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La petite Mu qui plume
5 octobre 2017

Envie de replay ?

Comme j'ai "un peu" de temps en ce moment, je regarde ou écoute des replays d'émissions piochées un peu à droite à gauche, ne les suivant pas régulièrement d'habitude. 

Par exemple, l'avant-avant dernier épisode de La Grande Librairie, avec pour thème l"histoire et la manière dont on peut la raconter : 

Vignette Grande Librairie du 28 septembre

J'achète rarement de livres neufs, du coup je rate souvent les rentrées littéraires, mais là, j'ai craqué (ça doit être les hormones, hein) : je devrais recevoir le Marc Dugain d'ici une semaine (avec le dernier d'Antoine Dole conseillé par Arty ! Merci !). 

Puis, sur France Inter cette fois, un documentaire bien monté sur la saga Star Wars, avec un dialogue fictif entre Lucas lui-même et une jeune scénariste de documentaires radiophoniques, des reconstitutions d'archives, et l'interview d'un spécialiste de l'histoire américaine, Thomas Snégaroff : 

Vignette France Inter Star Wars

Le livre de Snégaroff m'intéresse beaucoup, mais il est en cours de réédition : l'ancienne version est indisponible et l'autre pas encore non plus (et, au passage, l'ouvrage passe de 20 à 30€ - certes, car il s'enrichit d'illustrations, si j'ai bien compris, mais quand même...). 

J'ai aussi écouté des choses sur Maria Montessori, sur la méditation en pleine conscience : à découvrir dans mes dossiers Pearltrees

C'est bien d'avoir le temps...

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1 novembre 2017

Lois Lowry : Le fils

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Je parlais du Passeur il y a peu, pour "Science-fiction et contre-utopies en dix romans". Et j'avais plumé sur ce roman il y a longtemps

J'ai dorénavant lu ce que je croyais être le deuxième tome (erreur signalétique de ma médiathèque). En fait, il s'agit de la fin d'une tétralogie, commencée donc avec Le passeur en 1994, prolongée avec L'élue en 2000 et Messager en 2004. Mais, de fait, Le fils (paru en 2014) peut se lire directement après Le passeur - ce que j'ai fait donc. On y retrouve en effet, en tout cas dans la première partie du roman, la même société imaginaire dans laquelle l'auteure nous plongeait en 1994. Une société, rappelons-le, où chaque étape de la vie des habitants est réglée à l'avance, avec minutie, par un conseil de sages qui se veut bienveillant. A douze ans, chaque adolescent se voit donc attribuer son futur métier. Dans le premier tome, l'attribution de Jonas, le personnage principal, avait surpris tout le monde, car il était devenu le nouveau "passeur", un rôle joué par un seul individu, une fonction très mystérieuse. Je n'en dis pas plus évidemment, pour ceux qui ne connaissent pas encore ce best-seller de la littérature jeunesse. 

Dans Le fils, le personnage principal est Claire, et on lui a attribué le rôle de mère porteuse ; un métier certes indispensable car c'est la seule voie de procréation acceptée dans cette société, mais considérée comme légèrement honteuse et rabaissante. Claire accouche donc de son premier "produit" - c'est ainsi qu'on appelle les bébés - mais l'accouchement ne se passe pas comme il le devrait, et on lui ôte son attribution, pour la nommer dans une usine de biologie alimentaire, où on féconde des poissons ; ainsi, son destin est toujours lié aux naissances et à la reproduction de la vie. Seulement, très vite, Claire se rend bien compte qu'elle ne vit pas les choses de la même manière que les autres habitants : ils sont détachés de tout, n'éprouvent pas de sentiments forts, alors qu'elle-même est bouleversée par le fait d'avoir été séparée de son bébé. Elle cherche alors à le revoir, dans le centre où il est élevé avec les autres "produits". A partir de là, les événements vont s'enchaîner...

Je suis obligée de spoiler légèrement la suite : le roman est construit en trois parties. Ce que je viens de raconter ne concerne que la première. Dans les deuxième et troisième, on retrouve Claire dans des univers complètement différents : des villages qui semblent hors du temps, où les habitants vivent au rythme de la nature, bien loin de la société policée dans laquelle Claire a grandi. L'ambiance change totalement, et s'y ajoute des éléments qui touchent au merveilleux. J'ai trouvé cela un peu trop désordonné dans un premier temps ; je préférais que cette série reste dans cet univers d'anticipation, sans détail surnaturel. Et puis la narration fait son oeuvre, on s'attache bien sûr aux personnages, on suit le destin de Claire avec enthousiasme, et on ne lâche plus le livre jusqu'à la fin. 

Je dirais que ce dernier opus ne surpasse pas Le passeur, dans sa création d'un univers très particulier, mais le prolonge agréablement, et permet aussi d'en approfondir certains aspects. Et il y a bien sûr des croisements entre les deux histoires, qu'on découvre avec plaisir. On se surprend à penser "Ah, mais oui ! C'était comme ça dans Le passeur !"

Pour finir, j'ai découvert récemment (en lisant le psychothérapeute Christophe André, pour tout vous dire) que l'invention des fameuses pilules anti-sentiments (évoquées dans Le passeur, mais bien plus développées dans Le fils) est en fait l'héritage du Meilleur des mondes d'Aldous Huxley. L'auteur a en effet créé le soma, cette drogue qui efface les états d'âme dérangeants : 

« Le monde est stable, à présent. Les gens sont heureux ; ils obtiennent ce qu’ils veulent, ils ne veulent jamais ce qu’ils ne peuvent obtenir. Ils sont à l’aise ; ils sont en sécurité ; ils ne sont jamais malades ; ils n’ont pas peur de la mort ; ils sont dans une sereine ignorance des passions et de la vieillesse ; ils ne sont encombrés de nuls pères ni mères ; ils n’ont pas d’épouses, pas d’enfants, pas d’amants, au sujet desquels ils pourraient éprouver des émotions violentes ; ils sont conditionnés de telle sorte que, pratiquement, ils ne peuvent s’empêcher de se conduire comme ils le doivent. Et si par hasard quelque chose allait de travers, il y a le soma. »

Un beau roman jeunesse, donc, qui conduit le lecteur vers d'autres lectures et d'autres réflexions. 

14 février 2020

Brigades d'Intervention Poétique, mise à jour

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Le 22e Printemps des Poètes arrive à grands pas ! 

Et quel thème idéal pour les Brigades que celui de cette année... le courage ! 

Courage de se lancer dans cette expérience particulière, réciter un poème devant une classe qui n'est pas la nôtre, courage de pousser (voire d'enfoncer) la porte et de se retrouver devant un public qu'on ne fréquente pas, et de faire vivre la poésie dans ce cadre un peu différent. 

Vous retrouverez les étapes de préparation de cette activité pédagogique dans mon précédent article. 

J'ajoute ici, en pièce jointe, des corpus possibles (je propose toujours 4 poèmes différents, et je laisse les groupes choisir, en imposant parfois le poème le plus long aux groupes plus à l'aise). 

Corpus_BIP_2020

Po_mes___choisir_pour_les_Brigades_d

Et que vive la poésie ! 

22 septembre 2019

D'une petite Mu à une encore plus petite Mu

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Chut ! Je lis...

Dans mes toilettes, sur le canapé avec maman Mu, par terre au milieu de mes jouets, avec ou sans musique, en couleurs ou en douceur, des livres de tout-petit ou des livres piqués chez les grands... 

Je ne suis pas MiniMu pour rien. 

J'ai pas mal accaparé Maman Mu depuis bientôt deux ans... et si je la laissais reprendre la plume, un petit peu ? 

Elle a tant à dire ! Si elle a lu moins de "livres pour les grands", et même de "livres pour les jeunes", elle a découvert en revanche beaucoup de choses pour les petits. Et elle a envie de vous en parler. Tout en continuant de plumer sur tout et rien, et sur tout ce qui la passionne : la musique, l'éveil, le jeu, la culture, l'éducation. 

A sa plume ! 

19 mars 2020

Ma livraison anti-stéréotypes

Colis Decitre Genre

Et voilà : pour faire suite à ce post, voici ce que j'ai pioché dans les différentes sélections d'albums anti-stérotypes pour les plus jeunes. S'agissant d'achats pour le moment, il m'a fallu faire des choix. J'ai éliminé ce qui me semblait être pour les plus grands que Minimu : il sera bien temps de les emprunter ou de les acheter plus tard. J'en ai choisi certains qui m'attiraient depuis un moment, comme Le zizi des mots ou l'album d'Ilya Green, ou d'autres que je ne connaissais pas du tout. 

L'avis de la petite Mu... et de mini-Mu ! 

Mon préféré : La dictature des petites couettes, d'Ilya Green.
Sans surprise, n'est-ce pas, vu que j'adore à peu près tout de cette auteure-illustratrice. 
Le pitch : trois petites filles qui aiment se déguiser organisent un concours de beauté, avec chacune des idées bien arrêtées sur ce qu'est la beauté. Par exemple, qu'il faut absolument des petites couettes pour être belle. Ou qu'un garçon, ça ne peut pas participer à un concours de beauté, ce n'est pas fait pour être beau, un garçon. Idée avec laquelle le garçon n'est pas d'accord ; ça le rend très triste. Oui, mais, en même temps, ce même garçon pense qu'un chat ne peut pas participer à un concours de beauté, ou qu'il devrait mieux se raser les poils. Bref, à la fin, tout le monde défile devant un jury de fourmis... et la conclusion est très rigolote. 
J'ai tout aimé, le texte, les personnages, les illustrations. Simple, mais efficace, pour parler à la fois des préjugés sur les filles ou les garçons, mais aussi du concept de beauté tout simplement. 

Les filles Rosenstiehl

Une trouvaille à découvrir : Les filles, d'Agnès Rosenstiehl. 
Celui-là, je vous en parlerai davantage plus tard, tant il y a à dire. En bref, un livre des années 70 qui montre une fille, en entier : ce qu'elle a entre les jambes, ce qu'elle aime, ce qu'elle est capable de faire. Cet album a été réédité en 2018 avec de légers ajustements. J'imagine assez bien le "pavé dans la mare" qu'il a dû être à l'époque (expression de l'éditeur, La ville brûle), quand je vois l'effet qu'il a produit sur moi dans les premières pages. Pas courant de voir un livre où une petite fille montre son sexe à un garçon, qui en fait de même, puis les voir se toucher l'un l'autre. Je pense que cela m'a fait bizarre car j'ai projeté sur cet album des enfants plus grands que ceux que l'auteure a imaginés. Mais là est l'enjeu : passé un certain âge, les enfants sont déjà touchés par les préjugés, les tabous, les réticences, voire les dégoûts. D'où l'importance de leur parler avant, quand cela leur semble encore tout naturel de regarder un sexe, féminin comme masculin, et de le toucher. 

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Un classique : Le zizi des mots, d'Elisabeth Brami, illustré par Fred L. 
Pas tout à fait ce que j'attendais. J'avais imaginé un livre plus long, une sorte d'encyclopédie, sur les métiers au féminin, les mots qui n'existent qu'au masculin, etc... En fait, il s'agit d'une sélection de mots qui désignent, au masculin, une personne, et, au féminin, un objet. C'est certes une piste simple et efficace pour faire comprendre aux enfants le concept de "femme-objet". Mais les mots utilisés, que ce soient les noms de personnes ou les noms d'objets, sont déjà de haut vol : un Charentais, une charentaise, un mandarin, un tribun, une tribune... Peut-être un peu tôt pour que Minimu en saisisse réellement l'enjeu, même si elle aime bien le regarder - les choses inconnues l'intriguent et l'intéressent, comme beaucoup d'enfants. J'aime beaucoup les illustrations pour ma part. 
Super initiative, les auteurs de l'album ont créé un tumblr sur lequel on peut envoyer des propositions de double page. Les lecteurs ont de très bonnes idées ! 

Boucle d'ours

Un auteur connu : Boucle d'ours, de Stéphane Servant, illustré par Laetitia Le Saux
On possède déjà à la maison Purée de cochons, offert en service presse par Didier Jeunesse il y a quelques années, sur lequel je n'avais pas eu un énorme coup de coeur mais qui est l'un des premiers albums "de grands" que ma fille a aimé. 
Pareil ici : pas de grande surprise en lisant l'histoire de Petit Ours, qui veut se déguiser en Boucle d'Ours, au grand dam de ses parents. Evidemment, il aura gain de cause, et Papa Ours va choisir également un déguisement inattendu. J'aurais aimé un peu plus d'originalité et de rebondissements dans l'histoire (dans Purée de cochons, il y en a davantage, par exemple), mais nul doute que cet album fera mouche auprès de son public : les enfants, surtout s'ils connaissent déjà l'histoire de Boucle d'or et les trois ours (Minimu la lit déjà dans la version "à toucher" de Xavier Deneux). Surtout que je l'ai choisi (sans le vouloir) dans sa version très très grande (31x31 cm), ce qui a tout de suite bien plu à ma poupette. 
Edit : OMG !!! Ne lisez pas (ou plutôt, lisez, mais soyez bien accrochés) les commentaires sur le site de Decitre... nous voici tout droit remontés au Moyen Âge. 

Une découverte : Dînette dans le tractopelle, de Christos, illustré par Mélanie Grandgirard
Une histoire fondée sur ce qui choque, j'espère, beaucoup de parents et de consommateurs au moment des fêtes : les pages genrées des catalogues de jouets pour enfants. Ici, une poupée venant des pages roses rêve de tractopelle quand un conducteur voudrait prendre le thé... Leurs souhaits se réalisent le jour où le catalogue se retrouve déchiré, et que leurs deux pages sont collées l'une à côté de l'autre. Bleu et rose se mélangent alors pour donner du violet, et tout le monde est content. 
C'est donc très simple, je ne suis pas très fan des illustrations, mais publié en 2009, cet album a le mérite de s'attaquer à cette question marketing qui persiste malgré les années. Encore dernièrement, en allant acheter un jouet d'éveil de la marque Lilliputiens, la vendeuse me confirme que cette marque fait beaucoup d'efforts pour "dé-genrer" ses peluches, mais qu'ils "doivent" (terme de la marque ? De la vendeuse ?) avoir dans leur catalogue des produits genrés. La vraie vie est donc bien en retard sur ce catalogue imaginaire raconté par Christos. 

 

Que retenir de cette mini-sélection ? Ce sont des livres plaisants, qui intéressent les enfants, et ouvrent le dialogue. Cependant, je regrette que l'on en soit encore à cette étape : partir des stéréotypes et inventer une histoire pour prouver qu'ils n'ont pas lieu d'être. Qu'en est-il des albums qui, dès le début, montrent des enfants qui ne se préoccupent pas une seconde de leur apparence, du genre qu'ils affichent, de ce qu'ils peuvent être ou ne pas être, faire ou ne pas faire, en tant que fille, en tant que garçon ? Je sais, la société est encore tellement loin de cela qu'on est bien obligés de partir de la réalité présente : les préjugés, l'opposition fille/garçon. Mais vraiment, la littérature jeunesse a besoin d'ouvrages montrant qu'à l'origine, chez l'enfant, ces préjugés n'existent pas. Ce sont nous, les adultes, qui les leur mettons en tête, souvent trop tôt, et malheureusement parfois sans le vouloir. Y compris avec les livres qu'on leur donne. Je me suis rendue compte récemment que, malgré tout ce que je pense de la lutte contre les stéréotypes de genre, la bibliothèque de Minimu est remplie d'albums avec des personnages malgré tout genrés, de couples forcément hétéronormés, avec le papa et la maman... Difficile d'en sortir. Quelques auteurs, quelques titres font un peu exception, dans ceux que je possède du moins : Ilya Green et ses personnages enfantins assez androgynes, la série des Cléo de Sibylle Delacroix, qui ne permet pas clairement de savoir si Cléo est une fille ou un garçon (car cela n'a aucune importance pour les thèmes abordés). 

Ce sera désormais ma quête : sus aux albums non genrés ! 

(Un article plus développé sur cette quête suivra dans les jours à venir.) 

 

La dictature des petites couettes, d'Ilya Green, Didier Jeunesse, 11€10.

Les filles, d'Agnès Rosenstiehl, La ville brûle, 14€. 

Le zizi des mots, d'Elisabeth Brami, illustré par Fred L., Talents hauts, 12€90.

Boucle d'ours, de Stéphane Servant, illustré par Laetitia Le Saux, Didier Jeunesse, 19€90.

Dînette dans le tractopelle, de Christos, illustré par Mélanie Grandgirard, Talents hauts, 12€50. 

 

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23 septembre 2019

"Mon petit livre sonore", une collection Didier Jeunesse

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Les livres à sonores à puces, on peut trouver cela magique tant il est simplissime pour l'enfant de se l'approprier, ou justement appauvrissant dans la mesure où il n'apprend rien d'autre qu'à appuyer sur un bouton. Mais on aura beau dire, cela reste un incontournable des bibliothèques pour tout-petits.
 
Parmi la multitude de collections disponibles sur le marché, j'ai découvert en premier celle de Didier Jeunesse, à l'époque où je me faisais envoyer des titres. C'étaient les tout débuts de la collection "Mon petit livre sonore". Depuis, le catalogue a été multiplié par dix. Et je suis restée une fan absolue.
 
 
Des sons précis et agréables
 
Contrairement à d'autres collections (celles de Gründ pour ne pas les citer), les sons ne sont jamais criards et restent authentiques, qu'il s'agisse de bruits de la nature ou d'instruments de musique. Quand l'éditeur annonce sur son site "des puces sonores de très grande qualité", ce n'est pas une publicité mensongère.
 
Pour les livres abordant la musique, les extraits sont suffisamment longs pour que l'enfant découvre et apprécie les mélodies de Mozart, Saint-Saëns ou maintenant Chopin.
 
 
Des thèmes variés et parfois originaux
 
Le premier domaine de prédilection de la collection a été les lieux et les environnements : un livre sur la mer, un autre sur la forêt, puis se sont ajoutées la ville, la campagne, la montagne, et tout récemment, le ciel. Le tout-petit découvre des sons bien connus des livres pour enfants (les vaches à la campagne, les clapotis de la mer...) et d'autres plus inattendus (les klaxons de la ville, des bruits de pas, les frottements des petites bêtes dans la forêt...).
 
La collection a ensuite exploré la musique classique, en prenant le parti de mettre en avant les instruments : le petit Je découvre Mozart et ses instruments présente ainsi quatre morceaux, chacun interprétés par un instrument soliste, et la dernière page fait jouer ... qui rassemble tous ces instruments. Le Carnaval des animaux reprend le même schéma. Je n'ai pas encore pu écouter Chopin ni les Berceuses classiques qui ont fait disparaître de leur titre la mention "et les instruments, changeant donc peut-être de formule. Et j'ai hâte de me procurer deux titres récents qui s'intéressent au jazz et, plus original, aux comédies musicales. Les éditions Didier Jeunesse étant réputées pour leurs livres musicaux en général, on ne prend guère de risque à découvrir leurs nouveaux titres.
 
Troisième catégorie de la collection, EXTRÊMEMENT appréciée à la maison, c'est celle des "Ecoute Papa qui...". Des scènes de la vie quotidienne, mêlant activités partagées comme le jardinage ou la promenade au parc et découverte des animaux (les animaux, une valeur sûre chez les tout-petits). Petit bémol, mon mari reproche à ces livres, comme la plupart de ceux qui mettent en scène les papas, de les rendre un peu ridicules à force de vouloir les humaniser. En effet, Papa marche sur la queue du chat, il a peur des grosses vaches... On a certes fait des progrès depuis l'époque des papas qui ne font que conduire des voitures, voire sont absents des albums pour enfants, mais le chemin reste à faire pour une parfaite équité de traitement entre les mamans et les papas.
 
Je ne connais pas bien la collection sur les comptines, j'ai seulement vu dans le catalogue qu'elle explorait largement le monde, les comptines françaises célèbres comme "Le Roi Dagobert" côtoyant des comptines créoles, brésiliennes, en anglais...
 
Différents styles d'illustrations
 
Selon les catégories de la collection, les différents illustrateurs ont offert leur touche personnelle.
 
Eva Offredo illustre avec vivacité les livres sur les environnements naturels. Des couleurs franches, des contours marqués, des lignes courbes : tous les ingrédients sont réunis pour plaire aux plus petits lecteurs (mis entre les mains de ma fille dès 6 mois). J'ai particulièrement apprécié un détail qui différencie la collection des autres : les puces sonores sont parfaitement intégrées dans un élément de l'illustration, comme si elles y avaient leur place naturelle.

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Delphine Renon accompagne tout en douceur les livres musicaux. Du crayon, des couleurs très nuancées, des personnages rigolos et oniriques (il fallait quand même oser dessiner un fossile pour illustrer le douzième mouvement du Carnaval des animaux), et une composition soigneusement réfléchie pour que les pages se complètent et se répondent entre elles.
 
Charles Dutertre, bien connu en littérature jeunesse, sait s'y prendre pour les scènes de la vie quotidienne : ses personnages et ses décors sont conçus pour être amusants mais aussi faciles à identifier pour les enfants. Lui aussi a fait le clin d’œil d'intégrer les puces à un élément rond de son image.
 
Cécile Hudrisier illustre les comptines de manière à mettre la scène bien en valeur : de grands fonds colorés et unis, quelques personnages sur un décor simplifié, une technique parfois proche du collage.
 
 
Des livres infatigables, inépuisables, non épuisants !
 
Est-ce dû à leur conception ou la qualité des piles fournies initialement, en tout cas leur longévité semble plus importante que d'autres collections (Gründ, que je ne citerai pas plus que la première fois). En tout cas, malgré une fréquence d'écoute très, très élevée, il s'est passé de longs mois avant que je ne change les piles, quand ce temps est réduit à une semaine ou deux pour certains livres à puces.
 
Inépuisables, les Petits livres sonores le sont aussi dans leur lecture. A 6 mois, le bébé découvre les sons et appuie inlassablement sur les puces. A 12 mois, il connaît et reconnaît les bruits ou les mélodies et apprécie certaines pages plus que d'autres. A partir de l'apprentissage du langage, il s'éclate à identifier et nommer les moindres détails des illustrations, oubliant même parfois d'appuyer sur la puce. Comme ces illustrations sont riches, il y a beaucoup à voir, et on y découvre parfois des détails qu'on n'avait pas repérés avant. Ma poupette n'a pas son pareil, notamment, pour voir le tout petit escargot dessiné à l'envers et le pointer en hurlant (oui, en ce moment, ma poupette aime les escargots). Et moi de m'apercevoir qu'il y a des escargots partout, chez Charles Dutertre, chez Eva Offredo, et même dans certains livres musicaux.
 
Et, comme je le disais plus haut, la grande qualité d'écoute permet aux adultes de supporter les lectures multiples... !

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Ici, le top 3 est actuellement :
1°) Ecoute Papa qui jardine et qui joue : l'un des derniers arrivés, c'est le grand chouchou !
2°) Dans la forêt des drôles de bruits : écouté depuis plus d'un an, on cherche les escargots, on fait "Chuuuuut" pour les petites bêtes, on chante "Coucou" avec le coucou...
3°) Le Carnaval des animaux : on écoute les musiques, on secoue la tête en rythme, on observe les drôles d'animaux, qu'on reconnaît ou pas (j'attendrai un peu avant d'expliquer ce qu'est un fossile!). 
A mettre entre toutes les petites mains !
 
Et sinon, parfois, j'aime bien aussi Gründ :-)
 
Je trouve les sons moins agréables, un peu courts parfois, mais il faut reconnaître que l'étendue de leur collection permet de faire découvrir plein de choses aux petits curieux, des comptines au reggae, en passant par la méditation, Erik Satie et Henri Dès. On ne trouvera pas ailleurs autant de diversité. Et leur format tout carré est un peu plus maniable et facile à transporter que les rectangles de Didier Jeunesse.
 
Chez Gründ, j'ai aussi craqué pour le "concert sons et lumières" de Mes grands airs de musique classique : la lumière, bon, c'est assez simpliste quand même, de petites leds qui s'allument plus ou moins en rythme avec la musique, mais les morceaux choisis sont de beaux morceaux (Tchaïkovski et le bal de La belle au bois dormant, Vivaldi et les orages de L'été, le magnifique Nocturne de Chopin judicieusement placé en fin d'album pour accompagner doucement l'enfant vers le coucher...).

P1040617

 
A vous de choisir maintenant !

 

25 avril 2016

Perrine Joe, Anne-Soline Sintès : Ma nounou est une girafe

Ma nounou est une girafe rognée

On aurait envie de rajouter au titre : "Et alors ?" Ce qui résumerait parfaitement l'idée de cet album qui parle de différence. L'histoire pourrait ne jamais avoir lieu, parce que, quand on annonce à un petit garçon, Arsène, que sa nouvelle nounou est une girafe, il commence par faire une sale tête. Mais ça ne dure qu'une double page : dès qu'on la tourne, on découvre plein d'aventures partagées entre les deux personnages. Un long cou, c'est quand même utile de temps en temps.

Mais, après ces premières pages, un nouvel événement se produit dans l'histoire : des panneaux "Interdit aux longs cous" apparaissent à différents lieux stratégiques de la ville. Evidemment, le cerveau du lecteur adulte se met en route. On s'imagine (enfin, je m'imagine) tout de suite des wagons pleins à craquer menant vers un lointain zoo désaffecté, ou même une étoile en peau tachetée. En fait, ça ne va pas si loin. L'histoire se concentre plutôt sur les "manounoufestations" organisées à l'initiative d'Arsène, d'une part, et sur l'enquête visant à trouver qui est à l'origine de ces panneaux, d'autre part. La solution à cette enquête est toute simple et toute la gravité qui aurait pu peser sur la situation s'envole d'un seul coup à la fin.

Peut-être avez-vous senti que j'ai été un peu déçue par la fin et la teneur générale de l'album. Après une première fausse piste, due à la couverture et à la première page, qui me faisait croire à une histoire d'apprivoisement entre un enfant grognon et un adulte atypique, puis une seconde qui semblait nous emmener sur une réécriture de l'antisémitisme nazi, j'étais un peu décontenancée. Mais je pense avoir lu cet album avec des yeux trop adultes. En fait, c'est surtout une histoire pleine de fantaisie et d'optimisme, qui montre que tout problème peut avoir sa solution. Sans vous en dévoiler trop sur la fin, il y  est question de communication et de confrontation des différences. A la relecture, je reconnais avoir apprécié les nombreuses trouvailles rigolotes, tant dans le texte que dans les illustrations.

En lisant d'autres critiques sur le net, j'ai vu que le chemin de lecture avait été dans le sens inverse, c'est-à-dire que les lecteurs ont d'abord vu la fantaisie, puis ont su déceler le sérieux et la gravité entre les lignes. Le blog Littéraventures le conseille à ceux "qui ont déjà tout lu de [sa] sélection "Vivre ensemble". "

Et vous, adopterez-vous cette nounou d'enfer ?

Auteure : Perrine Joe
Illustratrice : Anne-Soline Sintès
Editions Le Père Fouettard

J'ai piqué cette photo sur Café Powell, webzine culturel

 

28 mars 2020

Challenge, défi n°2 : Boucle d'ours, Stéphane Servant et Laetitia Le Saux

Boucle d'ours

Après avoir rapidement parlé de cet album dans cet article, quelques mots supplémentaires. 

D'abord, oui, c'est le dernier livre à être entré dans ma bibliothèque, puisqu'il était le dernier colis fractionné d'une commande que j'avais passée juste avant le confinement. Il est donc arrivé lundi 16 mars, dernier jour d'ailleurs où j'ai vu ma factrice passer à ma boîte aux lettres. 

Ensuite, j'en ai déjà fait deux lectures avec Minimu ; je peux donc vous faire un retour d'expérience un peu plus concret. 

Petit rappel de la narration : plus directe que dans Purée de cochons ! qu'on possédait déjà ici, elle se résume à la préparation du carnaval dans la famille Ours, Petit Ours qui veut se déguiser en Boucle d'Ours, et Papa Ours qui refuse car "les jupes et les couettes, c’est pour les filles, les oursonnes, les femmelettes, les cacahouètes, les hommelettes !". A la fin, c'est le Loup qui intervient et convainc (mais sous la menace) Papa Ours, non seulement de laisser son fils se déguiser comme il lui semble, mais aussi d'accepter le costume que Maman Ours lui a secrètement préparé... 

Minimu a bien aimé "le grand livre rouge" : rouge, oui, ça se voit ; grand, c'est parce que, sans le vouloir, je l'ai commandé en grand format, 30 sur 30 cm. Je découvre ainsi l'existence de la collection Les tout-cartons géants de mon éditeur chouchou Didier Jeunesse. Elle a bien aimé voir les ours (elle a déjà un livre sur l'histoire de Boucle d'Or), mais surtout les décors : les bols, la table, les chaussures... Je lui ai lu l'histoire, mais à deux et demi, elle n'en a pas vraiment saisi les enjeux. 

Je reviens donc à ma réflexion initiale : comment et quand proposer vraiment ce genre d'histoires ? Très tôt, comme semble l'indiquer le format de cet album cartonné, qu'on peut facilement mettre dans les mains des tout-petits ? Plus tard, après l'entrée à l'école (l'éditeur le donne pour les 3-5 ans) ? Mais surtout : avant ou après avoir été confronté, voire marqué, par les stéréotypes pointés du doigt par l'histoire ? Je voulais sensibiliser ma fille le plus tôt possible à ces problématiques, mais finalement, trop tôt, c'est contre-productif : lui faire apprécier pleinement cet album reviendrait à devoir lui expliquer qu'il y a des personnes qui disent ce que doivent faire les filles, et ce que doivent faire les garçons. Ce que je me refuse à faire, de peur qu'elle intègre trop vite le fait qu'il y ait des différences, réelles ou fantasmées, entre les enfants, puis entre les individus. 

Il me faudra donc ressortir cet album d'ici un an ou deux, peut-être, et voir s'il provoque les réactions attendues chez Minimu, ou s'il répond à des questions qu'elle se pose. 

De Stéphane Servant, il me reste beaucoup d'albums à découvrir : un autre détournement de conte, La culotte du loup, et (je viens de les découvrir) deux partenariats avec ma dessinatrice préférée Ilya Green, Le masque et Nos beaux doudous. Que de lectures en perspective ! 

Boucle d'Ours
Ecrit par Stéphane Servant
Illustré par Laetitia Le Saux
Didier Jeunesse (deux formats : 12€90, et collection Tout-cartons géants : 19€90)

20 février 2013

Le carnet de Théo, tome 1 : Dans ma bulle

Et maintenant, même si cela pourra surprendre ou faire froncer les sourcils, voici un roman que j'ai bien plus apprécié que Le garçon bientôt oublié, toujours sur cette thématique du genre. 

Aucune prétention dans ce récit sous forme de journal intime, qui baigne dans l'univers japonisant des mangas et dans le petit monde bien caractéristique des adolescents en pleine rebellion contre la terre entière. 

Et pourtant. Ce roman n'est pas tout à fait comme les autres ; il sème de petits cailloux qui, considérés un à un, n'ont l'air de rien, mais dont l'assemblage produit en fait quelque chose d'assez intéressant. 

Tout d'abord, il s'agit d'un roman graphique. Le personnage principal est fan de mangas. Cette passion ressort tout naturellement dans le journal intime (le pas très original "carnet" du titre) que Théo décide de tenir, puisque ce journal sera parsemé d'images, croquis sur le vif, dessins plus travaillés, portraits de personnages importants, ou encore autoportraits visant à immortaliser l'émotion de la journée (un peu à la manière d'un smiley amélioré). On aime ou on n'aime pas ce genre d'illustrations, mais l'idée est astucieuse et bien mise en oeuvre : montrer que Théo manie autant le crayon à dessin que le stylo pour écrire, et faire en sorte que ces images participent à l'histoire. 

Ensuite, la question du masculin et du féminin est habilement posée dans ce récit. Autour de ce thème du genre gravitent d'autres questions, qui, comme dans le roman de Jean-Noël Sciarini, peuvent se résumer en une seule : qui suis-je ? Le tout sans grande originalité, mais avec juste assez de subtilité pour qu'on comprenne le mal-être de Théo sans voir en ce personnage un martyre larmoyant (ce qui m'avait gênée chez Toni, le garçon bientôt oublié). 

Le style adopté par l'auteur est cohérent par rapport au personnage : de l'humour, de la vivacité, du dialogue, un vocabulaire simple. Je le répète, aucune prétention. Mais une manière intelligente de raconter une histoire.

Le récit s'achève sur une fin ouverte, puisqu'il y a un deuxième tome, et un troisième à paraître. J'ai mordu à l'histoire et j'ai donc bien l'intention de lire la suite. 

Une réserve me vient tout de même à l'esprit, disons plutôt une déception. Théo veut se lancer dans la réalisation d'un manga, et lui vient alors l'idée d'un personnage principal, une "adolescente androgyne dont la particularité est de transformer parfois en garçon", notamment sous l'emprise de la colère. Une sorte de Hulk transgenre. Il y aurait eu là une piste extrêmement intéressante à suivre, tout un travail sur les stéréotypes des récits prisés par les ados et l'univers des superhéros. Mais Théo abandonne cette idée, sur les conseils d'un ami, et choisit de raconter la vie de personnages plus ordinaires. J'ai trouvé ça fort dommage. Cette piste sera-t-elle de nouveau abordée dans les prochains tomes ? J'en doute, mais l'espoir est permis !  

26 septembre 2016

Maria Jalibert : Le joyeux abécédaire

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A comme Alligator, B comme Bison, C comme Caniche... Tiens, un abécédaire d'animaux, me direz-vous. A comme Atchoum, B comme Bêêêê, C comme Cocoricoooo, D comme Driiiiiiing : ah non, ce sont des onomatopées. Puis "Un gorille gelé sous une giboulée glaciale", un "Homme houspillant un âne harassé" : ah ? Serait-ce un abécédaire poétique ? 

En fait, c'est tout ça à la fois, et bien plus encore ! Maria Jalibert avait déjà exposé sa collection de jouets miniatures dans Bric-à-brac, un imagier dans lequel elle suggérait des classements astucieux et parfois inattendus pour découvrir des contraires ou des oppositions. Elle recycle ces petits objets une deuxième fois, en proposant cette fois-ci des associations alphabétiques. Point de règles ni de régularité : chez Maria Jalibert, on surprend, on s'amuse, on se désordonne, et puis on se réordonne, mais jamais de la même manière. De cela sortent toutes sortes de planches très rigolotes :  

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Et le pari vocabulaire est tenu : l'album foisonne de mots intéressants que l'on prendra plaisir à expliquer et raconter à l'aide des images : qu'est-ce qu'une araignée "acariâtre" ? Un chien "colossal" ? Un diable "disgracieux" ? Etc, etc. 

J'ai complètement craqué sur cet album aux images délicieusement vintage, que j'ai lu comme une véritable malle au trésor : on exhume des jouets, on exhume des mots, mais on réinvente l'abécédaire et on joue avec le langage. Du recyclage d'images et de lettres tout à fait réussi ! Ca donne plein d'idées de créations artistiques... Avant ou après la lecture de l'album, allez jeter un oeil aux coulisses de la création sur le blog de l'auteure-illustratrice, et découvrez encore plein de petits trésors ! 

Suite de ma collaboration avec les éditions Didier Jeunesse

15 février 2020

Pandas en folie

Pandas en folie

Nos bambins ont très souvent un animal fétiche. On ne sait pas toujours pourquoi, d'où ça vient. Mais pour Minimu, l'histoire est simple à raconter. Tout est parti avec l'un de ces beaux albums à toucher de chez Nathan : Regarde, c'est maman ! A force de lire ce titre et de l'associer au panda présent sur les illustrations, Minimu a vite fait le raccourci : Panda, c'est Maman. A partir de là, tous les pandas ont été des "Doda Maman". Et comme la place toute particulière de la maman chez le jeune enfant n'est plus à démontrer, Doda Maman est devenue la star de la maison. 

Il faut dire que le point de départ était vraiment chouette. Je suis très fan de l'album d'Emiri Hayashi avec son cadre ouvertement japonisant (plus discret dans les autres titres : Papa, la nuit, le ciel, la neige...). Beaucoup de vert (j'adore le vert), un peu de rose (un joli rose), de l'argenté, du noir tout doux, du blanc. Et une kyrielle de petits animaux qui changent un peu des animaux de la forêt qu'on connaît bien ici. 
Dans la même collection : Regarde, c'est papa !, Regarde dans la neige, Regarde dans la nuit, Regarde dans la mer, Regarde dans la forêt, Regarde dans le ciel et Regarde autour du monde .
Editions Nathan, collection "Petit Nathan"
13€95

Doda Maman s'est incarnée tout en fourrure et douceur suite à une escapade chez le géant suédois... Ce n'était pas vraiment prévu, mais force est de constater que, sans "Doda Maman grande", la maison serait bancale. Si, si. 

Une fois la suprématie de Doda Maman bien installée, on a ressorti un autre livre à toucher, des "Tout-doux" d'Usborne : Où est mon panda ? Je les aime bien aussi, ceux-là, avec leurs jolies matières à toucher, leur vocabulaire ambitieux (ses pattes sont "rêches", son dos est "crépu", son nez est "bosselé"...), et le plaisir de s'écrier à la dernière page : "C'est mon panda !!!" 
Dans la même collection : il y en a trop ! Entre autres, mon chaton, mon chien, mon lapin, mon éléphant, mais aussi mon tracteur, mon ange, mon prince, mon Père Noël... 
Editions Usborne, collection "Les tout doux"
7€95

Puis s'est ajouté Toc le panda, de la collection "La p'tite étincelle" chez Frimousse. Minimu aimait déjà beaucoup Clac la tortue (et moi aussi, comme outil parfait de travail sur l'accord du participe passé avec les élèves, mais c'est une autre histoire) et Tic-tic la girafe. Et on aime bien Toc le panda ! Surtout qu'il permet d'aborder les chiffres, puisque le problème de Toc le panda, c'est de ne pas savoir compter après sept. Alors une spécialiste du 8 lui colle un 8 sur les yeux. Un livre deux-en-un qui a donc bien marché chez nous. 
Dans la même collection : beaucoup ! Zou la vache, Schlouff le crocodile... Le petit dernier s'appelle Bim le renard (octobre 2019). 
Editions Frimousse, collection "La p'tite étincelle"
6€60

A Noël, j'ai craqué sur un mini-livre de cuisine avec trois emporte-pièces permettant de faire des sablés en forme de pandas. Les sablés, c'est la première expérience de pâtisserie qu'on peut faire avec des enfants : on malaxe la boule de pâte, on presse les emporte-pièces... (Et surtout on mange !) Alors, sans glaçage ou décoration, ça donne plutôt des sablés ours. Mais même sans être la reine du glaçage au sucre, Minimu a quand même reconnu que j'avais fait des pandas et ça, ça n'a pas de prix. En plus, le format mini du livre a beaucoup plu à ma puce qui l'a ajouté tel quel dans sa bibliothèque. 

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Dans la même collection : des chats, des chiens, des licornes, et des Monsieurs et Madames.
"La fabrique à biscuits", Les petits coffrets à cuisiner de chez Marabout
5€95

Minimu a aussi eu un chouette cadeau de sa tata : comme j'avais reçu un coussin chauffant à mettre sur les épaules pour se relaxer, Minimu en a aussi eu un en plus petit... et avec des dodas, évidemment ! 

Récemment, Doda Kiki a rejoint la bande. Parce que le Kiki (enfin, en vrai, j'ai découvert que ça s'écrivait Monchicchi), c'est quand même mythique et ça traverse les âges. Alors un Chicchi avec sweat à capuche Doda... je ne pouvais pas assez à côté. (Notez que la petite Mu se trouve facilement des excuses pour ses pulsions acheteuses). 

Et dernier arrivé dans la bande, un album assez coup de coeur, je dois dire, que je viens de découvrir dans ma librairie : Panda a un problème
Les dessins sont suffisamment parlants pour que Minimu (qui n'a que deux et demi) s'y intéresse ; mais le texte s'apprécie surtout quand on sait lire, et surtout qu'on a compris ce qu'était un livre et une histoire. En effet, dans cet album, un narrateur se bat avec son personnage principal pour qu'il le laisse composer une histoire comme il en a l'habitude... Une histoire, c'est un personnage principal qui a un problème, et qui montre tout au long du livre comment il va le résoudre. Mais problème, Panda n'a pas de problème ! Tout va pour le mieux dans sa vie. Le panda va rendre chèvre son narrateur en faisant débarquer dans l'album des bonbons, des pingouins, un banjo, et même des aliens. (Si, les aliens existent.) Le jeu de narrations, avec des typographies différentes, est vraiment intéressant et bien mené. L'histoire ne tourne pas trop en rond, le dénouement arrive au bon moment. Je pense que ce livre sera lu et relu dans les années futures ! 
Panda a un problème, Deborah Underwood et Hannah Marks
Editions Circonflexe
13€50

En espérant que vous trouverez votre bonheur dans toute cette bambouseraie... Vivent les Dodas ! 

6 avril 2020

Des projets un peu fous ?... Episode 1

Photo casque

Le confinement fait bouillir le cerveau de la petite Mu. 

Des problèmes naissent les solutions. De l'enfermement naît l'ouverture. Alors je voudrais vous proposer deux projets collaboratifs, tournés vers les enseignants (ou les parents) et vers les écrivains en herbe, les poètes, les créatifs et les créateurs. Voici déjà le premier, le second suivra prochainement. 

Comment faire lire des élèves confinés ? 

Parce qu'on est plusieurs enseignants à vouloir faire lire nos élèves, mais que les moyens sont parfois limités pour les familles confinées, qui n'ont pas à leur disposition des rayonnages de livres, encore moins adaptés aux adolescents. 

J'ai pour ma part transmis un document aux familles de mes élèves, leur proposant quatre moyens d'accéder à la lecture pendant le confinement (en vue d'un travail scolaire, à savoir découvrir le roman d'aventures puisqu'on est censés en être à ce stade du programme avec mes sixième). J'ai pensé :
- aux classiques numérisés sur Gallica, Google Books et autres plateformes ;
- aux e-books que l'on peut acheter en ligne via des sites comme Chez mon libraire, permettant ainsi d'apporter un modeste soutien aux librairies indépendantes qui ne livrent actuellement pas de livres papier ;
- au rayon livres de certaines grandes surfaces ;
- enfin, évidemment, à des ouvrages que les élèves auraient déjà chez eux : livres de grands frères ou grandes soeurs ayant déjà fait le programme de 6e, autres livres susceptibles de correspondre à peu près au thème demandé, et manuel de français proposant de larges extraits ou des lectures suivies, par exemple. 

Je précise, si cela est nécessaire, que j'ai volontairement écarté d'emblée la solution de commander un livre par les géants de la vente en ligne et de se le faire livrer... Je reste sur cette ligne conductrice pendant tout le confinement, même si cela me coûte moi-même de ne pas pouvoir me procurer aisément des produits de seconde nécessité, livres et jeux !

J'ai créé un padlet répertoriant nombre liens et documents sur le thème du récit d'aventures (utile en sixième mais pourquoi pas aussi en cinquième, voire en CM2). Je ne souhaite pas mettre le lien du padlet sur le blog, mais je peux vous l'envoyer sur demande. 

Et si on écoutait des livres ? 

Il reste une cinquième option, qui peut d'ailleurs s'ajouter aux autres : écouter un livre.

J'ai trouvé, notamment, une série d'émissions de France Culture, qui propose des adaptations enregistrées de grands classiques, avec pas mal de romans d'aventures (Tom Sawyer, Moby Dick, Capitaine Fracasse, mais aussi des Tintin !) : vous pouvez retrouver cette liste ici. J'ai moi-même très envie d'écouter la version de Vendredi ou les Limbes du Pacifique. Il existe aussi des sites de livres audio gratuits, que le site Savoirs CDI répertorie ici. Mais, je ne sais pas, j'ai trouvé ces sites peu clairs, difficiles d'accès pour mes élèves. 

Alors j'ai eu envie d'enregistrer moi-même mes lectures. Mais... c'est long ! Je n'ai pas l'ambition d'enregistrer à moi toute seule l'édition intégrale des Aventures de Tom Sawyer, ou Robinson Crusoé. Ni même un roman un peu plus court de littérature jeunesse, comme Le Royaume de Kensuké (sachant qu'on se heurterait également à des problèmes de droits de diffusion pour tous les titres qui n'appartiennent pas au domaine public). 

Mais si on le faisait à plusieurs ? 

Voici l'idée : on se met d'accord sur un ou plusieurs livres qu'on souhaite faire découvrir à nos élèves (des oeuvres du patrimoine entrant dans nos programmes, comme des titres de littérature jeunesse qu'on aime leur faire lire habituellement), et qu'on possède en commun dans notre bibliothèque personnelle.  On se crée un outil de partage (mur collaboratif virtuel), et on y dépose nos enregistrements. 

J'ai par exemple commencé à le faire avec une édition abrégée d'Oliver Twist que j'ai retrouvée dans mes rayonnages. Je l'ai abrégée davantage encore par mes propres soins. Je suis en train de l'enregistrer, chapitre par chapitre, avec quelques résumés personnels pour les passages que j'ai supprimés, et quelques précisions de vocabulaire au fil de la lecture. 

L'idée est que ces enregistrements puissent servir, dans l'immédiat, à nos élèves confinés, mais aussi de s'en servir de nouveau dans les années à venir, pour accompagner les petits lecteurs. 

On se lance ? 

J'ouvre la danse, avec quelques exemples et propositions : Oliver Twist (mais je travaille avec une version assez obscure, de quand j'étais petite, alors je ne sais pas si la traduction correspond avec d'autres éditions, il faudrait que je compare par exemple avec la version disponible sur Gallica), le début du chapitre 1 de Tobie Lolness, de Timothée de Fombelle (sachant qu'il ne sera pas possible, de toute façon, de l'enregistrer en entier dans l'optique de diffuser ensuite cet enregistrement, pour des raisons de droits d'usage). Et bientôt, le début du roman Les clients du bon chien jaune, de Pierre Mac Orlan (même réflexion). 

Si vous voulez me suivre, à vous de jouer, en déposant directement vos participations (suite de mes lectures, ou nouvelles lectures) sur le mur suivant :

Des lectures à écouter. 

Si vous voulez simplement proposer une idée de lecture avant de commencer un enregistrement, écrivez-moi par le formulaire de contact. 

Pour l'instant le padlet est en accès semi-privé, disponible uniquement par le lien ci-dessus. Je me réserve de changer l'accès (le restreindre ou l'élargir) si besoin. Si nous venons à bout de plusieurs enregistrements, nous réfléchirons à la manière la plus simple et efficace de conserver ensuite ces enregistrements et de les proposer à nos élèves. 

A vos voix ! 

2 janvier 2012

Dear George Clooney, tu veux pas épouser ma mère ?

J'avais repéré ce titre dans plusieurs librairies différentes, je voulais me faire une opinion. 

Soyons clairs, cela n'a rien d'une lecture inoubliable. Le style est assez décevant. J'ai lu nombre de récits jeunesse plus piquants que cela. Le thème non plus n'a rien d'original : une adolescente essayant de gérer le divorce de ses parents, c'est une histoire qu'on a lue et archi-lue. Ce n'est donc pas une grande découverte, et cela ne fera pas partie du top 10 de mes lectures jeunesse préférées. 

Cela dit, on s'attache quand même aux personnages, on cherche à savoir comment va se finir l'histoire, qui est finalement assez bien menée, avec tous les ingrédients nécessaires. 

Il faudra que je teste ce livre sur mes cobayesélèves de 4e... C'est peut-être un livre à ne réserver qu'aux ados...

6 janvier 2012

Apéro sur ardoises / Working day ! / Apéritifs dînatoires

Cet article aussi est un peu différent des autres, mais, après tout, pourquoi ne pas plumer sur ces livres-là également ? Il faut savoir que je suis complètement fanatique de ce genre de bouquins. Cette nouvelle mode pour les livres-coffrets, qui date de quelques années à peine, me ravit totalement, et je suis comme une gamine dans le rayon "cuisine" des magasins de grande distribution. 
Ce qui me plaît, c'est d'abord l'aspect "miniature". Tout ce qui est petit est mignon, ce n'est pas mon mètre cinquante-deux qui dira le contraire. Ensuite, c'est le côté "tout en un". Car, les accessoires sans le bouquin : bof, on ne sait pas toujours comment s'en servir, on manque d'idées. Le bouquin sans les accessoires : ouais, sympa, mais comment je fais ces super recettes en verrines si je n'ai pas de verrines ? 
Inconvénients : parfois les accessoires ne sont pas au top qualité comparé à ce qu'on pourrait acheter dans de vrais magasins spécialisés en articles de cuisine ; quant aux livres, ils sont parfois décevants, avec des recettes infaisables parce que trop sophistiquées, et manquant de simplicité. 

Voici donc ce que j'ai reçu en cadeau, à Noël, à côté du Rêveur d'Ian McEwan (et de Solaire, pas encore commencé, à suivre) ; commençons par celui-ci : 

 

 

 

Les accessoires : vraiment chouettes ! Quatre petites ardoises très facilement lavables, contrairement aux idées qu'on pourrait se faire, avec des patins antidérapants, pratiques pour poser à table. Un format que je trouve idéal : de quoi servir un apéro assez garni ou une petite entrée. On peut aussi poser l'ardoise à côté d'une véritable assiette, blanche ou colorée : le contraste est réussi. 

Le livre : mouais... Les photos sont belles, jolies couleurs, mais rien d'extraordinaire dans les recettes. Me proposer de servir de la charcuterie, merci, j'y aurais pensé toute seule, et pas la peine de me donner le mode d'emploi pour poser une tranche de chorizo sur l'ardoise !

 

Ensuite, ceci : 

L'accessoire : plutôt original, il s'agit non pas vraiment d'un mug comme indiqué sur l'emballage, mais bien d'un thermos format individuel. Parfait pour moi qui amène mon casse-croûte au collège mais qui ne veux pas porter des kilos et des kilos étant donné que j'y monte à pied. Rien d'exceptionnel, sinon, c'est un thermos, quoi. 

Le livre : une bonne surprise ! S'y alternent des recettes de boissons chaudes et de gâteaux pour les accompagner. Alors, ça peut vous paraître surprenant de lire une recette de café ou de chocolat chaud, mais on trouve des conseils sur le choix du café, du thé, des astuces pour réussir une boisson authentique... Quant aux recettes des gâteaux, elles ont le mérite de faire de la place aux recettes classiques : par exemple, un basique muffin au chocolat. Alors que dans les livres actuels, on trouve souvent des choses hyper originales, mais si on veut revenir aux sources, nada.

 

Enfin, ceci : 

Les accessoires : inégaux. Les coupelles, bof, elles manquent de profondeur, les coques en bambou, mouais, ça me paraît difficilement lavable... autant dire que c'est à usage unique ! Les cuillères, pourquoi pas, mais j'en aurais trouvé des mieux ailleurs. En revanche, bon point pour les deux derniers accessoires, originaux : les pipettes et les verrines à bâton (comme une sorte de bâton d'esquimau ou de sucette).

Le livre : inégal aussi. Une chose m'a choquée, notamment : il y a des recettes nécessitant des accessoires qui ne sont pas dans le coffret... Alors que, franchement, pour utiliser tout ce qu'il y a, il y avait l'embarras du choix nivrau recettes ! Mais les recettes utilisant les pipettes et les verrines à bâton sont inventives, sympathiques, idéales pour un apéro entre amis ou un goûter avec des enfants, elles me plaisent. Par exemple, la brochette de chamallows piqués sur la pipette, qui contient elle-même une sauce au chocolat, miam ! Idem pour la brochette de fruits avec coulis de fruits rouges. 

 

Pas vraiment pu tester grand-chose puisque tout est parti rapidement dans les cartons, mais j'ai hâte de déballer ça dans le nouvel appartement et d'en faire profiter mes papilles - et celles de mes invités ! 

 

16 juillet 2012

Zéro commentaire

Encore déçue par cette lecture. Décidément, peu de titres ressortiront victorieux, parmi la liste conséquente que je m'étais constituée sur le thème du genre. 

Je n'ai pas eu les mêmes réticences que Lionel Labosse d'Altersexualités.com qui, si je me souviens bien, avait été gêné par l'effet "placement de produit" du smartphone, effectivement souvent présent dans le récit. Bon. C'est vrai que l'auteur insiste beaucoup là-dessus. Mais cet objet semble important pour le personnage. Ca en fait un ado malheureusement très banal de nos jours. C'était peut-être un peu dommage d'insister autant, mais rien que de très réaliste là-dedans. 

Ce qui m'a gênée, pour ma part, c'est le manque de cohérence de l'ensemble. Comment expliquer que Mehdi, tellement pudique sur ses sentiments, finisse par donner l'adresse de son blog à la fille dont il parle pourtant dans ce blog, en disant qu'il ne sait pas s'il est amoureux, etc... ? Par ailleurs, la forme du blog aurait pu être véritablement exploitée, avec le style qui va avec : or, ici, on est dans une sorte d'entre-deux, avec un récit tout à fait standard, qui ressemble peu à ce qu'on écrit habituellement dans un blog, et, de temps en temps (mais très rarement), une adresse directe aux potentiels lecteurs, histoire de rappeler qu'il ne s'agit pas d'un récit sur papier. Mais le tout sonne faux. 

Du coup, j'ai eu du mal à rentrer dans l'histoire. J'ai bien ressenti la fascination de Mehdi pour son ami. Là-dessus, il y a de beaux moments, les sentiments qui transparaissent dans l'écriture sont forts et émouvants. Mais tout le reste, autour, est assez bancal. Ces ados, mis à part leur intérêt pour le foot, les boîtes de nuit et les smartphones, semblent sortis d'un décor de carton-pâte. 

Et puis, décidément, j'apprécie de moins en moins les fins ouvertes. J'aime qu'on me dise où va l'histoire. Du coup, je sens que je vais tomber dans le panneau et lire le tome 8 de cette série "Ligne 15", pour entrer un peu dans la tête de ce fameux Corentin, qui a l'air tellement parfait. 

10 juillet 2012

La nouvelle robe de Bill et Le jour où je me suis déguisé en fille

           

    Deux romans sur une même idée : et si on mettait une robe à un garçon ? La différence - et elle est tout de même de taille -, c'est que, dans le roman d'Anne Fine, Bill subit tout au long du roman cette horrible journée pendant laquelle tout le monde l'a pris pour une fille, alors que, dans le récit de Walliams, le déguisement est choisi, désiré, même, depuis longtemps. 

    Il y a aussi certainement une différence d'époque, de contexte. La "jolie robe rose avec des boutons compliqués en nacre", qu'il ne faut surtout pas tacher, de Bill, n'a pas grand-chose à voir avec "la robe aux mille et une petites paillettes rondes" de Dennis, le héros de David Walliams. Vingt ans se sont écoulés entre les deux romans, on le sent dans la peinture des relations fille-garçon. Anne Fine nous les montre bien comme deux clans séparés, et insiste sur les choses réservées aux garçons (allez, au hasard : le foot) et les choses réservées aux filles. Même si une certaine mixité s'instaure déjà, par exemple dans la lecture des illustrés : Barbie n'a plus la cote chez les filles, elles lui préfèrent Mickey Parade ou Spirou. Chez Walliams, la frontière fille-garçon est un peu moins nette ; l'amitié entre le héros et Lisa, la plus belle fille de l'école, semble d'ailleurs presque naturelle. 

    Dans les deux cas, l'auteur s'est bien amusé - et le lecteur avec. Le ton adopté par Anne Fine a plus d'ironie, plus de mordant, mais le roman de Walliams est plus fantaisiste, avec des personnages décalés et irréalistes - comme le directeur de l'école - dans un univers à la Dahl, sans l'aspect merveilleux. (Ou peut-être ai-je été influencée par la présence des dessins de Quentin Blake, célèbre illustrateur de Dahl ?) 

     Enfin, si Walliams nous livre un happy end typique des récits pour enfants :
      "Dennis sourit.
       Le monde avait changé." ,
Fine, elle, ne conclut pas autrement que par le soulagement très marqué de Bill à qui sa mère a dit que c'était "la dernière fois qu'[il] allai[t] à l'école en robe !". Là où Walliams prône la tolérance, le droit à la différence, Fine éveille seulement les esprits aux difficultés inhérentes à la condition de fille dans les années 90. 

    PS : A noter, Anne Fine est également l'auteur de Quand papa était femme de ménage, qui a inspiré un célèbre film avec Robin Williams... Je vous laisse le soin de trouver le titre de ce film ! Le premier qui répond a droit à... mon respect ^^ (pas de lot cette fois-ci, c'est trop facile !)

 

     

20 juin 2016

La découverte de la semaine : les livres en box

Colis Exploratology

En fait, j'ai fait cette découverte il y a un peu plus d'un mois. "On" me demandait des idées de cadeaux d'anniversaire, et j'avais envie de quelque chose de différent. Je pensais au début à un abonnement à la Thé Box, qui me faisait envie, à l'époque où je me promenais en bavant dans ce superbe site, Griottes : palette culinaire. Et, un peu par hasard, j'ai découvert qu'il existait aussi des box de livres !! En fait, il existe des box pour à peu près tout. Donc, les livres faisant partie du tout, ils ont aussi leurs box. 

De tous les concepts que j'ai trouvés à droite à gauche sur la Toile, j'ai aimé celui d'Exploratology

1) pour sa démarche : il s'agit d'un partage tout à fait personnel entre Marjorie, fondatrice du projet, et les destinataires des box. Elle choisit les livres envoyés, les produits ajoutés, réalise les paquets, ajoute un petit mot pour expliquer ses choix. 

2) pour sa simplicité : pas de thème à choisir, de cases à cocher ; une fois qu'on est abonné, on attend le colis surprise, et c'est tout ! 

3) pour le concept de surprise, justement : les livres sont très différents les uns des autres (en tout cas, je juge sur les deux que j'ai reçus pour l'instant), ce ne sont pas des nouveautés, pas des titres "attendus", et pas du tout des livres vers lesquels je me serais tournée (principalement parce que je n'en connais pas les auteurs). 

Avec le livre, des cartes, de petits bonbons, des sachets de thé, de marques différentes à chaque fois. Je ne saurais pas dire encore si ça va me faire devenir une cliente régulière de ces marques. J'ai bien aimé, ce mois-ci, recevoir un petit carnet, assorti à la couverture du livre d'ailleurs.  

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Bref, la box de livres, ça avait tout pour me plaire. Mon abonnement se termine dans un mois, déjà ; peut-être en testerai-je un autre (mais les autres concepts que j'ai pu sur la Toile m'ont fait moins envie). Sinon, il y a les swaps de chez Neoprofs, qui jouent aussi le rôle de "book box" ! Un aperçu d'un colis "Kit de survie pour vacances d'été" que j'avais envoyé à une autre Neo : 

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 Et il y a aussi les box spéciales de la Petite Mu ! Arty en avait gagné une : 

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Mais le problème, c'est que la petite Mu ne peut pas se les offrir à elle-même. Ben non.

En tout cas, merci aux généreux responsables de cet abonnement original ! 

1 août 2016

Semaine des couleurs, #1 : Michel Pastoureau, Pierre n'a plus peur du noir

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Cette toute récente parution des éditions Privat m'a forcément interpellée puisqu'il s'agit du premier livre pour enfants de Michel Pastoureau, cet historien dont j'apprécie beaucoup les ouvrages. Grâce à lui, j'en sais plus sur l'ours, mais aussi sur le bleu et sur le noir. En effet, l'une des spécialités de Michel Pastoureau est l'histoire et la symbolique des couleurs. Pas étonnant, donc, que sa collaboration avec Laurence Le Chau, s'intéresse donc au noir, et aux pouvoirs très ambivalents que cette couleur peut avoir, notamment chez les enfants.

L'histoire se veut pédagogique. Alors, forcément, d'une situation très classique dans la littérature pour les plus jeunes, à savoir la nuit et la peur du noir, on en vient aux interventions des adultes, de la maîtresse qui raconte l'histoire de Barbe bleue au grand-père qui fait observer les reflets dans les plumes du corbeau, en passant par le père qui emmène le petit Pierre admirer les nuances des tableaux de Soulages. Toutes ces situations sont guidées, voire un peu forcées par l'objectif de cet album ; les oeuvres de Pierre Soulages ne sont pas forcément les premières qu'on fait voir à un enfant. On sent qu'il s'agit d'un album didactique, où chaque collaborateur cherche à glisser ses convictions, comme la petite phrase "Pierre voudrait passer son doigt sur la surface d'un des tableaux pour sentir les raies, les creux et les bosses, mais il ne le fait pas car il sait bien qu'ici, au musée, il est interdit de toucher les oeuvres".

Mais l'objectif est intéressant : c'est le même que dans l'essai "pour adultes", à savoir amener l'observateur néophyte à percevoir la richesse, dans tous les sens du terme, de cette couleur qui n'en a pas toujours été une. Les illustrations jouent un rôle primordial dans cet objectif : le noir y est éclatant, dans de grands aplats d'encre, mis en valeur par d'autres touches colorées. Le portrait de Barbe bleue est superbe : 

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Le noir, Laurence Le Chau connaît bien : elle a réalisé un livret pour les éditions du Musée Soulages, retraçant l'exposition Pierre Soulages à Beaubourg, en 2009 : on peut voir certains des dessins sur son premier blog. Par la suite, cette illustratrice s'est lancée dans une activité plutôt originale : le croquis de mariage. Elle y consacre un deuxième blog

Un album au but résolument didactique, mais qui reste une source de découvertes, visuelles et culturelles, pour petits et grands. 

Auteur : Michel Pastoureau
Illustratrice : Laurence Le Chau
Editions Privat
2016

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20 janvier 2014

Rikka Pulkkinen : L'armoire des robes oubliées

Challenge Petit Bac 2013 : 1ère grille! : un objet en littérature scandinave

Par coïncidence, ce livre s'ouvre sur la même thématique que ma précédente lecture, Maudit soit le fleuve du tempségalement faite dans le cadre de la dernière colonne de mon challenge. A savoir, une mère de famille, grand-mère à présent, apprend qu'elle est atteinte d'un cancer, et le roman nous offre son histoire ainsi que celle de ses proches. Mais, ici, dès les premières pages, j'ai tout de suite accroché - ce qui n'avait pas du tout été le cas avec le roman de Per Petterson. 

D'abord, le système narratif adopté est plus complexe, mais paradoxalement plus clair : le point de vue interne se promène de personnage en personnage - le grand-père, la fille, la petite-fille -, mais avec une certaine rigueur, dans la mesure où l'on change de chapitre dès qu'on change de point de vue (ou l'inverse). Il faut s'habituer au point de vue interne à la troisième personne (et non à la première), et au fait que les prénoms féminins se ressemblent assez fortement (Elsa, Ella - abréviation de Eleonoora -, Eeva...), mais une fois ces petits détails assimilés, on est très vite transporté ! 

C'est une histoire de secret. Mais un secret assez vite révélé au lecteur : dans cette famille, il y a eu un élément extérieur, une fille, qui a beaucoup compté pour plusieurs membres de la famille sans en faire officiellement partie. Lorsque l'une des petites-filles tombe sur une robe qu'elle ne connaissait pas dans l'armoire de sa grand-mère, le seul commentaire de celle-ci sera : "Ce n'est pas ma robe, c'est celle d'Eeva." Et c'est à partir de là que l'on commence à voyager entre le passé (années 60) et le présent, entre le récit - à la première personne cette fois-ci - d'Eeva et celui des autres, les "vrais" membres de la famille. On en oublie, au fur et à mesure qu'on tourne les pages, que les jours d'Elsa, la grand-mère, sont comptés : c'est ça, la magie des souvenirs. Le temps est comme suspendu. 

Le tout est écrit avec intelligence. Je n'ai pas trouvé d'autre mot pour décrire ce mélange d'humour discret, de poésie sans mièvrerie, de réflexion sans lourdeur. Il y a de belles phrases sur l'amour, sur le lien qu'on crée avec autrui. 

Bref, un vrai coup de coeur, de ces livres qu'on a du mal à quitter tellement on a l'impression d'avoir vécu, l'espace de plusieurs heures, avec ses personnages. 

12 septembre 2016

La rentrée des éditions Sarbacane

Présentation Sarbacane

Le 29 août, à Lyon, sur les pentes de la Croix-Rousse, c'était déjà la rentrée : celle des éditions Sarbacane, qui venaient présenter leurs nouveautés dans les locaux du chouette Complexe du Rire.

Sarbacane, c'est une maison d'éditions encore adolescente (treize ans cette année), encore familiale (treize membres cette rentrée), encore audacieuse, mais avec un catalogue déjà sacrément étoffé, riche d'albums pour petits et grands, de romans "ados-adultes", et de BDs jeunesse, adulte, tout public. Quelques fils conducteurs pour la ligne éditoriale : de la création (95% des titres du catalogue sont des manuscrits jamais publiés auparavant), une importance particulièrement accordée à la qualité du texte, y compris dans les albums et les BDs, et, le plus souvent possible, des paris parfois risqués avec les jeunes lecteurs.

En tant que grande lectrice de romans ados, c'est évidemment de la collection Exprim' que je connais le plus de titres. J'y ai découvert Antoine Dole (dans la collection Mini-romans plus exactement, avec A copier cent fois, puis chez Exprim' pour les autres romans) ; j'y ai lu des valeurs sûres, comme Frangine de Marion Brunet qui rencontre un bon succès auprès de mes élèves  j'y ai eu un tout récent coup de coeur, avec Dysfonctionnelle d'Axl Cendres. Je connaissais beaucoup moins les albums ; j'ai retrouvé des titres dont j'avais lus de très bonnes critiques à droite et à gauche, comme Le chien-chien à sa Mémère ou Course épique, vanté par la librairie des Croquelinottes. Des albums qu'on identifie immédiatement comme décalés, sortant du lot, par leurs choix de thèmes ou d'illustrations. Et ça se gâte encore pour les BDs, dont j'ignorais même l'existence chez l'éditeur, alors qu'il y en a quand même un certain nombre.

Quel menu alléchant Manue (éditrice albums) et Tibo (éditeur romans) nous ont-ils donc présenté ?

Côté albums, leur choix s'est porté sur trois parutions très différentes les unes des autres.

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D'abord un livre musical : Le fantôme de Carmen. Son créateur Pierre Créac'h, s'est payé le luxe de suivre cinq ans de Conservatoire puis cinq ans d'école d'art : c'est dire s'il a plusieurs cordes à son arc. Il est donc entièrement aux manettes de ce livre, à la fois auteur, dessinateur et responsable des choix musicaux et de la bande-son. Le fantôme de Carmen est le troisième tome d'un projet qui vise à faire découvrir la musique dite "classique" aux plus jeunes. L'histoire est toujours centrée autour d'un jeune garçon, Louis (parce qu'il écoute !), embarqué dans des aventures qui se déroulent bien sûr en musique. La bande-son est assurée par des instrumentistes de qualité, et la lecture est assurée par de grands noms, habitués à l'exercice : Jean Rochefort, Pierre Arditi, et pour cette nouveauté, Yolande Moreau. Ce dernier argument pourrait bien me convaincre, ainsi que les illustrations, en noir et blanc à la mine de plomb pour baigner le jeune lecteur dans un univers onirique.

Puis un album plutôt nourri en texte, qu'on a eu la chance d'emporter avec nous après la présentation pour le feuilleter posément : Le Royaume de Minuit, de Max Ducos. 

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Cet auteur illustrateur est apparemment un habitué des sélections et des prix littéraires, notamment les Incorruptibles que les professeurs (dézécoles ou décollèges) connaissent bien. Il privilégie de larges illustrations à la gouache, aux couleurs franches, en accordant de l'importance aux cadrages. La présentation de Jeu de piste à Volubilis, l'histoire d'une petite fille vivant dans une maison d'architecte qu'elle n'aime pas, et qui se transforme en chasse aux indices avec le lecteur, m'a accrochée. J'ai aimé aussi la couverture et les premières images du ce nouveau Royaume de Minuit.

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Mais, une fois l'album lu en entier (assez long, c'est un engagement des éditeurs pour faire aller les jeunes lecteurs vers des textes développés), je suis restée sur ma faim, surtout concernant l'histoire : deux enfants que tout oppose et qui se retrouvent réunis, tous seuls dans une école pendant une nuit entière. La manière dont Max Ducos a développé cette trame ne m'a pas semblé si originale, et l'écriture n'a rien d'exceptionnel non plus.

Enfin, un événement, à l'échelle éditoriale : Rébecca Dautremer, très connue pour ses Princesses et la panoplie de cartes et carnets qui en dérivent, anciennement publiée chez Gautier-Languereau, arrive chez Sarbacane après une période de "sommeil" artistique. Et c'est tout naturellement qu'elle se tourne vers une histoire de réveil : après avoir réinterprété le Petit Poucet et Alice, elle met en scène la Belle au bois dormant dans son album sobrement intitulé Le bois dormait. La même inspiration visuelle, bien sûr ; on peut être surpris, cependant, par la modernité de certains décors, les gros plans sur des visages, qui se démarquent quelque peu des précédents. Nouveauté en revanche, qui marque le début de cette nouvelle collaboration éditoriale, Rébecca Dautremer s'est mise à l'écriture. Parmi les petites anecdotes glanées au fil de la présentation, on apprend que c'est un coup de coeur pour Moi j'attends de Serge Bloch qui lui a donné envie, d'une part, de venir chez Sarbacane, et, d'autre part, d'écrire sur l'attente.

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Passons maintenant aux romans ados :

L'éditeur fête les 10 ans de la collection Exprim'. Tibo, le directeur de collection, a rappelé le caractère "exceptionnel" de l'année 2015-2016, avec quatre romans très remarqués :

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Il a avoué ensuite s'être demandé comment faire aussi bien cette année... Le choix semble avoir été celui du challenge, avec des tentatives audacieuses.

Pour commencer, Songe à la douceur, de Clémentine Beauvais, dont on a déjà beaucoup entendu parler sur les blogs et les sites de libraires. Il s'agit d'une variation autour d'un roman de Pouchkine, Eugène Onéguine, rédigé en vers : eh bien, l'auteure a décidé de conserver cette écriture en vers pour en faire un roman ado. Rien que ça ! Et il paraît que ça marche : de jeunes blogueurs ont été interrogés, et visiblement, passée la surprise de départ, le roman plaît. Cela rend curieux, en tout cas, et c'est pour ça que j'ai fait figurer ce titre dans mon TTT sur la rentrée littéraire 2016.

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Puis l'incontournable de cette rentrée littéraire : le roman sur les attentats. En littérature adulte comme ados, c'est LE thème qui revient. Sarbacane a donc aussi, dans son nouveau catalogue, un roman intitulé sobrement et clairement 14 novembre, de Vincent Villeminot. L'histoire d'un jeune homme dont le frère meurt dans les attentats des terrasses, et qui, le lendemain, croise l'un des terroristes dans le métro. Après ce début très proche des événements réels, une fiction se met en place, dans laquelle il sera question de la soeur du terroriste, et de dialogue entre les deux hommes. Forcément, on peut être méfiant, trouver que c'est prématuré, s'attendre à du voyeurisme, se demander si l'auteur, et tous les autres qui se sont attaqués à ce sujet, sauront trouver le recul qui manquait tellement au flot d'images et d'informations qui nous a noyés à plusieurs reprises ces douze derniers mois... Là encore, la curiosité me poussera peut-être à lire ce roman. 

Voilà... c'est là que j'ai dû partir ! Je ne peux donc malheureusement rien vous dire sur les romans 8-12 ans (je suis repartie avec un livre de Marion Brunet, L'ogre à poil(s), mais c'est un tome 2, et bon, ce n'est pas trop ma tasse de thé...), ni sur les BDs. Mais à vrai dire, cela faisait déjà beaucoup d'idées, d'envies, pour mon budget qui n'est pas celui d'un libraire ni d'un bibliothécaire !... 

Bonne rentrée à Sarbacane, et bonnes lectures à vous ! 

24 octobre 2017

Helene Hanff : 84, Charing Cross Road

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Ce court ouvrage pioché au hasard à la médiathèque, qui l'avait mis en évidence sur un présentoir, fut une agréable découverte. C'est un roman pour les lecteurs qui aiment les livres, qui aiment les livres qui parlent de livres, qui aiment les livres qui parlent de lecteurs qui aiment les livres.

En effet, il s'agit d'un échange de lettres entre Helene Hanff, l'auteure elle-même (dont j'ignorais totalement l'existence : Wikipédia m'apprend que cette écrivaine américaine a publié des pièces de théâtre ainsi que des scénarions pour la télévision), et différentes personnes liées de près ou de loin à une librairie anglaise, Marks & Co. Cette librairie est spécialisée dans les livres anciens. Helene Hanff, lectrice pointue de littérature anglaise, est sans cesse à la recherche de l'ouvrage rare qui manque absolument à sa bibliothèque. En 1949, elle écrit donc à Marks & Co une lettre dans laquelle elle joint la liste de tous les livres qu'elle souhaiterait acquérir. Franck Doel, le libraire consciencieux qui lui répond aura à coeur d'honorer ces commandes, mais aussi d'entretenir cette étrange relation épistolaire qui s'instaure entre eux. Etrange pour plusieurs raisons. La différence de ton, d'abord, entre les deux correspondants (Helene étant très franche, n'hésitant pas à verser dans la familiarité ou à secouer son interlocuteur quand elle se languit de recevoir tel ou tel livre, alors que Franck reste très professionnel et poli). Egalement, la faculté qu'ils ont tous les deux de rester centré sur leur objectif, tout en dévoilant des aspects plus ou moins intimes de leurs vies respectives. Enfin, le fait que les épistoliers se multiplient : côté américain, Helene écrit parfois à une amie, dont on peut lire les réponses ; côté anglais, tout l'entourage de Franck se met à vouloir correspondre avec Helene. On lira ainsi des lettres de son épouse, de sa fille, d'une voisine d'immeuble, et j'en passe. 

Ce roman présente un intérêt documentaire, car on y lit le contraste entre les quotidiens de part et d'autre de l'Atlantique en ces années d'après-guerre : les restrictions alimentaires en Angleterre, qui poussent Helene à envoyer de nombreux colis de nourriture (les oeufs, notamment, sont une fête pour les Doel et leurs proches), la précarité d'Helene Hanff, lectrice de scripts avant d'être écrivaine, vivotant dans une grande simplicité, émerveillée d'avoir entre les mains des livres avec de si belles reliures. 

Mais c'est surtout, je le disais au début, un très beau livre sur les livres. On y découvre une lectrice pour le moins atypique, qui lit Catulle comme la Vulgate, Sappho comme Jane Austen, Laurence Sterne comme Virginia Woolf. C'est une épicurienne qui aime l'odeur des livres, leur toucher, leurs couleurs. Elle plonge dans les textes au point de parler avec leurs auteurs : « M. de Tocqueville vous envoie ses compliments et me prie de vous annoncer qu’il est bien arrivé en Amérique. Il reste assis là avec un air supérieur parce que tout ce qu’il dit se révèle exact. » Elle a des principes bien particuliers quant aux livres et à la lecture : elle n'achètera un livre que si elle l'a déjà lu ; elle en jette certains, sans aucun état d'âme. Tout ceci semble illustrer les "droits imprescriptibles du lecteur" tels que les énonce Daniel Pennac dans Comme un roman ; et d'ailleurs, tiens, la toute récente réédition de novembre 2016 est préfacée par Pennac himself

Ce n'est pas qu'un roman pour lecteurs, c'est aussi visiblement une histoire pour cinéphiles : il a effectivement été adapté en 1987, avec Anthony Hopkins et Anne Bancroft, excusez du peu, dans les rôles principaux. 

Une lecture très stimulante, donc, à prolonger avec d'autres un peu plus légères mais toujours pour les amoureux des livres : La bibliothèque des coeurs cabossés, grand succès de Katarina Bivald en 2015 (lu et aimé), La cote 400 de Sophie Divry ou encore Le mystère Henri Pick de David Foenkinos (pas lus).  

Neo-défi lecture 2016-continué-en-2017 : un livre épistolaire.

20 février 2020

Michel Van Zeveren : Il est où chat ?

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Vous connaissez le petit chat et le petit enfant trop craquants de Michel Van Zeveren ? On les avait découverts dans C'est qui chat ? que je n'avais pas eu le temps de plumer ici.

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J'avais beaucoup aimé ces pages très épurées avec ces petits personnages aussi choupinous l'un que l'autre, dessinés avec des traits si ronds et si doux qu'on a envie de les caresser rien qu'à les regarder ! Quant au texte, rien de plus simple : de petites questions ou de courtes exclamations, des jeux de mots avec "chat", et une histoire d'amitié, de famille et d'apprivoisement. Qui apprivoise vraiment l'autre, d'ailleurs ? L'originalité de ce livre c'est qu'on ne sait pas toujours qui parle : l'enfant ou le chat ? Qui est arrivé avant l'autre ? C'est un livre qui parlera à tous les parents revenus d'un refuge avec un animal à présenter à leur enfant... ou rentrés de la maternité avec un bébé à présenter à leur animal ! 

 

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Eh bien, les deux compères reviennent en 2020 : ils ont l'air de s'être suffisamment apprivoisés pour dormir ensemble au fond du jardin... ou même faire des farces à Maman. De vrais complices ! 

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Ici, on avait relégué le premier tome car notre petit pépère à poils nous a quittés récemment, ce qui rendait la lecture un peu trop douloureuse pour le moment... Mais je me suis fait une joie d'acheter le deuxième volume sitôt repéré à la librairie pour l'offrir à des amis pour qui la cohabitation chat-bébé reste encore à parfaire !... Pour la cohabitation, je ne sais pas, mais on m'a glissé dans l'oreillette que ce tome deux marche du tonnerre, encore mieux que le premier ! 

Retrouvez la petite Mu sur son nouveau blog ! Cliquez ici

22 septembre 2016

#Rentrée littéraire : Sophie Adriansen, Le syndrome de la vitre étoilée

Le syndrome de la vitre étoilée

Première déception de cette rentrée littéraire 2016. Pour une fois que je me donne envie en lisant les catalogues et que j'investis dans un livre neuf !... 

Quatrième de couverture : "Un garçon, une fille, dix ans de vie commune. De cette équation parfaite naît le désir d'enfant. Puis les difficultés arrivent. Le désir se transforme. Le garçon et la fille aussi. Un couple sur cinq connaît des difficultés pour avoir un enfant." Faisant partie de ce couple sur cinq, forcément, le sujet m'intéressait. Je m'attendais à quelque chose d'assez poétique, à l'image du titre et de son commentaire en début d'ouvrage : "La vitre étoilée, c'est celle du flipper qui, sous les coups des joueurs frustrés d'avoir laissé échapper la bille, se brise sans se disloquer. Les fissures lui confèrent un aspect céleste. C'est quand tout est brisé à l'intérieur alors qu'à l'extérieur tout semble tenir. On peut même trouver ça joli. Après, généralement, ça fait tilt."

En feuilletant le livre, je remarque une présentation particulière, de nombreux mini-chapitres. Je comprends qu'il s'agit d'une sorte de journal intime. 

extrait vitre étoilée

Je me plonge dans ce journal avec assez de plaisir, mais très vite, je déchante. J'ai l'impression de lire le blog d'une lectrice de Cosmo. Je ne me reconnais absolument pas dans le personnage de Stéphanie, jeune working-girl qui travaille dans la pub. Elle représente ce genre de personnages qui, à mes yeux, sonne faux : l'auteur-e essaie de nous montrer qu'il ou elle n'a pas une vie parfaite, mais hormis le malheur qui s'immisce dans sa vie (pour Stéphanie et son compagnon Guillaume, leur infertilité), tout le reste semble lisse, fun, dans la norme. Moi qui n'aime que les personnages complexes, ambigus, voire tordus... Donc, certes, Stéphanie souffre, il lui manque ce que toutes ses copines ont et qui semble fait pour elle : un bébé. Mais à force de vouloir mettre à distance cette souffrance, la teinter d'humour, jouer sur le langage, on en perd l'émotion qui était censée être le fil conducteur du roman. Il y a quelques formules bien trouvées, mais dans l'ensemble, l'écriture n'a rien de différent d'une chroniqueuse de magazine girly. 

Par ailleurs, je n'ai pas aimé non plus l'orientation donnée à l'histoire. Au fil des pages, on sent que tout est fait pour nous montrer qu'on ne peut pas se complaire dans le malheur, qu'il faut rebondir, être positif. C'est ce que Stéphanie fait, par des choix de vie plus ou moins radicaux. J'ai donc aussi eu une désagréable impression de livre moralisateur. C'est assez insidieux, mais ça revient plus ou moins aux objectifs de ces magazines pour jeune femme qui veut améliorer sa vie : on peut trouver une solution à tout, moyennant un petit test de neuf ou dix questions et un petit article de quelques pages, avec des témoignages pour donner un peu de crédit aux conseils prodigués. Mouais. Ca peut marcher quand on cherche à perdre deux kilos ou à apprendre à se maquiller. Mais pour le genre de sujet que Sophie Adriansen a tenu à aborder, les recettes miracles ne fonctionnent pas. Alors, oui, elle s'attache à montrer, tout au long du roman, les clichés et les phrases à l'emporte-pièce contre lesquels les couples infertiles doivent souvent lutter. Mais la fin m'a laissée coite tellement je l'ai trouvée proche de ces clichés, justement. 

Peut-être que d'autres lecteurs, confrontés à ce même obstacle dans leur vie, apprécieront plus que moi ce roman et sauront justement y trouver le réconfort nécessaire. Peut-être que les amateurs de chick-lit liront avec plaisir un livre qui reprend quelques codes du genre, autour d'une histoire plus profonde, différente d'une simple romance. De mon côté, je ne retiendrais (presque) que les citations du roman de Julie Bonnie, Chambre 2  que Sophie Adriansen sème tout au long de son livre. Chambre 2 m'avait marquée et j'en trouve l'écriture plus belle et plus convaincante... 

Quelle déception, donc, d'autant plus que j'ai beaucoup aimé quand la plume de Sophie Adriansen s'adressait aux jeunes lecteurs, sur un thème pourtant tout aussi délicat, avec Max et les poissons, vainqueur du prix PEP42 de l'année dernière

Et de deux pour le TTT rentrée littéraire !  

9 juin 2016

Jarvis : Devine qui ? Mon imagier des émotions

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Le langage des émotions, c'est très important, et pas seulement pour les tout-petits. Le récent film de Disney/Pixar, Vice-versa, s'il a plu aux enfants, a provoqué chez les adultes (en tout cas, chez mon entourage et moi) de longues discussions : mais combien il y en a, d'émotions, en tout ? Vous êtes sûrs que le dégoût, c'est une émotion ? Et comment ça se fait qu'il y a tant d'émotions négatives pour si peu de positives ?... Etc, etc. J'avais trouvé très intelligent cette représentation des émotions, toutes présentes chez n'importe quel individu, mais avec un "dosage" différent, en quelque sorte. On se questionne forcément en sortant du film : et moi, mon émotion dominante, ce serait laquelle ?

Bref, chez les plus jeunes, l'enjeu majeur, c'est de leur apprendre non seulement à reconnaître leurs émotions, mais aussi à mettre des mots dessus. Pas seulement pour faire de jolies rédactions (ça, c'est l'objectif des professeurs de français, mais heureusement, il n'y a pas que les cours de français dans la vie), mais surtout pour pouvoir communiquer, extérioriser, et démêler cette abominable pelote qui nous empêche parfois de vivre.

J'ai donc beaucoup aimé cet album, qui est bien plus qu'un simple imagier. D'abord parce que les émotions ne sont pas simplement cataloguées, mais mises en scène : chaque double page présente une scène de la vie d'un enfant, du réveil à l'école en passant par le bus ou la fête d'anniversaire. On retrouve à chaque fois plein de personnages, et chacun d'entre eux vit la situation de manière différente. C'est là qu'on retrouve les fameuses émotions : l'auteur en a listé douze, présentes sous forme d'adjectifs. Les personnages sont amusés, inquiets, jaloux, impatients... Cela a l'avantage de permettre aux enfants d'être dans la nuance. En théorie, l'impatience se retrouve dans la colère. Mais, à l'ère où la précision et la différenciation du vocabulaire semblent tellement difficiles, il est indispensable de ne pas l'appauvrir et d'apprendre les distinctions entre les mots, fussent-ils très proches.

Au-delà de la mise en scène, c'est l'interactivité de l'album qui est intéressante. Et quand je parle d'interactivité, on n'est pas dans le numérique, dans le sonore, ni même le tactile. On revient au sens propre du terme : l'enfant va interagir avec le livre (ou, plus probablement, avec la personne qui va lui lire les textes), car c'est à lui qu'on demande, à chaque fois, "Qui est amusé ?", "Qui est en colère ?", "Qui est timide ?". A l'enfant de pointer le personnage concerné, donc, de faire le lien entre les mots et les images. J'ai une seule réserve à ce sujet : je trouve les dessins mignons et amusants, mais je les trouve parfois imprécis, notamment dans certaines expressions du visage, et je me suis demandé si cela allait être si facile pour un enfant de retrouver la bonne émotion. Mais je me trompe peut-être.

En tout cas, un principe simple mais efficace pour travailler sur le langage et aussi sur soi-même. Peut-être l'observation de certaines scènes en particulier peut permettre de défaire certains blocages, qui pourraient apparaître à certaines étapes de la vie d'un enfant (les premiers jours à l'école, la première invitation chez des amis, le moment du repas...) Pour conclure cette découverte, je suis tombée sur un blog qui m'a paru riche de découvertes et d'analyses en littérature jeunesse. Sur cette page, vous trouverez d'autres idées de livres sur les émotions, dont deux nouveautés, qui me tentent bien.

Auteur et illustrateur : Jarvis
Editions Milan
2016

Neo-défi lecture 2016 : Un livre dont le thème est la musique. (Comment ça, trop facile ?...)

9 juillet 2012

Le combat d'hiver

Une lecture vivement conseillée par une collègue, que j'ai eu envie de faire pour différentes raisons : enrichir ma liste de bons romans d'anticipation pour ados, découvrir un auteur dont la réputation est faite dans le milieu de la littérature jeunesse, et qui plus est un auteur local (vivant actuellement à St-Just-St-Rambert, tout près de chez moi, dans la Loire !). 

Effectivement, ce fut une belle découverte. L'histoire est captivante : c'est une vraie bonne distopie, avec son lot d'aventures, de rebondissements, de réflexion sur le monde. On suit avec intérêt les péripéties vécues par ces adolescents échappés de leur internat pour fuir des règles de vie oppressantes et glaciales. Le thème souligné tout au long du récit (le combat de l'art, en l'occurrence du chant lyrique, contre la barbarie, la violence, la tyrannie) n'a bien sûr pas manqué de me plaire. 

Le livre n'est pas exempt de manichéisme et de bons sentiments. Les personnages manquent peut-être un peu de nuance. Mais il ne fait pas un pli que Mourlevat est un bon auteur, qu'il maîtrise sa narration d'un bout à l'autre, et que certains passages, comme celui qui nous fait vivre de l'intérieur des combats humains en arènes, feront certainement réfléchir les jeunes lecteurs amateurs de castagne gratuite. 

Je place donc ce titre sans hésiter parmi les romans à conseiller. Et j'entame de ce pas une découverte un peu plus poussée de Mourlevat et de son oeuvre. 

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Le royaume de Kensuké

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