcher le roman d'un bout à l'autre. Je dis bien d'un bout à l'autre, car, contrairement à Plume de Cajou, j'ai aussi aimé la fin (le genre à vous faire éteindre la lumière à trois heures du matin parce qu'il est impensable de s'endormir sans l'avoir lue). 

Ce que j'ai retenu par-dessus tout, c'est la peinture très juste des sensations physiques, de tout ordre, provoquées par la rencontre puis l'histoire d'amour. Ca commence de manière anodine, avec ce genre de phrases : "Ce matin-là, en cours de littérature, Park a remarqué que les cheveux d'Eleanor étaient d'une nuance de rouge plus douce au creux de sa nuque." Il n'y a absolument rien d'explicite dans cette phrase, mais l'adjectif "douce" envahit tout le propos, et on ressent à la fois la fascination de Park pour Eleanor et sa volonté de ne pas se laisser embarquer dans des sentiments qu'il ne contrôlerait pas. Mais ces sentiments les envahissent, l'un comme l'autre : "Alors il a laissé glisser la soie et ses doigts dans la paume ouverte d'Eleanor. Et Eleanor s'est désintégrée." Arrivé vers la fin du roman, il y a des pages magnifiques sur le désir qui naît entre les deux corps. Magnifiques car précises et subtiles à la fois, naïves et réalistes en même temps. C'est ce qui, à mes yeux, a rendu l'histoire d'amour crédible, car ce désir transcende toutes les différences et toutes les difficultés qui se placent entre Park et Eleanor. 

C'est donc peu de dire qu'il s'agit là d'un roman fort : des personnages forts, dont la flamboyance, assumée ou non, se révèle au fur et mesure de l'histoire, des évènements non moins forts, car le quotidien d'Eleanor est dur, et l'histoire ne cherche pas à nous le cacher. Au contraire, cela devient partie prenante de l'intrigue amoureuse. Fort aussi comme les sentiments qui transpirent entre les mots, comme la musique que Park et Eleanor s'échangent, et dont l'auteure a eu le bon goût de nous fournir la playlist sur son site. Je suis fan de cette tendance (depuis quelques années déjà) à créer de véritables bandes-sons à l'intérieur des romans : Jean-Noël Sciarini, pour ne citer que lui, le fait aussi. Ah, et Marion Brunet, aussi (je savais bien que j'avais vu ça ailleurs aussi). Bref, un vrai beau livre qu'il faut lire et faire lire autour de vous. 

C'est l'occasion de vous glisser une petite check-list des romans d'amour "Young adults" à mettre dans votre valise ou dans celle de vos ados, s'ils n'ont pas été déjà lus. De John green, plutôt que Nos étoiles contraires, jetez-vous plutôt sur Qui es-tu, Alaska ? ou bien sur Will and Will, co-écrit avec David Levithan. Pensez aussi à Marie-Aude Murail et ses 3000 façons de dire je t'aime ou à La face cachée de Luna de Julie Anne Peters. Pour les amateurs de dystopie, Hunger Games possède bien sûr de belles pages sur les sentiments amoureux complexes de Katniss, mais on peut en trouver aussi dans la série Uglies de Scott Westerfeld, ou, côté français, dans les romans de Jean-Claude Mourlevat, Le combat d'hiver ou Terrienne. Enfin, pour les passionnés de Moyen Âge, il y a ma découverte de Meg Cabot, Avalon High

Ainsi, vous ne manquerez pas d'amour pour cet été ! 

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14 juillet 2016

Alex Cousseau, Philippe-Henri Turin : Je veux être une maman tout de suite !

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C'est le titre qui m'a attirée. Je ne pense pas trop m'avancer en disant qu'il trouvera un écho aussi bien (voire plus!) chez les femmes bien adultes que chez les petites filles... 

A l'intérieur, on découvre de très beaux dessins, dans la veine naturaliste qu'on retrouve assez souvent à L'école des loisirs, et qui prend toute son ampleur dans certaines pages comme celle-ci :  

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Mais on découvre également une histoire à la fois drôle et plutôt bien vue, qui parle de l'impatience de l'enfance (mais, encore une fois, dans laquelle nombre d'adultes peuvent se retrouver...), de ces idées fixes qui nous prennent parfois et brouillent notre sens de la réalité, mais aussi de la notion de famille et des représentations qu'on met derrière cette notion. Ne cherchez pas une intrigue complexe : il ne s'agit que de Julote, une petite poussine qui, aussitôt née, veut "être une maman tout de suite". Elle part à la recherche d'un oeuf, qu'elle trouve, mais qui verra éclore un autruchon... Mais l'histoire comme la fin sont très rigolotes. 

Pour des idées d'exploitation de l'album avec des enfants, j'ai trouvé le site d'un groupe d'animation au Québec, Le monde de Rico, avec plein d'idées sympas comme les Québecois savent si bien le faire. 

Soyons francs, de mon côté, je garderai surtout le titre et le thème associé, et puis, quand même, quelques belles pages, que j'ai envie de partager encore avec vous : 

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Allez, avouez que vous aussi, ils vous font craquer, cette petite poussine avec son gros autruchon ! 

Auteur : Alex Cousseau
Illustrateur : Philippe-Henri Turin
Editions L'école des loisirs
2002

13 juillet 2016

Claudine Morel : Clic !

Clic 1

Quand viennent les vacances, on aime bien avoir son appareil photo sous la main pour immortaliser les promenades et les découvertes. Mais les jours de pluie, un appareil photo, ça peut être très utile aussi. Surtout quand on est cinq gnomes et qu'on doit s'occuper. Il suffit d'une "grande feuille blanche sur le mur pour faire un décor", et "le studio est prêt". 

C'est à cette activité que se livrent les sympathiques petits monstres que vous voyez sur la couverture. Il y a la pose sage, où tout le monde regarde l'appareil bien en face (ou presque), et il y a les poses rigolotes, que le petit lecteur découvrira en soulevant les pages de droite.  

Clic 2   Clic 3

J'ai tout de suite aimé le format du livre, petit et en longueur, très sympa à manipuler. Moi qui aime les détails et les univers foisonnants, j'aurais pu être frustrée par la sobriété des images... mais c'était sans compter le petit personnage sans nom qui commence à mettre son grain de sel à la septième page, et ne s'arrête plus jusqu'à la fin... 

Clic 4

Evidemment, ça donne envie d'imiter Gilbert, Cindy et les autres : d'autres blogueurs ont testé et approuvé, comme Velidhu sur Que lire ? Ce livre est donc une vraie boîte à malices, deux en un : activité lecture, puis activité photo ! 

Et l'occasion de découvrir l'univers de Claudine Morel, illustratrice et plus encore. 

Auteure et illustratrice : Claude Morel
Editions Didier Jeunesse
2016 

Suite de ma collaboration avec les éditions Didier Jeunesse 

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Le royaume de Kensuké

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