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La petite Mu qui plume
famille
20 janvier 2014

Rikka Pulkkinen : L'armoire des robes oubliées

Challenge Petit Bac 2013 : 1ère grille! : un objet en littérature scandinave

Par coïncidence, ce livre s'ouvre sur la même thématique que ma précédente lecture, Maudit soit le fleuve du tempségalement faite dans le cadre de la dernière colonne de mon challenge. A savoir, une mère de famille, grand-mère à présent, apprend qu'elle est atteinte d'un cancer, et le roman nous offre son histoire ainsi que celle de ses proches. Mais, ici, dès les premières pages, j'ai tout de suite accroché - ce qui n'avait pas du tout été le cas avec le roman de Per Petterson. 

D'abord, le système narratif adopté est plus complexe, mais paradoxalement plus clair : le point de vue interne se promène de personnage en personnage - le grand-père, la fille, la petite-fille -, mais avec une certaine rigueur, dans la mesure où l'on change de chapitre dès qu'on change de point de vue (ou l'inverse). Il faut s'habituer au point de vue interne à la troisième personne (et non à la première), et au fait que les prénoms féminins se ressemblent assez fortement (Elsa, Ella - abréviation de Eleonoora -, Eeva...), mais une fois ces petits détails assimilés, on est très vite transporté ! 

C'est une histoire de secret. Mais un secret assez vite révélé au lecteur : dans cette famille, il y a eu un élément extérieur, une fille, qui a beaucoup compté pour plusieurs membres de la famille sans en faire officiellement partie. Lorsque l'une des petites-filles tombe sur une robe qu'elle ne connaissait pas dans l'armoire de sa grand-mère, le seul commentaire de celle-ci sera : "Ce n'est pas ma robe, c'est celle d'Eeva." Et c'est à partir de là que l'on commence à voyager entre le passé (années 60) et le présent, entre le récit - à la première personne cette fois-ci - d'Eeva et celui des autres, les "vrais" membres de la famille. On en oublie, au fur et à mesure qu'on tourne les pages, que les jours d'Elsa, la grand-mère, sont comptés : c'est ça, la magie des souvenirs. Le temps est comme suspendu. 

Le tout est écrit avec intelligence. Je n'ai pas trouvé d'autre mot pour décrire ce mélange d'humour discret, de poésie sans mièvrerie, de réflexion sans lourdeur. Il y a de belles phrases sur l'amour, sur le lien qu'on crée avec autrui. 

Bref, un vrai coup de coeur, de ces livres qu'on a du mal à quitter tellement on a l'impression d'avoir vécu, l'espace de plusieurs heures, avec ses personnages. 

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12 janvier 2014

Per Petterson : Maudit soit le fleuve du temps

Challenge Petit Bac 2013 : 1ère grille! : un gros mot en littérature scandinave (bon, je sais, ce n'est pas vraiment un gros mot, mais de toute façon cette catégorie est facultative dans le challenge...)

Et je dirais que ce livre aurait aussi pu être facultatif... Pourtant, certaines critiques lues sur le Net sont dithyrambiques. Une "écriture âpre", un roman "hautement poignant", et j'en passe. L'histoire avait tout pour me plaire, pourtant : Arvid, la quarantaine, part rejoindre sa mère malade d'un cancer, qui s'est réfugiée - on ne sait pas vraiment pourquoi - dans son village danois natal. Arvid n'est pas malade mais sa vie est un peu accidentée elle aussi : il s'apprête à divorcer. A partir de là, on m'annonce un récit de vie émouvant, naviguant (il est question d'eau et de ferry souvent dans cette histoire) entre passé et présent, le tout dans le cadre d'une Europe venant tout juste de vivre la chute du mur de Berlin. 

Or, du début à la fin de ma lecture, j'ai connu un phénomène agaçant, que je connais peu pourtant : mon oeil, au lieu d'absorber sagement - ou goulûment - les lignes l'une après l'autre, se promenait distraitement sur la page, traversant d'une traite un paragraphe, pour y revenir ensuite, avec cette question : "Mais qu'est-ce que je viens de lire, au juste ?" Et ce, quasiment à chaque page. Avouez qu'au bout d'un moment, cela devient lassant, et quelque peu pénible. 

Bref, je n'ai pas accroché, quoi. Je ne saurais pas dire avec précision d'où vient le problème. Trop de faits, à mon avis, trop de dérives dans le passé, avec trop peu de repères pour le lecteur. Des personnages sont évoqués une ou deux fois sans qu'on puisse déterminer à quel point ils ont compté, ou comptent encore, dans la vie du narrateur. Quant à l'histoire de la mère, elle était présentée comme importante, et n'existe en fait que comme faire-valoir de celle du fils. 

Je passe donc mon chemin. J'ai d'autres romans sur le feu, j'espère qu'ils sauront m'envoûter davantage ! 

27 décembre 2013

Julia Billet : La guerre de Catherine

Voici un récit de guerre (la Seconde) qui s'appuie sur des faits réels quelque peu méconnus, donnant ainsi un petit goût atypique à une histoire qui donne pourtant l'impression d'être lue et relue : la destinée d'une fillette juive en France pendant l'Occupation allemande. 

Ces faits réels, c'est l'existence d'une école un peu particulière, la Maison des enfants de Sèvres, fondée en 1941 par Yvonne Hagnauer, surnommée "Goéland" (dans le livre également). Particulière car cette Maison avait pour vocation, à l'origine, d'héberger "des enfants de la région parisienne victimes des restrictions alimentaires" (source : Wikipédia), ce qui s'est très vite transformé en protection des enfants victimes de la guerre, cachés sous de fausses identités pendant que leur famille était, bien souvent, déportée. 

Notre héroïne, Catherine, vit d'abord dans cette Maison, qui est donc comme une seconde famille pour elle. On y vit à l'écart des événements terribles qui secouent la France, un peu coupé du monde : c'est le souhait de la directrice, de son mari, et des différents adultes qui encadrent les enfants. Catherine est persuadée de revoir bien vite ses parents, et connaît donc un bonheur relatif au milieu de ses amis, et grâce à une passion transmise par le mari de la directrice : la photographie. Armée de son appareil, un Rolleiflex, elle capte tout ce qui lui paraît magique et important : des visages, des sourires, des regards, des danses. 
Mais un jour, la guerre s'invite sans prévenir dans la Maison, en la présence d'officiers allemands qui viennent fouiller pour retrouver les enfants juifs. Catherine, comme d'autres, doit s'enfuir. Mais sa destinée sera unique, comme celle de tous ses camarades. Elle est ballottée de foyer en foyer, de cachette en cachette, grâce à la grande toile invisible des résistants de l'ombre, des hommes et des femmes ordinaires, mais prêts à risquer leur vie pour protéger des enfants. Elle fera de nombreuses rencontres, qu'elle immortalisera à l'aide de son Rolleiflex. 

C'est ce thème de la photographie qui m'avait plu et m'avait poussée à ouvrir ce livre. Un angle intéressant pour parler de ce voyage de fugitive. Je ne m'attendais pas, en revanche, à la présence forte du thème de l'éducation, ni à la manière dont ce thème serait traité. La Maison de Sèvres, en effet, tire aussi son originalité de la pédagogie "moderne" sur laquelle elle s'appuie. Inspirée des théories de Freinet et d'Ovide Decroly, il s'agit de laisser la plus grande place possible à l'autonomie des enfants, à privilégier les moyens d'expression, censés développer cette autonomie, et non les "objectifs" de l'école traditionnelle. 
Bon. Disons que, sans avoir été prévenue, j'ai été agacée dès le début par ce raccourci, fait par le personnage de Catherine (mais certainement aussi l'auteure, qui est la fille de l'une des enfants cachés pendant la Seconde Guerre Mondiale), entre école traditionnelle et oppression. Et, évidemment, de l'autre côté, Résistance et pédagogie nouvelle. Ne sachant pas, au début, que cette Maison avait réellement existé, et qu'elle avait réellement été un lieu de résistance, j'ai cru à un discours construit par l'auteure pour cracher sur une école traditionnelle dont elle aurait souffert enfant. Alors, du coup, évidemment que le lien devait se faire, puisqu'il repose sur des faits réels. Et on peut tout à fait concevoir que l'auteure, en voulant rendre hommage à sa mère, ait voulu aussi rendre hommage à ce lieu qui fut non seulement un lieu d'éducation mais aussi un lieu de protection pour elle. La seule chose que je puisse dire, donc, à ce sujet, est que je n'ai pas été convertie, pédagogiquement parlant, suite à ma lecture !

Pour ce qui est du roman à proprement parler, il répond aux attentes que l'on peut avoir face à un tel récit. On s'attache à l'héroïne, ainsi qu'aux personnages secondaires. On lit une autre histoire de la Résistance. Ce fut une lecture plaisante, mais d'un style qui ne m'a pas transportée jusqu'aux émotions extrêmes. Un bon livre, peut-être davantage pour son aspect documentaire que son aspect littéraire, donc. 

 

NB : Un certain nombre de liens serait évidemment utile à la lecture d'un tel article, mais la fonctionnalité ne marche pas pour le moment... je vous laisse donc chercher seuls, chers lecteurs, les informations qui vous paraîtront utiles sur la Maison, la pédagogie d'Ovide Decroly, etc. 

6 octobre 2013

Michel Kichka : Deuxième génération

Challenge Petit Bac 2013 : 1ère grille! : un chiffre dans la catégorie bande dessinée


Difficile de plumer une lecture qui remonte déjà à quelques mois... 

Un mot d'abord sur mes attentes, lorsque j'ai emprunté cet album : une histoire sur fond d'événements historiques (ici, en l'occurrence, la Shoah), dessinée en noir et blanc et mêlant le dramatique à l'humoristique, je m'attendais plus ou moins à quelque chose dans l'esprit de Persepolis

Bon... n'est pas Marjane Satrapi qui veut. En même temps, l'objectif n'est peut-être pas tout à fait le même, les styles sont uniques, etc, etc. 

J'ai traversé sans déplaisir les récits de vie croisés de l'auteur, Michel Kichka, et de son père, ancien déporté qui a passé une bonne partie de sa vie à éviter d'aborder avec précision les  années noires passées dans les camps, avant d'en faire au contraire sa principale activité (en intervenant auprès d'écoliers, par exemple, pour témoigner). Autobiographie, donc, sous forme d'hommage au père - cette oeuvre aurait toute sa place dans le chapitre que je mène actuellement avec mes troisièmes sur "Les figures marquantes de l'enfance". Toute la réflexion sur les origines, la famille... m'ont aussi rappelé - dans une certaine mesure - l'album Couleur de peau : miel plumé cette année. 

Michel Kichka s'est attaché à montrer les contradictions intérieures de son père, et les sentiments forcément contradictoires que lui-même a pu éprouver. Cela donne une série de scènes de vie passant parfois un peu du coq à l'âne : c'est l'une des choses qui m'ont le plus gênée. J'ai du mal avec les bandes dessinées qui ne déroulent pas clairement un récit (ce récit pouvant bien entendu se nourrir d'ellipses, de flash-backs...). Des dessins en rondeur, de l'autodérision permettent de désamorcer tout ce que le sujet pourrait avoir de pesant. Mais, à l'arrivée, je trouve le résultat imparfait. Cela manque de caractère, d'une véritable personnalité, tant esthétique que littéraire, comme Persepolis avait su montrer. 

Une lecture pas désagréable, donc, mais pas inoubliable. 

(Cette interview de l'auteur, sur le site ActuaBD, m'a davantage appris sur les motivations de Michel Kichka, ainsi que le monde de la BD en Israël - en revanche, il faut faire abstraction de la présentation déplorable du site, qui fait très mal aux yeux, je trouve...)

 

27 août 2013

Que deviennent les enfants quand la nuit tombe ?

Découverte littérature jeunesse 2013

Et un dernier pour la route ! 

Un titre plutôt intrigant, un auteur talentueux : deux bonnes raisons de me plonger dans la lecture de ce roman récent. A la sortie : un roman qui donne envie d'aller au bout, avec quelques longueurs, cependant, des passages moins convaincants que d'autres. 

L'histoire se déroule à deux époques différentes. D'abord, de nos jours, une famille (le père, la mère, la fille) emménage dans une maison de campagne à retaper, et découvre, en creusant, un crâne de fillette. Les policiers du coin n'ayant pas tellement envie de débuter une enquête sur un possible meurtre qui remonterait à une cinquantaine d'années, c'est le père et la fille, détectives privés associés - et amateurs - qui se chargeront de plancher sur le sujet. En alternance, c'est un autre père de famille, vivant ses derniers jours, qui écrit une lettre destinée à sa femme et, surtout, à sa fille, dans lequel il raconte l'histoire de son enfance, qu'il taisait jusque là : avant d'arriver en France, il était un jeune garçon vivant sa pré-adolescence sur l'île de la Réunion dans les années soixante. Puis un inquiétant camion au sigle mystérieux, la DDASS, est venu rôder autour de lui et de sa meilleure amie, Adélie. Leur destin bascule à partir de là, jusqu'à l'inéluctable. 

Comme souvent dans les enquêtes policières en littérature jeunesse, le suspense n'en est pas vraiment un : on comprend assez vite de quel crâne il s'agit, on fait les liens tout seuls bien avant que Bertille, la jeune enquêtrice, ne parvienne aux mêmes résultats avec son père. N'empêche que la fin, on ne s'y attendait pas, et qu'elle nous envoie une vérité en pleine face qui remet tout en question. Pari réussi ! 

J'ai beaucoup aimé les pages racontant l'enfance d'Ylisse et d'Adélie. C'est un témoignage assez rare en littérature jeunesse de cet exil non choisi qu'ont vécu beaucoup d'enfants venant d'outremer dans les années soixante, et de leur difficile - le mot est faible - adaptation au monde de la métropole, qui ne leur fait parfois pas de cadeau, après les avoir attiré par des miroirs aux alouettes. 
Les chapitres centrés sur Bertille et sur l'enquête m'ont laissée de marbre, en revanche. Comme je le disais précédemment, il n'y a guère de véritable suspense dans l'enquête, et les notes d'humour que Nozière a voulu laisser çà et là ne m'ont arraché presque aucun sourire. Nozière, je le préfère distant et glacial, comme dans ces superbes romans qui font froid dans le dos, Souviens-toi de Titus, Les assassins du cercle rouge... 

Bref, une agréable lecture, tout de même, qui séduira certainement les jeunes lecteurs. 

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27 août 2013

La terre des mensonges

Ce roman-là ne pourra malheureusement pas rentrer dans le challenge petit bac, mais il a accompagné très agréablement mes premiers jours en Norvège. 

Je l'ai acheté et commencé il y a plus de deux ans (j'en parlais d'ailleurs ici), sans accrocher. Et, comme cela me le fait parfois, une fois la relecture entamée, je me demande comment j'ai pu ne pas aimer ! 

Une famille, six membres, peu d'unité. Trois frères qui ne se parlent plus : l'un qui a quitté la Norvège pour Copenhague pour s'éloigner le plus possible d'une famille qui n'a jamais accepté son homosexualité, le deuxième qui exerce le métier bien à part d'employé des pompes funèbres et côtoie donc la mort au quotidien (l'histoire commence avec lui, ce qui donne tout de suite la couleur, si l'on peut dire), le troisième qui élève des cochons dans la ferme familiale. Les parents : un père fantôme, qu'on n'entend jamais, dont l'existence croupit au fond de la ferme, et une mère qui vient d'avoir une attaque et dont les jours sont peut-être comptés. C'est l'annonce de cet évènement qui oblige le fermier à contacter ses frères, ainsi que sa propre fille, qu'il n'a vue que quelques fois seulement dans sa vie. 

Evidemment, avec un titre pareil, il sera question de secrets. De terre, aussi, car c'est aussi un roman sur le lien géographique. La campagne de Trondheim sert de décor principal à l'histoire, puisque c'est là qu'est bâtie la ferme d'où tout part, mais quelques échappées vers Oslo et Copenhague permettent de souligner les contrastes, et de réfléchir à la question suivante : l'individu se construit-il par rapport au lieu où il vit, ou à celui d'où il vient ? 

L'attente de révélations qui ne viendront qu'à la fin, la narration qui prend pour cible tous les personnages successivement, les personnalités et les vies très différentes des personnages, le thème du lien, tout cela donne beaucoup d'intérêt à ce premier tome d'une trilogie. Et voilà, à la fin, on est mordus : on n'a qu'une envie, savoir ce que vont devenir les trois frères et leur fille/nièce, face à l'ultime secret, explosif, qui intervient dans les toutes dernières pages. Rendez-vous alors dans La ferme des Neshov, puis dans L'héritage impossible, que je me promets de lire au plus vite ! 

27 août 2013

Frangine

Découverte littérature jeunesse 2013

C'est un roman qui fait énormément de bien, à cette époque où les anti-mariage gay ne se lassent pas de descendre dans la rue et de parler de "l'intérêt des enfants". 

Le sujet du livre est en effet brûlant d'actualité : les deux personnages principaux, à savoir Joachim, le narrateur, en terminale, et sa soeur Pauline, en seconde, sont élevés par leurs deux mères qui les ont eus par PMA. Ils se sont déjà entendus appeler des "bébés Thalys", du nom du train qui emmène les couples homosexuels accomplir leur désir de paternité en Belgique, puisque cela leur est interdit en France. Ils ont toujours vécu dans un bain d'amour et de protection, peut-être trop : arrivés au lycée, Joachim mais surtout Marion sont confrontés, évidemment, à la bêtise et à la violence de leurs congénères. Joachim a réussi à traverser les années sans se laisser déstabiliser, mais pour Marion, les choses sont beaucoup plus dures. Son frère la voit s'enfoncer peu à peu, et, quand il apprend que sa soeur est victime de harcèlement, son sang ne fait qu'un tour et il décide de prendre les choses en main. 

C'est donc un roman qui ne nie pas la difficulté traversée par les deux ados. Mais ce n'est pas une histoire pour dire : "Si vous êtes gays et que vous avez des enfants, attention, ils vont morfler". C'est un roman sur le harcèlement, sur la bêtise de l'âge adolescent, sur la violence de certaines relations humaines, parce que, oui, toutes ces choses-là existent. Mais c'est aussi un roman sur l'amour unique qui existe entre un frère et une soeur, et, au-delà, entre les membres d'une famille, quel que soit le "modèle" de cette famille. C'est un roman sur la construction de la personnalité, sur la découverte du monde, sur l'acceptation de la différence, la sienne et celle des autres. 

L'une des grandes forces de l'ouvrage, c'est de promener le focus, l'oeil de la caméra, sur les quatre personnages qui constituent cette famille : non seulement Joachim, qui est le narrateur principal, Pauline, qui reste le personnage central de l'histoire, mais aussi Maman et Maline, les deux mères, qui ont aussi leur lot de problèmes à gérer au quotidien. Les remises en question professionnelles, les liens avec leurs propres parents... Un lecteur adulte peut donc apprécier que le roman ne soit pas uniquement centré sur des questions adolescentes ; et un lecteur plus jeune n'aura aucun mal à se projeter dans ces destins "de grandes personnes", car il n'y a pas de rupture dans l'écriture. 

J'ai lu sur un blog que cette histoire "n'avait rien de particulier". Cette même blogueuse ajoute aussitôt avoir compris que, justement, l'intérêt est là : des histoires de harcèlement adolescent, on en déjà lues (et parfois vues, ou vécues, hélas), mais le sujet de l'homoparentalité n'est pas tant abordé dans la littérature ado. Je ne peux qu'approuver ce point. En revanche, quand à la fin, elle écrit que ce n'est pas un roman "particulièrement émouvant", je ne suis pas d'accord : de l'émotion, il y en a, à revendre. Pas une émotion noire, triste, mais de vraies belles sensations qui donnent le sourire et les larmes en même temps, tant l'histoire racontée semble vraie, et tant elle dégage de force, de vie et d'optimisme. 

A lire, et à faire lire, à tout le monde, petits et grands. Vraiment une chouette découverte ! 

27 août 2013

Anka

Encore une belle découverte en littérature pour adolescents. Un vrai travail sur la narration et le suspense a été fait, et ce, dès le début : des policiers viennent apprendre à Marco, quatorze ans, que sa mère est morte. Sauf que, quelques heures plus tard, sa mère rentre à la maison, en parfaite santé. Alors, qui est-ce, cette "madame Fontan" qui est morte ? Je ne le révèlerai pas car, dans ce court roman (109 pages qui se lisent d'une traite), chaque détail compte pour faire monter peu à peu la tension chez le lecteur. Il suffit de dire que Marco va découvrir certains secrets de famille laissés de côté depuis longtemps, mais revenus brutalement à la surface suite à la mort d'Anka, cette jeune femme de vingt-neuf ans qui porte le nom du père de Marco. 

Le récit de Marco, qui cherche à démêler à la fois l'histoire intriguante de la jeune femme et ses propres sentiments, alterne avec l'histoire d'Anka , racontée à la troisième personne, avec brutalité, et en remontant peu à peu le temps. Le fil de l'histoire se dévide donc en deux temporalités différentes ; on pourrait se dire que la fin, on la connaît, mais non, il arrive quelque chose auquel on ne s'attendait pas. 

Le ton est extrêmement juste, les pages se tournent toutes seules, le destin d'Anka comme celui de Marco résonne dans les yeux du lecteur après avoir fermé le livre. On ne peut guère reprocher à ce livre que sa brièveté, tout en sachant pertinemment que le dosage était maîtrisé et que des pages supplémentaires auraient sans doute nui à l'efficacité de l'histoire. 

A découvrir, en ayant tout de même le coeur bien accroché, car la noirceur qui se dégage de ce roman ne laisse pas indifférent. 

25 août 2013

La fille du papillon

Déception pour ce livre de la collection Exprim' de chez Sarbacane, que j'avais découverte avec les romans d'Antoine Dole (voir ici, ici et ici).

Il est question d'une adolescente, Solveig, qui a une vie à la fois déstabilisée - elle a perdu sa mère, son père est le fameux "papillon" du titre, c'est-à-dire qu'il court les jupons et ça ne plaît pas toujours à Solveig - et banale : elle fait les quatre cents coups avec sa meilleure amie, tombe amoureuse d'un garçon qu'elle surnomme "le Monde".

Sur les sites et les blogs, on loue l'écriture "particulière" de ce roman, retranscription du journal intime que Solveig tient sur ordinateur. Particulière ? Oui, il y a des points d'exclamation, d'interrogation, des blancs, des phrases non complètes, du langage sms. L'originalité dans tout ça ? Il n'y en a pas. Sur ce point, je suis catégorique : il ne suffit pas de mettre des trous partout et d'oublier les points pour créer une écriture percutante et novatrice. Là, j'ai juste l'impression de lire, effectivement, les tentatives maladroites d'une ado pour faire de la littérature. Sauf que quand je lis un roman, j'ai envie qu'il soit bien écrit, pas qu'il le soit à moitié. Sarbacane dit vouloir faire "la part belle aux écritures verbales". Heu ? Il y aurait des écritures non verbales ?

Bref, je n'ai pas aimé l'écriture. Quant au personnage... encore pire. Cette Solveig m'a insupporté du début à la fin. Je n'ai vu en elle qu'une enfant gâtée, incapable de comprendre l'amour ou l'affection qui abondent autour d'elle, qui joue les rebelles en fuguant et se saoûlant, mais ne fait que reproduire le schéma archi-classique de la crise d'adolescence. Tout au long de ma lecture, j'ai espéré changer d'avis sur cette héroïne : il arrive en effet que, parfois, on s'attache à un personnage tardivement, après avoir pris le temps de le découvrir. Ici, non.

Je n'ai donc pas su saisir l'intérêt ni l'originalité de ce roman qui est loin d'avoir la force de ceux d'Antoine Dole, par exemple, publiés dans la même collection - et qui, eux, m'ont d'ailleurs paru "trop" forts pour le lectorat visé. Je continue donc de m'interroger sur les choix éditoriaux opérés pour cette collection. Ou peut-être suis-je trop difficile ? Il faut dire que ce roman a subi la comparaison avec deux autres titres pour grands adolescents, lus à la même époque, et dont je vais venir vous parler très vite !

31 juillet 2013

Je vous salue Jennifer

Challenge Petit Bac 2013 : 1ère grille! : un prénom en catégorie bande dessinée 


Et j'enchaîne avec une deuxième bande dessinée que je viens aussi de finir. 

Cette fois-ci, pas de trouvaille forcée sur le thème "faut que je trouve un prénom pour le challenge". Juste une BD découverte totalement par hasard aux détours des rayons de la médiathèque. Un titre accrocheur, tout comme la quatrième de couv : "Que Marie se retrouve enceinte tout en restant vierge, on trouve cela parfaitement normal, et ce depuis de 2000 ans. Mais que Jennifer tombe enceinte sans jamais avoir connu de garçon, en 2008, et c'est une toute autre histoire qui voit le jour !" Du coup, cette histoire, j'ai bien envie de la lire. 

Donc, le sujet, c'est bien ça : une ado qui fait un malaise en plein cours, va à l'hôpital, où on la découvre enceinte. Mais elle affirme à tous ceux qui l'interrogent, médecin, parents, amis, que jamais elle n'a eu de rapport sexuel. 
Ça vous rappelle quelque chose ? Ben, oui, moi aussi : le début du roman d'Isabelle Pandazopoulos, La décision, n'est donc pas si novateur que ça. (Je précise que la BD est antérieure de quelques années). 
Cela dit, les ressemblances s'arrêtent à cette situation de départ. Les chemins suivis par les deux oeuvres sont ensuite très différents. Il ne s'agit pas pour Jennifer d'un déni de grossesse, mais bien d'une immaculée conception : le médecin qui l'examine confirme qu'elle est parfaitement vierge... mais parfaitement enceinte. 

Le début de l'album ainsi que les graphismes, qui (me) rappellent la série "Tendre banlieue" (peut-être pas tant que ça, mais ma culture BD étant limitée, c'est la référence qui m'est venue à l'esprit...), donnent à penser que l'on va lire une histoire d'adolescence, un parcours dévié par cette "anomalie", qui sera sans doute expliquée à la fin. Discussions entre amis, rébellion contre les parents... tout semble présent pour suivre cette direction. 
Mais... je n'avais pas vu, c'est écrit "tome 1" sur la couverture. Et puis, c'est quoi, cette histoire de médecin qui menace la famille de ressortir de vieux dossiers, et fait ainsi pression pour que Jennifer n'avorte pas et que, partant, l'équipe médicale puisse suivre cette grossesse mystérieuse de près ? 

En fait, dès la moitié de l'album, l'histoire bascule du côté de l'intrigue quasi policière. Dans l'interview à la fin de l'ouvrage, les deux auteurs le confirment : c'est bien d'un thriller qu'il s'agit. D'où les tomes ultérieurs... Un thriller qui va mêler secrets de famille, chasse à l'homme, destin d'adolescente, avec le spectre de la religion qui donne une couleur toute particulière à une histoire déjà assez inattendue. 

Pas un énorme coup de coeur (encore une histoire de type de graphisme que je n'ai jamais trop aimé), mais en tout cas une découverte prenante que j'ai envie de prolonger avec les tomes 2 et 3. A suivre, donc ! 

16 juillet 2013

Zarbie les yeux verts

 Challenge Petit Bac 2013 : 1ère grille! : une couleur en littérature jeunesse


Je suis entrée dans ce livre prudemment, sans trop y croire. Bien que j'aie lu de Joyce Carol Oates des choses que j'ai aimées, je garde une certaine appréhension car mes tout premiers contacts avec cette écrivaine n'ont pas été des plus réussis. 
Pendant un bon nombre de pages, je me suis demandée où était l'intérêt de cette histoire. On comprend dès le début que ça ne va pas entre les parents ; bon, on ne va pas y passer tout le bouquin, quand même ? Et puis, guère d'originalité dans l'écriture. Même ce double fictif que se crée l'héroïne, cette "Zarbie les yeux verts", me semble peu percutant. 

Et puis quelque chose d'autre se met en place, une certaine tension. Et d'un coup, on comprend que ce n'est pas une historiette sur l'adolescente ou le divorce, mais bien un vrai roman à suspense, intense, perturbant et palpitant. Autant dire que la deuxième moitié se lit d'une traite. Même si je garde une opinion mitigée sur le style à proprement parler, je reconnais à Joyce Carol Oates un vrai talent de composition. 

Je ne peux malheureusement pas en dire plus sans risquer de dévoiler des éléments importants, mais c'est finalement une lecture que je conseille, malgré la lenteur avec laquelle j'y suis rentrée. Un autre roman très fort, qui a peut-être, cependant, subi la comparaison avec celui de John Green dont je ne me suis pas encore remise...

 

3 juin 2013

[Arty] Ce que j'ai vu et pourquoi j'ai menti

 

 

             Aujourd'hui, je vais commencer la lecture du second roman de Judy Blundell, ou plutôt son second roman écrit sous son véritable nom, Double Jeu. En effet, après avoir écrit plusieurs novellisations sous un pseudonyme, cette auteure américaine a enfin eu l'occasion de nous présenter son véritable univers, que j'ai pu découvrir dans son premier livre, Ce que j'ai vu et pourquoi j'ai menti.

            Ce roman nous transporte dans un décor rarement présent en littérature adolescente, l'Amérique d'après-guerre. Le lecteur suit une famille en fuite jusqu'en Floride, une Floride d'une autre époque qui n'a encore rien du riche et flamboyant état d'aujourd'hui. L'histoire se déroule donc dans un cadre plutôt sordide, à savoir un  vieil hôtel de luxe miteux, dans une ambiance poisseuse et sous une chaleur écrasante. Les personnages sont tout à la fois mystérieux et séduisants : un homme, ancien soldat rentré de la guerre en Europe avec un secret bien gardé ; son épouse, sorte de femme fatale qui meurt d'ennui ; leur fille, une adolescente écrasée par la beauté de sa mère et à travers le regard de laquelle on suit l'histoire ; un jeune soldat, avec qui le mari a fait la guerre et qui semble lui aussi cacher quelque chose.

            Tout l'intérêt de cette histoire est porté par un captivant jeu entre les personnages : le mari ment à sa femme, la femme ment à son mari, la fille ment à sa mère, le jeune soldat ment à la jeune fille ... Au fil des pages, tous les secrets sont dévoilés au lecteur, jusqu'au drame (presque) final, qui lui-même va entraîner de nouveaux mensonges, mais surtout la révélation du caractère du jeune personnage féminin.

            Une histoire donc palpitante et un style d'écriture efficace, portée par la complexité de la psychologie des personnages et sa maitrise par l'auteur. Un roman hors du temps et à la lecture duquel on ne peut s'empêcher de retenir son souffle.

            Les ingrédients du second roman, Double Jeu, semblent un peu similaires. Le personnage principal est également une jeune fille, sans doute un peu naïve au premier abord mais qui ne manquera certainement pas de nous surprendre au final. L'époque est la même, les années 50, bien que le cadre, lui, diffère, puisqu'il s'agit cette fois-ci de faire évoluer les protagonistes à Hollywood. Et bien sûr, il s'agira de faux-semblants et d'un piège qui se referme doucement. À suivre !

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Le royaume de Kensuké

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