Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
La petite Mu qui plume
13 avril 2016

Daniel Pennac, épisode 1 : Chagrin d'école

Dans ma jeunesse, j'ai beaucoup lu Pennac. D'abord, ses romans pour enfants : Cabot-Caboche, L'oeil du loup, et les Kamo avec leur univers parfois étrange, mais captivant. Pas trop longtemps après, j'ai découvert les Malaussène, et leur impressionnant pouvoir addictif. Et puis, comme souvent quand un auteur que j'aime devient trop à la mode, je l'ai snobé. Et en plus, après, il a sorti ça

Chagrin d'école 

Se voulant être le point de vue d'un ancien cancre sur l'école de la République, cette autobiographie aux allures d'essai didactico-sociologique m'effrayait un peu. Pas envie de lire les habituelles rengaines contre l'enseignement, les profs qui sont trop ceci ou trop cela, qui traumatisent les élèves parce qu'ils corrigent en rouge et n'accordent pas un regard aux mauvais élèves. J'ai sauté le pas il y a quelques semaines... et j'ai bien fait. L'ancien cancre est quand même devenu prof lui-même, puis écrivain à la plume sacrément douée, que je n'ai jamais considérée comme facile, ou au rabais. Du coup, il faut bien dire ce qui est, il a quelques bonnes idées sur la chose. Ce genre de phrases, notamment, m'a rassurée sur ses intentions :

 

"En aura-t-elle proféré, des sottises, ma génération, sur les rituels considérés comme marque de soumission aveugle, la notation estimée avilissante, la dictée réactionnaire, le calcul mental abrutissant, la mémorisation des textes infantilisante, ce genre de proclamations..."

J'ai aimé tout particulièrement sa façon de raconter la grammaire : à ses élèves, et puis, à nous, lecteurs. La troisième partie, intitulée "Y ou le présent d'incarnation", est riche de ces analyses grammaticales qu'il estime indispensables à l'enseignement, mais aussi à la compréhension profonde de ces blocages qui transforment des élèves en cancres. Comme il le dit lui-même, 

"Les maux de grammaire se soignent par la grammaire, les fautes d'orthographe par l'exercice de l'orthographe, la peur de lire par la lecture, celle de ne pas comprendre par l'immersion dans le texte, et l'habitude de ne pas réfléchir par le calme renfort d'une raison strictement limitée à l'objet qui nous occupe, ici, maintenant, dans cette classe, pendant cette heure de cours, tant que nous y sommes."

Certains chapitres, comme celui sur la dictée, peuvent se lire comme une séquence de cours prête à l'emploi. Bien sûr, c'est une démarche globale que nous présente M. Pennac professeur, qui ne s'est pas faite en un jour. En tout cas, son récit, agrémenté d'anecdotes qui en font toute la saveur, est convaincant, et donnerait presque envie d'être prof !... 

Le livre suit un fil chronologique : après avoir vu Pennac élève, puis enseignant, le voici écrivain. Se mêlent alors aux pensées sur l'enseignement des remarques sur l'écriture ou le langage . Dont celle-ci : 

"Le comble étant que, dans les classes de banlieue où les professeurs m'invitent, une des toutes premières questions que me posent les élèves regarde la crudité de mon langage. [...] Le mot, à leurs yeux, ne devient vraiment gros que lorsqu'il est écrit."

Très vrai : j'en ai moi-même fait l'expérience en faisant lire Antoine Dole, A copier cent fois. Intéressant rapport au langage des adolescents, rapport au livre également. 

Bref, j'aurais eu tort de me priver de cette lecture. Bien loin de la démagogie que j'appréhendais, j'ai découvert une réflexion riche, nuancée, un propos très pédagogue, et beaucoup de grain à moudre pour mon propre cheminement intérieur. "Chagrin d'école", mais plaisir de lire ! 

 

Neo-défi lecture 2016 : Un livre possédé depuis plus d'un an et pas encore lu. 

Publicité
Publicité
18 septembre 2017

Lecture cursive #1 : "Dire l'amour" en dix romans

 

Dire l'amour en dix lectures

 

Je commence ici une présentation un peu plus "formalisée" de ces idées de lectures cursives en littérature jeunesse que l'on peut proposer à nos élèves, par thème ou partie du programme. 

Ici, dix idées de romans sur l'amour et le sentiment amoureux de façon assez large, pouvant notamment correspondre à la thématique "Dire l'amour" du programme de 4e. 

Il manque des romans que j'ai beaucoup aimés, comme Dysfonctionnelle d'Axl Cendres ou Eleanor&Park de Rainbow Rowell, par exemple : c'est essentiellement parce que j'ai essayé de fixer un certain seuil de prix. Certains trouveront ce seuil encore trop élevé (clin d'oeil à Nathalie), mais il est malheureusement difficile, voire impossible, de trouver des titres de littérature jeunesse à moins de 6€. Les livres que je vous propose s'achètent entre 5 et 10€ (mais il n'y en a qu'un seul à moins de 5€...). 

En toute transparence, je précise qu'il y a quelques titres que je n'ai pas lus : pour les inclure dans la liste, je me suis appuyée sur ma connaissance de l'auteur, ou sur une convergence d'avis positifs de collègues. C'est le cas de Connexions dangereuses (à savoir, Sarah K. est un pseudonyme de Sarah Cohen-Scali, auteure que j'aimais beaucoup adolescente), de Lettres à une disparue qu'on trouvait déjà beaucoup dans les listes de romans épistolaires, à l'époque où "la lettre" était au programme de 4e, de Star-crossed lovers qui semble aussi être souvent proposé aux élèves (je n'aime pas trop Mickaël Ollivier, mais bon, il en faut pour tous les goûts), et d'Une preuve d'amour (une auteure reconnue par la critique, notamment pour Kinderzimmer). 

Une dernière chose : je ne suis pas du tout sûre de moi pour les étoiles (notamment pour les livres que je n'ai pas lus, forcément). Si vous n'êtes pas d'accord avec le nombre d'étoiles attribué pour certains titres, n'hésitez pas à me le dire, j'éditerai le document. 

En version Word : Dix_romans_sur_Dire_l_amour (autres versions disponibles par mail, me contacter ici). 

Bonnes lectures et bon courage aux collègues qui travaillent pendant que je couve !...

Retrouvez la petite Mu sur son nouveau blog ! Cliquez ici

13 août 2016

Semaine de la BD, #3 : Yayoiso, ReLife

P1030121

Dernière étape dans la découverte des genres que tout le monde connaît sauf la petite Mu : les mangas. 

Pour être exacte, des mangas, j'en ai lu une série : Love Hina qui, d'après mes recherches, s'avère être un shōnen, "manga pour jeunes garçons". En effet, dans le monde du manga, la notion de cible éditoriale est prioritaire dans la classification des parutions, et s'avère très déterminée par l'opposition fille/garçon. Ce qui me laisse doublement sceptique car, pour ce qui est de Love Hina en tout cas, bien que le héros soit un jeune homme, les histoires et le cadre rappellent bon nombre de séries télé "teenagers" dont les téléspectateurs sont très souvent des téléspectatrices. 

ReLife, dans la catégorie seinen, "mangas pour jeunes hommes adultes" (de 15 à 30 ans), a ceci de particulier que c'est un manga tout en couleurs. Ceci s'explique par le fait qu'il a d'abord été publié sur téléphone et autres écrans, medium difficilement compatible avec le noir et blanc (moins lisible). Ca change, en effet, et c'est plutôt agréable, notamment pour des néophytes comme moi. L'histoire, elle, a un point de départ très actuel. Arata, un jeune homme de 27 ans (correspondant donc bien à la cible éditoriale), aimerait voir sa vie se remplir davantage, à l'instar de ses camarades, en couple et dans la vie active, mais il paye inlassablement le prix d'une erreur de parcours : sa démission d'un premier emploi au bout de trois mois, qu'on lui rappelle à chaque nouvel entretien d'embauche. Puis le récit prend un tour inattendu, voire inquiétant : un mystérieux inconnu le contacte et lui propose de le rajeunir de plusieurs années à l'aide d'une pilule spéciale, pour qu'il retourne au lycée et bénéficie ainsi d'un nouveau départ. Cet inconnu fait partie d'un institut de recherche, le fameux "ReLIFE", dont Arata ne sait rien, mais il accepte le challenge, plus ou moins contraint.

Bon. Passé ce début qui oscille entre témoignage réaliste de l'entrée pas toujours facile dans la vie adulte et thriller de science-fiction, j'ai trouvé que le rythme devenait moins trépidant et l'histoire moins palpitante. On retombe dans le côté "série teenager" dont je parlais au début, puisque le scénario tourne surtout autour de l'intégration d'Arata dans son lycée, de ses relations avec les professeurs et les élèves, de ses déboires scolaires. Il y a quelques moments un peu drôles concernant le décalage entre son âge affiché et son âge réel, mais ce n'est pas à se rouler par terre non plus. Même si Arata est attachant avec son côté râleur, j'aurais préféré en savoir plus sur la société ReLIFE et les conséquences de la pilule qui rajeunit. Il faudra lire la suite, me direz-vous : eh bien, justement,, il y a encore quatre volumes prévus, et le prochain sort mardi prochain, le 16 août !

Bilan de ma semaine découverte en BD : je ne suis décidément pas une adepte des genres assez codés et restrictifs du manga et du comic. Je reste bien plus amatrice des romans graphiques, autobiographiques ou non, avec un graphisme accessible et des dialogues travaillés. Cependant, je reconnais que les histoires d'Arata et de Khamala Khan ont un aspect original, et je suppose qu'elles peuvent s'avérer addictives au fur et à mesure des volumes.

 

19 février 2013

Ils sont arrivés !

Pour ceux qui n'auraient pas participé (les vilains), voici à quoi ressemblaient les cadeaux des heureux élus.

Tout d'abord la mallette du Plumeur :

P1010887

 

Qui contenait, comme prévu, un carnet de lecteur des Editions La Plume insolite, ainsi qu'un exemplaire de Testament à l'anglaise, à la demande de la gagnante : 

P1010891

Et, pour les autres, de petits marque-pages "édition spéciale 2013", estampillés d'une petite Mu faite main : 

P1010895

 Le prochain concours est en cours de finalisation dans ma tête... J'ai le thème, presque tous les lots... Je peaufine, je peaufine, et d'ici deux semaines, vous en saurez davantage ! 

A bientôt, donc ! 

                                                                  P1010902

18 juillet 2013

L'inespérée

Une deuxième rencontre avec Christian Bobin, après le Carnet du soleil. Ou plutôt devrais-je parler de retrouvailles : dans ce recueil se trouve en effet un extrait que mon professeur de lettres de première nous a fait étudier. En voici les premières lignes : 

Le mal :
"Elle est sale. Même propre elle est sale. Elle est couverte d'or et d'excréments, d'enfants et de casseroles. Elle règne partout. Elle est comme une reine grasse et sale qui n'aurait plus rien à gouverner, ayant tout envahi, ayant tout contaminé de sa saleté foncière. Personne ne lui résiste. Elle règne en vertu d'une attirance éternelle vers le bas, vers le noir du temps. Elle est dans les prisons comme un calmant. Elle est en permanence dans certains pavillons d'hôpitaux psychiatriques. C'est dans ces endroits qu'elle est le mieux à sa place : on ne la regarde pas, on ne l'écoute pas, on la laisse radoter dans son coin, on met devant elle ceux dont on ne sait plus quoi faire."

Je me souviens avoir été assez marquée par ce texte (dont je vous laisse deviner le sujet - qui est-"elle" ?). Et en avoir fait une réécriture (exercice demandé par le prof) dans laquelle je parlais, cette fois-ci, du téléphone portable. Ô heures heureuses de la jeunesse. Bref. 

C'est avec de la nostalgie, donc, mais aussi beaucoup de plaisir que je circule à nouveau entre les lignes et les mots de ce talentueux poète. D'autant plus que je me retrouve parfois trait pour trait dans certains de ses portraits : l'éternelle mélancolique, la voyageuse immobile, celle qui aime "ne rien faire"... Il a les mots pour parler de l'intérieur (le sien, celui des autres), et aussi, comme je l'avais déjà vu dans Carnet du soleil, de l'amour. 

Je ne résiste pas, cette fois-ci, à renouer avec mon ancienne tradition des morceaux choisis. Choisis... si l'on peut dire, tant il y en avait que je voulais vous livrer ! 

Lisez, et savourez (rien que les titres sont déjà des invitations au voyage intérieur) : 

Une lettre à la lumière qui traînait dans les rues du Creusot, en France, le mercredi 16 décembre 1992, vers quatorze heures :
" Il faut que je vous fasse un aveu : longtemps je ne vous ai pas aimée. Longtemps je n'ai pas aimé vos soeurs. Un ciel délivré des ombres, c'était l'horreur pour moi. Je n'appréciais que les temps gris, et cela en raison de la mélancolie en moi, de l'insecte de mélancolie qui cheminait en moi comme dans une souche creuse, vermoulue. C'est une maladie qui affecte l'esprit d'autant plus sûrement qu'il craint alors de s'en défaire : le mélancolique est celui qui est persuadé d'avoir tout perdu - sauf sa mélancolie à quoi il tient farouchement. C'est la maladie de celui qui, dépité de n'être pas tout, choisit, par un revers enfantin de l'orgueil, de n'être rien, ne gardant du monde que ce qui lui ressemble : le morne et le pluvieux. Cette maladie m'est passée, madame."

La traversée des images
"C'est une infirmité que vous avez de ne pouvoir envisager un vouage autrement que comme un détour pour aller de chez vous à chez vous."

Le thé sans thé
"On a toujours trouvé très intéressant, très instructif ce qui vous donne des maux de tête incroyables."

Une fête sur les hauteurs :
"Elle vous parle d'elle, c'est-à-dire de ceux qu'elle aime. Nous sommes faits de cela, nous ne sommes faits que de ceux que nous aimons et de rien d'autre."

J'espère que mon coeur tiendra, sans craquelures (en référence à la dernière note du peintre Bonnard dans son dernier carnet : "J'espère que ma peinture tiendra, sans craquelures. Je voudrais arriver devant les jeunes peintres de l'an 2000 avec des ailes de papillon.")

La retraite à trente ans
"La couleur verte, en peinture, s'obtient par un mélange de bleu et de jaune. La couleur verte des pelouses privées n'est mélangée ni de bleu ni de jaune - mais de gris et de noir."

L'inespérée :
"Je reviens de Bretagne, mon amour. La Bretagne est une terre belle comme l'enfance : les fées et les diables y font bon ménage. Il y a des pierres, de l'eau, du ciel et des visages - et ton nom partout chantant dessous le nom des pierres, de l'eau, du ciel et des visages.

Cela fait bien longtemps que je ne sors plus sans toi. Je t'emporte dans la plus simple cachette qui soit : je te cache dans ma joie comme une lettre en plein soleil."


Publicité
Publicité
6 janvier 2012

Jardin des lettres, 4e

Attention : ceci n'est pas un article comme les autres.
Ceci est un cri de joie : 

"OUAIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIS !!!! On a reçu les nouveaux manuels de 4e !!!"

Oui, c'est bien cela, aujourd'hui, vendredi 6 janvier, nous avons des manuels de français à distribuer aux élèves. Comment ça, la rentrée, c'était en septembre ? Ah, ben, oui, pour les élèves et les profs, bien sûr. Mais le budget, lui, il n'a pas vu les choses de cette manière.

Explications : le programme de français de 4e a changé, et le nouveau programme est entré en vigueur en septembre 2011. Qui dit nouveau programme dit nouveau manuel, que mes collègues ont (bien) choisi en mai ou juin dernier. Ce qui tombe bien, car les manuels actuels sont des grosses pourritures arriérées qui ne datent même pas du dernier programme, d'ailleurs je ne sais même pas s'ils ont respecté un quelconque programme un jour. 

Oui, mais... en septembre, y'avait pas de sous pour acheter les nouveaux manuels. En octobre non plus. En novembre non plus. Et en décembre, devinez quoi ? Non plus ! 

MAIS ça y est, ils sont là, enfin, tout nouveaux, tout beaux. Un chouette manuel avec plein de belles images (déjà, c'est agréable à regarder, et en plus, c'est pratique vu qu'on est censés faire de l'histoire des arts), des textes plutôt bien choisis, des nouvelles intégrales, de bons exercices... Tout ce qu'il faut pour, enfin, arrêter de tuer les forêts avec mes photocopies.  

Voilà, je me doute que ce n'est pas le genre de lecture que vous allez courir acheter au libraire du coin, mais je tenais à partager ça avec vous ! (lapetitemuquiplume, mieux que Facebook ^^)

30 décembre 2012

L'enfant volé

Bon. Pour la première fois, j'ai dû définitivement abandonner un livre de McEwan. Pas dès les premières pages comme cela avait pu me le faire aux débuts de ma rencontre avec cet auteur, non ; j'ai tenu bon pendant une grosse moitié du livre, mais, vraiment, je n'ai pas pu, ça m'est tombé des mains. On sent que le style se cherche encore, et les trop nombreuses digressions sont nettement moins maîtrisées que dans les ouvrages suivants. On se perd sans arriver à se retrouver, ce qui est dommage car cet histoire d'un père cherchant désespérément son enfant disparue aurait pu être bouleversante. Une déception qui n'en est pas une, car je sentais bien que je ne serais pas convaincue par les oeuvres les plus anciennes. 

6 mai 2013

Je reviens de mourir

 J'ai déjà parlé d'Antoine Dole ici. Et . Et j'en parlerai encore : j'ai fini Laisse brûler. Je commence donc à être pas mal sur sa bibliographie. Surtout, je commence donc à connaître son écriture, et aussi à pouvoir comparer ses oeuvres entre elle. 

Tout comme K-Cendres, Je reviens de mourir (publié lui aussi aux éditions Sarbacane dans la collection Exprim', que j'ai ainsi découverte) ne laisse pas indifférent. Comment l'être face à cette histoire croisée de deux jeunes femmes, Marion et Eve, l'une prostituée par l'homme dont elle est folle amoureuse, l'autre se droguant au sexe jusqu'à écoeurement pour ne pas tomber dans les "pièges" de l'amour ? D'autant plus que l'écriture, là encore, est dure, brute et brutale, ne faisant aucune concession. 

J'ai vu ici et là sur Internet que ce roman faisait grand débat, notamment auprès des libraire et des bibliothécaires, avec une question récurrente : dans quel rayon le classer ? Autrement dit, à quel "public" est-il destiné ? La collection Exprim' vise les 15-25 ans. Sur leur site, Je reviens de mourir est même indiqué "à partir de 14 ans". Mais ce roman peut-il vraiment se lire à cet âge-là ? Pour répondre non, les deux arguments avancés sont le caractère sexuel de certaines scènes, renforcé par un langage cru, d'une part, et d'autre part, la noirceur de l'univers présenté, qui semble indiquer que l'amour n'a aucune issue.

Le premier argument est discutable et je ne le discuterai pas : je sais que, pour ma part, je goûte peu ce langage cru dans les romans de manière générale (qu'ils soient pour ados ou pour adultes), mais je ne me permettrai pas de l'interdire aux ados car, effectivement, il ne faut pas s'arrêter à ça dans un roman.
Le deuxième argument me touche davantage : effectivement, tout est très noir dans ce roman. Alors, certes, on ne vit pas dans le monde des Bisounours, et on ne va pas se sentir obligé de mettre des happy end partout sous prétexte qu'on s'adresse à des adolescents (c'est d'ailleurs ce que je critique dans le livre d'Hubert Ben Kemoun que j'ai lu précédemment). Mais je ne suis pas pour autant certaine de l'effet produit : est-ce un livre qui permet de trouver l'impulsion nécessaire pour donner un sens à sa vie, à ses relations amoureuses, pour éviter à tout prix d'en arriver là où en arrivent Marion et Eve ? Ne risque-t-on pas, au contraire, de dégoûter et de laisser la porte ouverte à des généralisations ? Par exemple, dans ce livre, les personnages masculins sont quand même sacrément écoeurants, et rien ne semble sauver la gente masculine (à part peut-être l'homme au fauteuil, mais qu'on ne rencontre que l'espace de deux pages). A ce titre, j'ai préféré K-Cendres, où le personnage de Marcus laisse flotter tout de même un espoir au-dessus de ce monde de brutes.

Je ne suis donc pas convaincue par ce roman-là ; mais ne vous inquiétez pas, fans d'Antoine Dole, il reste Laisse brûler, et vous allez lire des choses plus positives !  

17 septembre 2014

Mes aventures pédagogiques : épisode 1

Nouvelle année, nouvelle rubrique : voici le premier épisode des aventures pédagogiques de la petite Mu !!

Le principe ? Il est simple : partager avec vous les petites ou grandes aventures dans lesquelles je me lance avec mes élèves, qu'il s'agisse de lecture, d'écriture, d'apprentissage de la langue, de jeux, de loisirs créatifs... 

 

Pour commencer, petit flash-back sur le mois de juin 2014 : 

 

MYTHOLOGIE PLANETE 

mythomag

 

Le magazine de la mythologie, créé (pour le contenu) à partir de fiches de lecture et de petits travaux de recherche de mes élèves de 6e, et mis en page en grande partie par moi-même... car c'est finalement le plus chronophage dans ce genre de projets. (Il faut dire aussi que je suis un peu psycho-rigide en terme de mise en page. Genre, s'il y a deux millimètres de trop entre une image et sa légende, ça va pas.)

 

DES CHANSONS GRAMMATICALES

                                                                                                     diapo classes grammaticales

Mon petit délire de fin d'année : des chansons pour apprendre la grammaire, testées avec une classe de 6e et un groupe mélangé 5e/6e, lors des toutes dernières heures de cours de l'année. Deux singles, pour le moment : "Les classes grammaticales", sur Happy de Pharell Williams, et "Les fonctions grammaticales", sur Papaoutai de Stromae. 
Plus de détails sur demande. En apéritif (car, je l'espère, j'arriverai à finaliser une vidéo correcte d'ici la fin de l'année... scolaire...), petit extrait des paroles de la chanson n°1 : 

Couplet 1 : 

En français il faut faire attention

La grammaire entraîne des confusions

Pour ce problème une seule solution

Il faut bien apprendre ses leçons 

Refrain :

Nom commun, nom propre, verbe et adjectif

Et déterminant et pronom

(x 4)

 

 

Et place à l'année 2014-2015 : 

 

DES CHIFFRES ET DES LETTRES

 

                                                  

 

 

Alors là, vous êtes tous invités à chercher avec moi un nom plus glamour (et pertinent quand même) pour le club jeux, que l'on va tester cette année avec ma collègue de maths. Le but : accueillir pendant une heure, du temps de midi, des élèves de tout niveau, de la 6e à la 3e, autour de différents jeux de calcul, de géométrie, de logique, d'orthographe, d'écriture, etc... Vous connaissez le Mathopoly ? Le petit bac grammatical ? Mélicado ? Non ? Dans ce cas vous êtes faits pour notre club !! 

 

COMEDIE MUSICALE : LES HEROS D'HIER A AUJOURD'HUI

 

                                                                                              

Et ça, c'est ZE projet : un spectacle de fin d'année avec costumes, douches de lumière, arbres qui descendent sur scène, chorale dans le public... Tout ça avec une petite bande de profs ultra motivés, beaucoup (on espère...) d'élèves aux qualités diverses, et autour d'un thème : le héros à travers les époques. 
Au programme : du théâtre (petites saynètes, transitions entre les différents tableaux par un narrateur), de la musique (chants solos ou duos, chorale de 6e, quelques instrumentistes) et du step. Une bonne partie des textes, chansons, musiques et chorégraphies seront créées par les profs themselves, mais on compte quand même piquer quelques chansons toutes prêtes. 

On attaque seulement la création du premier tableau, autour du personnage d'Ulysse : ouverture musicale par la chorale des élèves de 6e sur la chanson de Ridan, Ulysse, introduction par un élève narrateur, petit dialogue théâtral entre Ulysse et Circé, et rencontre entre Ulysse et les Sirènes, chorégraphiée sur Dark Horse de Katy Perry et dansée par les élèves du step. 

 

Feuilleton pédagogique à suivre tout au long de l'année scolaire, et, je l'espère, les années suivantes également ! 

24 octobre 2011

Trois femmes puissantes

Retour à un passé proche pour ce livre-là, lu entre l'été 2010 et l'été 2011, je ne sais plus exactement. 

Les mots de l'époque : 

Il m'est assez difficile de dire, peut-être pas si j'ai aimé ce roman, du moins jusqu'à quel point je l'ai aimé. L'histoire est prenante, on ne peut pas dire le contraire ; mais elle l'est tellement qu'au dénouement, on reste un peu sur notre faim. Le principe des trois récits distincts est intéressant, mais chaque récit s'interrompt assez brutalement, et laisse trop d'ombre à mon goût : on parle parfois de fin ouverte, et là, j'ai même envie de parler de fin estropiée, comme si le livre s'achevait sur une plaie béante - ce qui est plutôt vrai, au sens figuré, comme au sens propre pour la troisième histoire. Il reste le style, un peu trop méticuleux à force de chercher le mot juste, mais encore assez fluide pour guider la lecture. 

Pas de morceau choisi, hélas, car livre lu pendant une des périodes les plus remplies de ma vie.... pas le temps d'en écrire beaucoup. 

24 octobre 2011

La chambre des vies oubliées

Ce roman a tout à fait répondu à mes attentes du moment : l'envie qu'on me présente des personnages et qu'on me raconte leur histoire. L'idée de départ est bien trouvée, le défilement des clients au pressing (ou autour du pressing) est un prétexte habile pour mettre en scène plusieurs vies qui s'entrecroisent. J'ai également beaucoup aimé l'effet de suspense qui est là sans qu'on s'en aperçoive, les secrets distillés un par un jusqu'à la révélation finale, totalement inattendue pour moi. Une lecture qui a trouvé sa place naturelle entre les précédentes et les suivantes. 

26 janvier 2012

Park life

Je me lance à nouveau dans un mode de lecture que j'aime assez : l'association de romans. Je l'avais déjà pratiqué, par exemple, avec la lecture d'une série de romans tournant autour du colonialisme : Trois femmes puissantes, Un don, Les monstres de Templeton. Sans doute une habitude prise à la fac, notamment en préparant l'épreuve de littérature comparée de l'agrégation : j'aime réfléchir à des associations thématiques, comparer des récits entre eux, étudier la diversité des variations possibles sur un même thème. 

Ici, il s'agira d'une lecture par binôme : deux récits appartenant à la littérature nippone, tous deux liés par le thème de la course à pied. Je laisse aux amateurs de devinettes le soin de trouver le deuxième titre (assez facile à trouver d'après les indices que je viens de donner). Le premier, quant à lui, a donc été Park Life. 

Un titre apparemment source d'inspiration : c'est aussi le nom d'un album de Blur, et d'un festival de musique australien. C'est finalement un titre assez passe-partout, pour un récit qui, lui, ne l'est certainement pas. 

Dans les quelques pages qui composent ce roman très court, on croise le chemin d'un employé qui travaille dans une entreprise fabriquant des bains moussants et dont le lieu de villégiature se trouve être un parc situé en pleine ville. La quatrième de couverture me promet une bouffée d'oxygène dans notre univers très urbain du XXIe siècle. Mouais. Pas convaincue. Le style est très particulier : pas de réelle transition entre les phrases, entre les idées. Mais pas non plus avec la maîtrise que peut avoir une Virginia Woolf (ou un Ian McEwan) du stream of consciousness, le flux de pensée qui suit les dérives intérieures d'un personnage. Non, ici, je n'ai pas eu l'impression d'une réelle maîtrise. Peut-être est-ce volontaire ; peut-être est-ce simplement que je ne suis pas habituée à l'écriture japonaise ; peut-être est-ce encore plus simplement un problème de traduction. 

Bref, je suis restée sur ma faim. Souhaitons que le deuxième volume de mon association me procure un peu plus de plaisir. 

18 août 2012

Amsterdam

Ian McEwan - Amsterdam.

Encore un titre "single word" de mon auteur fétiche du moment - qui est peut-être en train d'être supplanté par un autre, mais vous découvrirez cela dans de futures critiques. Avec lui, j'ai fait le tour des parutions les plus récentes (si l'on peut dire : Amsterdam date de 1998) de McEwan. Me restera à découvrir ses premiers récits, ceux d'avant Amsterdam, justement. 

Dans mon message d'il y a quelques jours, j'ai gratifié ce roman de deux étoiles. De fait, j'ai retrouvé les qualités habituelles de l'auteur : un récit prenant, qui me capte au bout d'une dizaine de pages - toujours ces débuts qui me font penser que je ne vais pas aimer, mais comme j'ai l'habitude, je ne m'inquiète plus, et je poursuis sagement - et des personnages attachants malgré tout. Même si, parfois, franchement bizarres. Si l'histoire m'a un peu moins emportée que dans certains autres (je pense en particulier à Expiation ou Samedi), j'ai quand même été tout à fait amusée, et saisie, par la fin, à laquelle je ne m'attendais pas du tout, même si elle était préparée depuis longtemps. Un bel exemple d'humour noir que certains diraient "british". 

Pas trois étoiles, cependant. Je reste davantage marquée par d'autres titres de l'auteur. 

9 octobre 2012

Mytho

Celui-ci, je le plume rapidement, car je n'ai pas grand-chose à en dire. 

C'est la première fois que ça m'arrive avec du Murail, mais je pense que ça tient tout simplement au genre littéraire et au public choisis. Ce roman-là est assez éloigné des Emilien, Nils Hazard, Simple et autres Oh, boy ! Il s'agit tout simplement d'un roman d'aventures, situé dans un pays né de l'imagination de l'auteur, avec des rebondissements, des combats, du mystère... Beaucoup d'ingrédients qui peuvent captiver un jeune lecteur, mais qui m'ont laissée plutôt de marbre. Les personnages ne sont pas assez creusés, ni l'humour assez prononcé pour me laisser une impression durable. Mieux vaut, à mon avis, attendre d'être un peu plus vieux et de pouvoir dévorer les romans que j'ai cités plus haut, pour attraper le "virus Murail". 

24 octobre 2011

Parmi les disparus

 

"L'amour lui faisait souvent peur, et il était nerveux, éprouvait un sentiment de malaise, comme si un morceau de verre brûlant fumait dans sa poitrine. Son esprit produisait fréquemment des images poétiques de ce genre, et leur inanité l'humiliait."

 

Les mots de l'époque : 

Ce qui m'est arivé en lisant ce recueil de nouvelles est fascinant : on dit souvent qu'on a l'impression de se retrouver dans les personnages d'un livre ; mais là, j'étais partout. Comme si j'avais été fragmentée et que les morceaux de mon être avaient été répartis entre les personnages des différentes nouvelles...
Outre ce rapport très intime au recueil, ce que je dois en dire, c'est qu'il représente toute l'écrasante supériorité de l'écriture contemporaine américaine sur la française : Dan Chaon est dans le vrai, tout le temps, il explore les intériorités avec une évidence qui n'existe que ches les novellistes américains. Ses nouvelles débutent de manière intense, oscillent longt-emps entre positivité et pessimisme, mais finissent immanquablement sur une note d'espoir. Lire du Dan Chaon est une expérience intense.

Les mots d'aujourd'hui : 

(J'adore cet art de la nuance qui me caractérisait... Comme si j'avais lu toute la littérature du monde... Enfin, ça me fait plutôt rire, maintenant.)

Je n'ai jamais relu le recueil, mais il s'est quand même passé quelque chose après ma première lecture : la librairie Lucioles a fait venir (il y a longtemps, j'étais encore au lycée) plusieurs écrivains américains de la même veine, ayant tous publié dans la collection "Terres d'Amérique" chez Albin Michel. Dont Dan Chaon, donc. 
Je l'ai écouté parler avec beaucoup d'attention, étant donné que son livre m'avait procuré tant d'émotions... mais j'avais été surprise, sceptique, en fait, car il avait l'air d'un homme plutôt heureux, plutôt comme tout le monde. Or, je m'imaginais qu'une personne capable de décrire avec autant de vérité les psychoses humaines (car c'est souvent de cela qu'il est question dans ses nouvelles) était nécessairement une personne elle-même tourmentée.
L'idée ne m'a pas quittée, pendant un temps, qu'il portait un masque en public, et qu'il devait cacher ses problèmes. Je lui ai même écrit une lettre... que je n'ai jamais envoyée.
Depuis, j'ai cessé d'inventer une vie aux écrivains, et ce n'est pas plus mal.

Deux petits morceaux choisis, pleins de correspondances baudelairiennes :

"Dehors, la pluie faisait un bruit semblable au sommeil."

"La pièce est remplie d'une odeur de miel et du bruit de l'eau."

 

 

24 décembre 2012

Noël en orange

Je n'ai pas posté depuis longtemps, la faute à plusieurs causes associées. Me revoici enfin. Je prévois des nouveautés pour l'année 2013, mais pour l'instant, je n'en dis pas plus. J'ai déjà fort à faire pour rattraper mon retard : ne croyez pas que je n'ai pas lu ces derniers temps, loin de là ! J'ai moultes chroniques en attente. 

Je commence avec une chronique "groupée". Je ne souhaitais pas la faire auparavant, en voici l'explication : j'ai participé sur le forum Neoprofs à un swap, c'est-à-dire un échange de cadeaux de Noël par correspondance. Nous étions soumis à un thème, Noël autour du monde ou Noël en couleurs. J'avais choisi "Noël en orange" par clin d'oeil à mon nom de famille et à celui de ma swappée... Cela m'a amenée à faire plein de choses avec mes mimines ou, plus simplement, à en dégoter à droite et à gauche, des choses qui décorent, des choses qui se mangent, des choses qui marquent les pages, des choses qui sentent bon, et... des choses qui se lisent. 

Trouver un livre, au moins, sur le thème "Noël en orange" n'a pas été simple. J'ai trouvé toutefois un premier titre totalement adapté : 

Parfait, me direz-vous ! Oui, vous répondrai-je, pour le thème, mais moins pour le contenu. Il s'agit en fait de ce qu'on peut appeler un "roman du terroir". A savoir, l'histoire d'une institutrice arrivant en début d'année scolaire dans l'école laïque d'un village de Corrèze farouchement mené par le curé. Nous sommes en 1913, et la politique menée par Jaurès rencontre encore de solides opposants. Non contente de mener son combat contre l'emprise de l'Eglise sur l'école, l'institutrice en question se met également en tête de faire passer le certificat d'études à une adolescente illettrée que tout le monde, dans le village, prend pour une attardée. 
Oui, ça fait beaucoup, je vous l'accorde. Beaucoup de bons sentiments, trempés dans une plume qui fait la part belle au patois de la région. L'histoire se lit bien, mais le style n'a rien de particulièrement recherché ou d'original. Pensant que ce genre littéraire pouvait ne pas plaire à tout le monde, j'ai donc éliminé ce premier résultat. 

Autre découverte, mais non conforme à ce que je recherchais : 

Un roman de Jostein Gaarder, l'auteur du Monde de Sophie, ce récit qu'on fait souvent lire aux ados pour les initier à la philosophie. Je n'en ai personnellement pas gardé un souvenir impérissable : l'histoire était trop invraisemblable à mes yeux, j'avais l'impression que tout n'était que prétexte aux commentaires érudico-philosophiques, sans véritable intérêt narratif. J'ai en revanche été agréablement surprise par La belle aux oranges : là, l'invraisemblance du récit est totalement assumé par le personnage, qui montre bien son incrédulité vis-à-vis des évènements qu'il croise au cours de son histoire. Toutes ces rencontres fortuites avec une belle inconnue aux bras chargés d'oranges, dont il tombe immédiatement amoureux au point de traverser le continent pour la retrouver, trouvent finalement une explication, que l'on accepte même si elle semble trop belle pour être vraie - car, finalement, parfois, la vie présente ce genre de situations. Mais cette belle histoire d'amour, dont le narrateur souligne régulièrement ses ressemblances avec les contes de fées les plus célèbres, est encadrée par un autre récit, celui du fils, beaucoup plus réaliste. Le mélange fonctionne très bien, et je suis restée sous le charme de cette belle histoire, joyeuse et triste à la fois. 
Ce roman-là a été écarté parce qu'il est malgré tout marqué par un style qui s'adresse plutôt à un public jeune. Ne sachant pas si cela parlerait à ma swappée, j'ai laissé tomber. 

Ma troisième lecture a failli être la bonne : 

 Afficher l'image d'origine

 

 

 

J'ai beaucoup aimé les deux premiers tiers de ce roman, grâce à leur style incisif, leur humour caustique mais très efficace, parfaitement adapté à ce récit d'une adolescente qui se libère peu à peu de l'emprise de sa mère, fervente croyante et pratiquante, aux idées bien arrêtées. C'est au moment où la narratrice découvre son homosexualité qu'elle commence à se poser des questions sur les limites des pratiques religieuses qu'elle acceptait, et même vénérait jusque là, par dévouement total à sa mère. Peu à peu, les questions se muent en revendications, puis en actes de révolte. 
J'ai malheureusement décroché à la fin. Le style se faisait de plus en plus elliptique, faisant une telle place à l'implicite que j'ai fini par ne plus comprendre vraiment ce qui se passait dans l'histoire. Je pense qu'une relecture me permettrait d'apprécier pleinement ce livre, que je n'ai donc pas envoyé par peur que ma swappée ait les mêmes impressions que moi. 

Finalement, the winner was : 

Il se trouve que ma swappée avait déjà lu ce livre - grrrr, raté ! Pour ma part, c'était une découverte, et une bonne. J'ai été complètement happée par cette histoire de secrets de famille, très bien racontée, avec beaucoup de suspense, mais de finesse aussi. Le récit alterne deux époques : les années 40 et notre époque actuelle. Au début de l'Occupation, une veuve s'accuse du meurtre d'un Allemand, et, indirectement, de la fusillade d'une dizaine de villageois qui avaient été soupçonnés de ce meurtre. Evidemment, toute la famille - elle et ses trois enfants - deviennent indésirables au village et doivent s'exiler. Des années plus tard, la plus jeune des enfants revient au village avec un autre nom et reconstruit petit à petit tout ce que sa mère avait perdu. Parallèlement, elle tente d'en apprendre sur son passé à travers le journal de sa mère. Elle redécouvre cette femme que tous trouvaient acariâtre, cruelle et insensible. Quant au lecteur, c'est l'histoire de toute la famille qu'il découvre au fur et à mesure, et les secrets ne se trouvent pas forcément là où il le pense. 
J'ai trouvé qu'il s'agissait d'une lecture idéale à offrir, à la fois prenante, et sans prétention, sans difficulté particulière. J'espère que ma swappée aura eu plaisir à relire ce roman ! 

J'ai aussi envoyé ceci, sans avoir eu le temps de le lire : 

Je me suis fondée sur plusieurs bonnes critiques trouvées ici et là. J'attends les impressions de ma swappée pour en tenter ou non la lecture ! 

17 janvier 2013

Mary Ann en automne

Et voilà : the last, but not the least. 

Ce dernier volume (en date) est un festival. Une lecture extrêmement réjouissante. Ils sont presque tous là : Micheal, bien sûr, Ben et Jake, qui l'entourent désormais, l'un comme mari, l'autre comme associé, Shawna, la fille adoptive de Brian (seul absent du volume, mais il a largement droit à des vacances), Mme Madrigal (qu'il faut appeler Anna maintenant, allons, on est intimes à présent), et Mary Ann. Oui : de même que Micheal Tolliver, dans le tome 7, était vivant, Mary Ann, dans le tome 8, est revenue ! Pas pour des raisons très joyeuses, il est vrai : elle vient de découvrir quasiment en même temps que son mari la trompait et qu'elle avait un cancer de l'utérus. Heureusement, à San Francisco, sa patrie mère, il y a tout pour la guérir : une clinique, un très bon médecin, et des amis. Parmi ces derniers, je demande d'abord les fidèles : Micheal, toujours là, toujours prêt, à un tel point que c'en est invraisemblable, mais franchement, on l'en adore encore plus ; Dede, qui, elle non plus, n'a pas bougé, et qui réveille en nous une nostalgie des premiers tomes. Puis je demande les méfiants : ceux qui ont des raisons d'en vouloir à Mary Ann, ou qui ne la portent pas dans leur coeur, qu'il faudra convaincre, et même conquérir. Parmi eux, Shawna, Ben, Jake, et puis... nous, également. Cette Mary Ann que l'on n'a pas beaucoup vue ces derniers temps, à peine quelques pages lorsque Mme Madrigal a failli mourir dans le tome précédent, il va falloir qu'elle nous montre qu'on peut recommencer à s'attacher à elle, à s'identifier, comme dans le premier volume. Eh bien, c'est un pari gagné. Pas de manichéisme dans le traitement des personnages, chez Maupin, jamais. (Sauf pour les hypocrites bien-pensants irrécupérables : voir ma prochaine critique sur Maybe the moon). 
Enfin, il y a aussi les amis Facebook : car oui, le tome 8 des Chroniques est entré dans la modernité numérique. Et parmi ces amis Facebook, un certain ... ( et là, bien sûr, je ne remets plus la main sur le nom du type en question, et je n'ai plus le livre ! Si vous pouvez complétez ce détail, merci à vous !) qui fait ressurgir les fantômes du passé et d'une saison ancienne... Je n'en dis pas plus ; mis à part que, pour une fois, le suspense, que je qualifiais de faux dans les premiers volumes (le lecteur étant toujours munis d'indices suffisants pour anticiper les rebondissements), a parfaitement joué pour ma part. Lorsque les pièces du puzzle se sont brusquement assemblées sous mes yeux, à la fin, l'effet a été radical !

Je pense donc qu'au fil des tomes, Maupin n'a rien perdu de sa plume, et ses personnages non plus. Cette chronique peut encore avoir de beaux jours devant elle, et heureusement. Vivement la suite ! 

27 février 2013

Pile à Lire

P1010964

Je suis allée à Lucioles l'autre jour, et j'y ai écoulé la grosse pile de points accumulés depuis des mois, peut-être même des années - et que ma mère garde bien précieusement à la maison. En fait, elle m'attend, et, à deux, on dévalise la boutique... 

Résultat : 70 euros d'économisés, et une pile à lire qui monte, qui monte, qui monte. 

Bof, en fait, pas tant, c'est juste que certains étaient gros, voire très gros. J'ai déjà englouti Vipère au poing et Les disparitions d'Annaëlle Faier. Me restent : 

- Tarja, un autre roman de Sciarini (voir ici et ici) ; 

- des Fabliaux du Moyen Âge, traduits et adaptés par Pierre-Marie Beaude, chez Folio Junior (lecture professionnelle, et pari avec moi-même : me faire aimer cette littérature qui, pour le moment, me laisse assez froide...) ; 

- Vive la République !, un Marie-Aude Murail de 2005 dont j'ignorais l'existence mais qui m'a tout de suite interpellée puisqu'il s'agit de l'histoire d'une toute jeune maîtresse d'école qui fait sa première rentrée. J'ai franchement hâte de voir ce que ce personnage peut donner sous la plume de mon nécrivaine préférée ! 

- et De grandes espérances, une parution de L'école des loisirs qui m'avait fait de l'oeil dans le catalogue : un roman de Dickens adapté par Marie-Aude Murail (je me gâte en ce moment), et superbement illustré par Philippe Dumas. J'espère replonger dans la magie Dickens que j'ai quittée depuis longtemps, et me donner ainsi envie de rouvrir d'autres volumes. 

Figure aussi sur la photo Le livre de la mère, qui n'est pas du tout un nouvel achat puisqu'il s'agit de mon exemplaire acheté en 2003 pour mon année de première. Ce livre a passé le bac avec moi ! C'est avec plaisir et nostalgie que je redécouvre les petits chiffres notés au crayon à papier pour numéroter les pages, me rappelant ainsi les extraits sur lesquels j'ai planchés durant l'année scolaire... 

18 avril 2013

Des affiches de livres (1)

Une idée que j'avais eue, comme ça, en guise de fiche de lecture (niveau 5e) : réaliser une "affiche de livre", c'est-à-dire imaginer que le livre a été adapté au cinéma et en créer l'affiche. 

Mes consignes, accompagnées de la liste de livres proposés (thème du théâtre ou de la question du genre à l'adolescence) : Lecture_cursive_n_2.

Tout ce que j'ai eu ne ressemblait pas nécessairement à une affiche de cinéma (il y en aura en revanche, dans la deuxième fournée, de très réussies sur ce plan-là), mais j'ai quand même eu des choses assez chouettes : 

     Justine  Le cahier rouge de Claire Mazard

    Khalil Zéro commentaire de Florence Hinckel

Pierre  L'homme qui a séduit le soleil, de Jean-Côme Noguès

 Suzanna  Coups de théâtre de Christian Grenier

 

J'ai gardé la plus belle pour la fin : 

P1020054                  P1020056

Avec un petit couteau Playmobil et du vrai tissu ! 

La deuxième fournée arrivera prochainement. 

29 avril 2013

Lettres de l'intérieur

Allez, sur ma lancée, je re-plume. Je vais tenter de mettre à jour ma liste de lectures cursives, ce qui n'est pas une mince affaire, puisqu'elle mêle des titres lus il y a fort longtemps, d'autres pas complètement lus mais figurant sur ma liste d'après des conseils d'autres collègues, et d'autres encore tellement marquants pour moi que je ne sais pas par où commencer pour plumer à leur sujet. 

Lettres de l'intérieur fait partie de cette dernière catégorie. Bref historique de ma rencontre avec ce livre : 

1998 (je crois) : je fais partie du jury décernant le Prix Lucioles des jeunes lecteurs. On se réunit une fois tous les deux mois, on échange nos impressions sur une série de livres parus dans l'année en littérature jeunesse, pré-sélectionnés par la libraire responsable du rayon jeunesse, et à la fin de l'année, on élit notre préféré. Cette année-là, Lettres de l'intérieur a été élu à une grande majorité. 

Par la suite, je l'ai souvent relu, souvent conseillé. Arrivée sur mon premier poste d'enseignante, quelle ne fut pas ma joie (et ma surprise) de découvrir que le CDI de mon collège possédait ce roman, en série qui plus est !! Les anciens programmes permettant à l'époque de travailler la littérature jeunesse en oeuvre intégrale (c'est-à-dire en l'étudiant en classe), je me suis jetée sur l'occasion avec ma classe de 4e, dans mon chapitre sur l'épistolaire. Pari gagnant : la majorité des élèves de la classe ont aimé ce livre. L'une d'entre elles a prononcé LA phrase magique : "Madame, je n'aime pas lire, et ben pourtant je l'ai dévoré, celui-là !" (NB : plus tard dans l'année, c'est elle qui m'a réclamé L'île des esclaves de Marivaux, pour le lire en entier après un extrait étudié en classe). 

L'an dernier, je l'ai proposé dans ma liste de lectures cursives sur l'épistolaire. Seule une élève l'a choisi (il faut dire qu'en Ecole des Loisirs, ce n'est pas le plus bas prix...) mais elle l'a aimé aussi. Je ne l'ai plus proposé en oeuvre intégrale pour me conformer aux nouveaux programmes (et parce que je suis d'accord avec l'idée de se concentrer, en classe, sur des lectures plus classiques et plus difficiles, en laissant la littérature jeunesse pour les lectures à la maison). 

Bref, tout ça pour dire que ce livre traverse les années et les générations et qu'il fonctionne toujours. 

Quand je l'ai découvert, ce fut vraiment une lecture coup de poing. J'ai tout adoré : la narration sous forme de lettres, les personnages, l'intrigue aux nombreux rebondissements, les thèmes. 

Impossible de résumer ce livre sans dévoiler la révélation qui a lieu au milieu du livre. Auparavant, l'histoire semble être celle, banale, de deux adolescentes qui ne se connaissent que par l'intermédiaire d'une annonce postée dans un magazine : Tracey cherche une correspondante et Mandy lui répond. Elles s'écrivent des lettres d'adolescentes, mais un certain déséquilibre se fait voir petit à petit : si Mandy connaît les déboires d'une vie sans originalité (des parents aimants mais des galères financières, une soeur ultra-complice mais des histoires de coeur compliquées...), Tracey, elle, semble avoir une vie parfaite : fille unique, gâtée par des parents richissimes, un petit ami sans défauts, des fêtes à tire-larigots... C'est à la moitié du roman que tout bascule. Des thématiques traditionnelles du roman d'ados, on passe à des thèmes beaucoup plus durs, qui nous sortent de notre quotidien. Les personnages s'étoffent alors. 
Âmes sensibles s'abstenir : le style est familier dans la première partie, celui de deux ados qui s'écrivent sans chichis, mais il se fait violent et cru dans la deuxième partie. Certains faits sont dévoilés tels quels, d'autres sont sous-entendus mais se comprennent assez aisément. Certains resteront toujours dans le secret, ce qui est presque pire, car on peut tout imaginer. La fin est complètement inattendue : il faut avoir les nerfs solides. 

L'intérêt pédagogique de ce roman n'est certes pas dans le style, qui reste très oral (qui plus est, traduit de l'australien - mais pas Valérie Dayre, qui n'est pas n'importe qui). En revanche, la structure est éminemment intéressante dans un chapitre sur l'épistolaire : l'échange parfois déséquilibré entre les deux amies, certaines lettres laissées sans réponse permettent de travailler sur les différents points de vue, et de montrer que, dans un roman épistolaire, l'intrigue se construit "en pointillés". Pour travailler sur l'implicite, c'est parfait. On peut proposer, à partir de la fin, divers travaux d'écriture permettant de vérifier ce que les élèves ont compris, et de tester leur imagination. Enfin, une réflexion annexe peut être menée sur les avantages et les limites (voire les dangers) d'une communication virtuelle : j'ai testé une sorte de "débat" avec ma classe de quatrième et il en est sorti des choses très intéressantes. 

Je le conseille et le re-conseille donc. Documentalistes, faites-le acheter pour votre CDI, et, si vous le pouvez, en série : on a besoin de ce genre de livres pour montrer aux élèves que la littérature n'est pas un truc ennuyeux et réservé aux adultes. 

30 mai 2013

Une histoire à quatre voix

Aujourd'hui est un grand jour : j'inaugure une nouvelle catégorie sur ce blog, celle des albums. Et j'ai bien précisé "pour petits et grands" : d'abord parce que, c'est vrai, ce genre littéraire un peu à part, ni roman illustré, ni bande dessinée, n'est pas réservé aux seuls tout-petits, et puis surtout parce que je serais de toute façon bien incapable de plumer sur des albums de tout-petits uniquement (je peux être sensible à un type d'illustrations ou un autre, trouver l'histoire originale ou joliment écrite... mais je ne pense pas avoir assez de clés pour écrire des articles intéressants à ce sujet). 

Alors, pourquoi les albums ? Parce que j'ai assisté à une formation, dans le cadre du PAF (= Plan Académique de Formation, c'est-à-dire ces formations auxquelles nous avons droit tout au long de notre carrière, à condition qu'il reste de la place, que ce ne soit pas annulé, que notre chef nous laisse y aller, etc, etc...), qui s'intitulait "Stratégies de lecture en 6e". Le but était de nous proposer des pistes pour aider les lecteurs en difficulté que l'on accueille bien évidemment dans nos classes de 6e. Il y avait à boire et à manger dans cette formation, mais j'ai bien aimé l'après-midi, consacré aux albums. Déjà, c'était plus sympa que d'écouter de longs discours sur la méthode globale et la méthode syllabique, ça faisait retourner en enfance (ah, les Claude Ponti ! Ah, Les mystères de Harris Burdick !), et puis, mine de rien, ça donne effectivement des pistes. Et enfin, ça m'a ouvert un nouvel horizon de lecture.

Aujourd'hui, j'ai choisi de vous présenter Une histoire à quatre voix d'Anthony Browne. 

Le principe : raconter une seule et même histoire, celle d'un père emmenant sa fille et son chien au parc, et d'une mère y accompagnant sa chienne  et son fils, en utilisant successivement les voix des quatre personnages (humains - on ne fait pas parler les chiens). 

L'intérêt pédagogique : faire travailler les élèves sur les différents points de vue, leur apprendre à retrouver des indices dans un texte (les indices qui montrent qu'il s'agit de la même histoire, les marques permettant néanmoins de différencier les personnages). Cette lecture "facile" peut être le point de départ d'autres lectures que les élèves pourront alors faire seuls. On nous a donné l'exemple de L'enfant-océan, court roman de Jean-Claude Mourlevat, certes préconisé dès le CM1, mais auquel les petits lecteurs ne comprendront strictement rien s'ils n'ont pas été habitués à ce genre de narration. 

Le reste (parce qu'un album ne sert pas qu'à faire cours, et heureusement) : des illustrations d'aspect naïf, mais très riches, dont on sent parfois l'inspiration artistique, comme cette maison qui fait irrémédiablement penser à Hopper : 

Bien d'autres références picturales sont présentes (mais je n'ai pu que feuilleter l'album, assez rapidement, et lire l'histoire à côté, photocopiée, je ne peux donc malheureusement pas vous en parler avec précision - je compte bien réparer cela dès ma prochaine visite à la médiathèque). Le choix de représenter les personnages par des singes est certes surprenant, étant donné le réalisme de l'histoire, mais cela contribue bien sûr à rendre ce récit universel, accessible aux plus jeunes comme aux adultes (il est question de perte d'emploi, de confrontation de classes sociales...). La présentation est aérée, elle fait la part belle aux images, comme il est de rigueur dans un album, mais le texte est lui aussi mis en valeur, avec un choix ingénieux de changement typographique qui permet de repérer d'un simple regard la différence entre les narrateurs

       

Pour que vous puissiez admirer plus confortablement certaines images, je vous renvoie vers ce blog, Le Journal de Chrys : l'article donne vraiment envie de lire l'album, et il m'a aussi appris l'existence d'un autre album, Une promenade au parc, qui aurait été le point de départ d'Une histoire à quatre voix

A bientôt pour de futures découvertes dans ce genre tout neuf chez la petite Mu ! 

PS : Je viens de découvrir qu'Anthony Browne avait illustré ce fameux unique roman jeunesse de Ian McEwan, l'un de mes auteurs préférés de ces dernières années. Bon sang mais c'est bien sûr ! Je reconnais la patte de l'illustrateur et ce goût pour l'anthropomorphisme des animaux (ou l'animalisation des humains, c'est selon) : 

Retrouvez la petite Mu sur son nouveau blog ! Cliquez ici

12 juin 2013

Stormbreaker

Ca vous fait envie, cette image, hein ?... Non ?... Ben, moi non plus. Et le titre ?... Pas plus ?... Je suis d'accord. Bon, alors, me direz-vous, pourquoi diantre la petite Mu s'est-elle fourrée dans cette galère ? Eh bien, parce qu'elle a bêtement mis ce livre dans la liste "romans d'aventure" pour ses cinquièmes, se disant : "C'est du Horowitz, c'est conseillé dans les listes de certains sites pédas, ça devrait le faire."

Mouais. Ben ça le fait moyen. En plus, ça a été adapté en film. Grrrr, j'aurais dû le lire avant. 

Bon, ce n'est pas complètement nul, hein, loin s'en faut. Il y a une intrigue, du suspense, un personnage dont on a envie de connaître le sort... Mais enfin, rien que de très banal pour un roman d'espionnage. La seule chose que j'ai trouvé un peu intéressante, c'est la réflexion que se fait le personnage à la fin : ce n'est pas un James Bond adolescent, c'est un ado à qui on a demandé de faire le James Bond. Comme le narrateur le dit "Finalement, la grande différence entre lui et James Bond n'était pas l'âge. C'était la loyauté. Autrefois les espions faisaient ce qu'ils faisaient parce qu'ils aimaient leur pays, parce qu'ils croyaient au bien-fondé de leur action. [...] Aujourd'hui les espions n'étaient pas employés. Ils étaient utilisés."

Vous ne trouvez pas ça extraordinaire ? Moi non plus. J'ai bien dit "un peu intéressante."

Je me demande comment l'auteur de L'île du crâne (un roman culte de ma jeunesse), désopilant et original (une histoire d'école magique bien avant Harry Potter), a pu produire quelque chose d'aussi banal. Sujet clos. Je ne lirai pas les prochains tomes.

16 juillet 2013

Le loup des sables

Challenge Petit Bac 2013 : 1ère grille! : un animal en littérature jeunesse

Ce roman d'Asa Lind est présenté comme "le petit cousin suédois du Petit prince". Ce n'est pas forcément une garantie pour moi, étant donné que je ne suis pas archi fan du roman de Saint-Exupéry. Mais bon, le livre est assez beau, bien illustré, par Violaine Leroy, et puis c'est un roman suédois, d'une auteure jeunesse "désormais incontournable". Pourquoi pas ! 

J'en sors comme j'y suis entrée : c'est rafraîchissant, naïf, ça remplit le contrat d'un récit merveilleux invitant les jeunes lecteurs dans le monde de la philosophie, ou, du moins, des grandes réflexions sur le monde et l'existence humaine. Plutôt à la manière d'un Monde de Sophie que d'un Petit prince, avec l'initiateur et l'initiée. Le penseur, ici, c'est ce fameux loup des sables, un être merveilleusement sage et en même temps curieux de tout. Celle qui bénéficie de ses pensées avisées, c'est Zackarina, une petite fille qui vit avec ses parents au bord de la mer. Attention, contrairement au roman de Jostein Gaarder, il ne faut pas chercher une quelconque intrigue : le livre se compose d'une succession de micro-épisodes, chaque chapitre tournant autour d'une question existentielle. 

Je ne sais pas trop si les jeunes lecteurs sortent réellement plus sages d'une telle lecture. Mais j'ai quand même glané çà et là quelques réflexions bien posées. Citations : 

        "En fait, ce n'est pas moi qui décide si quelqu'un doit mourir, répondit la Mort. C'est la Vie, et elle est plus forte que moi."

        "- Donc, la brasse, commença son papa. On ouuuvre les bras, on feeerme les bras, et les jambes, tendues, pliées, tendues, et un, deux,...
          - Chut, attends un peu, il faut que je réfléchisse, dit Zackarina.
       Zackarina se reposa dans la mer, grâce à l'aide de son papa. Elle fit de longs mouvements en pliant les genoux et en poussant l'eau avec les mains. L'eau bruissait dans ses oreilles. Et tout au bout, au-dessus de l'horizon, le ciel s'étirait, clair et bleu.
         "Pourquoi bleu ?" se demanda-t-elle.
         A cet instant précis, sans même qu'elle le remarque, son papa la laissa se débrouiller toute seule."

18 juillet 2013

Celui qui n'aimait pas lire

"Parfois , je me dis qu'il suffirait d'interdire les livres aux enfants pour leur donner envie de lire..."

Dans cette phrase, tout est dit : Mikaël Ollivier va tenter de nous prouver par A + B qu'on peut finir écrivain alors qu'on n'aimait pas lire. Preuve à l'appui, sa propre vie : comme l'indique, sur la couverture, le titre de la collection, "Confessions", il s'agit d'un récit autobiographique. Un récit mené de manière plutôt originale : une série de flash-backs nous montrent quand, comment, où le narrateur a croisé la lecture dans sa vie (rencontres peu réussies au début, puis de plus en plus), pour arriver jusqu'au moment où il prend un train pour aller recevoir "un prix littéraire à Vienne, près de Lyon, où se tient chaque année un festival du roman policier" (oui !! Je connais !! C'est Sang d'encre !!) 

Une narration accrocheuse... qu'en est-il du reste ? Eh bien, moi, je reste assez froide face à ces discours très démagos, à grands coups de "les profs ils savent pas faire aimer la lecture aux élèves". Ca me coupe peut-être des horizons, mais désolée, je ne peux pas. Dommage, j'aurais vraiment aimé lire un ouvrage réussi sur ce sujet - certes problématique. 

31 octobre 2013

Masbou-Ayroles : De cape et de crocs

de-capes-et-de-crocs-tome-1

Challenge Petit Bac 2013 : 1ère grille! : un objet en bande dessinée

Le challenge me donne l'occasion de plumer sur cette série dont je possède les sept premiers albums. Série ô combien louée tant par les amateurs de bande dessinée que par les "lecteurs littéraires", mais dans laquelle j'ai décidément beaucoup de mal à entrer. 

Je dois dire que je suis assez allergique au roman d'aventures, et, encore plus, à la BD d'aventures. Trop de péripéties m'ennuient tout autant que trop de descriptions pour nos jeunes lecteurs. Et, dans une BD, la difficulté est double, pour moi : à la profusion d'action racontée s'ajoute la profusion de dessins. J'ai clairement du mal à suivre et, très vite, je m'ennuie. 

Voici donc une série que j'aimerais adorer, mais que je n'arrive pas à trouver vraiment au-dessus de la moyenne. Bien entendu, j'en salue l'originalité, j'en apprécie les innombrables clins d'oeil à la littérature, je souris de temps à autre aux traits d'humour disséminés entre les rebondissement (j'ai un gros faible pour le personnage d'Eusèbe, cet anti-héros de race lapine, aux élans de bravoure très savoureux), mais, rien n'y fait, je n'arrive pas à rester captivée longtemps. Je n'ai pour l'instant toujours pas réussi à finir les sept tomes, et je dois à chaque fois recommencer du début. 

J'avais en revanche adoré cette bande annonce réalisée (je crois ?) par l'éditeur :

Voilà, n'hésitez pas, si vous êtes fans de cette oeuvre ambitieuse, à me donner des arguments, car, vraiment, je suis déçue d'avoir été déçue, et je ne demande qu'à l'aimer ! 
Publicité
Publicité
<< < 10 11 12 13 14 15 > >>
Publicité
Lecture en cours

 

Le royaume de Kensuké

Visiteurs
Depuis la création 97 613
Publicité