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La petite Mu qui plume
litterature jeunesse
20 février 2013

Le garçon bientôt oublié

Je vais sans doute décevoir mon amie Arty... mais j'ai moi-même été déçue par ce qui aurait pu être mon Graal, la fin de ma longue quête (depuis l'été dernier déjà) du roman parfait sur le thème des transgenres. 

Bon, eh bien, raté. Non seulement je ne me vois pas le donner à lire à mes élèves de cinquième (mais cela, je le savais déjà, le livre s'adresse plutôt à des lycéens), mais moi-même, je n'ai pas été emballée. 

Première raison : la construction du livre, trop décousue. Jean-Noël Sciarini alterne des narrations à la première personne pendant lesquelles le héros, Toni, raconte un quotidien à la fois banal et difficile, empli de questionnements sur son identité, et des extraits de journal intime ou de "classeurs". Les fiches contenues dans ce classeur sont autant de pièces d'un "dossier d'enquête" que Toni mène sur lui-même. Pour essayer de se trouver, de comprendre qui il est. 
L'idée de ces fiches était intéressante. Je ne suis pas réticente aux écritures fragmentaires, aux collages, loin de là. Mais ici, je ne sais pas, ça ne prend pas. Manque d'homogénéité. Je n'arrive pas à comprendre pourquoi telle fiche intervient à tel moment et pas un autre. J'ai l'impression qu'il n'y a aucun lien entre ces fiches et l'histoire qui se raconte à ce moment-là. 
Comme Toni est en quête de la chanson qui changera sa vie, il demande à de nombreuses personnes de lui parler de la chanson qui a changé la leur, de vie. Et les témoignages en question sont notés dans des fiches. Moi qui suis passionnée de musique, cela aurait pu me parler, et même me plaire beaucoup. Mais non, ça ne fonctionne pas. 

Deuxième raison : ce n'est en fait pas le style que j'aime. Toni s'écoute écrire. En littérature jeunesse, j'ai besoin de davantage de fluidité, de véritable autodérision, d'ironie. Ici, trop de lamentations, et presque, de chichis. Du coup, je n'accroche pas à une histoire que je sens pourtant profonde et bouleversante. J'ai cette désagréable impression que l'auteur a gâché un potentiel par une écriture inadaptée. Je ne suis pas sensible à la poésie de l'écriture. Les incessants "qui suis-je", "qui je suis" finissent par me lasser. Un roman sur l'interrogation d'un adolescent né dans le mauvais corps : oui, mais pas comme ça. Du coup, je compare : dans La face cachée de Luna, faire raconter l'histoire par la soeur du personnage central, c'était ingénieux. Cela permettait justement de mettre en valeur la souffrance de Liam/Luna sans en faire de trop, sans ennuyer le lecteur. 

Donc : déçue. J'ai senti beaucoup de pistes, mais aucune ne m'a conduite là où j'aurais aimé aller. Dommage ! 

Lionel Labosse n'est en fait guère plus convaincu que moi. 

La critique de Citrouille rejoint en partie ce que j'ai écrit. 

Pour contrebalancer ces critiques mitigées, vous pouvez lire ceci, mais cela ne vous apportera guère plus d'informations...

J'invite donc Arty à (re)passer par ici pour donner son avis ! 

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15 février 2013

(Arty) Petit manuel de gayrilla à l'usage des jeunes ou comment lutter contre l'homophobie au quotidien

[Les lecteurs qui plument : Arty]

            La Petite Mu a déjà largement abordé la question de l'homosexualité dans la littérature destinée à la jeunesse, mais uniquement à travers son pendant fictionnel. Cet article a donc pour objet de parler de ce sujet par le biais du documentaire.

            Il est aisé de dire, pour planter le décor, que documentaire jeunesse et homosexualité ne font pas très bon ménage. Les quelques ouvrages s'intéressant aux ados gays, qu'ils s'adressent directement aux jeunes ou plutôt aux adultes, sont, à mon sens, peu convaincants dans la mesure où ils n'échappent pas aux écueils habituels. Souvent compatissants voire condescendants, toujours enclins à dicter une certaine norme sous couvert d'un discours poliquement correct et humaniste, ces documentaires me semblent passer totalement à côté de leur vocation. S'il s'agit bien sûr de pointer les inégalités et les difficultés auxquelles doivent faire face les adolescents homosexuels (les transgenres sont soit totalement "oubliés" soit cantonnés à un minuscule encart), il est difficile d'y percevoir une réelle remise en cause. Ces ouvrages se rejoignent donc autour d'une idéologie sociale bien-pensante, encourageant implicitement le lecteur à ne pas remettre en cause les règles régissant notre société, mais au contraire à les accepter pour pouvoir s'intégrer au monde.

            Je ne citerai donc pas de titres précis, histoire de ne pas faire de mauvaise publicité, mais je vous encourage à vous rendre dans votre bibliothèque ou dans votre librairie pour vous faire votre propre idée. Le vide intersidéral auquel vous ferez face traduira bien l'état de la production éditoriale du moment sur le sujet.

            Malgré tout, un livre sort du lot : le Petit manuel de gayrilla à l'usage des jeunes ou comment lutter contre l'homophobie au quotidien, par Michel Dorais et  Éric Verdier, respectivement sociologue et psychologue. Il n'est pas anodin de noter qu'il n'a pas été édité dans une collection jeunesse au sens commercial du terme. Néanmoins, le titre ne laisse aucun doute sur le destinataire.

            Au contraire des autres documentaires évoqués précédemment, celui-ci a pour caractéristique majeure de ne proposer un discours ni genré ni normatif. Comme les auteurs le disent dès le préambule, leurs propos concernent les « gays, lesbiennes, bisexuels, ambisexuels, queer, transgenres ou non conformistes dans leur manière d'être » et s'opposent par là-même au  « sexisme, [à] l'hétéroconservatisme, [à] l'homophobie et [aux] autres intolérances face aux différences ».

            Le concept de ce petit livre est un peu surprenant puisque, à l'inverse de beaucoup de documentaires jeunesse, le choix a été fait de ne pas partir des questions que peuvent se poser ces jeunes, mais plutôt des stéréotypes ou des situations diverses auxquels chacun peut être confronté. À partir de là, l'enjeu est de proposer différents exemples, informations ou répliques qui tuent, pour faire face aux mépris voire à la violence des autres.

            S'il s'agit surtout d'une sorte de bouée de secours pour ces jeunes trop souvent marginalisés, c'est auprès d'un lectorat extérieur à la problématique que ce livre joue tout son rôle de documentaire en démontrant que la logique binaire qui régit notre société n'est pas valable aux vues des diversités sexuelles qui existent. Et petit plus pour les non-initiés, un très complet lexique à la fin de l'ouvrage.

13 février 2013

Le passeur

               

 (Je plume sur une vieillerie, afin de compléter les liens des mes listes de lectures cursives  . Dorénavant ces lectures datées seront signalées par un [Vieillerie] au début du message.)

Ce livre a toujours été une référence pour moi. Le principe en est très simple : l'auteur a créé un univers (qui se situerait à une époque indéterminée, mais après la nôtre) dans lequel sensations et émotions ne font quasiment plus partie de la vie des hommes. Un enfant se fait mal ? On lui donne un comprimé rudement efficace : à peine a-t-il eu le temps de connaître un semblant de douleur qu'elle a déjà disparu. Même le désir sexuel est contrôlé par une autre pilule, non pas contraceptive (le problème ne se pose de toute façon pas : seules certaines femmes de la société peuvent enfanter, les "mères porteuses", considérées comme inférieures par le reste des habitants), mais tueuse de fantasmes. On doit confesser ses rêves en famille au petit déjeuner. On ne doit pas mentir. Enfin (même si la liste est loin d'être finie), on ne peut pas connaître le plaisir d'hésiter entre une pomme rouge et une pomme verte, car les couleurs n'existent plus. Plus exactement, on n'arrive plus à les percevoir.
Dans ce monde, un personnage détient des connaissances que nul autre ne possède : c'est le Passeur. Lors de la cérémonie de ses douze ans, âge auquel le Conseil attribue définitivement une fonction sociale à tout adolescent, Jonas apprend qu'il a été choisi pour être le nouveau Passeur. Rien ne sera plus comme avant pour lui ; ou plutôt, peu à peu, tout redeviendra comme avant - avant que le monde dans lequel il vit n'ait été affadi et rigidifié. 

La qualité de ce genre de roman tient évidemment beaucoup à la cohérence de l'univers créé. Sur ce point, rien à redire : les détails sont magistralement coordonnés. Tout y est réaliste à en faire parfois froid dans le dos. On ressent, avec Jonas, cette impression d'enfermement - dont il ne peut prendre conscience qu'après avoir découvert qu'il a existé autre chose, et qu'il existe peut-être encore autre chose, ailleurs. 

Ecrit dans un style sans difficulté, ce livre est pour moi une très grande oeuvre à partager avec nos élèves, idéale pour enrichir une réflexion sur l'utopie ou la contre-utopie, la frontière entre les deux étant parfois très mince. On peut y lire aussi une réflexion sur le totalitarisme, même si finalement rien n'est centré sur le pouvoir, dont on ne sait pas vraiment, d'ailleurs, qui le détient - hormis les membres du Conseil. C'est enfin une très belle histoire sur le plaisir, le bonheur ; sur la vie, tout simplement. 

A lire et à faire lire ! 

7 février 2013

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Découverte littérature jeunesse 2012-2013

Lors de mon dernier passage à Saint-Etienne, découverte d'une petite librairie sympathique, Lune et l'autre, qui a le mérite de proposer des genres très variés (romans, essais, littérature jeunesse, beaux livres...) malgré le peu d'espace, et de mettre en valeur de nombreux ouvrages, ce qui donne très envie de se laisser tenter. 

Et, donc, au rayon ados, je tombe sur ce petit ouvrage à la couverture... gaie, si je puis me permettre ce jeu de mots. Je me le permets car je trouve cette couverture à la fois ingénieuse ("maline", comme y diraient dans Top Chef) et joyeuse, lumineuse. 

Pourtant, l'histoire qui y est brièvement racontée (le livre ne fait que 56 pages, très aérées ; on est plutôt du côté d'une longue nouvelle que d'un roman) ne l'est pas tellement, lumineuse : le jeune héros, qui écrit à la première personne, se fait régulièrement frapper et traiter de "fiotte" ou de "pédé" par les garçons du collège. Mais le pire pour lui n'est pas cela ; le pire, c'est de voir que son père, au lieu de l'aider et de faire cesser ces agissements, semble cautionner implicitement, en incitant son fils à se défendre s'il veut montrer qu'il est un homme, un vrai. 
Il s'agit donc surtout d'une histoire sur la relation entre père et fils, davantage peut-être qu'une réflexion sur l'homosexualité. Le style est simple, mais épouse bien les sentiments du personnage. Et c'est la fin qui apporte la lumière qui manquait aux pages précédentes, et qui, a posteriori, éclaire l'ouvrage tout entier. 

Une jolie histoire que je mettrais volontiers dans les mains de mes élèves, qui pose beaucoup de questions, mais qui ouvre aussi de nombreuses pistes. 

 

24 janvier 2013

L'année de l'orientation

Lionel Labosse, rédacteur du site Altersexualités.com dont je parle décidément de plus en plus souvent, m'a fait le plaisir de passer par ici, et surtout de m'envoyer son tout premier roman, L'Année de l'orientation, première tentative littéraire pour parler de ce(s) thème(s) qui lui tient(tiennent) tant à coeur. 

A peine reçu, tout de suite dévoré. Et aussitôt lu, aussitôt plumé. 

J'ai aimé, tout d'abord, le titre. Une trouvaille simple mais lumineuse, évidente, qui trouve son explication dans cette phrase de Karim, l'un des deux personnages : "A l'école il faut remplir les papiers pour l'orientation, le conseil de classe est dans une semaine. Mais pour mon orientation sexuelle, à qui j'en parle ?" En effet, Karim est en troisième, à l'âge où les études prennent un sens, mais peut-être pas autant que les multiples questionnements sur l'identité et les sentiments. D'ailleurs, les unes ne vont pas sans les autres, car c'est au collège que se jouent de nombreuses scènes décisives, entre rumeurs répandues à travers la cour de récré, moqueries ouvertes de certains "camarades", ou tentatives plus ou moins maladroites des professeurs pour aborder ces sujets-là. 

Derrière ce titre, et cette petite citation qui résume à elle seule le projet de l'ouvrage, que trouve-t-on ? Un roman épistolaire à deux voix, masculines : celle de Karim, banlieusard-mais-pas-tant-que-ça, dans un collège assez bien famé autour de Paris, qui s'interroge donc sur son orientation, et celle de Julien, qui vient de déménager, laissant derrière lui Paris et son ami Karim, et qui se pose des questions, lui, sur la nouvelle vie de son père. Très vite, on comprend que les deux copains vont pouvoir partager un sujet de conversation qui les touche tous les deux de près, mais de manière différente ; mais on comprend aussi, avec eux, que ce sujet-là ne sera que le déclencheur de nombreux autres objets de réflexion. Les deux ados décident de tout se dire, de se "tirer des coups d'épistolaire", comme dit Karim, se moquant de lui-même, en souvenir de ce cours de français où il avait mélangé les mots (et moi, ce cow-boy de la lettre qui en perd son français, ça me fait franchement penser aux Mini-westerns de Mathias Malzieu, ce qui n'est pas pour me déplaire). Ce à quoi Julien répond : "je propose que notre échange de lettres soit plutôt une sorte de roulette russe : au lieu de viser l'autre, on met une vraie balle - c'est-à-dire un vrai secret - dans le barillet, et on vise sa propre tête." Car "si on ne joue pas sa vie à tout moment, à quoi rime l'amitié ?"

En tout cas, l'amitié ne rimera pas avec pédé, car, n'en déplaise aux lecteurs avides de romances, dans ce premier tome du moins (je ne connais pas encore le second, Karim et Julien), la frontière ne sera pas franchie. Déjà, on donne un coup de pied dans un stéréotype encore assez marqué de nos jours : oui, deux garçons de quinze ans peuvent s'écrire des lettres, tenir une sorte de journal intime à deux, sans être amoureux l'un de l'autre. C'est donc avant tout un beau roman sur l'amitié, qui pourra rappeler aux adolescents à quel point il est essentiel d'avoir quelqu'un à qui parler, et donc, de l'intérêt d'aller au-delà des préjugés, et d'oser faire le premier pas amical, en choisissant par exemple la voie/voix de l'écrit si ça facilite les choses. 

Il y a de très beaux passages, de très jolies formules, que j'ai appréciées tout au long de ma lecture, et que je vous plumerai ici dès que j'aurai un peu plus de temps à vous consacrer. 

Malheureusement - tout ne peut pas être parfait, surtout dans un premier roman - je retrouve, à côté de ces beaux passages, certains traits d'écriture qui me gênent parfois en littérature jeunesse. On a des ados qui ne parlent pas tout à fait comme des ados, et cela me titille toujours un peu. Notamment quand les deux garçons se livrent à des considérations syntaxo-linguistiques, réfléchissant à l'influence de l'usage d'une relative par rapport à une complétive dans les relations humaines : moi, en tant qu'ex-étudiante de lettres, ça me réjouit, ce n'est pas le problème, mais j'imagine mal un élève de troisième, même doué en français, en venir à de telles réflexions. Cela dit, Lionel Labosse s'est expliqué dans son essai Altersexualité, éducation et censure : "Quand un adolescent - qui n'est pas forcément un idiot - ouvre un livre, il s'adonne sciemment à une activité de compensation insolite par rapport à son mode de vie, et il n'est pas fâché d'y trouver un contrepoint [...]". Alors, soit. Disons que c'est une question de goût. Quelques jeux de mots, parfois bien trouvés, mais qui semblent un peu perdus au milieu des tirades très sérieuses des deux épistoliers. Enfin, les personnages adultes me semblent moins bien réussis que les personnages adolescents. Un peu trop "cools" pour les personnages sympathiques, un peu trop "nuls" pour les personnages moins reluisants. Comme chez Gudule, on a l'impression que l'univers des adultes entre sans cesse en relation avec celui des ados alors que, souvent, dans la vraie vie, c'est le contraire : les mondes restent parallèles, surtout quand les ados ont entre douze et seize ans. 

Pour résumer, en tant que lectrice adulte, j'ai tourné les pages avec plaisir, même si j'ai noté, à intervalles réguliers, des particularités stylistiques qui me déplaisent. Cela dit, je n'hésiterai pas à proposer ce roman à des adolescents, à qui, je pense, l'histoire et l'écriture pourraient plaire, car eux, comme le dit Lionel Labosse, ne cherchent pas toujours (du moins pas ceux qui aiment vraiment lire) un livre en forme de miroir. 

Et le pari est gagné puisque j'ai maintenant envie de connaître la suite de leurs aventures, dans ce deuxième tome

 

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23 janvier 2013

Le roi Arthur

Lecture cursive - Roman de chevalerie - Niveau cinquième 

Un classique indémodable pour ma part. Sincèrement, j'ai dû le lire une quinzaine de fois, toujours avec le même plaisir. 

Le principe du récit, c'est le même dans tous les livres de Morpurgo (ça peut en devenir lassant à la longue...) : l'histoire débute dans un univers réaliste, à notre époque, avec un personnage adolescent. Ici, il s'agit d'un garçon (dont on ne saura jamais le prénom, habile moyen de nous faire comprendre que le véritable héros de l'histoire, ce n'est pas lui, et que n'importe qui pourrait le remplacer), vivant au bord de la mer, qui se donne pour défi de rejoindre, à pied, une île, en profitant de la marée basse. Malgré tous ses préparatifs, il se fait surprendre par l'eau, et croit se noyer. Jusqu'à ce qu'il ouvre les yeux et se retrouve dans une pièce étrange, meublée par une immense table ronde, en compagnie d'un vieil homme qui dit s'appeler Arthur. Alors s'ouvre un autre récit, celui qu'on attend, d'après le titre : les aventures du roi Arthur et des chevaliers de la Table Ronde. 

On ne doit pas lire ce livre avec des yeux d'historien. Les légendes y sont parfois malmenées, la psychologie des personnages est calquée sur nos habitudes contemporaines, et assez éloignées de ce qu'on trouve dans les textes médiévaux. Mais ce roman a le grand mérite de faire découvrir de nombreux personnages (Arthur, Guenièvre, Merlin, Lancelot, mais également Tristan et Iseut, Gauvain, Galaad, la fée Morgane...) à de jeunes lecteurs qui ne les connaissent pas forcément, et qui ont tendance à tout mélanger. Les grandes lignes sont respectées, c'est déjà beaucoup. Et Morpurgo possède un grand talent de conteur. Ses petits chapitres, chacun consacré à un personnage, ou une aventure, tiennent le lecteur en haleine, sans le noyer dans le flot d'actions qu'on trouve souvent dans les romans de chevalerie - et qui, personnellement, ont tendance à m'ennuyer. Par ailleurs, les deux versants de ce monde médiéval sont montrés, le côté brillant, voire clinquant, des grandes aventures, des batailles remportées, des amours partagées, comme la noirceur qui envahit les dernières années du règne d'Arthur, la violence qui monte peu à peu. Le caractère tragique de certaines histoires est souligné, sans lourdeur. 

Puis le jeune personnage principal revient à la réalité, s'en retourne chez lui, ces histoires plein la tête - et le lecteur avec lui. Morpurgo, pour moi, a su trouver un langage propre à renouer avec cette fameuse "tradition orale" qui caractérise le début du Moyen Âge. Arthur, dont la vie d'aventures est finie, qui ne peut plus être un héros, se mue en conteur, et passe le flambeau : une jolie manière de mettre un point "non-final" à cette histoire. 

23 janvier 2013

Des listes pour nos ados

"Dis, tu donnes quoi, toi, en lecture cursive, à tes cinquièmes ?..."

Les professeurs de français sauront percevoir à travers cette question l'angoisse récurrente face à cette gageure : la lecture cursive. 

De quoi s'agit-il ? D'une lecture qui est censée "courir" : ben oui, cursive, ça vient d'un verbe latin, currere, qui signifie "courir". On imagine une lecture rapide, en opposition aux études d'oeuvres intégrales que l'on mène en classe, et qui nous prennent parfois des semaines et des semaines. 

Bon, ne nous leurrons pas, nos élèves ont quand même souvent besoin de plusieurs semaines pour faire ces lectures qui courent. Le critère principal de définition, c'est plutôt que, contrairement aux oeuvres intégrales, les lectures cursives ne seront pas exploitées en classe. Ce sont des lectures que les élèves font à la maison, et que l'on peut vérifier par une fiche de lecture, un questionnaire, ou tout autre moyen dont je parlerai un peu plus tard. 

Le gros problème, c'est que les lectures cursives doivent être en lien avec notre programme. Et que dans notre programme, il y a des choses difficiles. Prenez le niveau cinquième : le Moyen Âge est à l'honneur. Mais allez donc donner du Chrétien de Troyes à lire à la maison, tout seul comme un grand, sans aucun travail en classe qui serait encadré par le professeur. Je ne dis pas que c'est impossible, dans certaines classes, on peut. Mais pas dans toutes. Se pose donc la question : que donner en lecture cursive ? Qui soit à la fois abordable et intéressant pour les élèves ? 

Je m'attelle à ce problème depuis plus de deux ans. Sans l'avoir entièrement résolu, j'ai trouvé des pistes. Tout d'abord, je me suis fixée une sorte de règle implicite : si, en classe, j'étudie des oeuvres patrimoniales, des "classiques", comme on dit, en n'écartant pas d'emblée des textes prétendûment difficiles, pour les lectures cursives, je privilégie la littérature jeunesse.  Pourquoi ? Parce qu'il y a énormément de choses intéressantes à lire en littérature jeunesse (si vous fréquentez ce blog, vous avez pu vous rendre compte que j'aimais cette littérature, et que j'aimais la partager), mais que les élèves, tout seuls, ne savent pas les trouver. Soit parce qu'ils ont décidé une bonne fois pour toutes qu'ils n'aimaient pas lire. Soit parce qu'en librairie ou médiathèque, ils se dirigent spontanément vers les succès commerciaux, les têtes de gondoles, qui ne sont pas toujours les lectures les plus enrichissantes. Je suis donc convaincue qu'un professeur de français - et un documentaliste - ne doit pas se contenter de faire découvrir des classiques à ses élèves, mais doit aussi lui apprendre à s'y retrouver dans cette jungle actuelle de l'édition jeunesse, pour entretenir chez eux le goût de la "lecture plaisir". C'est assez étonnant comme certains élèves qui pensent ne pas aimer lire, ou ne jurent que par un auteur ou un genre littéraire bien précis, sont parfois ravis qu'on leur ait mis sous le nez tel ou tel titre qu'ils n'auraient jamais été chercher tout seuls.  Et puis, souvent, on arrive à faire découvrir à une classe des éléments de civilisation, des procédés littéraires, des techniques de construction d'un récit... de manière claire et plaisante ; à condition de choisir les bons titres bien sûr. 

 

Or, il y a beaucoup d'enseignants de français - et de documentalistes - qui avouent eux-mêmes ne rien y connaître en littérature jeunesse. Je ne les blâme absolument pas. Disons que pour moi, c'est facile : on m'a mis les pieds dans une librairie dès mon enfance, la librairie en question ayant toujours possédé un important rayon de littérature jeunesse, avec des nouveautés, des auteurs en devenir, etc (souvenirs, souvenirs). On passait un moment dans le magasin, mes parents choisissaient leurs livres, et moi, je choisissais les miens. Cela ne m'empêchait pas de piocher dans leur bibliothèque, mais j'avais aussi mes livres, à moi, pour mon âge, sur des thèmes qui me plaisaient, avec des héros qui me ressemblaient. Et c'est dès mon enfance que j'ai connu Marie-Aude Murail, Micheal Morpurgo, Valérie Dayre, Christian Grenier, Malika Ferdjoukh, Régine Detambel... et j'en passe. Certains auteurs m'ont amené aussi vers d'autres romans adultes : ce fut le cas de Daniel Pennac, par exemple.  Et cette culture a été ancrée une fois pour toutes dans mes habitudes de lectrice. Je n'ai donc pas spécialement de mérite à "m'y connaître" plus que d'autres. Je suis en revanche un peu plus novice pour ce qui est des auteurs nouveaux, car pendant plusieurs années, je m'étais consacrée à d'autres types de lectures ; mais je tente, depuis un an ou deux, de combler ce trou et de m'intéresser aux publications les plus récentes. 

 

 

Ce blog, et plus particulièrement cet article, est donc là pour guider les professeurs qui voudraient proposer des titres de littérature jeunesse à leurs élèves, mais qui manqueraient d'idées.

 

Je vous soumets donc quelques listes, classées par thèmes, qui seront enrichies au fil du temps (et peut-être, je l'espère, d'après les conseils avisés de mes lecteurs). Cet article sera régulièrement remis à jour : les livres dont je vais citer le titre ci-dessous ne sont pas encore tous plumés sur ce blog, mais à terme, ils le seront. Vous n'aurez donc qu'à cliquer sur le titre pour trouver de plus amples informations. 

 

Allons-y ! 

 

 

Récits merveilleux (6e - 9 à 11 ans)

 

 Marcel Aymé, Les Contes du chat perché

 

 Pierre Gripari, La Sorcière de la rue Mouffetard

 

 J.K. Rowling, Les contes de Beedle le Barde

 

 Roald Dahl, Sacrées sorcièresou Matilda, ou Charlie et le grand ascenseur de verre

 

Carmen Martin Gaite, Le Petit chaperon rouge à Manhattan

 

Claude Roy, La maison qui s'envole

 

Dick-King Smith, Les longs-museaux, As de Trèfle, Babe

 

Ian McEwan, Le rêveur

 

Timothée de Fombelle, Tobie Lolness

 

et, bien entendu, Tove Jansson, Moumine le Troll, Les mémoires de Papa Moumine, Papa Moumine et la mer

 

(à savoir : pour cette liste, je propose également les Contes de Grimm, les Contes d'Andersen, Peter Pan, le Petit Prince, Alice au pays des merveilles, Pinocchio ; des classiques qui, s'ils ne sont plus vraiment à présenter, mériteront quand même un petit article... quand j'aurai le temps. Et puis, bien sûr, il y a Le Magicien d'Oz, mais que je considère comme un classique à part entière et que j'étudie en classe en tant qu'oeuvre intégrale.)

 

 

 

Romans épistolaires, ou sur la question de l'épistolaire (4e - 13 à 15 ans) : 

 

John Marsden, Lettres de l'intérieur

 

Hélène MontardreAmies sans frontières

 

Kathrine Kressmann TaylorInconnu à cette adresse

 

Daniel PennacKamo, l'agence Babel

 

Sarah Cohen-ScaliAgathe en flagrant délire

 

Xavier-Laurent Petit, Be safe

 

Jean Webster, Papa Longues-jambes

 

 

 

Récits de chevaliers (5e - 11 à 13 ans) :

 

Micheal Morpurgo, Le roi Arthur

 

Christian de MontellaGraal, tome 1 : Le chevalier sans nom

 

Anne-Marie Cadot-Colin, Merlin

 

Philip Reeve, Arthur, l'autre légende

 

 

 

Romans d'anticipation et contre-utopies (4e/3e - 13 à 16 ans) :

 

Lois Lowry, Le passeur

 

Christian Lehmann, No pasaran, le jeu 

 

Christian Grenier, Virus L.I.V.3 ou la mort des livres

 

Mary E. PearsonJenna Fox, pour toujours

 

Florence Hinckel, Théa pour l'éternité  

 

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22 janvier 2013

Le magicien d'Oz

Pourquoi, aujourd'hui, un message sur Le magicien d'Oz ? Parce que : 

1) je suis actuellement en train de l'étudier avec ma classe de sixième, et ce pour la troisième année consécutive. Et le plaisir que j'ai à le faire étudier semble, pour la troisième année consécutive, être partagé par mes élèves. 

2) dernièrement, j'ai été poursuivie par des références à cette histoire dans plusieurs de mes lectures. Notamment, les personnages de Maupin en parlent : Gabriel Noone dans Une voix dans la nuit, Micheal des Chroniques qui en est un grand fan, Cady dans Maybe the moon (le film dans lequel ce personnage a joué fait d'ailleurs furieusement penser au Magicien)...

3) l'actualité du débat sur le mariage gay me rappelle à l'esprit l'origine (supposée) du drapeau arc-en-ciel, qui pourrait venir de la chanson "Over the rainbow", dans l'adaptation filmée du livre - Judy Garland, l'actrice principale, étant d'ailleurs considérée comme une icone de la communauté homosexuelle. 

4) et puis parce qu'au détour d'une séance de cinéma, je suis tombée sur ça, à venir prochainement sur nos écrans : 

 

Tout ça, ça fait beaucoup ; en tout cas, suffisamment pour plumer à ce sujet. Je vais maintenant répondre à plusieurs questions. Les voici : 

Pourquoi travailler ce livre avec mes élèves ? 
Les programmes de sixième nous demandent de travailler sur le récit merveilleux, et de faire lire une oeuvre intégrale à nos élèves. Parmi les titres proposés, les Contes de Perrault, les Contes de Grimm, le Petit prince, Alice au pays des merveilles... Bon. D'accord. Mais, pour moi, c'était du vu et du revu, et, surtout, ces récits ont l'inconvénient majeur d'avoir presque tous été adaptés dans des dessins animés célèbres. Du coup, les élèves connaissent déjà l'histoire et (surtout en sixième) ne comprennent pas toujours l'intérêt de travailler sur un livre dont ils croient déjà tout connaître. 
Le Magicien d'Oz, c'est en fait l'un des (très) rares récits merveilleux que les élèves ne connaissent pas encore. Et ça, pour moi, ça constitue déjà une excellente raison d'étudier ce livre-là, et pas un autre. 
En plus, on le trouve en Librio à deux euros : un achat que les familles ne rechigneront pas à faire. Dans certains établissements, cet argument entre également en jeu. 
Quant à justifier l'intérêt pédagogique de ce récit pour l'objet d'étude "Contes et récits merveilleux"... je pourrai y passer des heures. Le plus simple, c'est que je vous joigne le chapitre que je peaufine depuis trois ans : c'est cadeau (A VENIR PROCHAINEMENT). Vous y trouverez de l'étude de texte, du vocabulaire, du travail sur les notions de narratologie, du travail sur une séquence filmique. 

Que retenir du film musical de Victor Fleming ? 
Ce film, sorti en 1939, est un monument du cinéma, et un film culte pour le public américain, mais pas seulement. Il a permis de tester un nouveau procédé cinématographique, l'utilisation du Technicolor, qui sert à merveille l'histoire : lorsque Dorothée atterrit au pays d'Oz, les décors passent d'un sépia terne à une multitude de couleurs, comme si le spectateur avait lui-même chaussé des lunettes magiques. Il a également lancé une star, en la personne de Judy Garland. Mais, surtout, il a produit... ceci. 
 

Petit miracle de la chanson, titre repris mille et une fois, ce moment pourrait être l'unique raison de voir le film. Un travail très intéressant peut être mené avec les élèves sur les paroles (moyennant un petit peu de traduction de l'anglais au français), et sur la séquence filmique dans laquelle cette chanson est insérée. Et vous pouvez être certains qu'ils ressortiront de la salle de classe en fredonnant la musique...
Enfin : pourquoi ce nouveau film, à sortir en avril 2013, m'intéresse-t-il tellement ? 
Tout d'abord, laissez-moi vous montrer ces images : 
Le début de la bande annonce laisse entrevoir une séquence sur l'univers du cirque, des montreurs de phénomènes, un univers qui, si vous me connaissez un peu, me parle particulièrement. 
On peut voir par ailleurs que le jeu sur les couleurs (du noir et blanc à un monde coloré) a été conservé : je suis curieuse de voir jusqu'où l'esprit du premier film a été conservé, et dans quelle mesure l'histoire a été modifiée ou reprise. 
Et puis, bon, "par le réalisateur de la trilogie Spider-man" et "par le producteur d'Alice au pays des merveilles", avouez que ça en jette un peu. 
J'ai donc hâte d'être en avril, et j'espère bien pouvoir vous plumer quelque chose sur ce film, qu'il me réjouisse ou me déçoive. 
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30 décembre 2012

Prospecteur de crânes

Je suis en fait beaucoup plus en retard dans mes chroniques que je ne le pensais : cette lecture-là date des vacances de Toussaint... J'étais persuadée de l'avoir déjà plumé. Dépêchons-nous de rattraper cet oubli. 

Souvenez-vous, il y a plusieurs mois de cela, je l'avais noté dans ma Liste à Lire. Je l'ai enfin emprunté à la médiathèque, et je n'ai pas été déçue. 
Permettez-moi de vous expliquer un peu le contexte, et de vous préciser pourquoi ce livre m'intéressait autant : nous sommes en Angleterre au XIXe siècle, et la phrénologie est à la mode. De quoi s'agit-il ? D'une pratique qui se veut scientifique, et qui se propose d'étudier la forme des crânes pour en déduire des informations sur la personnalité de l'individu en question, et, partant, de sa prédisposition pour telle ou telle activité, tel ou tel avenir. C'est de là que vient notamment l'expression "avoir la bosse des maths". 
La phrénologie, pour ma part, je l'ai découverte en faisant mon mémoire de M1, sur la monstruosité dans les nouvelles de Maupassant. En m'intéressant à la criminalité au XIXe siècle, j'ai découvert que de nombreux enquêteurs faisaient à l'époque confiance à cette discipline pseudo-scientifique, et choisissaient leurs suspects en fonction... On trouvait même des ouvrages proposant des portraits-robots d'individus présentant, pour les phrénologues, un profil-type de criminel. En France, Alexandre Lacassagne a conduit de nombreuses expertises pour la médecine légale au début du XXe siècle. Une partie du musée Testut Latarjet (musée de l'anatomie) à Lyon lui est consacré. Si, comme moi, vous aimez les cabinets de curiosités, ce musée est une merveille ! (Mais déconseillé, en revanche, aux âmes sensibles !)

Bref. Revenons à nos moutons. Ici, la phrénologie est vue à travers les yeux d'un jeune orphelin qui se fait embaucher par un phrénologue pour gagner sa croûte. Il devient l'homme à tout faire du professeur, y compris pour les activités les plus déroutantes et dangereuses, comme le déterrage de corps en plein cimetière... eh oui, le phrénologue a besoin de matière pour ses recherches ! A cause de - ou grâce à - l'obsession du professeur pour les personnalités excentriques, les deux personnages se retrouvent embarqués dans des aventures pleines de rebondissements. 

Ce fut une lecture très agréable, pleine de fantaisie mais prêtant également à réflexion, un subtil mélange de noirceur et d'humour. Le livre peut amener à se documenter sur cette pratique discréditée mais ayant bel et bien été à l'honneur il y a un siècle, mais il n'est pas du tout essentiel d'en connaître les détails pour apprécier l'histoire. 

24 octobre 2012

Théa pour l'éternité

Découverte littérature jeunesse 2012

Vous lisez régulièrement ce blog, et vous avez l'impression que ce titre vous dit quelque chose ? C'est normal, à  cause de ça .

Alors, oui, les auteurs (ou traducteurs) de SF jeunesse ne se cassent pas trop la tête pour les titres, c'est vrai. Heureusement qu'on a parfois la bonne idée de dépasser nos a priori et d'ouvrir quand même le livre - ne serait-ce que pour ne plus voir ce titre bidon et cette image de mauvais goût.

Et quand on ouvre (et qu'on lit, bien sûr...), on trouve une très bonne histoire. Vraiment réussie. 
Il s'agit bien de science-fiction : on va proposer à Théa, jeune lycéenne qui voudrait que "le temps s'arrête" (comme le crie à sa rivale en amour en lui griffant le visage), non moins qu'un traitement pour arrêter de vieillir. Des petites pilules miracles qui la bloqueraient à l'âge de seize ans, "pour l'éternité". 
En soi, le sujet du roman n'a rien d'original, et j'avoue m'être demandé comment l'auteur allait s'en tirer pour raconter quelque chose qui n'ait pas déjà été écrit ou vu dans un film. Eh bien, je trouve qu'elle s'en est plutôt bien sortie. 

Il se passe beaucoup de choses dans cette histoire, parfois trop : l'attentat dans le métro, c'est exagéré, d'autant plus que cet épisode n'est pas réellement exploité en termes de psychologie du personnage. Mais, contrairement à certains livres moins réussis, ici, les invraisemblances ou les excès ne nuisent pas à la lecture. On aurait pu s'en passer, mais on est quand même captés par les aventures de cette adolescente qui n'a plus le droit de vieillir. Car c'est bien le drame qui se joue : il n'est pas du tout certain que le traitement puisse être arrêté sans dommages, et que le processus de vieillissement puisse recommencer normalement. 

La fin m'a étonnée : je m'attendais à quelque chose de plus banal, une happy end en bonne et due forme. Je me suis laissée surprendre et, je dois dire, émouvoir plus que je ne l'aurais pensé...

Pour moi, donc, un vrai bon roman sur la jeunesse éternelle et, par conséquent, sur la question de la mort. (Le parallèle avec Jenna Fox peut donc se prolonger au-delà des similitudes dans les titres.)

 

19 octobre 2012

La faute de Rose

Découverte littérature jeunesse 2012

Les éditions Thierry Magnier ont pour habitude de proposer de belles histoires à leurs jeunes - ou moins jeunes - lecteurs. Parmi ceux que j'ai lus : 

   

(Je suis sympa, j'ai même mis du Gudule... parce que je l'avais bien aimé étant ado) 

Cela dit, si l'histoire est souvent émouvante et intéressante, la qualité du style n'est pas toujours au rendez-vous. De fait, ce court roman, La faute de Rose, m'a laissée sur ma faim. L'alternance des chapitres, allers-retours du présent au passé, d'accord. Le black-out final qui réserve une "surprise" au lecteur, d'accord. Mais le tout est raconté dans un style tellement léger et naïf que l'on finit par ne plus accorder aux faits l'importance qu'ils mériteraient. La narratrice semble trop vive, ou trop vivante, en regard de la dureté des évènements qu'elle a subis. Le thème est intéressant : la condition féminine en Irlande dans les années 60 - époque que l'on devine mais qui n'est pas précisée dans le récit - , où le moindre faux pas est châtié à une hauteur qui semble inhumaine. Mais la tonalité générale du livre ne suit pas, et ôte de la force à un récit qui aurait pu être poignant. Le roman aurait gagné à être étoffé - en l'état, il fait à peine une petite centaine de pages. 

Le site des éditions Magnier précise : "Histoire inspirée de faits réels qui ont donné lieu au film The Magdalene sisters." Effectivement, film et livre reprennent la triste mais réelle histoire des "Couvents de la Madeleine", dans lesquels on envoyait des jeunes femmes violées, ou ayant donné naissance à un enfant hors mariage. Je me souviens que la bande-annonce du film, sorti il y a maintenant dix ans, m'avait plu. Affaire à suivre ! 

11 octobre 2012

Graal, tome 1 : Le chevalier sans nom

Et me revoici le nez dans mes lectures "scolaires/professionnelles". Ici, le but était de constituer une liste de bons romans de littérature jeunesse sur la légende arthurienne et les chevaliers de la Table Ronde. En tête venait naturellement Le roi Arthur, de Morpurgo, roman qui avait fait mes délices dans mon enfance et que je relis toujours avec autant de plaisir. Mais j'ai dû écumer les sites pédagogiques et autres fora pour pouvoir proposer d'autres titres à mes élèves de cinquième pour leur première lecture cursive (ndlr : lecture cursive = lecture personnelle, souvent évaluée par une fiche de lecture). 

Plusieurs sources me conseillaient cette série, Graal, par un écrivain français, Christian de Montella. Allons-y donc pour le premier tome, "Le chevalier sans nom". 

Bonne surprise : c'est non seulement un roman bien écrit, à la langue fluide mais sans facilités, mais c'est aussi une très bonne adaptation du Chevalier à la charrette de Chrétien de Troyes (qui n'est autre que l'histoire de Lancelot, désolée de briser le suspense). La composition du récit de Montella est très fidèle à celle de l'original médiéval, si j'en crois mes souvenirs. Les épisodes s'y retrouvent : la fameuse charrette infâmante pour les chevaliers - en effet, seuls les brigands voyagent sur des charrettes, exposés aux quolibets ou à la haine des villageois devant lesquels ils circulent - que Lancelot choisit néanmoins pour approcher au plus vite de sa dame, Guenièvre, l'épisode du pont de l'Epée, les dalles mortuaires portant les noms des chevaliers d'Arthur... 

Cet ouvrage remplit donc tout à fait son rôle : initier les jeunes lecteurs à la légende arthurienne, dans un récit qui ne procède qu'aux aménagements strictement nécessaires pour rendre l'histoire accessible aux adolescents. 

Et l'avantage, c'est que si on en re-veut, y'en re-n'a ! (trois autres tomes, et, je crois, une autre série appelée Graal noir)

 

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Le royaume de Kensuké

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